L'Ukraine dénonce le blocus russe réinstauré, qui rend «impossibles» les exportations de céréales

Une moissonneuse-batteuse à céréales récoltant du blé près de Novoazovsk, à l'extérieur de Marioupol (Photo, AFP).
Une moissonneuse-batteuse à céréales récoltant du blé près de Novoazovsk, à l'extérieur de Marioupol (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 31 octobre 2022

L'Ukraine dénonce le blocus russe réinstauré, qui rend «impossibles» les exportations de céréales

  • Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ce sont en fait, au moins 176 navires transportant plus de deux millions de tonnes de céréales chargées en Ukraine qui sont bloqués par Moscou
  • Le Centre de coordination conjointe (JCC) chargé de superviser cet accord a confirmé qu'aucun mouvement de cargos n'avait été validé pour la journée de dimanche

KIEV : L'Ukraine a dénoncé dimanche des exportations de céréales devenues "impossibles" du fait du blocus russe réinstauré par la Russie après sa sortie la veille de l'accord permettant leur acheminement, après une attaque sur sa flotte en Crimée, que Moscou a imputé à Kiev avec l'aide de Londres.

L'armée russe a assuré dimanche que cette attaque menée à l'aide de drones aériens et marins et qui a touché au moins un navire militaire russe en baie de Sébastopol avait notamment utilisé la zone sécurisée vouée au transport des céréales ukrainiennes.

Selon Moscou, l'un des drones utilisés dans cette attaque pourrait avoir été lancé "depuis l'un des navires civils affrétés par Kiev ou ses maîtres occidentaux pour l'exportation de produits agricoles depuis les ports maritimes d'Ukraine".

Kiev a dénoncé samedi un "faux prétexte" et appelé la communauté internationale à faire pression pour que Moscou "respecte de nouveau ses obligations". Londres a démenti toute responsabilité dans l'attaque en Crimée et Washington et l'UE ont condamné le retrait russe de cet accord essentiel pour l'approvisionnement alimentaire mondial, conclu en juillet sous égide de l'ONU et de la Turquie.

Dans son intervention vidéo quotidienne, le président Zelensky a affirmé dimanche soir que "la Russie est la seule responsable du fait que la nourriture va devenir plus chère en Afrique de l'Ouest et en Asie de l'Est. La Russie est la raison pour laquelle la population, en Éthiopie, en Somalie ou au Yémen, va devoir faire face à des pénuries catastrophiques".

Il a donné en exemple un navire affrété par l'ONU, avec à bord 40.000 tonnes de céréales à destination l’Ethiopie, prêt à quitter le port de  Chornomorsk et qui ne peut le faire. "L’Ethiopie est proche de la famine", a-t-il rappelé.

A Istanbul, le Centre de coordination conjointe (JCC) chargé de superviser l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes a indiqué que la délégation russe participant aux inspections des navires transportant des céréales ukrainiennes s'en retirera "pour une durée indéterminée".

Deux millions de tonnes bloquées

L'accord céréalier avait permis de débloquer des millions de tonnes de produits issus de l'agriculture coincés depuis des mois dans les ports ukrainiens du fait de l'invasion russe. Ces dernières semaines, la Russie avait multiplié les critiques du texte, soulignant que ses propres exportations souffraient du fait des sanctions.

Moscou a assuré être prêt à remplacer les exportations ukrainiennes avec les siennes pour les pays pauvres et a offert de leur donner gratuitement 500.000 tonnes de céréales dans les prochains mois.

Le président américain Joe Biden a jugé la décision russe "scandaleuse". "Il n'y avait aucune raison pour eux de faire cela", a-t-il déclaré.

L'UE a exhorté la Russie à "revenir sur sa décision", qui "met en danger la principale voie d'exportation de céréales et engrais dont on a besoin pour répondre à la crise alimentaire mondiale provoquée par la guerre".

L'ONU, garant de l'accord, a appelé à le préserver. Le secrétaire général de l'organisation, Antonio Guterres, s'est dit dimanche "profondément préoccupé".

Il est engagé dans "d'intenses consultations" afin que la Russie revienne sur sa décision de suspendre l'accord et a décidé, de ce fait, de reporter d'une journée son départ en vue de participer au sommet de la Ligue arabe à Alger mardi, selon un communiqué.

«Détourner l'attention»

Si le Kremlin a répété dimanche être prêt à négocier avec Kiev, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a dénoncé un "écran de fumée". "Le comportement des Russes est tellement prévisible : s'ils commettent un crime le soir, attendez-vous à ce qu'ils proposent des pourparlers le matin", a-t-il écrit sur Twitter.

Sur le front, les combats et bombardements se poursuivaient dimanche avec au moins 10 morts et 13 blessés parmi les civils ces dernières 24 heures, selon le bilan de la présidence.

Dans la région de Kherson, dans le Sud du pays, où est attendue la prochaine bataille d'envergure entre les forces russes et ukrainiennes, les journalistes de l'AFP ont constaté des duels d'artillerie sporadiques dans le village de Kotliarevé, sans provoquer l'émoi chez les locaux.

"Ils tirent beaucoup moins sur nous maintenant", a observé Viktor Romanov, un ouvrier de 44 ans.

L'armée russe a elle assuré avoir mené une frappe sur un centre d'entraînement des services spéciaux ukrainiens à Otchakiv, dans la région de Mykolaïv, dans le Sud. Moscou a assuré samedi que c'est à Otchakiv qu'avait été préparée l'attaque sur sa flotte en Crimée avec l'aide d'experts britanniques.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.