Ukraine: près du front Sud, une garderie à vélos pour attendre le retour de la paix

A Zelenodolsk, petite ville ukrainienne proche du front Sud, encore bombardée jeudi par l'armée russe, des centaines de vélos racontent le sauve-qui-peut face à l'ennemi (Photo, AFP).
A Zelenodolsk, petite ville ukrainienne proche du front Sud, encore bombardée jeudi par l'armée russe, des centaines de vélos racontent le sauve-qui-peut face à l'ennemi (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 03 octobre 2022

Ukraine: près du front Sud, une garderie à vélos pour attendre le retour de la paix

  • Plus de 600 cycles patientent dans et autour d'un petit entrepôt de Zelenodolsk
  • Nombre d'entre eux sont arrivés début mars, alors que l'armée russe prenait progressivement le contrôle d'une partie de la région voisine de Kherson

ZELENODOLSK, Ukraine: Ils sont verts, rouges, noirs, bleus... tous abandonnés. A Zelenodolsk, petite ville ukrainienne proche du front Sud, encore bombardée jeudi par l'armée russe, des centaines de vélos racontent le sauve-qui-peut face à l'ennemi.

Certains engins étaient bichonnés: un tricot protège une selle, une petite sacoche est fixée sur un cadre. D'autres ressemblent plus à des outils de travail, rouillés, durs au mal.

Les porte-bagages sont parfois pourvus d'un siège bébé, parfois d'une cagette. Il y a aussi un lourd triporteur pour personne handicapée, quelques poussettes, des fauteuils roulants, des charrettes et un petit vélo marron à roulettes.

Plus de 600 cycles patientent dans et autour d'un petit entrepôt de Zelenodolsk. "Nous les gardons pour leurs propriétaires", afin qu'ils puissent les récupérer à la fin de la guerre, affirme Vitaliï Rekhlitskiï, qui travaille pour la municipalité.

Nombre d'entre eux sont arrivés début mars, alors que l'armée russe prenait progressivement le contrôle d'une partie de la région voisine de Kherson. A ce moment, l'envahisseur avait déjà volé la plupart des voitures dans les villages environnants, indique M. Rekhlitskiï. Pour partir, il ne restait que le vélo.

"Les gens s'enfuyaient, tantôt avec rien du tout, tantôt avec un sac", se souvient-il. Ils pédalaient vers leur liberté sur des montures sans âge, dont l'absence de freins sur les guidons indique qu'elles datent de l'ère soviétique.

«Enorme perte»

"Pour les personnes âgées, (être privé de ces vélos) est une énorme perte", soupire Dmitro Kostenko, leur gardien.

Depuis quelques semaines que l'Ukraine a lancé une contre-offensive dans le Sud, reprenant quelques villages, de nouveaux cycles en sont aussi ramenés par l'armée ukrainienne.

Signe que les choses évoluent peut-être pour le meilleur, une cinquantaine de propriétaires sont revenus récupérer leur bien. Chaque fois que l'un d'entre eux se présente, "j'en ai les larmes aux yeux", sourit le gardien, alors que des tirs d'artillerie résonnent presque sans interruption au loin.

Avec la contre-offensive, "les bombardements se sont intensifiés. Il y a plus de +bang+", observe ce sexagénaire marchant avec des béquilles.

Distante d'une quinzaine de kilomètres à peine du front Sud, Zelenodolsk, qui signifie "vallée verdoyante" en ukrainien comme en russe, est une petite ville de 13 000 habitants construite dans les années 1960, sous l'Union soviétique.

Sur les riches terres agricoles d'où elle puise son nom ont été bâtis une centrale électrique thermique, dont les hautes cheminées sont visibles d'une partie du bourg, ainsi que des dizaines d'immeubles bas et uniformes pour ses employés.

Il y a aussi un petit hôpital, fortement mis à contribution jeudi matin lorsque l'armée russe a visé la centrale, blessant 19 personnes, selon Valentyn Reznichenko, le gouverneur de la région de Dnipro, dont Zelenodolsk fait partie.

"Les gens allaient simplement travailler quand les Russes ont tiré leurs (missiles) Ouragan sur eux", a-t-il dénoncé.

«Antéchrist»

Aucune des victimes, pourtant touchées par des éclats du projectile, n'était trop gravement atteinte, indique Svitlana Kravtchouk, qui leur a prodigué de premiers soins.

Dans une ville régulièrement bombardée, où un enfant de 9 ans avait été tué début septembre, beaucoup souffrent de "stress chronique", poursuit la médecin. A force de nuits passées dans des couloirs ou des caves, nombre d'habitants "ont oublié ce que c'est que de dormir dans un lit".

Depuis le début de la contre-offensive ukrainienne, aux succès pour l'instant mitigés, la directrice de l'hôpital Olena Yarochenko confie être plus "rassurée" car "on entend davantage les nôtres tirer".

Dans son verger du bord de ville, où un poirier ploie sous les fruits et quelques fraises poussent encore, Evgenia Vasilieva, 84 ans, pleure toutefois le calme disparu.

Arrivée en 1964 à Zelenodolsk, trois ans après la fondation de la ville qu'elle a vu se construire, elle était mariée à un Russe et est souvent allée en Russie, où vivent "toutes sortes de gens bien", affirme-t-elle. Mais à leur tête se trouve désormais Vladimir Poutine, "l'antéchrist" porteur de "l'apocalypse", qui effraie cette croyante.

Près de son jardin d'Eden, qui permet d'imaginer ce qu'était la "vallée verdoyante" avant la construction de Zelenodolsk, une maisonnette a récemment perdu son toit, fauché par un obus.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.