L’Iran terrorise le monde entier avec ses drones

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Publié le Samedi 29 octobre 2022

L’Iran terrorise le monde entier avec ses drones

  • Depuis une dizaine d’années, l’Iran est impliqué dans une campagne régionale de guerre des milices et de terrorisme international à travers le Moyen-Orient
  • L’Iran est non seulement un fournisseur d’armes à la Russie, mais il fait également participer ses forces au conflit puisqu’il a rejoint la petite coalition russo-biélorusse

Il ne faut pas mettre les drones iraniens entre les mains des Russes, d’autant plus lorsqu’ils font pleuvoir les bombes et la terreur sur Kiev et les villes ukrainiennes presque tous les soirs. Ces drones kamikazes iraniens – le Shahed-136, notamment, avec sa forme caractéristique – sont une puissante arme de terreur.

Il est important de ne pas prendre au pied de la lettre les dénégations du régime iranien selon lesquelles il fournirait un jour de telles armes. Il faudrait également comprendre l’escalade que cela représente concernant l’implication mondiale de l’Iran dans le terrorisme international.

Depuis une dizaine d’années, l’Iran est impliqué dans une campagne régionale de guerre des milices et de terrorisme international à travers le Moyen-Orient. Ses Gardiens de la révolution islamique ont généré, financé et dirigé sur le champ de bataille plusieurs groupes de milices qui ont combattu Israël, les États-Unis, les rebelles syriens, les manifestants irakiens, le gouvernement yéménite internationalement reconnu et les civils qui leur ont fait obstacle.

À un certain moment au cours de la dernière décennie, l’Iran a ajouté une nouvelle capacité à son programme de missiles balistiques déjà bien garni. Parallèlement aux missiles, il a commencé à équiper ses mandataires dans toute la région de drones. Qualifiés de «drones martyrs», ils sont fabriqués à moindre coût et destinés à être un peu plus que des bombes volantes.

Cette campagne iranienne était d’une importance inestimable. Ses attaques contre les seules économies saoudienne et émiratie, ainsi que les attaques contre les pétroliers et les cargos dans le golfe Persique, ont coûté à l’économie mondiale plusieurs centaines de millions de dollars (1 dollar = 1 euro). L’État hébreu s’est alors senti plus nerveux et assiégé lorsque des milices iraniennes armées de drones et de missiles sont apparues des deux côtés de la frontière syro-libanaise.

Mais de nombreux décideurs politiques européens, et même américains, ont rejeté ce qu’ils considéraient comme un effort iranien de fortune utilisant une technologie peu fiable. Comme pour dire que les Arabes et les Israéliens devraient se ressaisir et régler leurs différends et que tout cela n’avait rien à voir avec nous.

«Les dirigeants iraniens mentent en disant avoir fourni les drones, mais la vente a dû être approuvée au plus haut niveau.» - Dr Azeem Ibrahim

Tout cela a changé au cours de cette décennie. Non seulement les États-Unis commencent à se rendre compte de l’incohérence entre le coût d’un missile ou d’un drone iranien d’une valeur de 20 000 dollars ou d’à peine 200 dollars nécessitant une interception Patriot (chaque missile Patriot coûte entre un et trois millions de dollars), mais ils commencent aussi à comprendre que, dans le Golfe, et même en Méditerranée, les drones peuvent terroriser la navigation à tel point que les appuis navals traditionnels pourraient être totalement insuffisants.

Cette situation a suscité une nouvelle façon de penser à Washington – et il était grand temps.

Mais ce n’est rien comparé aux leçons que l'on tire actuellement alors que l’Iran dote la Russie de drones kamikazes.

Chaque nuit, les nations européennes voient des drones iraniens s’écraser sur le réseau électrique ukrainien, soumettant des millions de personnes à des pannes d’électricité et à des pénuries d’eau. Chaque nuit, un drone se déplaçant lentement et équipé d'un moteur de tondeuse à gazon peut s'écraser sur un immeuble, déclenchant un incendie qui détruira la structure et tuera quiconque ne réussira pas à sortir à temps.

Ce sont des tactiques sauvages contre des cibles civiles et l’Iran les soutient entièrement.

Les dirigeants iraniens mentent en disant avoir fourni les drones, mais la vente a dû être approuvée au plus haut niveau. Des formateurs iraniens – probablement une centaine – sont actuellement en Crimée pour piloter les drones, participant ainsi activement à la guerre.

L’Iran est donc non seulement un fournisseur d’armes à la Russie, mais il fait également participer ses forces au conflit. En effet, l’Iran a rejoint la petite coalition russo-biélorusse.

Les dirigeants iraniens ne font pas cela pour l’argent. Ils le font comme une déclaration active de politique et d’intention. Ils souhaitent signaler non seulement l’efficacité de leur technologie en termes de terreur, mais aussi leur volonté de participer activement à cette terreur.

Il ne s'agit même pas d'ingénieurs et d'opérateurs de drones iraniens qui dirigent des drones et des missiles depuis le Yémen vers l’économie pétrolière saoudienne, ou des drones depuis le sud de l’Iran et de l’Irak pour mener des frappes contre Abu Dhabi ou harceler les transports maritimes dans le Golfe. C’est l’Iran qui se joint à une guerre condamnée par la majorité de la planète, afin de prouver au monde la volonté iranienne de soutenir ses alliés en commettant des actes de terreur contre des civils auxquels l’Iran n’a aucune raison historique de s’opposer.

Il s’agit d’un autre signe d’un monde nouveau auquel nous ferons bientôt face: un monde dans lequel les États autoritaires ne s’accorderont pas de soutien diplomatique, ne diffuseront pas leur propagande mutuelle et ne voteront pas ensemble à l’Organisation des nations unies (ONU); désormais, ils se joindront aux guerres de l’autre uniquement dans le but de démontrer leur capacité et leur volonté de terroriser les civils d’une démocratie lointaine.

Cette situation est profondément préoccupante. L’Occident doit rapidement la prendre en compte et réagir de manière décisive pour arrêter les responsables et les punir.

 

 

Le Dr Azeem Ibrahim est directeur du Center for Global Policy. Il est l’auteur de The Rohingyas: Inside Myanmar’s Genocide («Les Rohingyas: à l’intérieur du génocide de Birmanie»), publié aux éditions Hurst en 2017.

Twitter: @AzeemIbrahim 

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com