La Syrie est trop occupée pour résoudre le différend maritime avec le Liban

Le vice-président du Parlement libanais, Elias Bou Saab, s’exprime au palais présidentiel de Baabda, au Liban, le 3 octobre 2022. (Reuters)
Le vice-président du Parlement libanais, Elias Bou Saab, s’exprime au palais présidentiel de Baabda, au Liban, le 3 octobre 2022. (Reuters)
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Publié le Mercredi 26 octobre 2022

La Syrie est trop occupée pour résoudre le différend maritime avec le Liban

  • Le président Aoun a évoqué le différend avec le président syrien, Bachar al-Assad, lors d’un appel téléphonique ce week-end, avant de charger Elias Bou Saab, le vice-président du Parlement, de se rendre à Damas, à la tête d’une délégation libanaise
  • La Syrie a cependant rejeté mardi la délégation, affirmant que le Liban n’avait pas envoyé de «lettre officielle» et que ses propres négociateurs étaient trop occupés

BEYROUTH: Les efforts pour résoudre un différend frontalier maritime entre le Liban et la Syrie semblent avoir échoué après que Damas a rejeté les tentatives du président libanais, Michel Aoun, de tenir des pourparlers officiels.

Le président Aoun a évoqué le différend avec le président syrien, Bachar al-Assad, lors d’un appel téléphonique ce week-end, avant de charger Elias Bou Saab, le vice-président du Parlement, de se rendre à Damas, à la tête d’une délégation libanaise.

La Syrie a cependant rejeté mardi la délégation, affirmant que le Liban n’avait pas envoyé de «lettre officielle» et que ses propres négociateurs étaient trop occupés. Ce refus laisse le président libanais sans résolution six jours avant la fin de son mandat.

Ali Abdelkarim Ali, l’ambassadeur de Syrie au Liban, déclare après avoir rencontré Michel Aoun mardi: «Le Liban n’a pas envoyé de lettre officielle pour fixer les dates auxquelles les ministres et responsables en Syrie rencontreront la délégation libanaise de manière opportune.»

«Les autorités syriennes se sont donc excusées de ne pas pouvoir recevoir la délégation libanaise, car les responsables syriens ont déjà des engagements antérieurs.»

Le ministère libanais des Affaires étrangères a été informé séparément par la Syrie que «le moment n’était pas approprié pour une telle visite».

Le différend sur la frontière maritime est apparu l’année dernière après que la Syrie a accordé un permis à une société russe pour exploiter une zone revendiquée par le Liban.

La Syrie voudrait lier tout accord à l’identité de la zone des fermes de Chebaa, qui est revendiquée à la fois par Damas, Beyrouth et Israël.

 

L’ambassadeur Ali, à qui le président Aoun a décerné mardi l’Ordre national du Cèdre, affirme que son pays avait «toujours facilité les questions en suspens entre le Liban et la Syrie et qu’il existe un traité de fraternité et de coopération entre les deux pays».

Il demande que «les dirigeants et les ministres concernés se réunissent».

Dans le même temps, la Sûreté générale libanaise a annoncé que des centaines de réfugiés syriens rentreraient volontairement dans leur pays aujourd’hui, dans le cadre de la dernière série d’une initiative de retour qui a débuté en 2017.

Le général Abbas Ibrahim, chef du service, affirme que le retour des Syriens dans leur patrie est un «devoir national que nous devons remplir».

«Il y a près de 2,8 millions de Syriens au Liban, en comptant également les réfugiés; 42 % des prisonniers au Liban sont des Syriens, ce qui exerce une pression supplémentaire sur nous», déclare-t-il, ajoutant que plus d’un demi-million d’entre eux étaient déjà retournés volontairement depuis 2017.

«Le Liban rejette la façon dont certaines organisations humanitaires tentent de nous dicter leur volonté», soutient-il.

«Nous ne céderons pas aux pressions, car l’intérêt du peuple libanais est primordial et nous ne forcerons aucun réfugié à rentrer dans son pays. C’est notre principe et nous cherchons à alléger le fardeau qui pèse sur le Liban.»

Cependant, le responsable d’un camp de réfugiés à Arsal déclare à Arab News que certaines personnes qui s’étaient inscrites pour rentrer avaient «changé d’avis par peur de ce qui pourrait leur arriver».

Lisa Abu Khaled, responsable des médias au sein de l’Agence des nations unies pour les réfugiés (HCR), indique à Arab News: «Le Liban précise qu’il héberge 1,5 million de réfugiés syriens, alors que le nombre des personnes enregistrées auprès de nous est de huit cent vingt-cinq mille. Nous savons qu’il y en a beaucoup plus.»

Le ministre libanais des Affaires sociales, Hector Hajjar, précise que le programme de retour est «sûr et qu’il n’y a aucune pression, qu’il s’agisse d’un petit ou d’un grand nombre de réfugiés qui rentrent chez eux. Nous ne nous soucions pas des chiffres, mais nous nous concentrons plutôt sur la garantie d’un retour en toute sécurité.»

Quelque sept cents réfugiés devraient rentrer en Syrie aujourd’hui. Les Libanais espèrent traiter près de quinze mille cas chaque mois.

«Nous voulons réitérer à la communauté internationale que nous sommes un État souverain», souligne M. Hajjar. «Le Liban a fourni suffisamment de soutien sur les plans financier et sanitaire. Désormais, nous n’avons plus les moyens de prendre en charge de telles dépenses. Nous sommes devenus un pays pauvre et la seule solution est que les réfugiés rentrent chez eux.»

Lors d’une visite dans un camp à Arsal, M. Hajjar a informé les résidents syriens qu’ils retourneraient selon un mécanisme convenu entre les deux pays et que «nous assumons la responsabilité de veiller à ce que tous ceux qui retournent en Syrie soient en sécurité».

La Syrie a quant à elle déclaré qu’elle n’avait «épargné aucun effort pour faciliter le retour» des réfugiés, notamment en votant une loi qui permet de gracier les «terroristes» non recherchés pour meurtre, en promulguant des décrets d’amnistie et en initiant un processus de réconciliation pour les opposants au régime.

Le Liban se conforme à la décision de 2011 de la Ligue arabe de suspendre l’adhésion de la Syrie en raison de la répression brutale des manifestations populaires par le régime.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.