Test électoral pour Scholz dans une Allemagne angoissée par l'inflation

Des manifestants brandissent une banderole sur laquelle on peut lire : "Arrêtez les fauteurs de guerre de l'OTAN" lors d'un rassemblement de groupes d'extrême droite (Photo, AFP).
Des manifestants brandissent une banderole sur laquelle on peut lire : "Arrêtez les fauteurs de guerre de l'OTAN" lors d'un rassemblement de groupes d'extrême droite (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 09 octobre 2022

Test électoral pour Scholz dans une Allemagne angoissée par l'inflation

  • Des manifestants brandissaient des pancartes «Non à l'armement et à la guerre»
  • Le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne remonte dans les sondages

BERLIN: Les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz passent dimanche un test électoral, un scrutin régional en Basse-Saxe, dans une Allemagne angoissée par l'inflation.

Les 6,1 millions d'électeurs de cette région du nord-ouest du pays sont appelés aux urnes pour renouveler le Parlement local, dominé par une coalition entre le Parti social-démocrate (SPD) et l’Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU).

Au terme d'une campagne écrasée par les enjeux énergétiques, les ultimes sondages donnent une légère avance au SPD (entre 31 et 33%), devant la CDU (28%).

S'il arrive en tête, le SPD peut espérer former une coalition avec les écologistes, donnés en troisième position avec 16%, et en finir avec l'actuel attelage formé avec les conservateurs.

«Inquiétudes»

Pour le chancelier Scholz, dont la popularité est en berne et la timidité supposée face à l'invasion russe de l'Ukraine critiquée de toutes parts, une éventuelle première place serait un motif d'espoir après différents revers électoraux essuyés avant l'été dans d'autres Länder.

Le successeur d'Angela Merkel peut compter sur la popularité après deux mandats de l'actuel ministre-président du Land, l'expérimenté Stefan Weil.

Ce dernier a toutefois admis que cette campagne avait été "la plus difficile" de sa carrière. "Je n'ai jamais lu autant de points d'interrogation et d'inquiétudes sur le visage des citoyens", a-t-il récemment confié.

La flambée des prix de l'énergie a fait grimper l'inflation à 10% en septembre, du jamais vu depuis 70 ans en Allemagne. En plus des baisses de pouvoir d'achat et d'une récession annoncée l'an prochain, la première économie européenne craint un délitement de son tissu industriel.

La hausse des prix de l'énergie constitue en Allemagne la première source de préoccupation pour près d'un sondé sur deux (49%), contre seulement 12% il y a un an, selon un récent sondage Ipsos.

En Basse-Saxe, où sont implantés une bonne partie des éoliennes du pays mais aussi le géant automobile Volkswagen, M. Weil entend accentuer le virage vers une énergie verte.

La CDU, menée par l'actuel ministre des Finances du Land Bernd Althusmann, tente elle de surfer sur le mécontentement face à la politique menée par M. Scholz, malgré les 200 milliards mis sur la table pour amortir la hausse des prix de l'énergie.

Pour les chrétiens-démocrates, ce scrutin régional doit servir de vote-sanction contre la coalition de sociaux-démocrates, écologistes et libéraux à la tête du pays.

"La campagne a été totalement occultée par le thème énergétique. Dans ce contexte, l'élection sert de sondage" grandeur nature pour le gouvernement Scholz, explique à l'AFP la politologue Ursula Münch.

D'autres sujets comme les pénuries d'enseignants et de personnels soignants ou encore la diversification de l'agriculture ont à peine été abordés.

L'extrême droite en embuscade 

Une divergence majeure entre candidats concerne la centrale nucléaire d'Emsland, implantée dans le Land, une des trois encore opérationnelles en Allemagne.

Les conservateurs sont vent debout contre la décision du gouvernement de la fermer en fin d'année, alors que les deux autres centrales ont bénéficié d'un sursis dans le contexte de pénurie de gaz russe dont l'Allemagne était particulièrement dépendante.

Le patron de la CDU, Friedrich Merz, sous le feu des critiques après de récentes déclarations contre un supposé "tourisme social" des réfugiés ukrainiens, mise sur cette fermeture annoncée pour l'emporter.

"La décision des électeurs de Basse-Saxe est un référendum sur la poursuite de l'exploitation de la centrale nucléaire" d'Emsland, indispensable selon lui "pour que 10 millions de foyers puissent continuer à être approvisionnés en toute sécurité".

Dans ce contexte anxiogène, c'est le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD qui pourrait tirer son épingle du jeu. Il a rassemblé plusieurs milliers de partisans lors d'une manifestation contre les hausses de prix, samedi à Berlin.

Dans les sondages, il est crédité d'environ 11%, soit près du double de son score obtenu en 2017 (6%).

Un bon score de l'AfD, pourtant minée par les divisions, exprimerait "un vote de protestation dont on pensait jusqu'à il y a quelques mois qu'il ne concernait que les Länder de l'est de l'Allemagne", relève Mme Münch.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.