«Arabe de service»: condamnation confirmée en appel de Taha Bouhafs pour injure raciste envers une policière

Taha Bouhafs est en outre condamné, comme en première instance, à payer 2 000 euros de dommages et intérêts à Linda Kebbab, et un euro à la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), également partie civile. (Photo, AFP)
Taha Bouhafs est en outre condamné, comme en première instance, à payer 2 000 euros de dommages et intérêts à Linda Kebbab, et un euro à la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), également partie civile. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 27 octobre 2022

«Arabe de service»: condamnation confirmée en appel de Taha Bouhafs pour injure raciste envers une policière

Taha Bouhafs est en outre condamné, comme en première instance, à payer 2 000 euros de dommages et intérêts à Linda Kebbab, et un euro à la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), également partie civile. (Photo, AFP)
  • La cour d'appel a confirmé le jugement du tribunal correctionnel qui avait reconnu coupable Taha Bouhafs en septembre 2021 du délit d'injure publique à raison de l'origine
  • Sur son compte Twitter à l'époque suivi par 80 000 personnes, Taha Bouhafs commente ces déclarations, en détournant l'acronyme ADS (adjoint de sécurité) et en qualifiant la syndicaliste policière d'«ADS: Arabe de service»

PARIS: Le journaliste Taha Bouhafs a été condamné jeudi en appel à Paris à 1 000 euros d'amende avec sursis pour injure publique à caractère raciste après avoir qualifié la syndicaliste policière Linda Kebbab d'"arabe de service" dans un tweet ensuite effacé. 

La cour d'appel a confirmé le jugement du tribunal correctionnel qui avait reconnu coupable Taha Bouhafs en septembre 2021 du délit d'injure publique à raison de l'origine. 

Elle l'a toutefois infirmé sur la peine et a condamné M. Bouhafs à une amende de 1 000 euros avec sursis, contre 1 500 euros en première instance. 

En juin 2020, au lendemain d'une manifestation contre les violences policières organisée par des proches d'Adama Traoré, jeune homme noir mort en 2016 après son interpellation par des gendarmes, Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat de police Unité SGP-FO, est invitée sur franceinfo. 

Elle affirme alors que, tout en comprenant "la colère et la souffrance" de la famille d'Adama Traoré, son décès n'avait "absolument rien à voir" avec celui de George Floyd aux Etats-Unis, mort étouffé après son interpellation. 

Sur son compte Twitter à l'époque suivi par 80 000 personnes, Taha Bouhafs commente ces déclarations, en détournant l'acronyme ADS (adjoint de sécurité) et en qualifiant la syndicaliste policière d'"ADS: Arabe de service". Un tweet supprimé quelques minutes plus tard car "provoquant", avait-il expliqué. 

Dans sa décision consultée par l'AFP, la cour d'appel a estimé que les propos étaient "outrageants" et avaient "également un caractère raciste puisqu'ils réduisent l'intéressée à son origine arabe, qui lui interdirait de défendre certaines idées sous peine d'être automatiquement présentée comme un alibi de son syndicat ou de l'institution policière". 

"Cette condamnation démontre que nul milieu n'est exempté de comportements racistes et discriminatoires", a réagi dans un communiqué Linda Kebbab. 

"Cette décision s'entête dans la violation de ma liberté d'expression, elle s'entête aussi dans la répression de l'antiracisme politique", a déclaré de son côté Taha Bouhafs, pour qui "la formule utilisée visait à qualifier une stratégie raciste de l'institution policière et dénoncer la position politique de Linda Kebbab". 

Son avocat, Me Arié Alimi, a annoncé qu'il allait former un pourvoi en cassation contre cette décision. 

Taha Bouhafs est en outre condamné, comme en première instance, à payer 2 000 euros de dommages et intérêts à Linda Kebbab, et un euro à la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), également partie civile. 


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.