Le Parlement libanais ne parvient pas à élire un nouveau président pour la troisième fois

Le président du Parlement libanais, Nabih Berri (Photo, Reuters).
Le président du Parlement libanais, Nabih Berri (Photo, Reuters).
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Publié le Vendredi 21 octobre 2022

Le Parlement libanais ne parvient pas à élire un nouveau président pour la troisième fois

  • Le président du Parlement, Nabih Berri, a appelé à un nouveau vote lundi dans l'espoir d'apaiser les désaccords de longue date entre les factions politiques
  • L'ajournement de jeudi est intervenu après que des députés du Hezbollah, du Mouvement Amal et du Courant patriotique libre ont quitté la salle de l'assemblée

BEYROUTH: Le Parlement libanais a échoué pour la troisième fois à élire un successeur au Président actuel, Michel Aoun, alimentant les craintes d'un vide politique après l'expiration de son mandat le 31 octobre.

Le président du Parlement, Nabih Berri, a appelé à un nouveau vote lundi dans l'espoir d'apaiser les désaccords de longue date entre les factions politiques du pays.

L'ajournement de jeudi est intervenu après que des députés du Hezbollah, du Mouvement Amal et du Courant patriotique libre ont quitté la salle de l'assemblée alors que les médias diffusaient la session en direct.

Au total, 119 députés y ont assisté et ont voté, bien que beaucoup soient convaincus qu'aucun président ne sera élu.

Au total, 55 votes blancs ont été exprimés, 42 en faveur du député Michel Mouawad, 17 en faveur du Nouveau Liban et un en faveur de Milad Abou Malhab, quatre bulletins ayant été écartés du scrutin.

Au premier tour de scrutin, le candidat doit obtenir une majorité des deux tiers, soit 86 voix, pour l'emporter. En cas de second tour, la majorité requise est de 65 voix.

Le Hezbollah et ses alliés suivent la stratégie consistant soit à voter blanc, soit à perturber le quorum.

Le député Imad al-Hout a déclaré à Arab News: «Nous resterons dans ce cercle vicieux jusqu'à ce qu'un consensus soit atteint sur un candidat unique.»

«Nous avons essayé d’avoir un président qui représente la moitié des Libanais, pas tous, et le chaos s'est abattu sur nous.

«Allons-nous répéter l'expérience, ou cherchons-nous un président qui embrasse tous les Libanais, travaille pour l'intérêt du Liban, a une vision économique claire et n'affronte pas l'autre moitié des Libanais?»

Il a ajouté: «Il y a 55 votes blancs – ne provenant pas tous des députés du Hezbollah.»

«Si nous pouvons négocier avec eux, et je ne parle pas du Hezbollah, pour qu'ils votent pour un candidat qui plairait à tout le monde, nous réussirons.

«Je ne parle pas de parvenir à un accord. Nous avons déjà essayé cela, et cela a ruiné notre pays.

«Si nous pouvons nous mettre d'accord sur un candidat mais que le Hezbollah le refuse quand même, alors ce serait la responsabilité du parti, pas la nôtre.»

Mouawad a affirmé qu'il était un candidat sérieux qui n'attendait pas les règlements et les compromis. Sa candidature est soutenue par les Forces libanaises, le Parti socialiste progressiste, le Parti Kataeb et des blocs indépendants.

Il a indiqué: «L'insistance des autres partis à vouloir un président qui remporte une majorité des deux tiers signifie qu'ils veulent un président soumis qui n'a pas d'opinion, ce qui signifie que le pays continuera à s'effondrer.»

Le député indépendant Michel Daher a prévenu que le pays était au bord du chaos total.

«Il n'y a pas de gouvernement, ni d'élections présidentielles: Le vide et la paralysie à tous les niveaux. Cela sera suivi d'un chaos constitutionnel et sécuritaire», a-t-il ajouté.

La députée réformiste Paula Yacoubian a critiqué les partis au pouvoir, et a déclaré: «Nous vivons un jeu scandaleux.»

Le député Hadi Aboul-Hassan, du bloc du Rassemblement démocratique, a déclaré: «Les députés réformistes sont confus et perdus. Pendant ce temps, d'autres partis insistent à perturber les sessions électorales. La politique n'est pas un lieu pour la confusion, le manque d'expérience ou les querelles politiques.»

Le député du Hezbollah, Hassan Fadlallah, a révélé avant la session qu'aucun président ne serait élu.

«La perturbation du quorum est un droit démocratique, sinon la Constitution n'aurait pas mentionné le quorum. Nous sommes contre l'élection d'un président provocateur et agitateur. Nous voulons un président avec lequel les blocs parlementaires sont d'accord», a-t-il mentionné.

Aoun devrait quitter le palais présidentiel dimanche pour sa résidence de Rabieh, accompagné d'un convoi de partisans, mettant ainsi fin à six années de pouvoir.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Israël: le ministre de la Défense avertit qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays

Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
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  • Israël avertit qu’aucun calme ne reviendra au Liban tant que sa propre sécurité ne sera pas garantie, intensifiant ses frappes malgré la trêve et affirmant vouloir désarmer le Hezbollah
  • L’Égypte tente de désamorcer les tensions, tandis que l’application du cessez-le-feu reste bloquée : l’armée libanaise dit vouloir démanteler les positions du Hezbollah, mais Israël et les États-Unis accusent Beyrouth de traîner

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien a averti mercredi qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays, alors qu'Israël a intensifié ses opérations militaires au Liban ces dernières semaines, en dépit d'un accord de cessez-le-feu.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré Israël Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

"Il n'y aura pas de calme à Beyrouth ni d'ordre et de stabilité au Liban tant que la sécurité de l'Etat d'Israël ne sera pas garantie", a ajouté M. Katz en affirmant que son pays allait désarmer le Hezbollah.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré mercredi que son pays oeuvrait à la désescalade des tensions entre Israël et le mouvement armé libanais soutenu par l'Iran.

"Nous craignons toute escalade et nous sommes inquiets pour la sécurité et la stabilité du Liban", a déclaré ce ministre, Badr Abdel Ati, après sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun à Beyrouth mercredi.

"Nous engageons des efforts considérables pour épargner au Liban tout risque, ou toute atteinte, concernant sa sécurité", a-t-il ajouté.

Israël a frappé le Liban à plusieurs reprises malgré la trêve, affirmant régulièrement cibler les membres et les infrastructures du Hezbollah pour empêcher le groupe de se réarmer, ce qu'il nie être en train de faire.

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Ce dernier invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban, dont l'accord de cessez-le-feu stipule pourtant que l'armée israélienne doit se retirer.


Soudan: le chef de l'armée exhorte Trump à mettre fin à la guerre

Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
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  • Abdel Fattah al-Burhane appelle Donald Trump à intervenir pour imposer la paix au Soudan
  • Alors que les violences s’intensifient, les initiatives internationales peinent à avancer

PORT-SOUDAN : Le chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, en guerre depuis avril 2023 contre un groupe paramilitaire rival, a appelé mercredi le président américain Donald Trump à instaurer la paix.

« Le peuple soudanais se tourne désormais vers Washington pour la prochaine étape : s’appuyer sur l’honnêteté du président américain et travailler avec nous — ainsi qu’avec ceux dans la région qui recherchent sincèrement la paix — pour mettre fin à cette guerre », écrit le dirigeant de facto du Soudan dans une tribune publiée dans The Wall Street Journal.

Les tentatives de paix entre Burhane et son ancien adjoint, le chef des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdan Dagalo, ont échoué à maintes reprises au fil d’un conflit ayant fait des dizaines de milliers de morts, déplacé 12 millions de personnes et provoqué les pires crises de faim et de déplacement au monde.

Trump s’est intéressé pour la première fois à cette guerre la semaine dernière, promettant d’y mettre fin après avoir été exhorté à s’impliquer par le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.

« Le consensus parmi les Soudanais est que M. Trump est un dirigeant qui parle directement et agit avec détermination. Beaucoup estiment qu’il a la capacité de s’opposer aux acteurs étrangers qui prolongent notre souffrance », écrit Burhane.

Les États-Unis et les Émirats arabes unis, aux côtés de l’Arabie saoudite et de l’Égypte, tentent actuellement de négocier une trêve.

Dans son texte de 1 200 mots publié mercredi, Burhane affirme qu’il s’agit de choisir « entre un État souverain qui tente de protéger ses citoyens et une milice génocidaire déterminée à détruire des communautés ».

Le gouvernement de Burhan est reconnu au niveau international, et en janvier, les États-Unis ont déterminé que la RSF avait commis un génocide dans la région occidentale du Darfour.

Mais ses propres forces ont également été accusées d’exactions depuis le début de la guerre, notamment d’avoir visé des civils et bombardé sans discrimination des zones résidentielles.

Le militaire de carrière, qui avait collaboré avec Dagalo en 2021 pour écarter les civils d’un gouvernement de transition, écrit mercredi : « J’ai longtemps reconnu que les FSR étaient une poudrière. »

Le chef des FSR, Dagalo, dont les combattants avaient été initialement recrutés par Khartoum pour mener ses guerres dans les périphéries du Soudan, était devenu le bras droit de Burhane après le soulèvement de 2018-2019.

Un long conflit de pouvoir, resté latent, a finalement explosé en guerre ouverte le 15 avril 2023.


Tunisie: l'ambassadeur UE convoqué par le président Saied pour «non respect des règles du travail diplomatique» 

Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
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  • Le président Saied a exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques"
  • L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents

TUNISIE: Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés.

Le président Saied a également exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques".

Lundi, M. Perrone avait reçu Noureddine Taboubi, chef du principal syndicat tunisien UGTT -- qui a récemment menacé de déclencher une grève générale pour obtenir des hausses salariales -- et avait salué "le rôle important" de l'organisation "en faveur du dialogue social et du développement économique" en Tunisie, selon un communiqué de la délégation européenne à Tunis.

L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents.

Le diplomate européen avait "réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l'UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs", selon la même source. De son côté, le secrétaire général de l'UGTT avait appelé à renforcer et développer la coopération entre la Tunisie et l'Union européenne.

La semaine passée, M. Taboubi a présidé une réunion de l'UGTT où il a apporté son soutien à différents mouvements de grève en cours dans le secteur privé pour réclamer des augmentations de salaires. Il a salué le succès d'une grève générale ayant eu lieu dans la grande ville de Sfax (centre-est) et menacé d'organiser prochainement une grande grève au niveau national.

"L'organisation se dirige vers une grève générale pour défendre les acquis matériels et sociaux des travailleurs face aux difficultés quotidiennes".

M. Taboubi a dénoncé "une baisse du pouvoir d'achat" des Tunisiens face à "des conditions de vie précaires sur le plan des transports, de la santé et de la maladie", défendant "leur droit syndical à se défendre" afin d'obtenir "un salaire décent qui leur fait défaut actuellement".

Le salaire minimum en Tunisie est d'environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine. Le taux d'inflation reste très élevé notamment pour les produits alimentaires. Il est récemment revenu à environ 5% après avoir atteint un pic de 10% en 2023.