Pourquoi l’accord sur les céréales ukrainiennes ne mettra pas fin à la crise de la sécurité alimentaire au Moyen-Orient

Une cargaison spéciale de céréales ukrainiennes atteint la Turquie en août après un accord entre la Russie et l'Ukraine. (AFP)
Une cargaison spéciale de céréales ukrainiennes atteint la Turquie en août après un accord entre la Russie et l'Ukraine. (AFP)
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Publié le Samedi 08 octobre 2022

Pourquoi l’accord sur les céréales ukrainiennes ne mettra pas fin à la crise de la sécurité alimentaire au Moyen-Orient

  • L'initiative céréalière de la mer Noire a libéré les exportations ukrainiennes bloquées, mais les prix des denrées alimentaires restent obstinément élevés
  • L'augmentation de la valeur du dollar américain a entraîné une hausse du coût des importations de nourriture et de carburant dans les pays les plus pauvres

DUBAI : Alors que les ménages souffrant d'insécurité alimentaire au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie continuent de payer le prix fort pour une guerre qui fait rage à des milliers de kilomètres de chez eux, des forces qu’aucun gouvernement ni autorité internationale ne peuvent contrôler à eux seuls aggravent le problème.

À la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février et du blocus des ports du sud de la mer Noire qui en a résulté, la montée en flèche des prix des denrées alimentaires a fait craindre une aggravation de la famine et de la malnutrition dans de nombreux pays.

Malgré un apaisement de cette crise à la suite d'un accord quadripartite conclu à Istanbul le 22 juillet, la hausse de l'inflation dans le monde et les perturbations de la chaîne d'approvisionnement mondiale constituent désormais une nouvelle menace.

La Réserve fédérale a revu ses taux d'intérêt à la hausse à la mi-septembre dans le but de faire baisser le taux d'inflation aux États-Unis. Mais ce faisant, la valeur du dollar a grimpé en flèche, ce qui entraîne une hausse des prix des importations de denrées alimentaires et de carburant dans les pays moins riches dont les monnaies sont en chute libre.

Ces nouvelles pressions interviennent à un moment où les prix des denrées alimentaires étaient censés être maîtrisés, en partie grâce à un accord négocié par les Nations unies et la Turquie pour créer un couloir humanitaire maritime sécurisé à partir de trois ports ukrainiens.

Pour mettre en œuvre l'initiative céréalière de la mer Noire, un centre de coordination conjoint a été créé à Istanbul. Il comprend des hauts représentants de la Russie et de l'Ukraine, ainsi que des médiateurs de la Turquie et des Nations unies.

La mise en œuvre de l'accord visant à reprendre les exportations de céréales, de denrées alimentaires, d'engrais et d'autres produits de base en provenance du bassin de la mer Noire – souvent considéré comme le grenier de l'Europe – a été interrompue depuis sa signature en juillet.

Néanmoins, il a contribué à faire baisser les prix des produits de base tels que le pain et l'huile de cuisson dans les pays en développement qui s’étaient retrouvés au bord du défaut de paiement et de la famine.

« Dans le mois qui a suivi le déclenchement du conflit, le prix de la farine de blé a augmenté de 47 % au Liban, de 11 % au Yémen, de 15 % en Libye, de 14 % en Palestine et de 10 % en Syrie », explique à Arab News Abdel Mageed Yahia, directeur-pays du Programme alimentaire mondial aux Émirats arabes unis et représentant pour la région du CCG.

« Les fluctuations des prix à l'échelle mondiale ne réduiront pas immédiatement l'inflation nationale dans les pays confrontés à la combinaison fatale de la dégringolade de la monnaie locale et de l’inflation élevée. Bien qu'il n'existe pas de solution unique à la crise de la sécurité alimentaire dans ces pays et dans le monde entier, l’initiative céréalière de la mer Noire est un développement extrêmement positif et un pas dans la bonne direction ».

Des personnes faisant la queue devant une boulangerie pour acheter du pain dans la ville de Sidon (Saïda), dans le sud du Liban, le 22 juin 2022, alors que la pénurie de carburant et de blé s'aggrave. (AFP/File Photo)
Des personnes faisant la queue devant une boulangerie pour acheter du pain dans la ville de Sidon (Saïda), dans le sud du Liban, le 22 juin 2022, alors que la pénurie de carburant et de blé s'aggrave. (AFP/File Photo)

Étant donné que l'Ukraine était le cinquième exportateur mondial de blé avant le conflit, le blocus imposé à ses ports coûtait au pays des milliards de dollars en revenus perdus et, en parallèle, faisait grimper les prix alimentaires mondiaux à des niveaux alarmants.

Avant l'invasion, l'Ukraine exportait environ 6 millions de tonnes de nourriture par mois. Ce chiffre était tombé à une moyenne de seulement 1 million de tonnes par mois avant l'entrée en vigueur de l'initiative céréalière de la mer Noire.

Par conséquent, de nombreux pays, tels que ceux du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, qui importent plus de 40 % de leur blé et près de 25 % de leur huile végétale de Russie et d'Ukraine, ont été confrontés à un double choc, sous la forme de pénuries alimentaires aiguës et de flambée des prix.

L'accord sur les céréales, décrit à l'époque par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres comme « une victoire de la diplomatie », vise à maintenir les exportations alimentaires ukrainiennes à 5 millions de tonnes par mois.

« Il n'y a pas de solution à la crise alimentaire mondiale sans garantir un accès mondial complet aux produits alimentaires de l'Ukraine et aux aliments et engrais russes », a déclaré Antonio Guterres lors d'une visite en Ukraine en août.

L'accord a certainement aidé des millions de personnes qui luttaient contre l'augmentation du coût de la vie, ainsi que les agriculteurs ukrainiens en difficulté. Mais selon les experts, il ne peut, à lui seul, résoudre les problèmes plus larges de la famine et de l'insécurité alimentaire, dont les causes sont beaucoup plus complexes et vont de la sécheresse et du changement climatique à la mauvaise gouvernance et à l'effondrement de l'État.

Un enfant assis à l'entrée d'un abri dans un camp de personnes déplacées endommagé par des pluies torrentielles dans le district de Jarrahi, dans la province occidentale de Hodeidah, au Yémen. (AFP)
Un enfant assis à l'entrée d'un abri dans un camp de personnes déplacées endommagé par des pluies torrentielles dans le district de Jarrahi, dans la province occidentale de Hodeidah, au Yémen. (AFP)

Plus de deux mois après la signature de l’initiative céréalière, la famine continue de sévir dans les régions du monde les plus touchées par l'insécurité alimentaire, notamment au Yémen et dans certaines parties de l'Afrique de l'Est, où les prix des produits de base restent obstinément élevés, où les opérations de lutte contre la faim sont perturbées et où la sécheresse touche tant les cultures que le bétail.

Les prix des biens importés et des produits de base ont augmenté dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord depuis le début de l'année 2021, en raison d'une demande croissante alors que les économies commençaient à peine à se remettre de la pandémie de COVID-19.

Les prix alimentaires à l’échelle nationale ont augmenté de plus de 15 % dans plus de 50 pays, tandis que l'inflation est à trois chiffres au Liban, au Venezuela, au Soudan et au Zimbabwe.

Selon l'indice des prix de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui mesure les variations mensuelles du coût d'un panier de produits alimentaires de base, les prix ont atteint un niveau record en mars de cette année. Fin avril, le prix international de certaines variétés de blé avait atteint 477 dollars la tonne, soit une augmentation de 53 % par rapport aux chiffres de 2021.

« Cette hausse des prix mondiaux s'est répercutée sur les économies locales, notamment dans les pays tributaires des importations et de l'aide, compromettant l'accès de populations déjà vulnérables à une alimentation abordable », déclare M. Yahia.

Un récent rapport de Deep Knowledge Analytics, intitulé Global Food Security Q2 2022, a révélé que 868 millions de personnes dans 25 pays sont dans « une situation de risque élevé qui menace de se détériorer » sur la base d'une évaluation de leurs systèmes alimentaires et de leur résilience économique.

QUELQUES CHIFFRES

  • 345 millions de personnes dans 82 pays sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë

 

  • 50 millions de personnes dans 45 pays sont au bord de la famine

 

Source : PAM

Parmi les pays les moins bien classés figurent la Syrie (148ème) et le Yémen (160ème), tous deux en proie à des crises multiples et imbriquées alimentées par la guerre.

Le rapport révèle également que l'invasion de l'Ukraine par la Russie a entraîné une augmentation de 25 % du nombre de pays ayant mis en place des restrictions sur les exportations alimentaires.

À la fin du mois de mars de cette année, quelque 53 nouvelles politiques affectant directement le commerce alimentaire avaient été adoptées au niveau mondial, dont 31 restreignant les exportations en général et neuf limitant spécifiquement les exportations de blé, ce qui a contribué à une nouvelle flambée des prix.

En parallèle, le prix des engrais a augmenté de 30 % depuis le début de l'année, ce qui a contribué à réduire le rendement des cultures dans le monde entier.

Malgré tous ces problèmes d'approvisionnement, il y a au moins des signes que l'offre de céréales de la mer Noire se stabilise.

« Depuis le 1er août, plus de 4,3 millions de tonnes de nourriture ont été transportées vers 29 pays sur trois continents », affirme à Arab News Amir Abdulla, coordinateur des Nations unies pour l'initiative céréalière de la mer Noire.

Actuellement, l'initiative facilite les exportations à partir de trois ports ukrainiens, alimentant ainsi le marché alimentaire mondial tout en libérant les silos du pays pour accueillir la prochaine récolte.

« Bien que la guerre ait eu un impact sur la production agricole, il y a encore beaucoup de céréales, d'autres denrées alimentaires et d'ammoniac à exporter dans les mois à venir », rassure M. Abdulla.

En Éthiopie, la valeur des repas scolaires équivaut à environ 10 % du revenu des ménages. Lorsque plusieurs enfants sont inscrits à l'école, la fourniture de repas scolaires peut se traduire par des économies substantielles. (AFP)
En Éthiopie, la valeur des repas scolaires équivaut à environ 10 % du revenu des ménages. Lorsque plusieurs enfants sont inscrits à l'école, la fourniture de repas scolaires peut se traduire par des économies substantielles. (AFP)

Les silos à grains ukrainiens contenaient environ 20 millions de tonnes de céréales en août de cette année. Une quantité supplémentaire de 19,5 millions de tonnes de blé récolté était attendue pour le reste de l'été et 38,2 millions de tonnes de céréales sont attendues à l'automne.

« Cela signifie que les entrepôts et les silos doivent être vidés d'urgence de la récolte de l'année dernière », précise M. Abdulla.

L'initiative céréalière permet aux agriculteurs ukrainiens de retrouver un accès aux marchés d'exportation à des prix compétitifs et les incite à planifier la récolte de 2023, qui sera essentielle pour éviter une nouvelle pénurie mondiale de céréales.

À la mi-septembre, environ 140 navires avaient quitté les ports ukrainiens avec, à leur bord, plus de 3 millions de tonnes de denrées alimentaires, notamment des céréales essentielles telles que le blé, le maïs et l'orge, le tournesol et d'autres produits oléagineux, ainsi que le soja.

Parmi eux se trouvaient quatre navires affrétés par le PAM pour transporter environ 128 000 tonnes de céréales destinées à l'Afghanistan, au Yémen et à la Corne de l'Afrique.

Vu que le PAM s'approvisionnait en Ukraine pour 40 % de son blé d'urgence, sa réponse humanitaire a été gravement perturbée par l'invasion russe.

Il est donc compréhensible que le « PAM ait soutenu l'initiative céréalière de la mer Noire, en fournissant des conseils d'experts sur l'expédition et la logistique pendant les négociations », assure M. Yahia.

Des Yéménites affamés et déplacés par le conflit reçoivent une aide alimentaire. (AFP)
Des Yéménites affamés et déplacés par le conflit reçoivent une aide alimentaire. (AFP)

Le MV Brave Commander a été le premier navire affrété par le PAM dans le cadre de cette initiative. Il a transporté environ 30 000 tonnes de blé – de quoi nourrir 1,5 million de personnes pendant un mois – en Éthiopie, où une sécheresse prolongée et un conflit civil ont plongé des millions de personnes dans une insécurité alimentaire aiguë.

« Au total, le PAM a déjà acheté quelque 300 000 tonnes de blé auprès de fournisseurs ukrainiens depuis la signature de l'initiative de la mer Noire », précise Yahia.

Si l'initiative a apporté un répit bien nécessaire, la plupart des indicateurs suggèrent que l'objectif de développement durable des Nations unies visant à éradiquer la famine ne sera pas atteint d'ici la fin de la décennie.

En fait, les experts affirment que la plupart des progrès réalisés dans ce domaine au cours des dernières décennies sont réduits à néant par des revers et des crises imprévus.

Soulignant ce point, Yahia a déclaré à Arab News : « Le monde s'éloigne de son objectif d'éliminer la famine, l'insécurité alimentaire et la malnutrition sous toutes ses formes d'ici 2030.

« Et la crise n'a peut-être pas encore atteint son apogée ; 2023 pourrait être pire si nous ne prenons pas les devants ».


Le Premier ministre du Qatar juge le cessez-le-feu à Gaza incomplet sans "un retrait total" d'Israël

Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
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  • Le Qatar affirme qu’un cessez-le-feu réel à Gaza ne peut être atteint sans un retrait total des forces israéliennes et le rétablissement de la stabilité dans l’enclave
  • Les médiateurs — Qatar, Turquie, Égypte et États-Unis — travaillent à une seconde phase incluant retrait complet, désarmement du Hamas et déploiement d’une Force internationale de stabilisation (FIS)

DOHA: Le cessez-le-feu dans la bande de Gaza reste incomplet sans un "retrait total" des forces israéliennes du territoire palestinien, a affirmé samedi le premier ministre du Qatar, pays médiateur dans le conflit.

"Nous sommes à un moment critique (...) Nous ne pouvons pas encore considérer qu'il y a un cessez-le-feu, un cessez-le-feu ne peut être complet qu'avec le retrait total des forces israéliennes, (et) un retour de la stabilité à Gaza", a affirmé Cheikh Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, lors d'une conférence à Doha.

Après deux ans de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, les pays médiateurs - Qatar, Etats-Unis et Egypte - ont arraché un accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 10 octobre.

La première phase prévoyait la restitution de tous les otages du 7-Octobre - les vivants comme les morts dont un dernier doit encore être remis à Israël - , en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens, ainsi qu'un retrait partiel des forces israéliennes de Gaza.

La deuxième étape du plan, qui n'a pas encore été approuvée, prévoit le retrait total de l'armée israélienne, le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale de stabilisation (FIS).

"En ce moment, nous (...) le Qatar, la Turquie, l'Égypte, avec les États-Unis, nous nous réunissons pour faire avancer la prochaine phase", a relevé le premier qatari. "Et cette prochaine phase est également temporaire de notre point de vue" dans l'attente d'une "solution durable", a-t-il ajouté.

Des discussions sur la structure de la FIS et les pays qui pourraient y participer sont en cours, a affirmé de son côté le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.

Mais le premier objectif de cette force doit être "de séparer les Palestiniens des Israéliens", a-t-il souligné. "Cela doit être notre objectif principal. Ensuite, nous pourrons aborder les autres questions en suspens".

Ankara a indiqué qu'elle souhaitait participer à la FIS, mais Israël l'accuse d'être trop proche du Hamas, dont l'attaque sans précédent sur Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre à Gaza.

"La seule manière viable de terminer cette guerre est de s'engager sincèrement et fermement dans des pourparlers de paix", a également affirmé M.Fidan.

Egalement présent à Doha, le ministre des Affaires étrangères égyptien, Badr Abdelatty, a rencontré son homologue qatari, en marge de la conférence.

Les deux hommes ont appelé à "la formation rapide de la FIS pour lui permettre de remplir son mandat", a indiqué le ministère égyptien.

Ils ont également "souligné l'importance de poursuivre les efforts visant à mettre en oeuvre l'accord de paix (...) dans toutes ses étapes, à consolider le cessez-le-feu".


Le Liban assure ne pas vouloir de guerre avec Israël, après de premières discussions directes

Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
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  • Le Liban, par la voix du président Joseph Aoun, réaffirme qu’il ne veut pas d’une nouvelle guerre avec Israël et mise sur la diplomatie pour faire cesser les frappes israéliennes dans le sud du pays
  • Le Hezbollah soutient l’approche diplomatique de Beyrouth mais critique l’inclusion d’un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu

BEYROUTH: Le Liban ne veut pas d'une nouvelle guerre avec Israël, a assuré vendredi son président, Joseph Aoun, deux jours après de premières discussions directes, depuis plusieurs décennies, entre des représentants des deux pays.

Le Hezbollah pro-iranien a de son côté assuré soutenir l'approche diplomatique de Beyrouth "pour faire cesser l'agression" israélienne. Mais il a  qualifié d'"erreur" l'inclusion, pour la première fois, d'un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à sa dernière guerre avec Israël.

Alors qu'Israël a multiplié ces dernières semaines ses frappes aériennes au Liban, disant viser le Hezbollah, des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de cet organisme, une rencontre inédite depuis plusieurs décennies entre les deux pays, toujours en état de guerre.

Israël justifie ses frappes en accusant le Hezbollah de se réarmer en violation du cessez-le-feu, ce que le mouvement chiite dément.

Beyrouth pour sa part accuse régulièrement Israël de violer la trêve en poursuivant ses raids et en maintenant une présence militaire dans cinq positions dans le sud du Liban.

Les Libanais "ne veulent pas d'une nouvelle guerre, ils ont assez souffert et il n'y aura pas de retour en arrière", a déclaré M. Aoun à une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU en visite dans son pays, selon un communiqué de la présidence.

- "Sous les bombes" -

Auprès de ses interlocuteurs, il "a insisté sur la nécessité de faire pression sur la partie israélienne pour mettre en oeuvre le cessez-le-feu et son retrait" du sud du Liban.

Mettant en avant "l'engagement de la partie libanaise à appliquer les résolutions internationales", il a aussi appelé la communauté internationale à "soutenir l'armée libanaise dans sa mission" de désarmement du Hezbollah.

Beyrouth a choisi "la diplomatie pour faire cesser l'agression israélienne" et "nous soutenons cette approche", a de son côté déclaré le chef du Hezbollah, Naïm Qassem dans une allocution télévisée.

Le groupe invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban pour s'opposer à son désarmement, pour la mise en oeuvre duquel les Etats-Unis et Israël exercent une forte pression sur Beyrouth.

Arrivée de Damas, la délégation des 15 diplomates onusiens doit rencontrer plusieurs responsables libanais vendredi. Elle se rendra samedi dans la région frontalière du sud, accompagnée de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le Liban a qualifié de "positives" les discussions directes avec Israël, mais le pays voisin a de nouveau bombardé le lendemain, jeudi, le sud du Liban, disant viser des infrastructures militaires du Hezbollah.

"Il est inacceptable de négocier sous les bombes", a souligné le président du Parlement Nabih Berri, proche allié du Hezbollah, après avoir rencontré la délégation onusienne.

L'issue de ces pourparlers "dépend principalement de la position d'Israël, qui déterminera si les négociations aboutiront à des résultats concrets ou échoueront", a prévenu M. Aoun.

La commission chargée de superviser le cessez-le-feu tiendra de nouvelles sessions avec la participation de délégués civils libanais et israélien à partir du 19 décembre.


L’Arabie saoudite et ses partenaires régionaux rejettent tout déplacement forcé des Palestiniens de Gaza

Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
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  • Les ministres ont exprimé une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes sur l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens

RIYAD : Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d’Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Dans une déclaration conjointe, les ministres ont estimé que cette mesure pourrait faciliter le déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte.

Ils ont fermement rejeté toute tentative de forcer les Palestiniens à quitter leurs terres, soulignant la nécessité d’une pleine application du plan proposé par le président américain Donald Trump, qui prévoyait l’ouverture du passage de Rafah dans les deux sens et garantissait la liberté de circulation sans coercition.

Les ministres ont insisté sur la création de conditions permettant aux Palestiniens de rester sur leurs terres et de participer à la reconstruction de leur pays, dans le cadre d’un plan global visant à restaurer la stabilité et à répondre à la crise humanitaire à Gaza.

Ils ont réitéré leur appréciation pour l’engagement de Trump en faveur de la paix régionale et ont souligné l’importance de la mise en œuvre complète de son plan, sans entrave.

La déclaration a également mis en avant l’urgence d’un cessez-le-feu durable, de la fin des souffrances des civils, de l’accès humanitaire sans restriction à Gaza, ainsi que du lancement d’efforts de relèvement et de reconstruction précoces.

Les ministres ont en outre demandé la mise en place de conditions permettant à l’Autorité palestinienne de reprendre ses responsabilités dans l’enclave.

Les huit pays ont réaffirmé leur volonté de continuer à coordonner leurs actions avec les États-Unis et les partenaires internationaux pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU et des autres résolutions pertinentes, en vue d’une paix juste et durable fondée sur le droit international et la solution à deux États, incluant la création d’un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com