L'Arabie saoudite veut devenir capitale mondiale de l’e-sport

Infographie sur l'e-sport en Arabie saoudite (Photo, Arab News).
Infographie sur l'e-sport en Arabie saoudite (Photo, Arab News).
Le gagnant de la première place, Abderrahmane Almasri, recevant son trophée de champion et sa récompense de 375 000 riyals des mains du prince Faisal ben Bandar, président de la fédération saoudienne des e-sports (Photo, Arab News).
Le gagnant de la première place, Abderrahmane Almasri, recevant son trophée de champion et sa récompense de 375 000 riyals des mains du prince Faisal ben Bandar, président de la fédération saoudienne des e-sports (Photo, Arab News).
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Publié le Dimanche 02 octobre 2022

L'Arabie saoudite veut devenir capitale mondiale de l’e-sport

  • Des investissements d'une valeur de 37,8 milliards de dollars dans Savvy Games Group transformeront le Royaume en un leader de l'industrie
  • La stratégie nationale en matière de jeux et de sports électroniques créera 39 000 emplois et contribuera au PIB à hauteur de 50 milliards de riyals d'ici 2030

DJEDDAH: L'industrie des jeux et du sport électronique connaît une croissance rapide en Arabie saoudite et dans le CCG, avec des investissements majeurs annoncés afin de soutenir les développeurs de jeux nationaux et des compétitions de classe mondiale qui ont lieu dans la région.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a récemment annoncé l'ambition du Royaume de voir 30 jeux compétitifs développés par des entreprises du Royaume d'ici 2030, dans le cadre de la stratégie nationale du pays en matière de jeux et des e-sports.

La semaine dernière, Savvy Games Group, une société détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, a dévoilé des investissements d'une valeur de 142 milliards de riyals saoudiens (1 riyal saoudien = 0,27 euro) pour transformer le Royaume en une plaque tournante mondiale avec des sociétés de jeux de classe mondiale.

Les investissements comprendront 70 milliards de riyals pour prendre plusieurs participations minoritaires dans des sociétés qui soutiennent le programme de développement de jeux de Savvy et 50 milliards de riyals pour acquérir un éditeur de jeux de premier plan afin de devenir un partenaire de développement stratégique.

Un autre montant de 20 milliards de riyals sera investi dans des partenaires industriels et 2 milliards de riyals seront destinés aux pionniers du secteur afin de développer les entreprises de jeux et de sports électroniques en phase de démarrage.

«Savvy Games Group fait partie de notre stratégie ambitieuse visant à faire de l'Arabie saoudite le centre mondial ultime pour le secteur des jeux et des e-sports d'ici 2030», a indiqué le prince héritier la semaine dernière, selon l'agence de presse saoudienne.  

S'exprimant au Next World Forum plus tôt en septembre, le prince Faisal ben Bandar, président de la Fédération saoudienne des e-sports, a mentionné l'essor du secteur sportif au cours des cinq dernières années, ajoutant: «L'une des choses que je préfère dans le jeu, c'est qu’on se présente d'abord à quelqu'un en utilisant ses compétences en matière de jeu et non selon son histoire, religion, couleur de peau, milieu ou sexe.»

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Le prince Faisal ben Bandar, président de la fédération saoudienne des e-sports (Photo, Arab News).

Le prince a signalé: «Cette jeune communauté et cette population s'efforcent vraiment de prendre leur place sur la scène mondiale. L'objectif ultime est que l'Arabie saoudite évolue naturellement sur la voie mondiale des jeux et des e-sports.»

Grâce à cette initiative, le gouvernement espère créer 39 000 emplois, introduire 250 développeurs de jeux et promouvoir un vivier de talents internes florissants pour les e-sports, ce qui portera la contribution du secteur à l'économie du Royaume à 50 milliards de riyals d'ici 2030.

Des dizaines de jeunes pousses nationales, ainsi que des développeurs multinationaux, devraient bénéficier immensément de cette vague de nouveaux investissements.

Abderrahmane al-Soulaimani, ingénieur en intelligence artificielle et concepteur de jeux, qui a travaillé neuf ans au Japon avant de revenir au Royaume en 2020, en fait partie.

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Les e-Leaguers saoudiens célèbrent leur victoire (Photo, Arab News).

Au cours de sa carrière, Al-Soulaimani a été témoin de l'étonnante croissance de la communauté des joueurs japonais de renommée mondiale. Voyant le même potentiel dans son pays d'origine, il y est retourné pour créer son propre studio.

Au début de cette année, Al-Soulaimani a lancé AlBuraq Wings, un studio de jeux qui adopte de jeunes joueurs désireux de s'initier à la conception et à la programmation.

«J'ai voulu contribuer à les rassembler sous un même toit et j'ai créé le studio dans le but de réaliser des jeux qui ne sont pas seulement élaborés par des Saoudiens pour des Saoudiens, mais aussi pour faire connaître au monde entier l'immense talent de nos développeurs», a déclaré Al-Soulaimani à Arab News.

Qu'il s'agisse de concepteurs, de développeurs, d'artistes, de voix hors champ ou autres, le développement de jeux n'est pas l'affaire d'un seul homme. Il s'agit d'une communauté de talents qui se réunissent dans le but d’essayer de nouveaux outils technologiques et trouver des idées de jeu innovantes.

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Les participants s'affrontent lors Gamers8 à Riyad (Photo, Arab News).

AlBuraq Wings a récemment remporté la troisième place du Gamers8 XR Gameathon, un événement d'innovation accélérée limité dans le temps, où des passionnés de jeux se réunissent pour développer un prototype de jeu à partir de zéro en une semaine.

«Ces tournois sont ce qui pousse de nombreux Saoudiens à sortir et à mettre leurs compétences sous les projecteurs. J'ose le dire, les compétences de nombreux Saoudiens surpassent celles des Japonais», a indiqué Al-Soulaimani.

Il a ajouté: «Les événements de jeux n'attirent pas seulement les joueurs, ils attirent également trois segments uniques et importants de la communauté des joueurs: les programmeurs, les concepteurs et les artistes. Si vous obtenez les trois, vous avez un jeu. La boucle est bouclée.»

L'Arabie saoudite est déjà en train d'émerger rapidement en tant que pôle majeur du jeu, avec des concurrents locaux obtenant des résultats de classe mondiale dans les tournois e-sports mondiaux.

En 2018, Mosaad al-Dossary, connu en ligne sous le nom de «Msdossary», est devenu le premier citoyen saoudien à remporter la Coupe du Monde de jeux électronique de la FIFA — un événement auquel plus de 20 millions de joueurs ont tenté de se qualifier.

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Mosaad al-Dossary, le premier ressortissant saoudien à remporter la Coupe du Monde de jeux électronique de la FIFA (Photo, Arab News).

Un an plus tard, les joueurs saoudiens ont été ravis lorsque le Royaume a été choisi pour accueillir le plus grand tournoi de jeux de la région à ce jour, PlayerUnknown's Battlegrounds (PUBG) Mobile Star.

La taille du marché mondial des e-sports était évaluée à 1,22 milliard de dollars en 2021 et devrait atteindre 1,44 milliard de dollars en 2022. Fortune Business Insights prévoit que le marché atteindra 5,48 milliards de dollars en 2029.

Selon un rapport publié par le Boston Consulting Group au début de l'année, l'Arabie saoudite compte aujourd'hui 23,5 millions de joueurs, soit environ 67 % de la population du Royaume, majoritairement jeune.

Environ 90 % de ces joueurs participent aux sports électroniques en tant qu'amateurs ou semi-professionnels, tandis qu'une centaine de joueurs saoudiens font du sport électronique une carrière à plein temps, selon le rapport.

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L'Arabie saoudite compte environ 23,5 millions de joueurs, soit 67 % de la population jeune du Royaume (Photo, Arab News).

«Si l'on considère les pays arabes, l'Arabie saoudite est la première destination pour les jeux», a déclaré à Arab News, une joueuse et créatrice de contenu saoudienne, connue sous le nom de «PikaLoli».

Comme de nombreux Saoudiens, elle joue à des jeux depuis son plus jeune âge et a récemment décidé d'en faire son métier. Elle a découvert une plateforme où une communauté croissante de joueurs et de développeurs peut partager des idées et des remarques.

«Je pratique toutes sortes de jeux et je donne mon avis sur mes pages de médias sociaux», a révélé PikaLoli. «L'interaction et l'engagement que vous trouvez, même chez les plus jeunes, sont remarquables.»

«Nous attendons ce moment depuis longtemps et la communauté composée de milliers de personnes s'entraide depuis des années. Nous disposons d'une plateforme commune pour communiquer, partager des idées, éditer des vidéos, jouer à des jeux pour les développeurs et faire des remarques, et bien plus encore», a-t-elle expliqué.

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Khalid Aloufi fait partie des meilleurs joueurs du Royaume (Photo, Arab News).

Walid Abou Alkhayr, un concepteur de jeux récemment diplômé, a trouvé sa voie peu de temps après avoir terminé ses études universitaires et s'être inscrit à la «formation intensive» de Game Development Hima, qui se concentre sur le développement de jeux en maîtrisant des compétences et en effectuant un stage dans une firme internationale de jeux avant de décrocher un emploi dans une autre.

Il a confié à Arab News que les programmes de formation en informatique et les cours de développement des e-sports et des jeux l'ont le plus séduit, renforçant l'idée de devenir un développeur de jeux.

«J'ai commencé à jouer à des jeux sur la Playstation 1 de Sony et je n'ai pas arrêté depuis. L'amour des jeux est ce qui m'a poussé à vouloir choisir cette profession, mais je ne voyais pas assez de soutien jusqu'à très récemment, lorsque le secteur s'est développé à un rythme sans précédent ; j'ai alors su que c'était ce que je voulais faire», a-t-il indiqué.

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Abou Alkhayr, également membre des AlBuraq Wings, a signalé que l'essor des e-sports et du développement des jeux n'est pas un simple effet de mode, mais quelque chose qui se prépare depuis des années.

«Les initiatives et les programmes lancés par les entités qui enseignent la programmation et le développement de jeux sont nombreux et les ressources encore plus, ce qui offre des opportunités et renforce la compétitivité technique de la communauté. Plus la participation des talents sera importante, plus la communauté se développera et contribuera à la réalisation de la vision qui nous est proposée», a-t-il avisé.

Pour Al-Soulaimani, exploiter cette énergie, cet enthousiasme et ce talent brut est précisément ce qu'il faut pour placer l'Arabie saoudite sur la carte mondiale des jeux.

«Le Royaume nourrit les talents locaux ; il est prêt à créer un environnement dynamique pour les sports électroniques, comme l'ont fait depuis longtemps les jeunes avec leur amour et leur passion pour les jeux vidéo», a-t-il déclaré.

«Comme les développeurs de jeux ont trouvé nos plateformes, nous partageons nos jeux et recevons du soutien, mais la récente annonce donnera plus de chances à la jeune génération qui veut se plonger dans ce monde amusant», a soutenu Al-Soulaimani.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Au Liban, le monastère du Saint des miracles attend le pape

"Saint Charbel m'a sauvé la vie". Comme de nombreux pèlerins, Charbel Matar se recueille sur la tombe du saint patron des Libanais, auquel sont attribués de nombreux miracles, avant la venue du pape Léon XIV. (AFP)
"Saint Charbel m'a sauvé la vie". Comme de nombreux pèlerins, Charbel Matar se recueille sur la tombe du saint patron des Libanais, auquel sont attribués de nombreux miracles, avant la venue du pape Léon XIV. (AFP)
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  • La visite du monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel, au nord de Beyrouth, sera un moment fort de la visite du pape américain, attendu au Liban le 30 novembre
  • Saint Charbel Makhlouf (1828-1898), un moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est populaire parmi les Libanais de toutes les communautés qui croient en ses miracles

ANNAYA: "Saint Charbel m'a sauvé la vie". Comme de nombreux pèlerins, Charbel Matar se recueille sur la tombe du saint patron des Libanais, auquel sont attribués de nombreux miracles, avant la venue du pape Léon XIV.

La visite du monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel, au nord de Beyrouth, sera un moment fort de la visite du pape américain, attendu au Liban le 30 novembre.

"Ma famille et moi avons une grande foi en Saint Charbel et nous lui rendons toujours visite", déclare Charbel Matar, 69 ans, entouré de son épouse et ses amis.

"J'ai failli mourir quand j'avais cinq ans. Il a accompli un miracle, il m'a sauvé de la mort et m'a maintenu en vie pendant 64 années de plus", ajoute l'homme dont les parents ont changé le prénom de Roger à Charbel en l'honneur du saint.

Saint Charbel Makhlouf (1828-1898), un moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est populaire parmi les Libanais de toutes les communautés qui croient en ses miracles.

Les portraits du saint, avec sa longue barbe blanche, ornent maisons, voitures, mêmes bureaux, et les visiteurs affluent au monastère, qui porte le nom de Saint Maron, en toutes saisons.

"J'étais certaine que le pape allait visiter Saint Charbel (..) car Rome ne peut pas nier les miracles qu'il accomplit", dit Randa Saliba, une femme de 60 ans. "Saint Charbel est un message d'amour (..), il garde vivant le message chrétien".

La dernière visite d'un souverain pontife au Liban avait été celle de Benoit XVI en 2012.

Toutes les confessions 

En prévision de l'arrivée du pape, des ouvriers appliquent une couche d'asphalte sur la route menant au paisible monastère, dans les montagnes boisées d'Annaya qui surplombent la mer.

Des visiteurs, dont des femmes musulmanes voilées, se promènent sur le site, où la cellule monacale de Saint Charbel a été gardée intacte. Certains allument des bougies et récitent des prières.

Fils de bergers, le moine originaire du nord du Liban était entré dans les ordres à l'âge de 23 ans, avant de mener une vie d'ermite.

L'abbé Tannous Nehmé, vice-recteur de Saint Maron, affirme que le monastère attire environ trois millions de visiteurs chaque année.

"Ce ne sont pas seulement des chrétiens - beaucoup de musulmans, ou des personnes non croyantes, viennent. Des gens arrivent de partout: d'Afrique, d'Europe, de Russie", affirme-il.

Au milieu des effluves d'encens, seul le bruit des travaux de restauration de la tombe de Saint Charbel troublent la quiétude du monastère.

C'est là que, lorsque la tombe a été ouverte en 1950, des représentants du clergé ont constaté que le corps du saint était intact, plus d'un demi-siècle après sa mort.

Le monastère a recensé des dizaines de milliers de personnes qui ont affirmé avoir été guéries par Saint Charbel.

La miraculée la plus célèbre est une Libanaise, Nohad Chami, diagnostiquée avec une maladie en phase terminale en 1993.

Elle affirme avoir eu une vision de Saint Charbel qui l'a guérie. Elle est décédée cette année, à l'âge de 75 ans.

"L'espoir" 

Le Liban, un pays multiconfessionnel, est le seul Etat arabe où le président de la République est un chrétien maronite, en vertu du partage du pouvoir entre les communautés.

"La visite du pape est très importante pour le Liban. Elle apporte du bien et la bénédiction", se réjouit Claude Issa, une mère de trois enfants âgée de 56 ans.

Le Liban est sorti d'une guerre meurtrière il y a près d'un an entre le Hezbollah et Israël, qui continue de mener des frappes dans le pays, disant viser des membres ou infrastructures du mouvement pro-iranien.

Secoué par une crise économique inédite depuis 2019, il a également connu en août 2020 une énorme explosion, qui a fait plus de 220 morts et dévasté une partie de Beyrouth.

Le pape doit tenir le 2 décembre une prière silencieuse sur le site de l'explosion, au port de Beyrouth, et célébrer une messe publique.

"Sa visite donnera un élan aux gens, leur fera sentir qu'il y a toujours de l'espoir au Liban", affirme Claude Issa.

 


L'ONU s'alarme «pour la survie de Gaza»

La "survie de Gaza est en jeu", s'alarme l'ONU mardi dans un rapport, appelant la communauté internationale à élaborer un "plan de redressement d'ensemble" et à intervenir "sans délai" et de manière coordonnée. (AFP)
La "survie de Gaza est en jeu", s'alarme l'ONU mardi dans un rapport, appelant la communauté internationale à élaborer un "plan de redressement d'ensemble" et à intervenir "sans délai" et de manière coordonnée. (AFP)
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  • Les opérations militaires israéliennes à Gaza "ont rongé tous les piliers de la survie", de la nourriture au logement en passant par les soins de santé, "nui à la gouvernance et plongé" le territoire palestinien "dans un abîme créé par l'homme"
  • "Compte tenu des destructions incessantes et méthodiques dont elle a fait l'objet, on peut douter sérieusement de la capacité de Gaza de se reconstruire, en tant qu'espace de vie et société", ajoute le rapport

GENEVE: La "survie de Gaza est en jeu", s'alarme l'ONU mardi dans un rapport, appelant la communauté internationale à élaborer un "plan de redressement d'ensemble" et à intervenir "sans délai" et de manière coordonnée.

Les opérations militaires israéliennes à Gaza "ont rongé tous les piliers de la survie", de la nourriture au logement en passant par les soins de santé, "nui à la gouvernance et plongé" le territoire palestinien "dans un abîme créé par l'homme", dénonce un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced).

"Compte tenu des destructions incessantes et méthodiques dont elle a fait l'objet, on peut douter sérieusement de la capacité de Gaza de se reconstruire, en tant qu'espace de vie et société", ajoute le rapport.

La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Plus de 69.756 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles, selon le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas. Ces données, jugés fiables par l'ONU, ne précisent pas le nombre de combattants tués mais indiquent que plus de la moitié des morts sont des mineurs et des femmes.

Selon le rapport de la Cnuced, les opérations militaires israéliennes ont fait passer Gaza "d'une situation de sous-développement à celle d'une ruine totale".

L'ONU estime qu'environ 70 milliards de dollars seront nécessaires pour reconstruire le territoire palestinien.

"Même dans un scénario optimiste, dans lequel la croissance atteint un taux à deux chiffres et l'aide étrangère afflue, il faudra plusieurs décennies pour que Gaza retrouve le niveau de qualité de vie d'avant octobre 2023", souligne le rapport.

La Cnuced appelle à la mise en oeuvre "d'un plan de redressement d'ensemble" qui associe "une aide internationale coordonnée, le rétablissement des transferts fiscaux" d'Israël vers Gaza "et des mesures visant à alléger les contraintes qui pèsent sur le commerce, les déplacements et l'investissement".

Cette agence onusienne appelle à instaurer, dans ce cadre, un revenu de base universel à Gaza, pour pourvoir à la subsistance de tous les habitants, sous forme d'un programme d'aide en espèces, "reconductible et sans conditions" et qui serait versé mensuellement.

La Cnuced note également qu'en Cisjordanie occupée, "la violence, l'expansion accélérée des colonies et les restrictions à la mobilité de la main-d'oeuvre" sont à l'origine du pire déclin économique depuis que l'agence a commencé à tenir des registres en 1972.


Au Soudan, les paramilitaires annoncent une trêve unilatérale de trois mois

L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués. (AFP)
L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués. (AFP)
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  • L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués
  • "En réponse aux efforts internationaux, notamment à l'initiative du président américain Donald Trump et des médiateurs (...), nous annonçons une trêve humanitaire prévoyant une cessation des hostilités pour trois mois", a déclaré lundi Mohamed Daglo

PORT-SOUDAN: Les paramilitaires soudanais des Forces de soutien rapide (FSR) ont annoncé lundi une trêve humanitaire unilatérale de trois mois, au lendemain du rejet par l'armée rivale d'une proposition internationale de cessez-le-feu dans le pays ravagé par plus de deux ans d'un conflit meurtrier.

Le Soudan est le théâtre depuis avril 2023 d'une guerre pour le pouvoir, opposant l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays, aux FSR de son ancien bras droit Mohamed Hamdane Daglo.

Le conflit, marqué par des exactions dans les deux camps et auquel plusieurs médiateurs internationaux tentent de mettre un terme, a fait plusieurs dizaines milliers de morts et forcé le déplacement de millions de personnes, plongeant le pays dans ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire" au monde.

L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués.

"En réponse aux efforts internationaux, notamment à l'initiative du président américain Donald Trump et des médiateurs (...), nous annonçons une trêve humanitaire prévoyant une cessation des hostilités pour trois mois", a déclaré lundi Mohamed Hamdane Daglo, dans une allocution vidéo enregistrée.

Les paramilitaires avaient indiqué début novembre accepter le principe d'une trêve humanitaire proposée par les médiateurs, à laquelle l'armée n'avait pas répondu, et les combats entre les deux camps n'ont pas cessé depuis.

Le chef de l'armée a lui jugé dimanche "inacceptable" la nouvelle proposition de trêve, appelé les citoyens désireux de défendre leur pays à "rejoindre immédiatement les lignes de front" et accusé la médiation de partialité.

Frères musulmans? 

"Encore une fois, le général (Abdel Fattah) al-Burhane refuse les offres de paix. Dans son rejet de la proposition américaine pour le Soudan, dans son refus obstiné d'un cessez-le-feu, il fait sans cesse preuve d'un comportement d'obstruction", a réagi lundi la ministre d'Etat à la coopération internationale des Emirats, Reem al Hashimy.

Le général Burhane a estimé que la dernière proposition envoyée par l'émissaire américain était "la pire", car, selon lui elle "élimine les forces armées, dissout les agences de sécurité et maintient les milices là où elles sont" au lieu de les désarmer.

Il a également rejeté les "récits" selon lesquels les islamistes des Frères musulmans contrôleraient l'armée, accusant M. Boulos de reprendre les éléments de langage des Emirats.

"Où sont ces soi-disant membres des Frères musulmans au sein de l'armée soudanaise? Nous ne les connaissons pas. Nous entendons seulement de telles affirmations dans les médias", a-t-il dit.

Dans son discours diffusé lundi, le chef des FSR a réaffirmé son "engagement en faveur d'un processus politique auquel participent tous les acteurs, à l'exception du mouvement islamiste terroriste des Frères musulmans et du Congrès national (parti désormais interdit du général Omar el-Béchir au pouvoir de 1989 à 2019, NDLR), car ils sont responsables de toute la tragédie que vit notre peuple depuis trois décennies".

Au cours des deux dernières années, les parties belligérantes au Soudan ont violé tous les accords de cessez-le-feu, entraînant l'échec des efforts de négociation.