La Lettonie s'est livrée à un refoulement «brutal» contre les migrants, selon Amnesty International

Migrants à la frontière entre la Turquie et la Grèce. Les autorités lettones ont «brutalement refoulé» des réfugiés et des migrants qui tentaient de franchir la frontière biélorusse, a rapporté Amnesty International. (Fichier/AFP)
Migrants à la frontière entre la Turquie et la Grèce. Les autorités lettones ont «brutalement refoulé» des réfugiés et des migrants qui tentaient de franchir la frontière biélorusse, a rapporté Amnesty International. (Fichier/AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 13 octobre 2022

La Lettonie s'est livrée à un refoulement «brutal» contre les migrants, selon Amnesty International

Migrants à la frontière entre la Turquie et la Grèce. Les autorités lettones ont «brutalement refoulé» des réfugiés et des migrants qui tentaient de franchir la frontière biélorusse, a rapporté Amnesty International. (Fichier/AFP)
  • Des Irakiens ont été soumis à des tabassages, des détentions arbitraires et contraints à marcher nus dans la neige, selon Amnesty International
  • «Ces actions n'ont rien à voir avec la protection des frontières et constituent des violations flagrantes du droit international et européen», a affirmé l’organisation

LONDRES: Les autorités lettones ont «traité brutalement» des réfugiés et des migrants qui tentaient de traverser la frontière biélorusse, a rapporté l’ONG Amnesty International, signalant  que des violations des droits humains ont été commises, notamment des détentions arbitraires et des actes de torture.

Amnesty a interrogé plusieurs migrants irakiens qui ont affirmé avoir subi des violences, notamment des tabassages et des décharges électriques au moyen de pistolets Taser.

«La Lettonie a lancé un ultimatum impitoyable aux réfugiés et aux migrants: accepter de retourner "volontairement" dans leur pays, ou rester bloqués à la frontière et risquer la détention, les retours illégaux et la torture», a affirmé Eve Geddie, directrice du bureau d’Amnesty International auprès des institutions européennes. 

«Dans certains cas, leur détention arbitraire à la frontière peut équivaloir à une disparition forcée. Les autorités lettones ont laissé des hommes, des femmes et des enfants abandonnés à eux-mêmes dans des températures glaciales, souvent bloqués dans les forêts ou s’abritant sous des tentes», a-t-elle ajouté. 

«Ils les ont violemment repoussés vers la Biélorussie, où ils n'ont aucune chance de trouver une protection. Ces actions n'ont rien à voir avec la protection des frontières et constituent des violations flagrantes du droit international et européen.»

Ces constatations d'Amnesty interviennent un an après que la Lettonie a introduit des mesures d'urgence pour réduire le nombre de personnes arrivant de la frontière biélorusse. En vertu de ces dispositions, les autorités lettones peuvent refuser aux arrivants le droit de demander asile, en violation du droit européen et international.

En vertu de l'état d'urgence, qui a été régulièrement prolongé, les gardes, la police et les responsables militaires lettons se sont engagés dans une politique délibérée de renvoi brutal en Biélorussie des réfugiés et des demandeurs d'asile, a averti Amnesty.

Zaki, un Irakien resté à la frontière lettone, a confié à Amnesty qu'il s'était vu refuser l'entrée plus de 150 fois au cours d'une période de trois mois.

Un autre Irakien, Hassan, a raconté sa tragique expérience. «Ils nous ont forcés à nous mettre complètement nus. Parfois, ils nous battaient alors que nous étions nus, puis ils nous forçaient à retourner en Biélorussie, parfois en traversant une rivière qui était très froide. Ils ont dit qu'ils nous tireraient dessus si nous ne traversions pas.»

Hassan a été menacé à plusieurs reprises au cours de ces terribles épreuves et a été averti par un commando letton qu'il serait tué s'il revenait.

Un autre homme, Omar, a affirmé avoir été battu par un officier, qui l'a forcé à signer des papiers de refoulement. «Il m'a tenu la main et m’a dit que je devais apposer ma signature, puis il m'a fait signer de force», a-t-il expliqué à l’ONG. 

Les autorités lettones ont également utilisé des tentes de fortune pour détenir arbitrairement des migrants, les forçant à rester à l’extérieur dans des dures conditions hivernales où les températures descendent jusqu'à -20°.

«Nous dormions dans la forêt sur la neige. Nous allumions du feu pour nous réchauffer. Il y avait des loups et des ours», a également précisé à l’ONG des droits de l’homme Adil, également originaire d'Irak. 

Amnesty a constaté que les autorités lettones confisquaient régulièrement les téléphones portables des demandeurs d'asile qui arrivaient. L'organisation a averti que la tactique combinée de confiscation des téléphones et de recours à la détention arbitraire pourrait équivaloir à une politique délibérée de disparition forcée.

«La Lettonie, la Lituanie et la Pologne continuent de commettre de graves abus sous prétexte d'être victimes d'une "attaque hybride" de la Biélorussie», a dénoncé Geddie. 

«Alors que l'hiver approche et que les mouvements à la frontière ont repris, l'état d'urgence continue de permettre aux autorités lettones de renvoyer illégalement des personnes en Biélorussie.»

«De nombreuses autres pourraient être exposées à la violence, à la détention arbitraire et à des abus, avec un contrôle indépendant limité ou inexistant. Le traitement honteux par la Lettonie des personnes arrivant à ses frontières constitue un test primordial pour les institutions européennes, qui doivent prendre des mesures urgentes pour s’assurer que la Lettonie mette fin à l'état d'urgence et rétablisse le droit d'asile pour toute personne en quête de sécurité, quelle que soit son origine ou la manière dont elle a traversé la frontière», a conclu la directrice du bureau d’Amnesty International auprès des institutions européennes.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Short Url
  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Short Url
  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

Short Url
  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.