Khamenei accuse les Etats-Unis et Israël de fomenter le mouvement de contestation

Les Etats-Unis sont «alarmés et révoltés» par la répression exercée par les autorités iraniennes contre des manifestations étudiantes (Photo, AFP).
Les Etats-Unis sont «alarmés et révoltés» par la répression exercée par les autorités iraniennes contre des manifestations étudiantes (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 04 octobre 2022

Khamenei accuse les Etats-Unis et Israël de fomenter le mouvement de contestation

  • Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, est décédée le 16 septembre, trois jours après son arrestation pour infraction au code vestimentaire
  • Sa mort a déclenché une vague de manifestations en Iran et des rassemblements de solidarité avec les femmes iraniennes à travers le monde

PARIS: Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a accusé lundi les ennemis jurés que sont Israël et les Etats-Unis d'avoir fomenté le mouvement de contestation déclenché par la mort de Mahsa Amini à Téhéran.

"Je dis clairement que ces émeutes et l'insécurité sont l'oeuvre des Etats-Unis, du régime sioniste (Israël, NDLR) usurpateur, leurs mercenaires et certains Iraniens traîtres qui les ont aidés à l'étranger", a déclaré l'ayatollah Khamenei, 83 ans, dans sa première réaction aux manifestations.

Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, est décédée le 16 septembre, trois jours après son arrestation pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique qui oblige notamment les femmes à porter le voile.

Sa mort a déclenché une vague de manifestations en Iran et des rassemblements de solidarité avec les femmes iraniennes à travers le monde.

Ce mouvement de contestation, le plus important en Iran depuis celui de 2019 contre la hausse des prix de l'essence, est entré dans sa troisième semaine et la répression s'est accrue.

De violents incidents se sont produits dans la nuit de dimanche à lundi à l'Université de technologie Sharif à Téhéran, la plus prestigieuse d'Iran.

La police anti-émeute a tiré des billes d'acier et des gaz lacrymogènes contre des étudiants qui scandaient "Femme, vie, liberté", "les étudiants préfèrent la mort à l'humiliation", selon l'agence de presse iranienne Mehr.

Des incidents sont également survenus à l'université d'Ispahan (centre).

«N'ayez pas peur!»

L'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, a publié deux vidéos, l'une montrant apparemment des policiers iraniens à motos poursuivant des étudiants qui courent dans un parking souterrain, et l'autre, des policiers à moto emmenant des personnes dont la tête est recouverte de sacs en tissu noir.

Sur d'autres images, que l'AFP n'a pu vérifier de manière indépendante, on peut entendre des tirs et des cris alors qu'un grand nombre de personnes courent dans une rue la nuit.

Dans une vidéo tournée, selon l'IHR, dans une station de métro de Téhéran, une foule scande: "N'ayez pas peur! N'ayez pas peur! Nous sommes tous ensemble!".

Mais aux yeux du guide suprême, "la police est obligée de tenir tête aux criminels et d'assurer la sécurité de la société".

"La mort de la jeune fille nous a brisé le coeur, mais ce qui n'est pas normal, c'est que certaines personnes, sans preuve ni enquête, rendent les rues dangereuses, brûlent le Coran, retirent le foulard des femmes voilées, mettent le feu aux mosquées et aux voitures", a-t-il déclaré.

"Beaucoup de femmes en Iran ne portent pas parfaitement le voile et sont de ferventes partisanes de la République islamique", a-t-il écrit sur Twitter. "Les Etats-Unis ne peuvent pas tolérer un Iran fort et indépendant."

Biden promet plus de sanctions

Le président américain se dit "gravement préoccupé par les informations sur la répression toujours plus violente contre des manifestants en Iran, y compris des étudiants et des femmes" et promet: "Les Etats-Unis sont aux côtés des femmes iraniennes et de tous les citoyens iraniens dont le courage est une inspiration pour le monde."

Les Etats-Unis sont "alarmés et révoltés" par la répression exercée par les autorités iraniennes contre des manifestations étudiantes, avait auparavant dit la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre.

"La manière dont le gouvernement iranien traite les femmes et cette violente répression de manifestations pacifiques (...) sont justement le genre de comportements qui poussent les jeunes Iraniens talentueux à quitter leur pays par milliers en quête de dignité et de perspectives", a encore dit la porte-parole de Joe Biden.

Karine Jean-Pierre a toutefois estimé que les Etats-Unis pouvaient d'une part condamner cette répression, et de l'autre poursuivre les négociations pour tenter de ressusciter l'accord international de 2015 sur le nucléaire iranien.

Cet accord est "la meilleure manière selon nous d'aborder le problème nucléaire", a-t-elle assuré. "Tant que nous estimerons que poursuivre (ces) discussions est dans l'intérêt de la sécurité nationale des Etats-Unis, nous le ferons."

"Au plus fort de la Guerre froide, quand le président Reagan appelait l'Union soviétique 'l'empire du mal', il menait également des négociations de contrôle des armements" avec les Russes, a-t-elle justifié.

«Choquant»

Le ministère iranien du Renseignement avait indiqué vendredi que neuf ressortissants étrangers - notamment de France, d'Allemagne, d'Italie, des Pays-Bas et de Pologne - avaient été arrêtés en lien avec les manifestations.

Une globe-trotteuse italienne de 30 ans a affirmé être détenue en Iran: "Je suis dans une prison à Téhéran. Aidez-moi s'il vous plaît...", a déclaré Alessia Piperno lors d'une brève conversation téléphonique avec ses parents dimanche, selon le quotidien italien Il Messaggero.

Estimant que "la violence" des forces de sécurité iraniennes était "vraiment choquante", le chef de la diplomatie britannique James Cleverly a convoqué lundi le plus haut diplomate iranien à Londres.

Le Canada a de son côté imposé de nouvelles sanctions contre des représentants iraniens, dénonçant "la persécution systématique des femmes, et plus particulièrement les actions choquantes commises par la prétendue +police des moeurs+".

Au moins 92 personnes ont été tuées par la répression depuis le début des manifestations, selon l'ONG Iran Human Rights qui s'efforce d'évaluer le nombre de morts malgré les coupures d'Internet et les blocages d'applications comme WhatsApp ou Instagram et d'autres services en ligne en Iran.

Les autorités affirment quant à elles qu'environ 60 personnes parmi lesquelles douze membres des forces de sécurité ont été tuées depuis le 16 septembre.


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.