Les chauffeurs routiers passent 9% de leur temps au volant sur leur téléphone, selon une étude

Les accidents (corporels ou matériels) sont aussi en hausse, l'inattention étant la cause de près de 40% de ceux touchant le personnel autoroutier en intervention. (AFP)
Les accidents (corporels ou matériels) sont aussi en hausse, l'inattention étant la cause de près de 40% de ceux touchant le personnel autoroutier en intervention. (AFP)
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Publié le Jeudi 20 octobre 2022

Les chauffeurs routiers passent 9% de leur temps au volant sur leur téléphone, selon une étude

  • Cette étude vise à déterminer avec exactitude l'usage du téléphone par les conducteurs de poids lourds, impliqués dans la moitié des accidents touchant le personnel autoroutier en intervention
  • En moyenne, les conducteurs ont ainsi utilisé leur téléphone dix fois par heure alors qu'ils étaient au volant, pour une durée moyenne d'usage de 32 secondes

PARIS: Une étude "inédite": en suivant pendant une semaine des chauffeurs de poids lourds au volant grâce à des caméras embarquées, les sociétés d'autoroutes ont découvert qu'ils passaient 9% de leur temps sur leur téléphone, dans un contexte de "dégradation" de la sécurité routière en 2022.

Commandée par l'Association des sociétés françaises d'autoroutes (ASFA) et réalisée par le Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), cette étude publiée jeudi visait à déterminer avec exactitude l'usage du téléphone par les conducteurs de poids lourds, impliqués dans la moitié des accidents touchant le personnel autoroutier en intervention.

Pour ce faire, deux caméras ont été installées sur les camions de trois volontaires: l'une permettant de filmer l'intérieur de l'habitacle et de suivre en continu le comportement du chauffeur, la seconde à l'extérieur pour contextualiser la scène routière.

A la fin de cette étude réalisée en juillet, les observateurs du Cerema ont obtenu environ 50 heures de vidéo, prises de jour comme de nuit, qu'il leur restait à analyser.

Conclusion: "Le temps passé sur le téléphone par les trois chauffeurs représente en moyenne 9% de leur temps de conduite", s'alarme l'ASFA.

En moyenne, les conducteurs ont ainsi utilisé leur téléphone dix fois par heure alors qu'ils étaient au volant, pour une durée moyenne d'usage de 32 secondes.

La durée des phases pendant lesquelles les chauffeurs arrêtaient de regarder la route était de 2,4 secondes en moyenne, avec un maximum atteignant sept secondes, soit respectivement "60 et 175 mètres parcourus à 90 km/h", poursuit l'ASFA.

Point positif toutefois, "les trois conducteurs utilisent systématiquement la fonction kit main libre", note le Cerema dans un rapport, précisant que les conversations téléphoniques n'étaient pas prises en compte dans l'étude.

Réalisée sur un panel restreint, avec d'importantes disparités entre chauffeurs --la proportion de temps passé au téléphone varie de 5 à 15%-- qui se savaient par ailleurs filmés, l'étude a ses limites mais met "en évidence une habitude qui semble installée", selon le Cerema: "Les conducteurs semblent avoir intégré l'usage du téléphone à leur conduite".

Inattention au volant 

Délégué général de l'ASFA, Christophe Boutin ne se dit pas réellement surpris par les résultats de cette étude.

Si "l'usage du téléphone est devenu tellement courant, tellement ancré dans les habitudes (...), on aurait pu espérer un meilleur comportement" des chauffeurs routiers, explique-t-il toutefois à l'AFP.

Une précédente étude en 2021 de l'ASFA --qui regroupe les concessionnaires privés gestionnaires de 9.180 des 12.000 kilomètres d'autoroutes françaises-- et du Cerema, fondée sur l'observation des conducteurs en immersion dans le trafic, avait conclu que 8% des automobilistes et 14% des chauffeurs de poids lourds tenaient leur téléphone en main en conduisant.

Cette année, l'étude intervient alors que "la sécurité routière s'est globalement dégradée", ajoute-t-il, évoquant "une certaine décompression à la suite de la crise sanitaire" et un "relâchement des comportements" observable partout en Europe.

En témoigne le nombre de morts recensés sur le réseau autoroutier français: 136 entre le 1er janvier et fin septembre 2022, contre 126 sur la même période en 2019, dernière année comparable en terme de trafic.

Christophe Boutin s'alarme aussi du danger que l'inattention au volant fait peser sur les "patrouilleurs", ces agents chargés de sécuriser les routes. Pour la première fois depuis 2017, deux sont morts cette année sur les autoroutes françaises.

Les accidents (corporels ou matériels) sont aussi en hausse, l'inattention étant la cause de près de 40% de ceux touchant le personnel autoroutier en intervention.

Et "les poids lourds sont surreprésentés dans des proportions très importantes" dans ces accidents, regrette Christophe Boutin, qui affirme qu'ils sont impliqués dans la moitié des cas alors qu'ils ne représentent que 15% du trafic.

Pas question pour autant de stigmatiser les chauffeurs de poids lourds, précise le délégué général de l'ASFA qui assure qu'ils sont, statistiquement, "un peu meilleurs conducteurs que la moyenne".

"C'est presque l'inverse: je leur suis reconnaissant d'avoir accepté de jouer les cobayes" pour cette étude, poursuit M. Boutin.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».