«J’ai fait ce film sur l’explosion du port de Beyrouth pour garder une trace de cette tragédie»

"REFLEXIONS" 2020 de Fadia Ahmad.
"REFLEXIONS" 2020 de Fadia Ahmad.
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Publié le Mercredi 19 octobre 2022

«J’ai fait ce film sur l’explosion du port de Beyrouth pour garder une trace de cette tragédie»

  • Ce funeste 4 août 2020, Fadia Ahmad aurait dû être à Beyrouth, peut-être même dans sa maison du quartier Sursock, avec sa famille
  • Du jardin arboré de sa maison beyrouthine, par un bel après-midi d’automne, Fadia Ahmad a répondu aux questions d’Arab News en français

PARIS: Ce funeste 4 août 2020, Fadia Ahmad aurait dû être à Beyrouth, peut-être même dans sa maison du quartier Sursock, avec sa famille. Mais un sentiment d’anxiété l’avait poussée à écourter son séjour dans la capitale libanaise pour retourner dès le 1er août avec ses enfants à Alicante, où elle a vu le jour en 1975.

Ainsi, ce jour-là, la photographe libanaise faisait son jogging le long de la mer dans la ville espagnole quand, de l’autre côté de la Méditerranée, une double explosion dans le port de Beyrouth ravageait la ville, faisant plus de deux cents morts, six mille cinq cents blessés et laissant trois cent cinquante personnes sans abri.

«C’est comme si une partie de mon âme était partie», se rappelle la photographe qui partage son temps entre Beyrouth, Paris et Alicante. Fadia Ahmad décide alors de se rendre dans le pays pour documenter la catastrophe, caméra à la main. Elle filme la ville au plus près, recueille les témoignages des victimes afin de les conserver pour l’histoire dans ce pays où le passé ne passe pas. «J'ai senti que c'était une mission et un devoir que je me devais d’accomplir pour mon pays», explique-t-elle. Son documentaire, Beirut, the Aftermath («Beyrouth, le contrecoup», NDLR), voyage depuis dans le monde entier, de festival en festival, avec pour objectif de «garder une trace de cette tragédie».

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Du jardin arboré de sa maison beyrouthine, par un bel après-midi d’automne, Fadia Ahmad a répondu aux questions d’Arab News en français.

Le film commence avec un parallèle: on vous voit en train de courir le long de la mer à Alicante, et les pompiers de Beyrouth se préparent à se rendre sur le lieu de l’incendie dans le port. Pourquoi avoir commencé votre documentaire par cette reconstitution?
Parce que c'était le point de départ. Parce que, au moment même où j'étais à Alicante en train de faire mon jogging, les pompiers, dans leur caserne, se préparaient à éteindre un incendie qu’ils pensaient anodin dans le port de Beyrouth. À partir de ce moment, ça a été l’apocalypse. À partir de ce moment, la vie de tous les Libanais et de Beyrouth allait changer à jamais. C’est pourquoi j'ai fait cette reconstitution à Alicante, et une autre à Beyrouth avec les pompiers. Le reste du film, c’est 10 452 pas entre le quartier de Mar Mikhael et le Sporting Club, sur la corniche.

Vous êtes photographe, mais vous avez préféré la caméra à l’appareil photo, pour la première fois. Pourquoi?
C'est important de garder un document qui peut servir pour plus tard, pour l'histoire de notre pays. C’est un document qui a une valeur d'archive très importante. C'est un travail de mémoire que je considère comme très important à la fois pour le Liban et pour les Libanais.

Le film est-il surtout destiné aux Libanais, aux Beyrouthins, ou vise-t-il une audience internationale?
Il aspire à un rayonnement international. L’objectif est que chacun puisse comprendre le comment du pourquoi. C'est un film que les Libanais n'ont pas obligatoirement envie de revivre, parce que la blessure est encore là, très forte. C'est une tragédie qui va nous suivre pendant de longues années avant que nous puissions nous en sortir.
C'était une façon pour moi de faire porter la voix de chaque Libanais dans le monde entier pour que ce microcosme devienne un macrocosme et pour véhiculer le message suivant, à l’échelle humaine, d'humain à humain: nous devons nous donner la main, nous écouter mutuellement.

Fadia
Photo Fadia Ahmad.


À l'échelle internationale, c'est vrai que le Liban n'est peut-être pas une priorité aujourd'hui, avec tout ce qui se passe dans le monde, la Covid-19, l'Ukraine, la Russie, les crises économiques... Ce n’est facile à vivre pour personne, mais je dois être écoutée.

Le documentaire a voyagé dans plusieurs festivals. Comment a-t-il été accueilli?
Le film a vraiment fait le tour du monde. On a été sélectionnés dans plusieurs festivals et on a gagné des prix. Je dis «on» parce que, pour moi, ce film représente tout le Liban. Donc, pour chaque prix ou chaque sélection, c’est le Liban en entier qui aura été écouté et notre voix aura porté.

Une projection est-elle prévue au Liban?
Le documentaire a déjà été projeté au Liban en mai dernier. C'était très émouvant et très difficile, parce que les spectateurs ont revécu la tragédie; beaucoup sont sortis en pleurs. De nombreux Libanais ont revécu ce moment qu'ils avaient envie d'oublier. Mais beaucoup ont été très touchés ; ils nous ont remerciés d'avoir réalisé ce documentaire et ont souhaité qu’il puisse faire preuve de mémoire et d'archives pour le Liban.

Quel a été le plus grand obstacle lors de la production de ce documentaire?
Le coronavirus, parce que le pays était plongé dans la pandémie. On n'avait pas le droit d’être dans la rue, mais tout le monde y était parce qu'il y avait eu l’explosion, et les trois quarts de la ville étaient en ruine. C’était là le plus grand obstacle.
Nous avons aussi rencontré des obstacles financiers. L’ambassade suisse nous a soutenus, mais nous avons dû faire comme nous le pouvions pour la postproduction. L'équipe a été très compréhensive. Le plus gros obstacle était le coronavirus et le trauma que nous éprouvions tous.

Vous avez dans le documentaire ce regard très personnel, notamment à travers la voix off...
Je viens de l'art contemporain. J’ai voulu, comme une évidence, que ce documentaire soit plus poétique, plus émotionnel. C'est pour cela que, dans la voix off, vous écoutez l'histoire de mon parcours, le pourquoi de ces 10 452 pas. Ce n’est pas un documentaire froid ni statique.

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"CHAOTIC SCULPTURE II" 2021 de Fadia Ahmad.

Où en est-on aujourd’hui, plus de deux ans après la catastrophe?
La reconstruction se fait petit à petit. La ville revit, timidement, mais on essaie de revivre. Il ne faut pas oublier que tout ce que vous êtes en train de vivre actuellement en France, cela fait deux ans qu'on le vit au Liban: le manque d'électricité, d'eau, de carburant dans les stations-service, de médicaments… On est vraiment au plus bas, mais, malgré tout, on essaie de s'en sortir.


Le Festival international du film de la mer Rouge d'Arabie saoudite révèle ses dates pour 2025

(De gauche à droite) Antoine Khalife, Mohammad Asseri, Samaher Mously, Shivani Pandya Malhotra et Kaleem Aftab dirigent la conférence de presse annuelle du Festival international du film de la mer Rouge au tout nouveau siège d'Al Balad, le 11 novembre 2024 à Djeddah, en Arabie saoudite. (Getty Images)
(De gauche à droite) Antoine Khalife, Mohammad Asseri, Samaher Mously, Shivani Pandya Malhotra et Kaleem Aftab dirigent la conférence de presse annuelle du Festival international du film de la mer Rouge au tout nouveau siège d'Al Balad, le 11 novembre 2024 à Djeddah, en Arabie saoudite. (Getty Images)
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DJEDDAH : Le Festival international du film de la mer Rouge en Arabie saoudite a révélé les dates de sa cinquième édition. Des personnalités internationales sont attendues à Djeddah pour cet événement, qui se tiendra du 4 au 13 décembre.

L'événement se déroulera au siège du festival à Al-Balad, à Djeddah.

Le thème de l'année dernière, "La nouvelle maison du cinéma", a célébré le nouveau siège du festival à Al-Balad, un site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Le festival 2024 a accueilli plus de 40 000 participants et près de 7 000 invités accrédités, présentant 122 films de 85 pays, dont 61 premières. Au total, 302 projections ont eu lieu, la moitié des films étant des premières mondiales ou internationales, dont 46 premières mondiales, 15 premières internationales et 53 premières de la région MENA.

Le siège d'Al-Balad comprend cinq salles de cinéma spécialement construites et un grand auditorium qui a accueilli des projections consécutives ainsi que des tables rondes avec des célébrités.

Présidés par Spike Lee, les deux jurys de l'édition 2024 ont délibéré dans 14 catégories de compétition, avec 16 longs métrages en lice pour les plus grands prix honneurs, aux côtés de courts métrages du monde arabe, d'Asie et d'Afrique présentés dans les programmes New Saudi, New Cinema et Arab Shorts.

Le tapis rouge de l'année dernière a accueilli des personnalités comme Emily Blunt, Aamir Khan, Mona Zaki, Viola Davis et Priyanka Chopra Jonas. Parmi les autres participants notables figuraient Michelle Yeoh, Kareena Kapoor Khan, Johnny Depp, Yousra, Vin Diesel, Catherine Zeta-Jones, Cynthia Erivo, Brendan Fraser, Mohamed Sami, et bien d'autres encore.
 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La princesse Sara annoncé le lancement de « Asaan » , programme du musée du patrimoine Misk à Diriyah

Asaan devrait devenir un point de repère culturel majeur, renforçant le leadership de l'Arabie saoudite en matière de préservation du patrimoine et son engagement à célébrer son héritage historique sur la scène mondiale (SPA).
Asaan devrait devenir un point de repère culturel majeur, renforçant le leadership de l'Arabie saoudite en matière de préservation du patrimoine et son engagement à célébrer son héritage historique sur la scène mondiale (SPA).
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  • L'objectif du musée est de devenir un centre culturel mondial célébrant le patrimoine de l'Arabie saoudite.
  • Le musée s'étendra sur plus de 40 000 mètres carrés.

RIYADH : La princesse Sara bint Mashhour bin Abdulaziz, épouse du prince héritier saoudien Mohammed bin Salman, a annoncé le lancement du programme « Asaan » du musée du patrimoine de Misk, une institution culturelle qui devrait ouvrir ses portes à Diriyah dans les années à venir.

Soutenu par la Fondation Mohammed bin Salman « Misk », l'objectif du musée est de devenir un pôle culturel mondial célébrant le patrimoine de l'Arabie saoudite.

Il jouera un rôle clé dans la préservation de la culture grâce à diverses expositions et à des programmes éducatifs.

« Asaan mettra en valeur le riche héritage du Royaume, notamment les artefacts, les coutumes et les valeurs sociétales », a déclaré la princesse Sara, présidente d'Asaan, dans un communiqué.

« Notre objectif est de cultiver une génération qui soit fière de son héritage et qui s'engage activement à le préserver et à le revitaliser.

Le musée s'étendra sur plus de 40 000 mètres carrés et a été conçu par Zaha Hadid Architects. Il mêlera l'architecture traditionnelle najdi à la créativité contemporaine.

Les expositions comprendront des milliers d'objets du patrimoine qui illustrent l'histoire et l'évolution culturelle de l'Arabie saoudite.

Le site comprendra également des expositions permanentes, des galeries d'art, une cour artistique ainsi que l'« Asaan's Majlis », un espace dédié au dialogue, aux ateliers et aux discussions culturelles.

Le musée abritera également des laboratoires de conservation et des programmes d'apprentissage interactifs, offrant aux visiteurs des expériences immersives qui donnent vie à l'histoire et aux traditions saoudiennes.

La princesse Sara est une fervente partisane de la préservation culturelle et de l'autonomisation, notamment en soutenant les jeunes et les personnes handicapées par le biais d'initiatives éducatives et professionnelles. Ses efforts s'inscrivent dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, qui met l'accent sur la préservation du patrimoine et l'identité nationale, a rapporté lundi l'agence de presse saoudienne.

Asaan devrait devenir un lieu de référence culturel majeur, renforçant le leadership de l'Arabie saoudite dans le domaine de la préservation du patrimoine et son engagement à célébrer son héritage historique sur la scène mondiale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La princesse Iman de Jordanie accueille son premier enfant

 La princesse Iman bint Abdullah II de Jordanie et son époux, Jameel Alexander Thermiotis, ont accueilli leur premier enfant, une petite fille nommée princesse Amina. (Instagram)
La princesse Iman bint Abdullah II de Jordanie et son époux, Jameel Alexander Thermiotis, ont accueilli leur premier enfant, une petite fille nommée princesse Amina. (Instagram)
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  • C'est la reine Rania elle-même qui a partagé la nouvelle dimanche sur les réseaux sociaux
  • "Ma chère Iman est devenue mère. Nous accueillons avec joie et gratitude Amina, nouvelle bénédiction de notre famille. Félicitations à Jameel et Iman - que Dieu bénisse votre précieuse petite fille,"

DUBAÏ: Une heureuse nouvelle pour la famille royale jordanienne : la princesse Iman bint Abdullah II et son époux, Jameel Alexander Thermiotis, sont devenus parents d'une petite fille, la princesse Amina.

C'est la reine Rania elle-même qui a partagé la nouvelle dimanche sur les réseaux sociaux.

"Ma chère Iman est devenue mère. Nous accueillons avec joie et gratitude Amina, nouvelle bénédiction de notre famille. Félicitations à Jameel et Iman - que Dieu bénisse votre précieuse petite fille," a déclaré la souveraine dans son message.

Cette naissance marque l'arrivée du deuxième petit-enfant pour la reine Rania et le roi Abdullah. Le couple royal était déjà devenu grands-parents en août dernier, avec la naissance de la fille du prince héritier Hussein bin Abdullah et de la princesse Rajwa Al-Hussein, prénommée Iman en hommage à sa tante.