L'Arabie saoudite veut devenir capitale mondiale de l’e-sport

Infographie sur l'e-sport en Arabie saoudite (Photo, Arab News).
Infographie sur l'e-sport en Arabie saoudite (Photo, Arab News).
Le gagnant de la première place, Abderrahmane Almasri, recevant son trophée de champion et sa récompense de 375 000 riyals des mains du prince Faisal ben Bandar, président de la fédération saoudienne des e-sports (Photo, Arab News).
Le gagnant de la première place, Abderrahmane Almasri, recevant son trophée de champion et sa récompense de 375 000 riyals des mains du prince Faisal ben Bandar, président de la fédération saoudienne des e-sports (Photo, Arab News).
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Publié le Dimanche 02 octobre 2022

L'Arabie saoudite veut devenir capitale mondiale de l’e-sport

  • Des investissements d'une valeur de 37,8 milliards de dollars dans Savvy Games Group transformeront le Royaume en un leader de l'industrie
  • La stratégie nationale en matière de jeux et de sports électroniques créera 39 000 emplois et contribuera au PIB à hauteur de 50 milliards de riyals d'ici 2030

DJEDDAH: L'industrie des jeux et du sport électronique connaît une croissance rapide en Arabie saoudite et dans le CCG, avec des investissements majeurs annoncés afin de soutenir les développeurs de jeux nationaux et des compétitions de classe mondiale qui ont lieu dans la région.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a récemment annoncé l'ambition du Royaume de voir 30 jeux compétitifs développés par des entreprises du Royaume d'ici 2030, dans le cadre de la stratégie nationale du pays en matière de jeux et des e-sports.

La semaine dernière, Savvy Games Group, une société détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, a dévoilé des investissements d'une valeur de 142 milliards de riyals saoudiens (1 riyal saoudien = 0,27 euro) pour transformer le Royaume en une plaque tournante mondiale avec des sociétés de jeux de classe mondiale.

Les investissements comprendront 70 milliards de riyals pour prendre plusieurs participations minoritaires dans des sociétés qui soutiennent le programme de développement de jeux de Savvy et 50 milliards de riyals pour acquérir un éditeur de jeux de premier plan afin de devenir un partenaire de développement stratégique.

Un autre montant de 20 milliards de riyals sera investi dans des partenaires industriels et 2 milliards de riyals seront destinés aux pionniers du secteur afin de développer les entreprises de jeux et de sports électroniques en phase de démarrage.

«Savvy Games Group fait partie de notre stratégie ambitieuse visant à faire de l'Arabie saoudite le centre mondial ultime pour le secteur des jeux et des e-sports d'ici 2030», a indiqué le prince héritier la semaine dernière, selon l'agence de presse saoudienne.  

S'exprimant au Next World Forum plus tôt en septembre, le prince Faisal ben Bandar, président de la Fédération saoudienne des e-sports, a mentionné l'essor du secteur sportif au cours des cinq dernières années, ajoutant: «L'une des choses que je préfère dans le jeu, c'est qu’on se présente d'abord à quelqu'un en utilisant ses compétences en matière de jeu et non selon son histoire, religion, couleur de peau, milieu ou sexe.»

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Le prince Faisal ben Bandar, président de la fédération saoudienne des e-sports (Photo, Arab News).

Le prince a signalé: «Cette jeune communauté et cette population s'efforcent vraiment de prendre leur place sur la scène mondiale. L'objectif ultime est que l'Arabie saoudite évolue naturellement sur la voie mondiale des jeux et des e-sports.»

Grâce à cette initiative, le gouvernement espère créer 39 000 emplois, introduire 250 développeurs de jeux et promouvoir un vivier de talents internes florissants pour les e-sports, ce qui portera la contribution du secteur à l'économie du Royaume à 50 milliards de riyals d'ici 2030.

Des dizaines de jeunes pousses nationales, ainsi que des développeurs multinationaux, devraient bénéficier immensément de cette vague de nouveaux investissements.

Abderrahmane al-Soulaimani, ingénieur en intelligence artificielle et concepteur de jeux, qui a travaillé neuf ans au Japon avant de revenir au Royaume en 2020, en fait partie.

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Les e-Leaguers saoudiens célèbrent leur victoire (Photo, Arab News).

Au cours de sa carrière, Al-Soulaimani a été témoin de l'étonnante croissance de la communauté des joueurs japonais de renommée mondiale. Voyant le même potentiel dans son pays d'origine, il y est retourné pour créer son propre studio.

Au début de cette année, Al-Soulaimani a lancé AlBuraq Wings, un studio de jeux qui adopte de jeunes joueurs désireux de s'initier à la conception et à la programmation.

«J'ai voulu contribuer à les rassembler sous un même toit et j'ai créé le studio dans le but de réaliser des jeux qui ne sont pas seulement élaborés par des Saoudiens pour des Saoudiens, mais aussi pour faire connaître au monde entier l'immense talent de nos développeurs», a déclaré Al-Soulaimani à Arab News.

Qu'il s'agisse de concepteurs, de développeurs, d'artistes, de voix hors champ ou autres, le développement de jeux n'est pas l'affaire d'un seul homme. Il s'agit d'une communauté de talents qui se réunissent dans le but d’essayer de nouveaux outils technologiques et trouver des idées de jeu innovantes.

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Les participants s'affrontent lors Gamers8 à Riyad (Photo, Arab News).

AlBuraq Wings a récemment remporté la troisième place du Gamers8 XR Gameathon, un événement d'innovation accélérée limité dans le temps, où des passionnés de jeux se réunissent pour développer un prototype de jeu à partir de zéro en une semaine.

«Ces tournois sont ce qui pousse de nombreux Saoudiens à sortir et à mettre leurs compétences sous les projecteurs. J'ose le dire, les compétences de nombreux Saoudiens surpassent celles des Japonais», a indiqué Al-Soulaimani.

Il a ajouté: «Les événements de jeux n'attirent pas seulement les joueurs, ils attirent également trois segments uniques et importants de la communauté des joueurs: les programmeurs, les concepteurs et les artistes. Si vous obtenez les trois, vous avez un jeu. La boucle est bouclée.»

L'Arabie saoudite est déjà en train d'émerger rapidement en tant que pôle majeur du jeu, avec des concurrents locaux obtenant des résultats de classe mondiale dans les tournois e-sports mondiaux.

En 2018, Mosaad al-Dossary, connu en ligne sous le nom de «Msdossary», est devenu le premier citoyen saoudien à remporter la Coupe du Monde de jeux électronique de la FIFA — un événement auquel plus de 20 millions de joueurs ont tenté de se qualifier.

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Mosaad al-Dossary, le premier ressortissant saoudien à remporter la Coupe du Monde de jeux électronique de la FIFA (Photo, Arab News).

Un an plus tard, les joueurs saoudiens ont été ravis lorsque le Royaume a été choisi pour accueillir le plus grand tournoi de jeux de la région à ce jour, PlayerUnknown's Battlegrounds (PUBG) Mobile Star.

La taille du marché mondial des e-sports était évaluée à 1,22 milliard de dollars en 2021 et devrait atteindre 1,44 milliard de dollars en 2022. Fortune Business Insights prévoit que le marché atteindra 5,48 milliards de dollars en 2029.

Selon un rapport publié par le Boston Consulting Group au début de l'année, l'Arabie saoudite compte aujourd'hui 23,5 millions de joueurs, soit environ 67 % de la population du Royaume, majoritairement jeune.

Environ 90 % de ces joueurs participent aux sports électroniques en tant qu'amateurs ou semi-professionnels, tandis qu'une centaine de joueurs saoudiens font du sport électronique une carrière à plein temps, selon le rapport.

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L'Arabie saoudite compte environ 23,5 millions de joueurs, soit 67 % de la population jeune du Royaume (Photo, Arab News).

«Si l'on considère les pays arabes, l'Arabie saoudite est la première destination pour les jeux», a déclaré à Arab News, une joueuse et créatrice de contenu saoudienne, connue sous le nom de «PikaLoli».

Comme de nombreux Saoudiens, elle joue à des jeux depuis son plus jeune âge et a récemment décidé d'en faire son métier. Elle a découvert une plateforme où une communauté croissante de joueurs et de développeurs peut partager des idées et des remarques.

«Je pratique toutes sortes de jeux et je donne mon avis sur mes pages de médias sociaux», a révélé PikaLoli. «L'interaction et l'engagement que vous trouvez, même chez les plus jeunes, sont remarquables.»

«Nous attendons ce moment depuis longtemps et la communauté composée de milliers de personnes s'entraide depuis des années. Nous disposons d'une plateforme commune pour communiquer, partager des idées, éditer des vidéos, jouer à des jeux pour les développeurs et faire des remarques, et bien plus encore», a-t-elle expliqué.

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Khalid Aloufi fait partie des meilleurs joueurs du Royaume (Photo, Arab News).

Walid Abou Alkhayr, un concepteur de jeux récemment diplômé, a trouvé sa voie peu de temps après avoir terminé ses études universitaires et s'être inscrit à la «formation intensive» de Game Development Hima, qui se concentre sur le développement de jeux en maîtrisant des compétences et en effectuant un stage dans une firme internationale de jeux avant de décrocher un emploi dans une autre.

Il a confié à Arab News que les programmes de formation en informatique et les cours de développement des e-sports et des jeux l'ont le plus séduit, renforçant l'idée de devenir un développeur de jeux.

«J'ai commencé à jouer à des jeux sur la Playstation 1 de Sony et je n'ai pas arrêté depuis. L'amour des jeux est ce qui m'a poussé à vouloir choisir cette profession, mais je ne voyais pas assez de soutien jusqu'à très récemment, lorsque le secteur s'est développé à un rythme sans précédent ; j'ai alors su que c'était ce que je voulais faire», a-t-il indiqué.

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Abou Alkhayr, également membre des AlBuraq Wings, a signalé que l'essor des e-sports et du développement des jeux n'est pas un simple effet de mode, mais quelque chose qui se prépare depuis des années.

«Les initiatives et les programmes lancés par les entités qui enseignent la programmation et le développement de jeux sont nombreux et les ressources encore plus, ce qui offre des opportunités et renforce la compétitivité technique de la communauté. Plus la participation des talents sera importante, plus la communauté se développera et contribuera à la réalisation de la vision qui nous est proposée», a-t-il avisé.

Pour Al-Soulaimani, exploiter cette énergie, cet enthousiasme et ce talent brut est précisément ce qu'il faut pour placer l'Arabie saoudite sur la carte mondiale des jeux.

«Le Royaume nourrit les talents locaux ; il est prêt à créer un environnement dynamique pour les sports électroniques, comme l'ont fait depuis longtemps les jeunes avec leur amour et leur passion pour les jeux vidéo», a-t-il déclaré.

«Comme les développeurs de jeux ont trouvé nos plateformes, nous partageons nos jeux et recevons du soutien, mais la récente annonce donnera plus de chances à la jeune génération qui veut se plonger dans ce monde amusant», a soutenu Al-Soulaimani.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Israël frappe à nouveau le sud du Liban, un an après le cessez-le-feu

L'armée israélienne a déclaré avoir mené jeudi une série de frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, la dernière en date malgré le cessez-le-feu conclu il y a un an avec le groupe militant. (X/@fadwa_aliahmad)
L'armée israélienne a déclaré avoir mené jeudi une série de frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, la dernière en date malgré le cessez-le-feu conclu il y a un an avec le groupe militant. (X/@fadwa_aliahmad)
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  • L’armée israélienne a mené de nouvelles frappes dans le sud du Liban, ciblant des infrastructures et des sites d’armes du Hezbollah, malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis un an
  • Le gouvernement libanais est accusé par Israël et les États-Unis de tarder à démanteler la présence militaire du Hezbollah dans la zone frontalière, tandis que Beyrouth dément toute faute et rejette les accusations israéliennes

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir mené de nouvelles frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, au moment où elle intensifie ses attaques sur le territoire libanais malgré un cessez-le-feu avec le mouvement pro-iranien qu'elle accuse de chercher à se réarmer.

"Il y a peu, l'armée israélienne a frappé et démantelé des infrastructures terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones dans le sud du Liban", écrit l'armée dans un communiqué.

"Dans le cadre de ces frappes, l'armée a visé plusieurs sites de lancement où des armes du Hezbollah étaient stockées", ajoute le communiqué, qui précise que les frappes ont également touché des "postes militaires utilisés par des membres du Hezbollah pour mener des attaques terroristes".

L'agence de presse d'Etat libanaise ANI a annoncé une série de "raids aériens israéliens sur Al-Mahmoudiya et Al-Jarmak dans la région de Jezzine."

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, signé il y a un an jour pour jour, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Mercredi, le ministre israélien de la Défense Israël Katz avait averti qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré M. Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

La Présidence libanaise a publié mercredi une déclaration du président Joseph Aoun qui "a rejeté les allégations israéliennes qui portent atteinte au rôle de l'armée et remettent en question son travail sur le terrain, notant que ces allégations ne reposent sur aucune preuve tangible."


Un an après le cessez-le-feu au Liban, la paix reste fragile alors que les violations israéliennes se multiplient

Cette frappe est la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième à avoir lieu sans avertissement préalable. (Photo d'archive: AFP)
Cette frappe est la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième à avoir lieu sans avertissement préalable. (Photo d'archive: AFP)
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  • Le cessez-le-feu demeure extrêmement fragile : plus de 5 000 violations israéliennes, une frappe majeure à Beyrouth et un risque réel d’escalade malgré les appels internationaux à la retenue
  • Le Sud-Liban vit une crise humanitaire profonde, avec des villages détruits, jusqu’à 70 000 déplacés et une population abandonnée entre l’État libanais et le Hezbollah

BEYROUTH : Alors que le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah s'apprête à entrer dans sa deuxième année vendredi, les signaux d'alarme retentissent plus fort que jamais quant au risque d’une reprise du conflit au Liban.

L’assassinat dimanche dernier de Haytham Ali Tabatabai, chef militaire du Hezbollah et deuxième figure la plus puissante du mouvement après le secrétaire général Naim Qassem, lors d’une attaque audacieuse dans la banlieue sud de Beyrouth, a brisé les espoirs d’une stabilité durable.

La réponse du Hezbollah — qu’elle prenne la forme d’une action militaire ou d’un simple blâme diplomatique, comme certains cadres l’ont laissé entendre — pourrait déterminer si le cessez-le-feu survivra.

Cette frappe représente la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième menée sans avertissement préalable.

Les registres officiels font état de 5 350 violations israéliennes du cessez-le-feu en douze mois. Ces violations ont coûté la vie à plus de 340 personnes — principalement des combattants et commandants du Hezbollah, mais aussi des civils, dont des enfants et des femmes — et ont blessé plus de 650 autres.

Dans une escalade notable, les forces israéliennes ont frappé pour la première fois Aïn Al-Héloué, un camp de réfugiés palestiniens.

Les violations répertoriées comprennent 2 198 incursions terrestres, 2 983 opérations aériennes et 169 violations maritimes.

Les forces de maintien de la paix de l’ONU dressent un tableau encore plus sombre, rapportant plus de 7 500 violations aériennes et environ 2 500 violations terrestres au nord de la Ligne bleue depuis l’accord de l’an dernier, ainsi que la découverte et la saisie de plus de 360 caches d’armes abandonnées, remises à l’armée libanaise.

La stratégie d’Israël s’apparente à une campagne d’usure progressive contre le Hezbollah, visant à réduire systématiquement ses capacités tandis que l’armée libanaise s’emploie à désarmer le groupe au sud du fleuve Litani.

L’armée affirme avoir rempli plus de 80 % de ce mandat, avec une échéance fixée à la fin de l’année avant que les opérations ne s’étendent vers le nord — une zone dans laquelle le Hezbollah refuse catégoriquement de rendre ses armes, estimant que la décision revient aux dirigeants politiques libanais.

Le conflit lui-même a porté de lourds coups au Hezbollah, décimant ses rangs et infligeant des pertes catastrophiques à ses stocks d’armement. Mais le plus inquiétant est peut-être l’empiètement physique d’Israël sur le territoire libanais.

Les observateurs de l’ONU ont documenté la construction par l’armée israélienne de murs en T en béton près de la Ligne bleue. Des relevés confirment que ces barrières s’enfoncent dans le territoire libanais au sud-ouest de Yaroun, isolant plus de 4 000 m² de terres libanaises. Des constructions similaires sont apparues au sud-est de la même ville ces dernières semaines.

Plus largement, les forces israéliennes contrôlent cinq positions réparties sur 135 km de territoire libanais — des Fermes de Chebaa à Ras Al-Naqoura — situées 500 à 1 000 mètres au-delà de la Ligne bleue.

L’ONU a exigé des enquêtes rapides et impartiales sur les opérations militaires israéliennes, en particulier la frappe contre le camp de réfugiés palestiniens, évoquant des violations potentielles du droit international humanitaire et appelant à la reddition de comptes.

Vingt ressortissants libanais croupissent dans les prisons israéliennes, principalement à Ofer, parmi lesquels dix membres du Hezbollah capturés lors de combats près d’Aïta Al-Chaab, un officier de marine enlevé lors d’un raid commando, et neuf civils. Leurs familles n’ont reçu aucune information officielle du Comité international de la Croix-Rouge sur leurs conditions ou leur état de santé.

Une source officielle libanaise a estimé que « la libération des détenus fait partie des termes de l’accord de cessez-le-feu, tout comme le retrait des territoires occupés, et le Liban ne détient aucun prisonnier israélien en échange. »

La politique de la terre brûlée menée par Israël dans les villages frontaliers s’est poursuivie, les attaques visant toute tentative de reconstruction. La Banque mondiale estime le coût des travaux à environ 11 milliards de dollars.

« Entre 10 et 15 villages ont été complètement rayés de la carte », affirme Tarek Mazraani, ingénieur à Houla et coordinateur du « Rassemblement des villages frontaliers du Sud ».

Mazraani estime que 65 000 à 70 000 personnes restent déplacées de leurs maisons et de leurs villages détruits.

« Ceux qui sont revenus sont ceux qui ne peuvent littéralement aller nulle part ailleurs, principalement des personnes âgées vivant au milieu des décombres, exposées quotidiennement à l’horreur des bombardements et aux couvre-feux, sans aucun hôpital pour les soigner », a-t-il déclaré à Arab News.

Toute personne souhaitant enterrer un proche doit obtenir l’autorisation de la FINUL, qui informe ensuite Israël pour permettre l’inhumation.

« Malgré cela, l’armée israélienne bombarde à chaque fois les abords du cortège funéraire », ajoute Mazraani.

Il précise que les déplacés ont loué des logements à Nabatiyé, Tyr, Saïda, Iqlim Al-Kharroub, dans la banlieue sud de Beyrouth et au Mont-Liban. La plupart sont agriculteurs, mais on compte aussi des enseignants, des ingénieurs, des travailleurs indépendants et des membres des forces de sécurité.

« Depuis la fin de la guerre, ces gens sont laissés sans aucun soutien officiel ou partisan. L’un des habitants les plus riches de la région, qui a tout perdu, travaille désormais comme livreur », dit-il.

Les personnes déplacées sont prises entre l'État parallèle du Hezbollah et l'État libanais : « Tout le monde exploite leur tragédie, même au sein de notre propre communauté du sud. Les loyers sont extrêmement élevés et nous ne nous sentons jamais chez nous. »

L’un d’eux, qui souhaite rester anonyme, explique : « Ceux qui ne sont affiliés à aucun parti sont loin de la politique. Notre seule préoccupation est d’assurer notre subsistance et une couverture financière en cas d’hospitalisation. Nous nous sentons orphelins et abandonnés, surtout quand une institution du Hezbollah nous dit qu’elle n’a plus d’argent. »

Il ajoute : « Les habitants des zones détruites paient le prix fort. Certains en veulent au Hezbollah pour la guerre et les milliers de morts qu’elle a entraînés, tandis que d’autres craignent que l’autre camp se réjouisse de notre malheur sans jamais nous rassurer. »

Les attentes libanaises face aux menaces israéliennes de relancer la guerre — sapant l’accord de cessez-le-feu négocié par la France et les États-Unis et dont les termes ressemblent fortement aux points principaux de la résolution 1701 — restent contradictoires.

Certains observateurs politiques jugent ces menaces « exagérées », tandis que d’autres estiment qu’« une frappe est inévitable mais n’aboutira pas à une guerre totale ; elle vise à pousser le Liban à négocier ».

Plus tôt ce mois-ci, le président libanais Joseph Aoun a déclaré : « Le Liban n’a pas d’autre choix que de négocier, et le langage de la négociation est plus important que celui de la guerre. »

Le Premier ministre Nawaf Salam l’a confirmé, exprimant son espoir d’un « soutien américain à une solution diplomatique ».

Pour l’heure, cependant, des négociations directes entre le Liban et Israël restent totalement exclues.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: le ministre de la Défense avertit qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays

Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
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  • Israël avertit qu’aucun calme ne reviendra au Liban tant que sa propre sécurité ne sera pas garantie, intensifiant ses frappes malgré la trêve et affirmant vouloir désarmer le Hezbollah
  • L’Égypte tente de désamorcer les tensions, tandis que l’application du cessez-le-feu reste bloquée : l’armée libanaise dit vouloir démanteler les positions du Hezbollah, mais Israël et les États-Unis accusent Beyrouth de traîner

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien a averti mercredi qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays, alors qu'Israël a intensifié ses opérations militaires au Liban ces dernières semaines, en dépit d'un accord de cessez-le-feu.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré Israël Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

"Il n'y aura pas de calme à Beyrouth ni d'ordre et de stabilité au Liban tant que la sécurité de l'Etat d'Israël ne sera pas garantie", a ajouté M. Katz en affirmant que son pays allait désarmer le Hezbollah.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré mercredi que son pays oeuvrait à la désescalade des tensions entre Israël et le mouvement armé libanais soutenu par l'Iran.

"Nous craignons toute escalade et nous sommes inquiets pour la sécurité et la stabilité du Liban", a déclaré ce ministre, Badr Abdel Ati, après sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun à Beyrouth mercredi.

"Nous engageons des efforts considérables pour épargner au Liban tout risque, ou toute atteinte, concernant sa sécurité", a-t-il ajouté.

Israël a frappé le Liban à plusieurs reprises malgré la trêve, affirmant régulièrement cibler les membres et les infrastructures du Hezbollah pour empêcher le groupe de se réarmer, ce qu'il nie être en train de faire.

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Ce dernier invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban, dont l'accord de cessez-le-feu stipule pourtant que l'armée israélienne doit se retirer.