Alassane Ouattara, l'économiste de velours à la main de fer

Le président sortant de la Côte d'Ivoire et candidat à la présidence Alassane Ouattara (à droite) et son épouse Dominique Ouattara (à gauche). (Issouf SANOGO / AFP)
Le président sortant de la Côte d'Ivoire et candidat à la présidence Alassane Ouattara (à droite) et son épouse Dominique Ouattara (à gauche). (Issouf SANOGO / AFP)
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Publié le Lundi 09 novembre 2020

Alassane Ouattara, l'économiste de velours à la main de fer

  • Le président Alassane Dramane Ouattara voulait laisser l'image d'un économiste bâtisseur et démocrate
  • "Je n'ai certainement pas tout réussi, mais les résultats sont là"

ABIDJAN: Le président Alassane Dramane Ouattara, dit ADO, voulait laisser l'image d'un économiste bâtisseur et démocrate, ayant pacifié la Côte d'Ivoire après une longue crise meurtrière. Son élection sur un score stalinien pour un troisième mandat controversé a abîmé son image, l'opposition l'accusant d'être un « dictateur ».

« On ne peut pas me dire que je suis un dictateur ! Je ne souhaitais pas faire un troisième mandat (...). Mais est-ce que j'avais le droit de mettre mon aura personnelle au dessus de l'intérêt de mon parti et de mon pays ? », se défend-il.

Réélu avec 94,27% des voix, sa victoire validée lundi par le Conseil constitutionnel est entachée par le boycott de l'opposition et la quarantaine de morts d'avant et après le scrutin. Il doit aussi gérer la fronde de l'opposition qui va créer un gouvernement de transition.

En mars, il avait annoncé qu'il passait la main. Pour se dédire en août, après la mort de son dauphin désigné, son Premier ministre et ami Amadou Gon Coulibaly.

En dressant son bilan en mars, ADO en avait convenu : « Je n'ai certainement pas tout réussi, mais les résultats sont là ».

Il rappelle souvent qu'il a hérité d'un pays « en lambeaux », et se targue d'avoir « ramené la paix et la sécurité » et « remis le pays au travail ».

Le président Laurent Gbagbo ayant refusé de reconnaître sa défaite dans les urnes en 2010, Alassane Ouattara est arrivé au pouvoir par les armes, grâce au soutien de la rébellion du Nord, de l'armée française, ancienne puissance coloniale, et de l'ONU.

Il a hérité d'un pays scindé en deux depuis 2002, aux vives tensions intercommunautaires, à l'économie minée par les violences et les sanctions internationales.

Cet ancien haut dirigeant du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) a su, pendant ses dix ans à la présidence, jouer de ses relations avec les Occidentaux et les bailleurs de fonds pour attirer à nouveau capitaux et investisseurs.

Ouattara a ainsi transformé la Côte d'Ivoire, menant notamment une ambitieuse politique de grands travaux.

Image de technocrate

Mais ses détracteurs critiquent un « technocrate international sans âme », sans volonté sociale et ayant instrumentalisé la justice contre ses opposants.

Si la croissance économique est au rendez-vous, avec une moyenne de 7 à 8% par an depuis 2012, la pauvreté et la corruption restent omniprésentes.

Né le 1er janvier 1942 à Dimbokro (centre), Alassane Ouattara a accompli la majorité de sa scolarité au Burkina Faso voisin.

Issu du nord du pays majoritairement musulman, il a longtemps été le symbole de la crise identitaire qui a déchiré le pays.

« Ivoirité »

Marié à une Française, ce « technocrate d'avenir » est nommé en 1990 à 48 ans Premier ministre par le président Félix Houphouët-Boigny, fonction qu'il exerce jusqu'à la mort du "Vieux » en 1993.

Redoutant ses ambitions, le camp du nouveau président Henri Konan Bédié tente de prouver l'inéligibilité de Ouattara, accusé d'être d'origine burkinabè. Commence ainsi un débat empoisonné sur l' « ivoirité », un concept nationaliste qui a participé à la montée des tensions communautaires. 

Lors de la présidentielle de 2000, la candidature de Ouattara est rejetée pour « nationalité douteuse ».

Après un putsch manqué en 2002, la partition de la Côte d'Ivoire s'impose avec un Sud tenu par le camp du président Gbagbo et un Nord rebelle pro-Ouattara.

Sous la pression internationale, Gbagbo valide en 2005 la candidature de Ouattara à la présidentielle, scrutin reporté jusqu'en 2010 et suivi d'une crise qui fera plus de 3.000 morts.

Une offensive finale permet à Ouattara d'accéder au pouvoir le 11 avril 2011. Sa réélection triomphale en 2015 - plus de 83% des voix au premier tour - tranche l'incessant débat sur sa légitimité. Mais la victoire de 2020 le fait renaître.

« Le masque est tombé. Il se présentait comme un humaniste, un homme de paix, un haut fonctionnaire à l'occidentale qui voulait la démocratie... Il est comme la plupart de nos présidents africains, un chef qui veut garder le pouvoir pour son clan et qui n'hésite pas à réprimer pour se maintenir », affirme sous couvert de l'anonymat un homme du sérail passé dans l'opposition.

« Il se sacrifie. Il ne voulait pas y aller mais certains d'entre nous lui ont forcé la main. Je lui ai dit que j'arrêtais si c'était quelqu'un d'autre. C'est le seul capable de fédérer et de mener le bateau », rétorque un ministre.


Au Vatican, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël

Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À la basilique Saint-Pierre, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël en tant que pape, plaçant son pontificat sous le signe de la charité, de l’espérance et de la dignité humaine
  • Fidèle à son appel à une paix « désarmée et désarmante », il s’apprête à renouveler ses appels à la trêve et à la paix mondiale

CITÉ DU VATICAN, SAINT-SIÈGE: Léon XIV a célébré mercredi soir la première messe de Noël de son pontificat dans la basilique Saint-Pierre au Vatican, délivrant un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Peu avant la messe, le pape américain est sorti sur le parvis de la place Saint-Pierre pour saluer les quelque 5.000 fidèles massés sous la pluie pour suivre la cérémonie sur écrans géants, faute de place à l'intérieur de la basilique.

"La basilique Saint-Pierre est très grande, mais malheureusement pas assez pour tous vous accueillir. J'admire et respecte et vous remercie pour votre courage et votre envie d'être ici ce soir", a-t-il lancé en anglais.

Devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, Léon XIV, qui affiche un style plus discret que son prédécesseur François, a ensuite prononcé une homélie très religieuse sans évoquer directement de sujet d'actualité.

"Alors qu’une économie faussée conduit à traiter les hommes comme de la marchandise, Dieu se fait semblable à nous, révélant la dignité infinie de toute personne", a déclaré le pape.

"Proclamons la joie de Noël, qui est la fête de la foi, de la charité et de l’espérance", a-t-il ajouté.

Cette cérémonie commémorant la naissance du Christ, l'une des plus solennelles de l'année, a mêlé chants traditionnels et gestes symboliques. Le pape de 70 ans a décidé de la célébrer à un horaire plus tardif que sous le pontificat de François (19H30).

Autre changement majeur : Léon XIV présidera jeudi matin la messe du jour de Noël, renouant ainsi avec une tradition qui remontait au pontificat de Jean-Paul II (1978-2005).

Il prononcera ensuite à 12H00 (11H00 GMT) sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) en mondovision depuis le balcon de la basilique, lors de laquelle le pape se livre traditionnellement à un tour d’horizon des conflits dans le monde.

Fervent défenseur d’une paix "désarmée et désarmante", le chef de l'Eglise catholique devrait y renouveler ses appels à la paix. Mardi soir, Léon XIV a déjà demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

Aucun texte du Nouveau testament ne précise le jour et l'heure de naissance de Jésus de Nazareth. Sa célébration le 25 décembre dans la tradition chrétienne a été choisie au IVe siècle en Occident.

Ce Noël 2025 coïncide avec la clôture du Jubilé, "Année sainte" de l'Eglise qui a attiré des millions de pèlerins à Rome.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.