Pour son 5e anniversaire le Louvre Abu Dhabi s’offre les trésors du Musée d’Orsay

Une photo prise le 9 février 2019 montre des visiteurs au musée du Louvre Abu Dhabi, dans la capitale émiratie. (AFP/KARIM SAHIB)
Une photo prise le 9 février 2019 montre des visiteurs au musée du Louvre Abu Dhabi, dans la capitale émiratie. (AFP/KARIM SAHIB)
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Publié le Mardi 18 octobre 2022

Pour son 5e anniversaire le Louvre Abu Dhabi s’offre les trésors du Musée d’Orsay

  • «Un cadeau», c’est ainsi que Manuel Rabaté, directeur du Louvre Abu Dhabi, décrit l’arrivée des 150 oeuvres d’art toutes inscrites dans le courant impressionniste
  • De Manet à Degas, en passant par Cézanne, Monet, Renoir, Sisley, Caillebotte, Morisot… des trésors sortis de la collection du musée parisien d’Orsay, partenaire de l’exposition aux cotés de France Museums

ABU DHABI: A la veille de son cinquième anniversaire en novembre, le Louvre Abu Dhabi offre aux amoureux de peinture une exposition unique « Impressionnisme : la modernité en mouvements ». Une première dans la région.

«Un cadeau», c’est ainsi que Manuel Rabaté, directeur du Louvre Abu Dhabi, décrit l’arrivée des 150 oeuvres d’art toutes inscrites dans le courant impressionniste. 

De Manet à Degas, en passant par Cézanne, Monet, Renoir, Sisley, Caillebotte, Morisot… des trésors sortis de la collection du musée parisien d’Orsay, partenaire de l’exposition aux cotés de France Museums. Au total plus de 100 peintures sont exposées sous la majestueuse coupole de Jean Nouvel, ainsi que des arts graphiques et des photographies, des extraits des films, des costumes et une installation contemporaine.

Pour arriver à ce résultat, il a fallu « une relation forte avec le Musée d’Orsay », confie Manuel Rabaté, dans un entretien accordé à Arab News en français.

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Mais au-delà d’une exposition des chefs-d’œuvre, « il était important ici d’avoir une approche scientifique et pédagogique », ajoute Christophe Leribault. « C’est la mission du Louvre Abu Dhabi ». (Photo : Eva Levesque)

« Femmes au jardin » de Claude Monet, « Le Balcon » d'Edouard Manet, « Les Raboteurs » de Caillebotte, ou encore « Les jeunes filles au piano" de Renoir sont des œuvres reproduites dans tous les livres d’histoire de la peinture occidentale du XIXe siècle. « Les plus belles œuvres impressionnistes qui n’ont jamais voyagé», affirme pour sa part Christophe Leribault, président du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie. « Jamais on n’a prêté autant de chefs-d’œuvre en même temps », confie à Arab News en français l’homme qui détient les clés de l’une des plus importantes collections impressionnistes au monde. Elles dialoguent jusqu’au 5 février 2023 avec celles du musée abu dhabien, dont une récente acquisition: « La Tasse de chocolat » de Pierre-Auguste Renoir, qui est dévoilée pour la première fois aux yeux des visiteurs.

Mais au-delà d’une exposition des chefs-d’œuvre, « il était important ici d’avoir une approche scientifique et pédagogique », ajoute Christophe Leribault. « C’est la mission du Louvre Abu Dhabi ».

Allant du milieu des années 1850 jusqu’à la fin du 19e siècle, le mouvement impressionniste accompagne et met en lumière l’émergence d’un nouveau monde et les bouleversements sociaux-économiques et technologiques dont il est le témoin. « Il était important pour nous avec les commissaires, de montrer comment les artistes ont introduit cette grande modernité dans la peinture et de proposer un regard renouvelé sur les impressionnistes, en montrant aussi quelques œuvres d’artistes qui les ont précédés, comme Courbet, et qui forment une sorte de contrepoint», ajoute Christophe Leribault. 

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Inauguré il y a cinq ans par le président français Emmanuel Macron, le Louvre Abu Dhabi est né d'un accord inter-gouvernemental signé en 2007 entre la France et les Emirats. (Photo : Eva Lesvesque)

« Les impressionnistes ont changé drastiquement notre approche à la nature, à la ville. Ils ont vu l’industrialisation et le développement des métropoles, les transformations du marché de l’art », explique Sylvie Patry, conservatrice générale du musée parisien.

Pour Manuel Rabaté, cette émergence de modernité trouve écho dans la région du Golfe, elle aussi, en pleine transformation. De plus, « il y a une sorte de résonance entre une scène artistique locale en plein épanouissement et le cheminement des impressionnistes qui ont voulu changer de méthodologie, de sortir des ateliers, d’expérimenter. C’est intéressant de comprendre comment s’est déroulée l’aventure d’un mouvement aussi important ».

Un big-bang conceptuel

Inauguré il y a cinq ans par le président français Emmanuel Macron, le Louvre Abu Dhabi est né d'un accord inter-gouvernemental signé en 2007 entre la France et les Emirats. Cet accord a été d’ailleurs prolongé de dix ans (jusqu'à 2047), lors de la visite du président français en décembre 2021 aux Emirats.

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Pour construire le projet du Louvre Abu Dhabi il a fallu donc « renverser la table et se dire que le dialogue des cultures est un dialogue d’égal a égal. », constate Hervé Barbaret. (Photo : Eva Levesque)

Imaginé comme une sorte de laboratoire pour la matière muséale, c’est aussi le premier musée universel dans la région. « Nous avons mis en orbite un musée exceptionnel et nous avons inventé une nouvelle manière de raconter le musée universel au cœur du monde arabe, au carrefour de l’Asie et de l’Ouest, nous avons reconnecté l’histoire. C’était très fort et je pense qu’il y a eu une sorte de big-bang conceptuel », affirme Manuel Rabaté. 

Or « raconter ce qu’est l’universel dans la péninsule arabique au XXIe siècle était un vrai défi », selon Hervé Barbaret, directeur général de France Museums. « Et le dialogue entre les Emiratis et les Français a permis de construire cette nouvelle approche ». La difficulté venait du fait que le modèle universel au XXIe siècle n’est pas celui qui a été construit en France à l’époque de la philosophie des lumières au 18e siècle. « Avec, soyons honnêtes, une dimension assez occidentalo-centrée ».  

Pour construire le projet du Louvre Abu Dhabi il a fallu donc « renverser la table et se dire que le dialogue des cultures est un dialogue d’égal a égal. », constate Hervé Barbaret.

Bilan et perspectives

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Dans huit ans, « le Louvre Abou Dhabi doit être capable de voler de ses propres ailes », affirme Hervé Barbaret. (Photo : Eva Levesque)

Cette nouvelle façon de raconter l’Histoire partagée de l’humanité à travers l’histoire de l’art se traduit par le partage des œuvres à travers les collaborations avec les établissements étrangers et locaux à l’instar de ceux de la Jordanie, de l’Arabie saoudite, d’Oman ou encore des autres émirats. Et un besoin de construire une collection qui reflète le caractère unique du musée. Le Louvre Abou Dhabi possède aujourd’hui environ mille objets dans sa collection propre.

Bien que l’accord franco-émirati prévoit les prêts des musées français, ils vont décroître aux fur et à mesure des années. Dans huit ans, « le Louvre Abou Dhabi doit être capable de voler de ses propres ailes », affirme Hervé Barbaret.

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Le Louvre Abou Dhabi possède aujourd’hui environ mille objets dans sa collection propre. (Photo : Eva Levesque)

En cinq ans d’existence, le musée a enregistré 3 millions de visiteurs, malgré les trois années de Covid. Pour Manuel Rabaté, le premier bilan est positif, même s’il est écorné par la pandémie.

« Nous avons réussi à être résilients. On a fermé le musée pendant cent jours seulement et nous avons réussi à maintenir notre exigence de qualité pour les expositions et les galeries permanentes, et dans les programmations pour le public », se félicite le directeur. « Nous avons joué notre rôle dans les stratégies touristiques et éducatives, nous avons participé au côté « vivre ensemble » des communautés. Maintenant nous sommes en train de reconquérir notre jeune public, celui des écoles. Cela nous manquait et c’était très frustrant car nous avons une mission de transmission. »

Recherche sur la matérialité des œuvres

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Maintenant que la pandémie s’estampe, « nous souhaitons labelliser le fait que l’on est un lieu de formation et d’excellence », affirme le directeur. (Photo : Eva Levesque)

La Covid-19 a mis en pause plusieurs projets du musée, dont celui de l’Académie Louvre Abu Dhabi avec une offre des formations en histoire de l’art a destination du grand public. Maintenant que la pandémie s’estampe, « nous souhaitons labelliser le fait que l’on est un lieu de formation et d’excellence », affirme le directeur. Ainsi, sous les pieds du visiteur, se sont construits un laboratoire de recherche et un centre de documentation. « Nous menons des projets de recherche sur la matérialité des œuvres et sur les histoires inter-connectées », ajoute Manuel Rabaté. « Nous avons signé plusieurs accords avec les universités pour justement s’interfacer avec le système académique ». Enfin, dans le cadre du transfert des compétences, des jeunes Emiraties et Emiratis sont formés aux métiers de musée tels que conservateur, collection manager ou en médiation. 

Situé sur l'île de Saadiyat, le futur quartier culturel de la capitale des Emirats, le Louvre Abou Dhabi est le premier déjà réalisé, des cinq méga projets culturels, actuellement en construction. Ce nouveau paysage culturel représente un nouveau défi : il va rebattre les cartes et obligera à se ré-inventer. « Nous serons entourés par des lieux impressionnants tels que Zayed National Museum, Guggenheim Abou Dhabi, Musée de l’histoire naturelle, et même la maison Abrahamique. On va devoir être original à l’intérieur d’une scène qui se développe. », ajoute Manuel Rabaté. Ainsi, la stratégie doit s’articuler à l’intérieur de cet écosystème culturel et autour d’un accroissement de l’offre. « On va avoir besoin de penser à la programmation et de trouver des synergies avec les autres musées. Le but, c’est de ne pas se cannibaliser, mais bien sûr de grandir ensemble ».


La cuisine grecque ambitionne de séduire la ville de Riyad

Outre le restaurant, Agora propose une diversité de produits organiques grecs: de l’huile d’olive, des pâtes, du miel, des confitures, des herbes, des biscuits, du pain, du chocolat, ainsi que des produits de soin pour le corps et pour le bien-être. (Photo fournie)
Outre le restaurant, Agora propose une diversité de produits organiques grecs: de l’huile d’olive, des pâtes, du miel, des confitures, des herbes, des biscuits, du pain, du chocolat, ainsi que des produits de soin pour le corps et pour le bien-être. (Photo fournie)
Outre le restaurant, Agora propose une diversité de produits organiques grecs: de l’huile d’olive, des pâtes, du miel, des confitures, des herbes, des biscuits, du pain, du chocolat, ainsi que des produits de soin pour le corps et pour le bien-être. (Photo fournie)
Outre le restaurant, Agora propose une diversité de produits organiques grecs: de l’huile d’olive, des pâtes, du miel, des confitures, des herbes, des biscuits, du pain, du chocolat, ainsi que des produits de soin pour le corps et pour le bien-être. (Photo fournie)
Outre le restaurant, Agora propose une diversité de produits organiques grecs: de l’huile d’olive, des pâtes, du miel, des confitures, des herbes, des biscuits, du pain, du chocolat, ainsi que des produits de soin pour le corps et pour le bien-être. (Photo fournie)
Outre le restaurant, Agora propose une diversité de produits organiques grecs: de l’huile d’olive, des pâtes, du miel, des confitures, des herbes, des biscuits, du pain, du chocolat, ainsi que des produits de soin pour le corps et pour le bien-être. (Photo fournie)
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Outre le restaurant, Agora propose une diversité de produits organiques grecs: de l’huile d’olive, des pâtes, du miel, des confitures, des herbes, des biscuits, du pain, du chocolat, ainsi que des produits de soin pour le corps et pour le bien-être. (Photo fournie)
Outre le restaurant, Agora propose une diversité de produits organiques grecs: de l’huile d’olive, des pâtes, du miel, des confitures, des herbes, des biscuits, du pain, du chocolat, ainsi que des produits de soin pour le corps et pour le bien-être. (Photo fournie)
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Outre le restaurant, Agora propose une diversité de produits organiques grecs: de l’huile d’olive, des pâtes, du miel, des confitures, des herbes, des biscuits, du pain, du chocolat, ainsi que des produits de soin pour le corps et pour le bien-être. (Photo fournie)
Outre le restaurant, Agora propose une diversité de produits organiques grecs: de l’huile d’olive, des pâtes, du miel, des confitures, des herbes, des biscuits, du pain, du chocolat, ainsi que des produits de soin pour le corps et pour le bien-être. (Photo fournie)
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  • Vendredi le 20 avril à Riyad, la communauté grecque en Arabie saoudite a célébré l’ouverture officielle de la nouvelle branche du restaurant Agora
  • «Riyad, c’est le futur du Moyen-Orient, et c’est le bon moment d’investir ici. Il y a tant de potentiel. De nombreux efforts ont été réalisés en Arabie. Nous souhaitons faire partie de cela.»

RIYAD: La cuisine grecque est connue dans le monde entier pour ses plats sains, copieux et luxueux. Vendredi le 20 avril à Riyad, la communauté grecque en Arabie saoudite a célébré l’ouverture officielle de la nouvelle branche du restaurant Agora.

L’ambassadeur de Grèce, l’ambassadeur du Royaume de Bahreïn et des officiels ont assisté au lancement du restaurant. La musique était spécialement choisie pour garantir une ambiance de fête agréable.

 


Céline Dion se confie sur sa maladie dans un rare entretien

La chanteuse canadienne Céline Dion remet le prix de l'album de l'année sur scène lors de la 66e cérémonie annuelle des Grammy Awards à la Crypto.com Arena de Los Angeles le 4 février 2024 (Photo, AFP).
La chanteuse canadienne Céline Dion remet le prix de l'album de l'année sur scène lors de la 66e cérémonie annuelle des Grammy Awards à la Crypto.com Arena de Los Angeles le 4 février 2024 (Photo, AFP).
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  • Interrogée sur sa capacité à remonter sur scène, Céline Dion a expliqué ne pas être en mesure de répondre à cette question
  • L'artiste aux plus de 250 millions d'albums vendus a aussi commenté, dans une interview vidéo, de nombreux moments marquants de ses 40 ans de carrière

MONTRÉAL: La chanteuse canadienne Céline Dion, toujours souffrante, s'est confiée sur sa maladie en accordant son premier entretien depuis l'annonce de son diagnostic, au magazine Vogue France dont elle fait la couverture qui sort mercredi.

Diagnostiquée à l'automne 2022 d'une pathologie neurologique rare, le syndrome de la personne raide (SPR), la mégastar québécoise de 56 ans a indiqué suivre cinq jours par semaine une "thérapie athlétique, physique et vocale" durant lesquels elle travaille à la fois le corps et la voix.

"Ça va bien, mais c'est beaucoup de travail. C'est un jour à la fois", a confié la chanteuse dans un long entretien.

"Je n'ai pas combattu la maladie, elle est toujours en moi et pour toujours. On va trouver, je l'espère bien, un miracle, un moyen de la guérir avec les recherches scientifiques, mais je dois apprendre à vivre avec", a déclaré la star.

Interrogée sur sa capacité à remonter sur scène, Céline Dion a expliqué ne pas être en mesure de répondre à cette question.

"Je ne sais pas... Mon corps me le dira", a-t-elle dit dans cet entretien qui s'accompagne de plusieurs photographies de la star habillée pour l'occasion par de grands créateurs français.

L'artiste aux plus de 250 millions d'albums vendus a aussi commenté, dans une interview vidéo, de nombreux moments marquants de ses 40 ans de carrière où on l'entend chanter à plusieurs reprises quelques secondes.

Apparition brève 

Céline Dion a fait une brève apparition surprise début février à la cérémonie des Grammy Awards à Los Angeles, aux Etats-Unis, pour remettre la récompense la plus prestigieuse de la soirée, l'album de l'année, à Taylor Swift.

La star québécoise n'est plus montée sur scène depuis un concert à Newark (États-Unis) en mars 2020. Sa tournée Courage World Tour avait alors été interrompue par la pandémie de Covid-19. Et depuis 2021, elle souffre des manifestations du SPR.

Touchant environ une personne sur un million, ce syndrome entraîne des douleurs aiguës et des difficultés à se mouvoir, empêchant les activités physiquement contraignantes.

Fin janvier, Amazon Prime Video a annoncé la sortie prochaine d'un documentaire sur la chanteuse, "I Am: Céline Dion", dans lequel elle veut "sensibiliser" sur sa maladie.


En Autriche, vente du siècle pour un tableau mystère de Klimt

Un visiteur prend en photo le tableau redécouvert d'une jeune femme « Portrait de Miss Lieser » du peintre autrichien Gustav Klimt, exposé à la maison de vente aux enchères im Kinsky à Vienne, en Autriche (Photo, AFP).
Un visiteur prend en photo le tableau redécouvert d'une jeune femme « Portrait de Miss Lieser » du peintre autrichien Gustav Klimt, exposé à la maison de vente aux enchères im Kinsky à Vienne, en Autriche (Photo, AFP).
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  • Qui est cette jeune Viennoise issue de la haute bourgeoisie fortunée
  • La seule photo du tableau connue à ce jour, probablement prise en 1925 dans le cadre d'une exposition, laisserait entendre qu'il appartenait à Lilly Lieser cette année-là

VIENNE: C'est la vente du siècle en Autriche : le "Portrait de Mademoiselle Lieser" de Gustav Klimt, estimé entre 30 et 50 millions d'euros, est mis aux enchères mercredi à Vienne, malgré les zones d'ombre entourant sa provenance.

L'événement est historique à plus d'un titre, "aucune œuvre comparable" n'ayant jamais été proposée dans le pays natal de l'artiste, selon Claudia Mörth-Gasser, responsable de la section d'art moderne de la maison "im Kinsky".

"Personne ne s'attendait à ce qu'un tableau de cette importance, qui avait disparu depuis cent ans, refasse surface", dit-elle, alors que le précédent record autrichien s'élève à "seulement" 7 millions d'euros pour une peinture flamande vendue en 2010.

Le prix pourrait monter très haut, au vu de la cote actuelle de Klimt dont une toile a été adjugée en juin 2023 à Londres 86 millions d'euros, du jamais vu en Europe.

Ce portrait ressuscité et non signé fait donc sensation. D'autant qu'il est très bien conservé et n'a jamais quitté l'Autriche.

Depuis qu'il a été dévoilé en janvier, on s'est bousculé pour l'admirer lors d'expositions précédant la vente en Suisse, en Allemagne, en Grande-Bretagne, à Hong Kong.

Et bien sûr à domicile dans un magnifique palais baroque au cœur de la capitale, entouré d'esquisses du maître et d'autres œuvres de contemporains comme Egon Schiele, figurant également à la vente qui doit débuter à 17H00 (15H00 GMT).

Helene, Annie ou Margarethe? 

La toile entamée en 1917 et restée inachevée représente une jeune femme brune aux traits précis, ornée d'une grande cape richement décorée de fleurs sur un fond rouge vif.

Le peintre est mort l'année suivante et un mystère, débattu avec fougue dans la presse spécialisée, entoure toujours l'identité du modèle.

Qui est cette jeune Viennoise issue de la haute bourgeoisie fortunée, qui s'est rendue neuf fois à l'atelier du génie adulé de son temps?

Une seule chose est sûre: elle est issue de la famille Lieser, grande dynastie industrielle juive, mécène de l'avant-garde artistique.

Mais est-ce l'une des deux filles prénommées Helene et Annie de Henriette (Lilly) Lieser, richissime divorcée pionnière dans l'émancipation des femmes?

Ou celle de son beau-frère Adolf, Margarethe, comme le clame un premier catalogue complet des œuvres de Klimt, réalisé dans les années 1960?

La seule photo du tableau connue à ce jour, probablement prise en 1925 dans le cadre d'une exposition, laisserait entendre qu'il appartenait à Lilly Lieser cette année-là.

Commerçant nazi 

Selon le quotidien Der Standard, qui se base sur des correspondances archivées dans un musée autrichien, elle aurait pu le confier à un membre de son personnel avant de mourir en déportation fin 1943.

Le tableau réapparaîtrait ensuite chez un commerçant nazi avant que sa fille, puis des parents éloignés en héritent à leur tour.

Mais pour la maison Kinsky, spécialisée dans les procédures de restitution, c'est une "hypothèse parmi d'autres".

Après-guerre, la toile n'a jamais été réclamée au contraire d'autres biens, par l'une des trois descendantes des Lieser qui avaient toutes survécu.

Tenue à la confidentialité, Claudia Mörth-Gasser explique à l'AFP que son employeur a été contacté il y a deux ans pour un avis juridique par ses propriétaires, qui tiennent à rester anonymes.

Im Kinsky en a informé les actuels ayants droit des deux branches Lieser, qui vivent notamment aux Etats-Unis. Certains ont fait le déplacement pour voir la toile, avant de signer un contrat avec les propriétaires, levant ainsi un obstacle à la vente du tableau.

Rien n'a filtré sur les termes de cet accord à l'amiable et des experts émettent des critiques sur une procédure jugée trop rapide, en dépit des incertitudes sur le destin d'une œuvre à la valeur immense.

"Sa provenance n'ayant pu être entièrement clarifiée jusqu'à présent", il aurait fallu prendre le temps d'un examen plus approfondi, estime ainsi dans l'hebdomadaire Profil Monika Mayer, responsable des archives au musée du Belvédère, qui abrite le fameux "Baiser" de Klimt.

D'ailleurs la toile n'a pas été présentée aux Etats-Unis, de peur qu'elle y soit confisquée par la justice en cas de litige, comme c'est la règle pour les œuvres soupçonnées d'être des spoliations.