Les déserts médicaux, angle mort de l'aménagement du territoire

Avec six millions de Français sans médecin traitant et une progression des déserts médicaux des campagnes jusqu'aux centres-villes, l'idée d'imposer une meilleure répartition territoriale des médecins revient dans le débat. (AFP)
Avec six millions de Français sans médecin traitant et une progression des déserts médicaux des campagnes jusqu'aux centres-villes, l'idée d'imposer une meilleure répartition territoriale des médecins revient dans le débat. (AFP)
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Publié le Jeudi 03 novembre 2022

Les déserts médicaux, angle mort de l'aménagement du territoire

  • Si cette disparité entre Nord et Sud n'est pas nouvelle, étant déjà visible au XIXème siècle, elle s'accroît, estime Xavier Desjardins, professeur en urbanisme à Sorbonne Université
  • Pour rééquilibrer l'offre, l'Etat a relevé le nombre de médecins diplômés dans les régions déficitaires. Des mesures jugées insuffisantes, d'autant que les étudiants s'orientent moins vers la médecine générale

PARIS: Avec six millions de Français sans médecin traitant et une progression des déserts médicaux des campagnes jusqu'aux centres-villes, l'idée d'imposer une meilleure répartition territoriale des médecins revient dans le débat, en l'absence de politique d'aménagement sanitaire contraignante.

"Contrairement à la présence postale, la présence médicale n'est pas vue comme un service public par l'Etat, qui considère qu'elle relève de l'initiative privée puisqu'il s'agit d'une profession libérale", observe le député Guillaume Garot (PS), pour qui "on ne peut pas s'en remettre uniquement au marché".

En 1945, la création de la Sécurité sociale marque la volonté de permettre un accès égalitaire aux soins, tandis que la Constitution garantit "la protection de la santé".

Aujourd'hui pourtant, l'Eure-et-Loir concentre trois fois moins de généralistes que les Hautes-Alpes, la Seine-Saint-Denis 2,5 fois moins de généralistes libéraux que la Savoie, la Creuse 18 fois moins d'ophtalmologues que Paris, selon les statistiques de la Drees.

La faute notamment au "numerus clausus", instauré en 1971, qui a drastiquement restreint l'accès en deuxième année de médecine pour freiner les dépenses de santé et éviter une concurrence médicale débridée. C'était sans compter l'augmentation et le vieillissement de la population.

En cause également, la liberté d'installation des médecins, maintenue depuis 1921, quand d'autres ordres ont accepté une régulation. "Etant libres de s'installer, les médecins préfèrent aller dans les beaux quartiers, sur les littoraux et dans le Sud", constate Emmanuel Vigneron, professeur des universités, géographe et historien de la santé.

Si cette disparité entre Nord et Sud n'est pas nouvelle, étant déjà visible au XIXème siècle, elle s'accroît, estime Xavier Desjardins, professeur en urbanisme à Sorbonne Université.

Pour rééquilibrer l'offre, l'Etat a relevé le nombre de médecins diplômés dans les régions déficitaires. Des mesures jugées insuffisantes, d'autant que les étudiants s'orientent moins vers la médecine générale.

«Courage politique»

Alors que les attaches familiales sont l'un des premiers critères de choix d'installation, les étudiants en médecine sont "majoritairement issus de métropoles et de milieux sociaux favorisés", relève la Drees. A contrario, les jeunes qui grandissent dans les zones dites "sous-denses" (de difficultés d'accès aux soins) "sont freinés, dans leur accès aux études de médecine, par leur éloignement des facultés et par le coût des études".

Face aux déserts médicaux, l'Etat a longtemps misé sur des incitations financières contre l'engagement de s'installer en zone sous-dotée. "On sait aujourd'hui que ça coûte cher pour des résultats décevants", analyse le géographe Guillaume Chevillard, chercheur à l'Irdes.

Le développement récent des maisons de santé, regroupant médecins et paramédicaux, semble en revanche "bien fonctionner", poursuit M. Chevillard.

Des élus dénoncent un manque d'anticipation.

"Il n'y a plus de grand organisateur national du système de santé. Vous doublez cela d'un manque de courage politique et vous avez un système qui se désarticule", juge Emile-Roger Lombertie, maire LR de Limoges.

"On a un gouvernement qui refuse d'être un Etat stratège, alors que seule l'addition des réponses règlera la question", tonne le député PCF Sébastien Jumel, rappelant que "là où la République recule, le repli et la colère progressent".

Des élus s'inquiètent aussi d'une concurrence entre collectivités. "Certaines communes offrent des loyers gratuits, une bourse, une femme de ménage, c'est indécent", condamne Isabelle Dugelet, maire de La Gresle (Loire), réfutant le terme "désert médical", hérité "d'une vision des campagnes d'après-guerre, à l'heure de la fibre".

Gilles Noël, membre de l'Association des maires ruraux de France, reconnaît qu'on a "besoin de renforcer l'attractivité des zones rurales" mais interroge: "Les médecins vont-ils tous les soirs à l'opéra? On n'est pas en Australie, on trouve une école, un club de sport et des activités culturelles à moins de 40 km".

M. Noël accuse aussi "la politique de métropolisation, qui, depuis une quarantaine d'années, a favorisé les grandes villes au détriment du reste, avec des transferts d'unités de soins et de maternités vers les villes".

Interrogé, le vice-président du Conseil national de l'ordre des médecins Jean-Martial Mourgues estime qu'"il n'y a pas eu de politique d'aménagement sanitaire du territoire, pas d'évaluation des besoins". Pour autant, des mesures coercitives reviendraient aujourd'hui, selon lui, "à déshabiller Pierre pour habiller Paul".

A l'Assemblée, l'idée de mesures contraignantes fait toutefois son chemin. Le budget de la Sécu prévoit une quatrième année d'internat avec un stage "en priorité" dans les zones sous-dotées, mais les internes de médecine générale craignent d'être envoyés au casse-pipe.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.