L'Australie renonce à reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël

La ministre australienne des Affaires étrangères Penny Wong a affirmé que la question du statut de Jérusalem devait être résolue par des négociations entre Israël et le peuple palestinien et non dans le cadre de décisions unilatérales. (Photo, AP)
La ministre australienne des Affaires étrangères Penny Wong a affirmé que la question du statut de Jérusalem devait être résolue par des négociations entre Israël et le peuple palestinien et non dans le cadre de décisions unilatérales. (Photo, AP)
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Publié le Mardi 18 octobre 2022

L'Australie renonce à reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël

La ministre australienne des Affaires étrangères Penny Wong a affirmé que la question du statut de Jérusalem devait être résolue par des négociations entre Israël et le peuple palestinien et non dans le cadre de décisions unilatérales. (Photo, AP)
  • La ministre australienne des Affaires étrangères Penny Wong a affirmé que la question du statut de Jérusalem devait être résolue par des négociations entre Israël et le peuple palestinien et non dans le cadre de décisions unilatérales
  • «Nous ne soutiendrons pas une approche qui compromet cette perspective», a-t-elle déclaré, ajoutant que «l'ambassade d'Australie a toujours été, et reste, à Tel Aviv»

SYDNEY: L'Australie a annoncé mardi qu'elle renonçait à reconnaître Jérusalem-Ouest comme la capitale de l'Etat d'Israël, revenant ainsi sur une décision prise par le gouvernement conservateur précédent et s'attirant des critiques israéliennes mais les louanges des Palestiniens. 

La ministre australienne des Affaires étrangères Penny Wong a affirmé que la question du statut de Jérusalem devait être résolue par des négociations entre Israël et le peuple palestinien et non dans le cadre de décisions unilatérales. 

"Nous ne soutiendrons pas une approche qui compromet cette perspective", a-t-elle déclaré, ajoutant que "l'ambassade d'Australie a toujours été, et reste, à Tel Aviv". 

L'Etat hébreu s'est emparé de la portion orientale de Jérusalem en 1967, l'a annexée et considère depuis l'ensemble de la ville comme sa capitale "éternelle" et "indivisible", tandis que les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l'Etat auquel ils aspirent. 

Pour l'ONU, le statut de Jérusalem doit faire l'objet d'un accord entre Israéliens et Palestiniens et, en attendant, les pays ne doivent pas y établir leur représentation diplomatique auprès d'Israël. 

Seuls quatre Etats ont établi leur ambassade à Jérusalem: les Etats-Unis, le Guatemala, le Honduras et le Kosovo. 

Dans un communiqué, le Premier ministre israélien Yaïr Lapid a qualifié la décision australienne de "réponse précipitée à une information de presse erronée", sans préciser à quelle information "erronée" il faisait référence. 

"Nous ne pouvons que souhaiter au gouvernement australien qu'il gère ses autres dossiers de manière plus sérieuse et professionnelle", a-t-il ajouté. 

Le ministère israélien des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur australien Paul Griffiths, et la directrice politique du ministère, Aliza Bin Noun, lui a fait part de la "profonde déception" de l'Etat hébreu. 

"C'est une décision misérable qui ignore la profonde et éternelle relation entre Israël et sa capitale historique et va à l'encontre des bonnes relations entre Israël et l'Australie", a-t-elle déclaré, d'après un communiqué. 

« Soutien inébranlable » 

Mme Wong a tenu à souligner que cette décision n'était pas un signe d'hostilité à l'égard d'Israël. 

"Nous ne faiblirons pas dans notre soutien à Israël et à la communauté juive d'Australie. Nous sommes également inébranlables dans notre soutien au peuple palestinien, y compris dans notre soutien humanitaire", a affirmé la ministre. 

L'Autorité palestinienne s'est félicitée, elle, de ce revirement, saluant l'engagement de Canberra pour que "la souveraineté future de Jérusalem dépende d'une solution permanente basée sur la légitimité internationale", a écrit sur Twitter le ministre palestinien des Affaires civiles, Hussein al-Cheikh. 

Le Hamas, mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza, a parlé d'une "mesure (...) allant dans la bonne direction en faveur de la sécurité et de la stabilité internationales". 

Le précédent gouvernement conservateur australien de Scott Morrison avait été l'objet de vives critiques quand, en 2018, il avait annoncé qu'il reconnaissait Jérusalem-Ouest comme capitale d'Israël. Il avait fait cette annonce dans la foulée d'une décision semblable de l'ex-président américain Donald Trump. 

Cela avait également provoqué la consternation en Indonésie voisine -- pays qui compte le plus de musulmans au monde --, faisant temporairement dérailler un accord de libre-échange. 

Penny Wong a accusé le gouvernement précédent d'avoir, à l'époque, pris cette décision pour tenter de remporter une élection partielle cruciale dans une banlieue de Sydney où vit une importante communauté juive. 

La parti travailliste de centre-gauche est au pouvoir depuis mai. 

Equilibre 

Washington, où Joe Biden a succédé à Donald Trump, n'a pas directement commenté la décision australienne. 

"La position des Etats-Unis est que notre ambassade restera à Jérusalem, que nous reconnaissons comme la capitale d'Israël", a déclaré Vedant Patel, un porte-parole du département d'Etat. 

La décision de Canberra ne devrait cependant pas être une totale surprise pour le gouvernement israélien. 

Elle avait été précédée il y a quelques jours du retrait d'un communiqué figurant sur le site internet du ministère des Affaires étrangères sur Jérusalem-Ouest, capitale d'Israël. 

Mais pour Ran Porat, historien et chercheur à l'université Monash de Melbourne, cela pourrait susciter un malaise même si l'Australie n'est pas un acteur majeur des pourparlers de paix. 

D'après lui, le Likoud, le parti de l'opposition israélienne dirigé par l'ex-Premier ministre Benjamin Netanyahu, pourrait s'emparer de cette décision comme preuve d'un des échecs de l'actuel gouvernement à l'approche des législatives du 1er novembre. 


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.