Les déboires de Credit Suisse, un nouveau Lehman Brothers en perspective ?

Les déboires de Credit suisse ravivent le spectre de la première victime d'importance de la crise financière de 2008-2009, la banque américaine Lehman Brothers. (AFP)
Les déboires de Credit suisse ravivent le spectre de la première victime d'importance de la crise financière de 2008-2009, la banque américaine Lehman Brothers. (AFP)
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Publié le Vendredi 07 octobre 2022

Les déboires de Credit Suisse, un nouveau Lehman Brothers en perspective ?

  • Sous la pression du régulateur européen, les banques ont fait d'importants efforts cette dernière décennie afin d'être plus solides en cas de crise
  • En cas de défaillance d'un acteur bancaire, le continent européen «dispose désormais d'un cadre» pour le sortir de l'ornière, quelle que soit sa taille, complétait en février la présidente de la banque espagnole

PARIS: Les déboires de Credit suisse, ébranlé par une série de scandales et dont la valeur en Bourse a été divisée par trois en un an et demi, ravivent le spectre de la première victime d'importance de la crise financière de 2008-2009, la banque américaine Lehman Brothers.

Le Comité européen du risque systémique (CERS), rattaché à la BCE, a lancé fin septembre à la finance européenne un avertissement sans précédent depuis plus de dix ans. Il appelle les banques à se "préparer" à des "scénarios de risques extrêmes" plus probables qu'en début d'année.

Pas de panique, répondent les experts. Selon eux, la deuxième banque helvète et le système bancaire européen dans son ensemble sont mieux armés qu'à l'époque pour faire face à une crise.

Credit Suisse va racheter jusqu'à 3 milliards CHF de titres de créances

La banque Credit Suisse, secouée par des scandales à répétition, compte racheter des titres de créances pour un montant allant jusqu'à environ 3 milliards de francs suisses (une somme équivalente en euros), annonce-t-elle vendredi.

La banque va faire une offre en numéraire sur huit titres de créances sénior libellés en euro ou en livre sterling pour un montant de 1 milliard d'euros, indique-elle dans un communiqué.

Séparément, elle va également faire une offre sur douze titres libellés en dollar pour un montant agrégé allant jusqu'à 2 milliards de dollars.

Ces deux offres, soumises à conditions, courent jusqu'au 3 et 10 novembre, précise-telle.

La banque entend ainsi "profiter des conditions de marché pour racheter de la dette à des prix attrayants", précise-t-elle dans un communiqué.

Credit Suisse est au centre d'intenses rumeurs concernant les projets de son nouveau directeur général pour redresser la banque après des scandales à répétition.

Pourquoi Credit suisse inquiète?

En laissant couler Lehman Brothers en 2008, l'administration Bush espérait faire un exemple, sans en avoir mesuré toutes les conséquences.

La faillite de l'établissement a ainsi laissé penser aux acteurs du marchés que d'autres établissements pouvaient suivre, accentuant les difficultés et nécessitant l'intervention de nombreux Etats. La holding belgo-néerlandaise Fortis a ainsi été démantelée, la filiale belge passant sous le contrôle du français BNP Paribas.

Surtout de nombreux autres établissements, considérés comme "too big to fail" (trop gros pour faire faillite) ont dû être secourus en urgence, au risque d'un effondrement complet du système financier. L'assureur américain IAG ou la banque franco-belge Dexia, qui ne survivra finalement pas à la crise de la dette grecque, ont fait partie des établissements secourus.

Ces sauvetages ont cependant été très coûteux pour les finances publiques et ont amorcé la crise de la dette qui a suivi et débouché sur une cure d'austérité, notamment en Europe.

Nerveux, les investisseurs multiplient les scénarios sur la restructuration de Credit Suisse

Le nouveau patron de Credit Suisse Ulrich Körner doit présenter le 27 octobre son plan stratégique pour redresser une maison secouée par les scandales.

La deuxième banque de Suisse banque n'a pour l'instant rien laissé filtrer de ses projets.

Mais son silence fait gonfler les rumeurs, Credit Suisse faisant partie des trente grandes banques mondiales considérées comme trop grosses pour les laisser faire faillite. Inquiets, les investisseurs multiplient les scénarios.

Augmentation de capital ou cessions d'actifs? 

Les rumeurs portent surtout sur une augmentation de capital. Selon Andreas Venditti, analyste chez Vontobel, une levée de fonds devient "de plus en plus probable", a-t-il indiqué dans une note, l'évaluant à 4 milliards de francs suisses (4,1 milliards d'euros).

Mais les investisseurs craignent une importante dilution, l'action ayant perdu quelque 70% de sa valeur depuis la faillite en mars 2021 de la société financière britannique Greensill, qui avait marqué le début de ses déboires.

Pour Carlo Lombardini, avocat et professeur de droit bancaire à l'université de Lausanne, une augmentation de capital aura un goût "un peu saumâtre" pour les actionnaires, "mais ils n'ont probablement pas le choix", a-t-il confié à l'AFP.

La banque va devoir "couper dans le vif", ce qui implique "probablement de redemander des fonds propres aux actionnaires" pour financer les licenciements et frais de restructurations, selon lui.

L'autre option serait de vendre des actifs, tels que les produits titrisés que la banque est en train de soupeser. "C'est un choix cornélien", a reconnu David Benamou, directeur des investissements chez Axiom Alternative Investments, lors d'un entretien avec l'AFP, les revenus futurs de la banque risquant d'en pâtir.

L'an passé, ces produits structurés - qui permettent de transformer des actifs peu liquides en titres pouvant être vendus sur les marchés financiers - faisaient partie des activités qui avaient limité la chute des revenus dans la banque d'investissement.

"Les conditions de marché sont tendues et un vendeur forcé n'obtient généralement pas un prix favorable", souligne aussi M. Benamou.

Des cessions permettraient néanmoins à la banque de "gagner du temps jusqu'à ce que l'action se redresse", observent les analystes de Jefferies dans une note, lui permettant d'augmenter son capital plus tard, dans des conditions "plus acceptables".

Cible d'acquisition 

En Bourse, la multiplication des rumeurs a fait vaciller le cours de son action qui a touché lundi un plus bas historique à 3,518 francs suisses. Le titre a depuis rebondi, suggérant que les marchés veulent donner "une chance à Credit Suisse de préparer un projet solide", a indiqué Ipek Ozkardesk, analyste chez Swissquote Bank, à l'AFP.

Lundi, sa capitalisation boursière avait fondu à 10 milliards de francs, le directeur des investissements d'Axiom remarquant que la banque devient "une cible très attractive pour des banques qui souhaiteraient acheter une belle franchise en gestion de fortune", un des points forts de Credit Suisse.

"Des banques comme BNP Paribas, qui a un trésor de guerre après avoir vendu Bank of the West, doivent probablement se poser la question", suppute-t-il. Le géant bancaire français a cédé cette filiale pour 16,3 milliards de dollars.

Selon lui, la banque suisse a toutefois les moyens de rester indépendante et un rachat par le géant bancaire français ou une autre banque se heurterait certainement à des questions politiques. "Pour les Suisses, je pense que Credit Suisse doit rester suisse", nuance M. Benamou.

Contactée par l'AFP, BNP Paribas n'a pas souhaité faire de commentaire.

scénario du pire 

Lundi, les discussions se sont enflammées sur Twitter au point de parler d'un "moment Lehman Brothers", la banque américaine dont la faillite avait été le déclencheur de la crise financière de 2008.

Les analystes ont rapidement balayé ces rumeurs, rappelant que la banque dispose de solides fonds propres et que la Suisse ne laisserait pas cette banque d'importance systémique faire faillite.

En 2008, la Confédération avait volé au secours de sa concurrente UBS en mettant en place avec la banque centrale un fonds destiné à liquider ses actifs toxiques.

Pour l'instant, une intervention de l'Etat reste cependant une hypothèse "farfelue", juge M. Benamou, compte tenu des liquidités que les grandes banques doivent mettre de côté suite aux réformes du secteur bancaire depuis la crise financière.

Son ratio de fonds propres durs (CET1), qui mesure les sommes à mettre de côté pour tenir le choc en cas de crise, se situait fin juin à 13,5%, soit très légèrement moins que HSBC Holdings mais davantage que BNP Paribas, les plus grandes banques en Europe.

Quelles leçons ont été tirées de 2008-2009 ?

Sous la pression du régulateur européen, les banques ont fait d'importants efforts cette dernière décennie afin d'être plus solides en cas de crise.

Elles doivent par exemple justifier d'un niveau minimal de capital plus important destiné à éponger les éventuelles pertes. Ce ratio de fonds propres durs, aussi appelé CET1, est l'œuvre des travaux du comité de Bâle, en Suisse.

Credit Suisse affichait lors de ses résultats de mi-année, publiés fin juillet, un ratio de solvabilité de 13,5%. A titre de comparaison, il est de 12,2% pour BNP Paribas, 14,93% pour l'italienne Unicredit et 13% pour Deutsche Bank.

Ce ratio de capital qui permet de faire face à des pertes inattendues s'est "fortement renforcé" après la crise de 2008, assure le responsable de l'équipe banque Paris de l'agence de notation Moody's Alain Laurin, et la manière de le calculer a été amendée dans un sens plus restrictif.

L'Autorité bancaire européenne soumet aussi cinquante grandes banques du continent à des tests de résistance. Les résultats du dernier exercice, publiés fin juillet 2021 montraient que les établissements étaient bien en mesure d'encaisser sans trop de casse une grave crise économique.

Faut-il craindre un nouvel effet domino?

Les experts contactés par l'AFP se veulent pour l'instant rassurants.

Premièrement, Credit suisse "reste un établissement financier solide", affirme Guillaume Larmaraud, associé en charge des services financiers chez Colombus Consulting.

Ensuite, même en cas de crise, "la solidité financière des banques est extrêmement forte, les leçons de 2008 ont été bien apprises", estime auprès de l'AFP Vanessa Holtz, responsable pour la France de Bank of America.

En cas de défaillance d'un acteur bancaire, le continent européen "dispose désormais d'un cadre" pour le sortir de l'ornière, quelle que soit sa taille, complétait en février la présidente de la banque espagnole Santander Ana Botín, aussi présidente du lobby européen des banques.

Et si, en ultime recours, les gouvernements étaient tentés de sortir le portefeuille pour sauver un établissement, contrairement à la situation d'avant 2008, un cadre prévoit dans un premier temps de faire payer les actionnaires ou les plus gros créanciers.

Les banques cotisent également à un fonds européen qui doit éviter de présenter une facture trop lourde aux contribuables.


BNP Paribas rehausse ses objectifs de solidité financière et bondit en Bourse

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
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  • Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués
  • Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%

PARIS: Le groupe bancaire français BNP Paribas gagnait plus de 5% jeudi matin à la Bourse de Paris, après avoir annoncé qu'il visait un ratio de solvabilité supérieur d'ici 2027.

Son titre prenait 5,79% vers 08H15 GMT, à 70,93 euros, en première place d'un CAC 40 en hausse de 1,13%. BNP Paribas table désormais sur un "ratio CET1 fixé à 13% à l'horizon 2027".

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués.

Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués.

Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%.

BNP Paribas vise aussi une amélioration "continue" de son coefficient d'exploitation, un indicateur de rentabilité qui rapporte les coûts fixes au produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires pour les banques).

L'objectif est qu'il atteigne 61% en 2026 et 58% en 2028, "un engagement fort de maîtrise des coûts", selon le communiqué.

BNP Paribas souhaite par ailleurs rester "à l'écoute de [ses] actionnaires grâce à une politique de distribution attractive et disciplinée", a expliqué Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, cité dans un communiqué.

Le groupe a aussi annoncé qu'il lancerait courant novembre son programme de rachat d'actions de 1,15 milliard d'euros, dans le cadre de sa distribution du résultat de 2025.


Quatre banques françaises accusées par des ONG de financer la déforestation en Amazonie

Les ONG Reclaim Finance et Canopée ont pointé du doigt jeudi les groupes bancaires BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole et Société Générale pour leurs prêts à deux négociants de soja, dont Cargill, accusés de se fournir auprès de fermiers qui ont déforesté au Brésil. (AFP)
Les ONG Reclaim Finance et Canopée ont pointé du doigt jeudi les groupes bancaires BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole et Société Générale pour leurs prêts à deux négociants de soja, dont Cargill, accusés de se fournir auprès de fermiers qui ont déforesté au Brésil. (AFP)
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  • Entre janvier 2024 et août 2025, BNP Paribas, Crédit Agricole et le groupe BPCE ont été impliqués conjointement dans trois opérations (prêt ou obligation) avec Bunge pour un montant total de 4,3 milliards de dollars, a relevé Reclaim Finance
  • BNP Paribas a également prêté 1,5 milliard de dollars à Cargill en octobre 2024 et la Société Générale a participé à une opération de prêt à Bunge de 3,2 milliards de dollars en mars 2024, toujours selon les ONG

PARIS: Les ONG Reclaim Finance et Canopée ont pointé du doigt jeudi les groupes bancaires BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole et Société Générale pour leurs prêts à deux négociants de soja, dont Cargill, accusés de se fournir auprès de fermiers qui ont déforesté au Brésil.

Les deux négociants, les géants de l'agroalimentaire américains Bunge et Cargill, ont cumulé 200 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2024.

Les ONG ont comparé la localisation des zones déforestées en Amazonie, cartographiées par le réseau MapBiomas, qui surveille par satellite l'occupation des sols, et celle des entrepôts de Bunge et Cargill, recensés par les cadastres brésiliens.

Les associations ont remarqué qu'à 273 reprises, ces silos étaient situés à moins de 50 kilomètres de fermes implantées sur des champs déforestés, suggérant que Bunge et Cargill s'y approvisionnent.

Or, entre janvier 2024 et août 2025, BNP Paribas, Crédit Agricole et le groupe BPCE ont été impliqués conjointement dans trois opérations (prêt ou obligation) avec Bunge pour un montant total de 4,3 milliards de dollars, a relevé Reclaim Finance.

BNP Paribas a également prêté 1,5 milliard de dollars à Cargill en octobre 2024 et la Société Générale a participé à une opération de prêt à Bunge de 3,2 milliards de dollars en mars 2024, toujours selon les ONG.

BNP Paribas a indiqué à l'AFP que ses clients devaient avoir mis en oeuvre l'objectif "zéro déforestation" d'ici à fin 2025. "La conformité des clients avec cette politique sera évaluée (...) courant 2026", a indiqué à l'AFP la banque.

En l'occurrence Bunge et Cargill ont pris des engagements pour éliminer la déforestation d'ici à fin 2025.

Côté Société Générale, leur politique de lutte contre la déforestation "inclut des critères d'exclusion spécifiques pour les clients opérant dans les chaînes de valeur du soja en Amérique du Sud", a affirmé à l'AFP l'entreprise.

Crédit Agricole a également indiqué avoir pris des engagements "zéro déforestation", et suivre leur mise en oeuvre auprès des clients.

Le groupe BPCE a lui critiqué vivement le travail des deux ONG, fustigeant des "chiffres invérifiables, sans méthodologie explicite", ni "preuve apportée", et ajoute qu'il "publiera sa démarche sur la déforestation fin 2025".

L'Amazonie joue un rôle majeur contre le réchauffement climatique via l'absorption de carbone. C'est un des principaux thèmes de la COP30 à Belém, au Brésil, qui s'achève vendredi.

Un moratoire signé en 2006 bannit la commercialisation du soja issu de terres déboisées en Amazonie après 2008.

 


Forum sur l'investissement Arabie saoudite - États-Unis: des milliards d'euros de transactions privées, un partenariat technologique et énergétique renforcé

Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et le président américain Trump ont salué le renforcement du partenariat entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en annonçant de nouveaux accords d'investissement substantiels. (AFP)
Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et le président américain Trump ont salué le renforcement du partenariat entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en annonçant de nouveaux accords d'investissement substantiels. (AFP)
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  • La coopération technologique, y compris l'intelligence artificielle et la fabrication avancée, est apparue comme un pilier central du partenariat en pleine évolution
  • Les chefs d'entreprise ont exprimé leur optimisme quant à l'élargissement des opportunités, considérant le partenariat comme une plateforme de croissance dans les secteurs à forte valeur ajoutée

WASHINGTON D.C. L'élan économique généré par la rencontre à la Maison Blanche entre le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et le président américain Donald Trump mardi s'est rapidement déplacé vers le Forum d'investissement américano-saoudien au Kennedy Center à Washington.

C'est là, mercredi, que les accords gouvernementaux de haut niveau annoncés dans le bureau ovale et lors d'un dîner de gala de la Maison-Blanche la veille se sont rapidement traduits par des accords concrets avec le secteur privé, d'une valeur de plusieurs milliards.

Le forum, organisé par le ministère des investissements d'Arabie saoudite sur le thème "Leadership for Growth : Renforcer le partenariat économique entre l'Arabie saoudite et les États-Unis", a rassemblé des hauts fonctionnaires, des investisseurs et des PDG de certaines des entreprises américaines les plus puissantes.
S'adressant au forum mercredi après-midi, le prince héritier a déclaré que les bases d'un partenariat plus fort entre l'Arabie saoudite et les États-Unis avaient été jetées et que d'autres accords d'investissement dans les domaines de la défense, de l'énergie, de l'IA et des services financiers pouvaient être attendus.

Dans ses propres remarques, le président Trump a déclaré que 270 milliards de dollars d'accords et de ventes étaient signés entre des dizaines d'entreprises. Il a fait l'éloge du prince héritier, le qualifiant de dirigeant audacieux qui s'est engagé dans la relation entre l'Arabie saoudite et les États-Unis.

M. Trump a également déclaré qu'il commencerait à "travailler" sur la guerre au Soudan après que le prince héritier lui a demandé d'aider à mettre fin au conflit, qui fait rage depuis avril 2023 et qui a pris une tournure plus sombre le mois dernier après la chute d'El-Fasher.

"Sa majesté aimerait que je fasse quelque chose de très puissant en rapport avec le Soudan. Ce n'était pas dans mon programme, je pensais que c'était quelque chose de fou et d'incontrôlable", a déclaré M. Trump.

"Mais je vois à quel point c'est important pour vous, et pour beaucoup de vos amis dans cette salle, le Soudan. Et nous allons commencer à travailler sur le Soudan".

Lors de l'ouverture du forum mercredi matin, le ministre saoudien de l'investissement, Khalid Al-Falih, a souligné l'ampleur de la coopération entre l'Arabie saoudite et les États-Unis, annonçant que l'événement donnerait lieu au lancement "d'accords commerciaux révolutionnaires d'une valeur de plusieurs centaines de milliards de dollars".

"Hier, à la Maison Blanche, nous avons assisté à la signature d'une série d'accords stratégiques G2G dans plusieurs secteurs verticaux, notamment la défense, l'IA, les chaînes d'approvisionnement en minerais et en métaux critiques, entre autres", a déclaré M. Al-Falih.

Il a déclaré que la visite du prince héritier à Washington démontrait "la force du partenariat entre l'Arabie saoudite et les États-Unis et notre ambition commune."

M. Al-Falih a ajouté qu'une "étape importante" avait été franchie lors de la discussion de mardi concernant le "cadre stratégique américano-saoudien sur l'accélération des investissements, un mécanisme qui soutient les approbations d'investissements en temps opportun entre nos deux pays".

"Aujourd'hui, nous assisterons également, une fois de plus, au lancement d'accords commerciaux révolutionnaires d'une valeur de plusieurs centaines de milliards de dollars, soulignant ainsi la force de notre partenariat et de notre ambition commune."

Le ministre de l'investissement a souligné que les États-Unis sont le premier investisseur étranger en Arabie saoudite, "un dollar sur quatre investis par des investisseurs internationaux dans le Royaume d'Arabie saoudite provenant des États-Unis".

Le secrétaire américain au commerce, Howard Lutnick, qui s'est adressé au forum après M. Al-Falih, a ajouté que les accords récemment finalisés "ouvrent la voie aux entreprises américaines pour qu'elles deviennent des leaders mondiaux (en) matière d'innovation, de sécurité et de déploiement".

L'événement a été conçu pour consolider les dimensions économiques de l'alliance en alignant les ambitions d'investissement saoudiennes - en particulier celles qui sont à l'origine de la transformation Vision 2030 - sur l'innovation et la technologie américaines.

Il a souligné l'importance stratégique de la technologie, en particulier de l'intelligence artificielle, en tant que pierre angulaire du nouveau partenariat.

Après la signature officielle du partenariat stratégique sur l'intelligence artificielle entre le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, et le secrétaire d'État américain Marco Rubio, les deux parties ont affirmé qu'il s'agissait d'une étape historique pour faire progresser l'innovation et le progrès technologique.

Ce partenariat vise à tirer parti des avantages concurrentiels de l'Arabie saoudite en termes de terres disponibles, de ressources énergétiques et de situation géographique pour créer des pôles technologiques d'intelligence artificielle répondant à la demande locale, régionale et mondiale.

La collaboration englobe la fourniture de semi-conducteurs avancés, le développement d'applications et d'infrastructures d'IA avancées, le renforcement des capacités nationales et l'expansion des investissements à forte valeur ajoutée.

Le secteur privé a immédiatement tiré parti de cette orientation en créant d'importantes coentreprises. Advanced Micro Devices, Cisco Systems et la startup saoudienne Humain ont annoncé la création d'une coentreprise pour construire des centres de données au Moyen-Orient.

Cette initiative débutera par un projet de centre de données de 100 mégawatts en Arabie saoudite.

Le PDG de Humain, Tareq Amin, a confirmé que la startup de vidéo générative Luma AI a déjà signé un contrat pour acheter la totalité de la capacité de ce premier cluster, dont la construction est prévue pour 2026 et qui utilisera une énergie entièrement renouvelable.

La coentreprise vise à construire jusqu'à un gigawatt de nouveaux centres de données d'ici 2030 pour desservir un marché massif couvrant l'Asie, l'Europe, l'Inde, le Moyen-Orient et l'Afrique.

Elon Musk, PDG de Tesla, et Jensen Huang, PDG de Nvidia, ont également participé à une discussion sur les progrès de l'IA. Elon Musk a confirmé par la suite que son entreprise d'IA, XAI, et l'Arabie saoudite travaillaient sur un projet de 500 mégawatts avec Nvidia.

En marge du forum, Wassim Chourbaji, président du Moyen-Orient et de l'Afrique pour Qualcomm, a déclaré à Arab News : "L'ambiance est très positive. Le partenariat est excellent et solide. Je vois des opportunités à long terme.

"Dans le cas de Qualcomm, nous avons annoncé la création d'un centre d'ingénierie de l'IA dans les locaux de Humain. Nous avons annoncé un partenariat avec Humain et Adobe pour exécuter tout le contenu créatif sur notre solution de centre de données avec Humain.

"Nous avons annoncé précédemment la mise en place de nos puces et solutions d'IA les plus avancées avec Humain dans le Royaume d'Arabie saoudite pour construire ce que l'on appelle l'IA hybride... Et l'autre partie est la partie industrielle, où l'IA transforme les industries, y compris le pétrole et le gaz."

Le secteur de l'énergie, qui constitue traditionnellement le socle de la relation, a connu un regain d'intérêt pour les investissements à long terme. Amin Nasser, PDG du géant pétrolier saoudien Aramco, a annoncé que l'Arabie saoudite signerait des accords dans le secteur de l'énergie avec les États-Unis pour un montant de 30 milliards de dollars.

En outre, un accord important a été annoncé pour sécuriser les chaînes d'approvisionnement en minerais essentiels, un pilier clé de la Vision 2030.

MP Materials, qui exploite la seule mine américaine de terres rares, s'associe au ministère américain de la défense et à la société minière saoudienne Maaden pour construire une raffinerie de terres rares en Arabie saoudite.

Cette coentreprise vise à développer le traitement au Moyen-Orient de ces minéraux critiques, qui sont essentiels pour les avions de chasse, les véhicules électriques et d'autres technologies clés.

La Chine domine actuellement le raffinage mondial, et cette nouvelle installation représente un effort coordonné pour trouver d'autres sources d'approvisionnement stables.

En vertu de l'accord, l'entreprise commune entre MP et le ministère américain de la défense détiendra une participation combinée de 49 % dans la raffinerie saoudienne, Maaden détenant les 51 % restants.

L'installation raffinera des terres rares lourdes et légères qui seront utilisées par les industries manufacturières et de défense américaines et saoudiennes et vendues aux pays alliés.

De plus petites entreprises étaient également représentées au forum afin de trouver des moyens de pénétrer le marché saoudien dans des domaines aussi divers que le sport et le divertissement.

Nicholas Cooper, fondateur et PDG de Convergenz, société spécialisée dans les infrastructures de divertissement et de création, a déclaré à Arab News : "Il est très excitant d'être présent au forum d'investissement pour une raison essentielle.

"Je pense que beaucoup de gens sont venus en Arabie saoudite pour prendre, et mon objectif est de pouvoir apporter une valeur ajoutée.

"Je reconnais qu'il existe actuellement un positionnement unique permettant de jeter un pont entre les mondes de la technologie, du style de vie et du divertissement, et de contribuer réellement à influencer la culture. Mais surtout, j'aimerais apporter une valeur ajoutée à la prochaine génération.