Carlos Ghosn se confie: «Cette forme de passivité forcée était terrible!»

À Beyrouth, Carlos Ghosn se veut un citoyen sans histoires, contrairement à la situation socio-économique du pays (Photo, AFP)
À Beyrouth, Carlos Ghosn se veut un citoyen sans histoires, contrairement à la situation socio-économique du pays (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 11 novembre 2020

Carlos Ghosn se confie: «Cette forme de passivité forcée était terrible!»

  • L’ex-patron de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi offre des recommandations pour sauver l’économie libanaise.
  • Cette résistance entêtée, sans concession, elle est chez tous les Libanais

Lire l'interview en son intégralité

«La prison est une épreuve que je ne souhaite à personne, surtout quand vous êtes dans un pays étranger, que vous avez des avocats qui ne parlent pas votre langue et que vous sentez que vous avez contre vous l’État, les procureurs et une entreprise – pas n’importe laquelle – mais celle que vous avez fait renaître. C’est très dur!» Des cent trente jours passés à la prison de Kosuge, au Japon, Carlos Ghosn estime que le plus difficile était d’être séparé des gens qu’il aime, de savoir qu’ils souffraient et de ne pouvoir rien faire pour les consoler. «Cette forme de passivité forcée était terrible!», raconte l’ancien président de ce qui était, sous son mandat, le premier groupe automobile mondial. Seuls quelques bouquins envoyés par ses enfants, de rares visites des ambassadeurs des trois pays dont il a la nationalité (libanaise, brésilienne et française) meublaient ses longues journées.   

En forme à présent, le ton déterminé et le regard toujours aussi perçant, Carlos Ghosn souligne: «si je pouvais voyager dans le temps, j’aurais accepté le poste qu’on m’a offert en 2009 à la tête de General Motors, et j’aurais refusé le renouvellement de mon mandat à la tête de Renault en 2018. Cette débâcle n’aurait pas eu lieu!»

Celui qu’on qualifiait «meilleur patron de la planète», ne dit pas s’il a touché le fond lors de son incarcération, mais il avoue que sa résilience remonte à ses origines libanaises. «Cette résistance entêtée, sans concession, elle est chez tous les Libanais je pense!» Et d’ajouter : «Au Japon, les procureurs gagnent à 99,4 % des cas, car ils font craquer les gens. Ils ont dû remarquer que cette méthode ne fonctionnerait pas avec moi.»

Le Liban peut s’en sortir économiquement

« Aide-toi, le Ciel t’aidera », est une valeur qu’il a inculquée à ses enfants et qu’il admet avoir acquise de la culture libanaise où le citoyen se sent toujours responsable de lui-même. Mais il ne dit pas si seul le ciel l’a aidé dans sa cavale rocambolesque le 29 décembre 2019, quand il a fui le Japon pour Beyrouth. Une chose est certaine, c’est le caractère quasi surréaliste de sa fuite.

«Quand je me déplace au Liban, il y a beaucoup de gens qui m’arrêtent dans la rue et qui me disent avoir prié pour moi, je leur dis – parce que je le pense : «Vous n’auriez pas prié pour moi, je ne serais pas là aujourd’hui». Et d’ajouter : «D’ailleurs, l’une des raisons pour lesquelles je me sens si bien au Liban, c’est cette empathie qu’a pour moi une grande partie de la population libanaise».

À Beyrouth, Carlos Ghosn se veut un citoyen sans histoires, contrairement à la situation socio-économique du pays. La politique ne l’intéresse pas, mais quels conseils peut donner l’homme des grands exploits économiques pour sortir le Liban de la crise? En plus de coacher les cadres supérieurs et d’aider les start-up, créatrices d’emplois, celui qui a à son actif le redressement des constructeurs automobiles japonais et français souligne : «En économie comme en politique, il faut des discours clairs et des résultats. Ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a des solutions, et le pays peut s’en sortir. Mais l’enjeu n’est pas là. Il faut faire des choix et surtout les exécuter en s’engageant dans la communication, l’association, la motivation et l’obtention de résultats, de manière à rétablir cette confiance. On me dit que le total des actifs du Liban n’excède pas 50 milliards de dollars, et je donne toujours l’exemple de Tesla, une entreprise à peine profitable qui fabrique des voitures dans un marché extrêmement concurrentiel, et qui vaut 400 milliards de dollars. Pour un État comme le Liban qui détient un monopole sur le transport aérien et maritime, et l’exploitation du littoral, il y a un problème ! Lequel ? Celui de la vision!»

Selon Carlos Ghosn, le Liban a besoin d’une dynamique, d’une vision afin d’exploiter ses ressources au profit du peuple libanais. « Les atouts (du pays) sont très nombreux. La diaspora libanaise est forte de 14 à 15 millions de personnes, souvent éduquées, ayant réussi et avec des moyens financiers». Et de conclure : «La confiance émotive du style «b7ebbak ya Leben» existe chez la diaspora, mais ce dont elle a besoin c’est une confiance basée sur un plan rationnel, une vision sur laquelle ils peuvent s’appuyer pour venir à l’aide d’un pays qu’ils chérissent et qu’ils n’oublieront pas!»


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
Short Url
  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
Short Url
  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Short Url
  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com