Le président libanais sortant laisse derrière lui le pouvoir vacant

Le président libanais sortant Michel Aoun passe en revue une garde d'honneur en quittant le palais présidentiel, un jour avant la fin officielle de son mandat de six ans, à Baabda, au Liban, le 30 octobre 2022 (Photo, Reuters).
Le président libanais sortant Michel Aoun passe en revue une garde d'honneur en quittant le palais présidentiel, un jour avant la fin officielle de son mandat de six ans, à Baabda, au Liban, le 30 octobre 2022 (Photo, Reuters).
Short Url
Publié le Lundi 31 octobre 2022

Le président libanais sortant laisse derrière lui le pouvoir vacant

  • Un pays volé, un État usé, des institutions sans valeur: le bilan d'Aoun sur le Liban
  • Le Premier ministre libanais promet de continuer à assumer ses responsabilités constitutionnelles

BEYROUTH: Le chef de l'État libanais sortant, Michel Aoun, a lancé dimanche une attaque virulente contre ses adversaires politiques et le système judiciaire du pays, lors de son départ du palais présidentiel.
Dans un discours, le président sortant a déclaré qu'il laissait derrière lui «un pays volé, un État usé et des institutions qui n'ont plus aucune valeur».
Quittant le palais un jour avant l'expiration de son mandat sans successeur désigné – aggravant ainsi la crise politique du pays –  il a reproché au système judiciaire de ne pas faire son travail et a accusé les juges d'accepter des pots-de-vin.
Il a également reproché à ses opposants de l'empêcher de traduire en justice le gouverneur de la Banque centrale du Liban, Riad Salamé– qui fait l'objet d'une enquête dans plusieurs pays européens, dont la Suisse, la France, le Luxembourg et le Liechtenstein, pour blanchiment d'argent et détournement de fonds – qu'il a décrit comme «l'auteur de tous les crimes financiers».
Il a également déclaré que des personnes influentes avaient entravé les tentatives d'enquête sur l'explosion meurtrière du port de Beyrouth, affirmant que le chef du Conseil supérieur de la magistrature avait refusé de nommer quelqu'un pour enquêter sur la catastrophe.
En outre, Aoun a annoncé qu'il avait signé un décret final officialisant la démission du gouvernement intérimaire du Premier ministre Najib Mikati, exacerbant ainsi une lutte de pouvoir de plusieurs mois qui a paralysé le gouvernement.
Dans une lettre adressée au Parlement, il lui demande de ne pas confier au gouvernement sortant les pouvoirs du président, puisqu'il n'a pas réussi à élire un nouveau président dans le délai constitutionnel.
«Ce gouvernement manque de légitimité populaire et donc de légitimité constitutionnelle», a estimé Aoun.
Il a également exigé que le Parlement désigne rapidement un autre Premier ministre pour former un gouvernement avant la fin officielle du mandat présidentiel, lundi à minuit.
Le président sortant s'est vu entouré de milliers de partisans du Courant patriotique libre rassemblés depuis samedi soir pour l'accompagner à son domicile à Rabieh après un mandat de six ans marqué par les crises.
Dans sa lettre, Aoun, accusé par les partis d'opposition d'avoir contribué à enfoncer le pays dans une crise politique et économique sans précédent, a reproché à Mikati d'avoir intentionnellement omis de former un gouvernement afin d'instaurer un vide présidentiel.
«Il cherche à poursuivre avec un gouvernement fonctionnant en mode intérimaire, en plein vide du pouvoir, afin de s'emparer de la présidence», a-t-il déclaré.
Mikati a répondu dans une déclaration, affirmant que le gouvernement continuerait à remplir toutes ses fonctions constitutionnelles, en mode intérimaire, conformément aux dispositions de la Constitution et des règlements, sauf avis contraire du Parlement.
Il a ajouté qu'un décret acceptant la démission d'un gouvernement qui avait déjà démissionné conformément aux dispositions de la Constitution n'avait aucune valeur constitutionnelle.
Mikati a souligné que le «gouvernement démissionnaire» avait déjà été représenté devant le Parlement et avait participé à la discussion des projets de loi, et que le Parlement avait approuvé la plupart d'entre eux, notamment la loi sur le budget général pour 2022.
Le bureau des médias du président du Parlement, Nabih Berri, a confirmé avoir reçu les lettres d'Aoun et de Mikati.
Dans son discours, Aoun a estimé que l'État est «fondé sur la sécurité et le système judiciaire, mais les jugements sont fondés sur la vengeance et non sur la justice, et la vengeance est un crime».
Il a prédit que la prochaine étape serait «plus fatigante, car nous ne pouvons pas nous reposer avant d'avoir sorti le pays de l'abîme dans lequel ils l'ont jeté».
Il a noté qu'il donnerait suite à la formation d'un fonds souverain pour la future richesse pétrolière. «L'argent du peuple est protégé par le peuple.»
Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a déclaré que la prochaine étape marquerait le début d'une «confrontation avec le régime corrompu et les usurpateurs de la Constitution et du pouvoir».
Dans son sermon du dimanche, le patriarche maronite Bechara Boutros al-Raï a mis en garde contre le risque de perturber l'harmonie entre les autorités et de générer un chaos constitutionnel.
Il a exhorté le Parlement à élire un nouveau président, qualifiant le vide présidentiel de conspiration contre le Liban et ajoutant que le temps du dialogue était écoulé.
Selon Al-Raï, «Se mettre d'accord sur un seul candidat est impossible, un nouveau président doit être élu par des sessions de vote successives, accompagnées de consultations et en maintenant en permanence le quorum.»
Il a critiqué les «responsables politiques influents dans notre pays qui disposent des clés pour trouver des solutions, qui ont laissé le peuple libanais gémir sous le fardeau de la pauvreté, des privations, de l'injustice et des déplacements, et ont procédé à la démolition des institutions de l'État une par une, même la présidence, conduisant le pays dans un vide présidentiel, soit délibérément, soit par stupidité, soit par égoïsme».
En l'escortant jusqu'à son domicile dimanche, les partisans d'Aoun ont brandi des branches d'olivier, des bannières du Courant patriotique libre et des drapeaux libanais, ainsi que des photos d'Aoun dans son uniforme militaire lorsqu'il était chef de l'armée dans les années 1980.
Aoun a quitté son bureau en serrant la main de hauts fonctionnaires et de conseillers. Il a ensuite salué le drapeau libanais tandis que l'armée jouait l'hymne national, avant de s'adresser à ses partisans.


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Short Url
  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.


L'Arabie saoudite et l'Iran réaffirment leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin

Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Short Url
  • Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a participé mardi à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint

RIYAD : L’Arabie saoudite et l’Iran ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin lors d’une réunion tenue mardi à Téhéran.

Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a assisté à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint entre l’Arabie saoudite, l’Iran et la Chine.

Les parties saoudienne et iranienne « ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin dans son intégralité, ainsi que leur volonté de renforcer les relations de bon voisinage entre leurs pays, dans le respect de la Charte des Nations unies, de la Charte de l’Organisation de la coopération islamique et du droit international », a indiqué l’Agence de presse saoudienne dans un communiqué.

L’Arabie saoudite et l’Iran ont également salué le rôle positif continu joué par la Chine ainsi que son soutien constant à la mise en œuvre de l’Accord de Pékin.

De son côté, la Chine a réaffirmé sa disponibilité à poursuivre son soutien et à encourager les démarches entreprises par le Royaume et l’Iran pour développer leurs relations dans divers domaines.

Les trois pays ont salué les progrès continus dans les relations saoudo-iraniennes et les perspectives qu’ils offrent à tous les niveaux, a ajouté la SPA.

Les trois pays ont également appelé à une cessation immédiate des agressions israéliennes en Palestine, au Liban et en Syrie.

Ils ont en outre condamné tout acte portant atteinte à l’intégrité territoriale de l’Iran.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Short Url
  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.