Benoît Dauga, le Grand Ferré concassé par le rugby

Le joueur de l'équipe de Mont-de-Marsan Benoit Dauga est projeté au sol le 12 janvier 1975 à Mont-de-Marsan (Photo, AFP).
Le joueur de l'équipe de Mont-de-Marsan Benoit Dauga est projeté au sol le 12 janvier 1975 à Mont-de-Marsan (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 04 novembre 2022

Benoît Dauga, le Grand Ferré concassé par le rugby

  • Benoît Dauga, mort jeudi à l'âge de 80 ans, a été l'un des hommes du premier Grand Chelem du XV de France
  • Avec ses yeux clairs et perçants et sa grande carcasse (1,95 m), on l'appelait le Grand Ferré, comme le paysan picard doté d'une force prodigieuse

PARIS: Légende du rugby français et du Stade Montois, Benoît Dauga, mort jeudi à l'âge de 80 ans, a été l'un des hommes du premier Grand Chelem du XV de France en 1968 et restera comme l'un des premiers joueurs concassés par le rugby.

Avec ses yeux clairs et perçants et sa grande carcasse (1,95 m), on l'appelait le Grand Ferré, comme le paysan picard doté d'une force prodigieuse qui avait été un héros de la Guerre de Cent Ans.

Dauga, lui, est parti de Montgaillard, en Chalosse, dans les Landes, comme ses équipiers Christian Darrouy et les frères André et Guy Boniface avec lesquels il a formé la bande des Quatre Mousquetaires en équipe de France.

Paralysé
Entre 1964, année de ses débuts en Bleu à 21 ans, et 1972, il a totalisé 63 sélections en deuxième ou troisième ligne, dont neuf comme capitaine, et onze essais. Il a disputé neuf Tournois des cinq nations, dont trois gagnés (1967, 1968, 1970).

Ses premiers pas dans le basket, le deuxième sport dans les Landes, sa taille et son envergure exceptionnelle lui ont permis d'exceller en touche.

Le 12 janvier 1975, à 32 ans, alors qu'il vient d'être rappelé en équipe de France pour encadrer les jeunes, un plaquage met un terme à sa carrière. En plein match avec le Stade Montois, son front cogne la hanche du deuxième ligne de Dijon qu'il essaie de plaquer, sa tête part en arrière: c'est le coup du lapin.

Dauga reste paralysé au sol, seuls ses yeux et ses lèvres bougent. Il est hospitalisé à Bordeaux où les médecins détectent une élongation de la moelle épinière. Il est allongé à côté de Georges Magendie, pilier du Racing victime huit jours plus tôt d'une rupture de la moelle épinière lors d'une action similaire et qui mourra quinze jours plus tard.

Résilience
Dauga est paralysé des quatre membres. Mais après une longue rééducation, il retrouve peu à peu des sensations. Au bout de trois ans, il recouvre son autonomie complète et, lui qui n'avait pas de métier à côté du rugby, rejoint la société Ricard.

C'est l'un des premiers accidents graves et médiatisés du rugby, bien avant les commotions à répétition actuelles. Dauga rejoindra plus tard la Fondation Albert Ferrasse, qui vient en aide aux accidentés du rugby.

Après un passage par l'encadrement de l'équipe de France pendant six ans, il devient entre 2003 et 2007 président de son club de toujours, le Stade Montois.

Benoît Dauga aimait pratiquer la chasse et jouer aux cartes à Mont-de-Marsan, où on pouvait l'apercevoir encore récemment dans les couloirs du stade Boniface.

"Le milieu du rugby ne m'a pas laissé tomber", aimait-il dire pour expliquer la source de sa force de résilience après son accident. Le Grand Ferré et le rugby, c'était donnant-donnant.


Le Fonds de la mer Rouge reçoit les candidatures de cinéastes pour soutenir la production de films

Le Fonds de la mer Rouge a eu une incidence considérable dans le monde du cinéma en apportant son soutien à des films qui ont été présentés et récompensés dans des festivals prestigieux comme la Berlinale et Cannes. (Photo, Fonds de la mer Rouge)
Le Fonds de la mer Rouge a eu une incidence considérable dans le monde du cinéma en apportant son soutien à des films qui ont été présentés et récompensés dans des festivals prestigieux comme la Berlinale et Cannes. (Photo, Fonds de la mer Rouge)
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  • Les organisateurs de la fondation du Festival international du film de la mer Rouge ont annoncé mardi le lancement d’un troisième cycle de subventions de soutien du Fonds de la mer Rouge
  • «Nous sommes vraiment impressionnés par le talent exceptionnel des cinéastes en herbe et de renommée mondiale lors cette 2e édition», confie le directeur du fonds

LONDRES: Les responsables d’un fonds qui offre des subventions pour aider à la production de films arabes et africains accueillent de nouvelles candidatures pour un soutien financier.

Les organisateurs de la fondation du Festival international du film de la mer Rouge ont annoncé mardi le lancement d’un troisième cycle de subventions de soutien du Fonds de la mer Rouge.

Du 6 juin au 2 juillet, ils accueilleront les candidatures de films prêts à passer à l’étape de la production, avec jusqu’à 500 000 dollars (1 dollar = 0,94 euro) disponibles par film pour les cinéastes.

Le directeur du fonds, Emad Eskander, confie: «Nous sommes vraiment impressionnés par le talent exceptionnel des cinéastes en herbe et de renommée mondiale lors cette 2e édition.»

Le troisième cycle de financement soutiendra des projets de réalisateurs en Arabie saoudite, en Afrique et dans le monde arabe en vue de lancer une nouvelle génération de producteurs de films.

«Il est évident que la barre a été placée haut, mais nous ne doutons pas de l’aptitude des cinéastes à relever le défi.»

«Nous sommes convaincus que les cinéastes continueront de repousser les limites de la créativité et de l’innovation en prévision du cycle de production de la 3e édition», ajoute M. Eskander.

Le Fonds de la mer Rouge a eu une incidence considérable dans le monde du cinéma en apportant son soutien à des films qui ont été présentés et récompensés dans des festivals prestigieux comme la Berlinale et Cannes.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Mobile Film Festival Africa: Un tremplin pour les réalisateurs du continent

Pour cette 2e édition du Mobile Film Festival Africa, le Maroc est le pays qui compte le plus de participants. (Photo fournie)
Pour cette 2e édition du Mobile Film Festival Africa, le Maroc est le pays qui compte le plus de participants. (Photo fournie)
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  • Cette année, ils sont plusieurs centaines à avoir tenté leur chance pour remporter les 46 000 dollars de bourses et bénéficier d’un accompagnement dans leur carrière
  • Pour participer, selon les organisateurs, rien de plus facile; il suffit d’envoyer un film d’une minute, réalisé avec son Smartphone

CASABLANCA: Plus qu’une journée avant de connaître le nom des lauréats du Mobile Film Festival Africa. Pour sa 2e édition en Afrique, l’événement a pris ses quartiers dans la capitale marocaine. Cette année, cinquante-quatre finalistes participent au concours. Ils ont chacun réalisé un film d’une minute, à l’aide d’un Smartphone.

Pour les départager, les organisateurs ont fait appel à un prestigieux jury composé de six membres, dont trois Marocains: la comédienne Samia Akariou, la réalisatrice Sofia Alaoui, l’humoriste et président du jury, Gad Elmaleh. Le showman est d’ailleurs en terrain connu; dix ans auparavant, il avait déjà été invité par le fondateur de l’événement, Bruno Smadja, lors de l’édition française.

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Les organisateurs ont fait appel à un prestigieux jury composé de six membres, dont trois Marocains. (Photo fournie)

«On est très fier de l’avoir et je connais de surcroît son immense générosité. Ce qui est amusant, c’est que Guillaume Renusson, le lauréat de l’année où il avait été président du jury, vient de sortir un long-métrage. C’est une jolie boucle, car Gad aussi l’a suivi et nous sommes heureux de cette évolution», explique le créateur du festival.

Cette année, ils sont plusieurs centaines à avoir tenté leur chance pour remporter les 46 000 dollars (1 dollar = 0,94 euro) de bourses et bénéficier d’un accompagnement dans leur carrière. C’est d’ailleurs l’objectif de ce festival né en France en 2005. Dès son inauguration, son créateur avait pour ambition «d’aider de jeunes réalisateurs et leur permettre d’aller plus loin».

Une minute chrono

Pour participer, selon les organisateurs, rien de plus facile. Il suffit d’envoyer un film d’une minute, réalisé avec son Smartphone. Si le «challenge est intéressant», la durée imposée par le règlement représente une «véritable contrainte».

Malgré cette difficulté, en soixante secondes, tous les participants ont réussi à raconter des histoires comiques ou dramatiques en abordant de nombreux sujets de société.

«C'était très important pour nous que ces films aient du sens, qu'ils soient engagés. Je pense que lorsque les réalisateurs répondent à un appel à candidatures, ils savent qu'on est sensible à cela», indique Bruno Smadja à Arab News en français.

Talents du Maroc

Parmi les courts-métrages sélectionnés, douze ont été réalisés au Maroc, notamment: The Craft dans lequel Abdelali Demlak met en avant le travail des artisans; Une porte sur le futur, d’Alia ben Hida qui traite de la migration, ou encore La Vie en rose, de Vanessa Pellegrin.

«C'était très important pour nous que ces films aient du sens, qu'ils soient engagés. Je pense que lorsque les réalisateurs répondent à un appel à candidatures, ils savent qu'on est sensible à cela.»

Dans ce court-métrage, la Franco-Tunisienne, qui a grandi au Maroc, met en lumière le contraste entre la vie réelle et l’univers des réseaux sociaux.

«J’en ai discuté avec mon frère. Il a eu l’idée de parler de ces influenceurs qui n’ont pas la vie qu’ils décrivent, et ça m’a marquée! On a voulu mettre en évidence la dichotomie entre la fiction et la réalité; il s’agissait de montrer le contraste entre la célébrité et la dépendance financière d’une femme de ménage. J’ai d’ailleurs énormément de respect pour ces femmes qui travaillent dur», raconte Vanessa Pellegrin à Arab News en français.

Véritable passionnée, la réalisatrice de deux courts-métrages espère que cette «expérience sera synonyme de tremplin».

Mobile Film Festival à l’international

Pour cette 2e édition du Mobile Film Festival Africa, le Maroc est le pays qui compte le plus de participants. Fort de son succès, cet événement a donné de nombreuses idées aux organisateurs.

«Nous avons pu organiser cette édition au Maroc grâce à Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLU Afrique), une organisation internationale qui a eu l'idée de développer des capitales africaines de la culture. Rabat a décidé d'être la première après le confinement. Nous souhaitons également installer le festival au Maroc sur une édition marocaine et ça me tient à cœur, car ce pays nous a merveilleusement accueillis», confie Bruno Smadja.

Après le 8 juin, date de la cérémonie de remise des prix, l’événement international va poursuivre sa route sur les écrans. Grâce à un partenariat avec six cents salles de cinéma, les films d’une minute seront diffusés dans toute l’Afrique.

Par ailleurs, le fondateur du Mobile Film Festival a l’ambition d’étendre son champ d’action vers un autre continent. En effet, Bruno Smadja espère organiser une nouvelle édition du Mobile Film Festival entièrement dédiée au monde arabe. Des discussions seraient en cours…


Françoise Gilot, une vie et une carrière après Picasso

La peintre française Françoise Gilot (Photo, AFP).
La peintre française Françoise Gilot (Photo, AFP).
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  • Un temps muse de Picasso, elle a été une artiste à part entière pendant plus de 60 ans
  • Évoquant ses sept années de vie commune avec le peintre, elle se comparait à Jeanne d'Arc

PARIS: Françoise Gilot, décédée mardi à 101 ans et qui a été la compagne de Pablo Picasso de 1946 à 1953, s'est imposée comme une peintre de renom après leur séparation, tirant définitivement un trait sur ce passé agité.

Un temps muse de Picasso, elle a été une artiste à part entière pendant plus de 60 ans.

En juin 2021, l'une de ses peintures, "Paloma à la Guitare" (1965), s'était par exemple vendue pour 1,3 million de dollars lors d'enchères chez Sotheby's. Elle faisait le lien entre l'école de Paris des années 50 et la scène américaine, exposant ses peintures, dessins ou estampes dans de nombreux musées et collections privées, d'Europe et des Etats-Unis. Elle avait aussi illustré des livres d'Eluard ou Prévert.

Évoquant ses sept années de vie commune avec le peintre, elle se comparait à Jeanne d'Arc: "Il fallait porter une armure du matin au soir, prouver sa force 24 heures sur 24. Nous étions très mal assortis".

Devenue citoyenne américaine, elle ne s'était d'ailleurs pas rendue à ses obsèques en 1973.

Née le 26 novembre 1921 à Neuilly-sur-Seine (ouest de Paris) dans une famille bourgeoise, elle suit les traces de sa mère, une aquarelliste, pour s'orienter vers le dessin et la peinture.

Brune, élancée, l'air réfléchi, elle a 22 ans quand elle rencontre Picasso, alors âgé de 61 ans et amant de Dora Maar. Il l'invite à venir voir son atelier en mai 1943 et lui fait une cour empressée. L'homme qui a peint "Guernica" est un héros pour elle. Elle le trouve par ailleurs courageux d'être resté à Paris alors qu'il aurait pu s'exiler aux Etats-Unis.

Peut-être davantage fascinée par son extraordinaire présence que véritablement amoureuse, Françoise Gilot le suit à Paris et à Vallauris, vivant avec lui à partir de 1946. Le couple a deux enfants, Claude (né en 1947) et Paloma (née en 1949). Durant leur vie commune, l'artiste la représente sous l'apparence de la "Femme fleur", radieuse, solaire, hautaine.

En 1953, elle décide de le quitter -une première parmi les compagnes de Picasso- et de reprendre sa peinture, optant pour un minimalisme de plus en plus coloré. Il lui faudra un sacré caractère pour se consacrer à sa propre oeuvre quand Picasso n'aurait pu faire qu'une bouchée de ses prétentions artistiques.

«Pas méchant mais cruel»

En 1964, elle publie "Vivre avec Picasso", un livre relativement intime sur sa vie avec l'artiste, qui rencontre un énorme succès (traduit en 16 langues, plus d'un million d'exemplaires vendus). Elle le dépeint comme un être tyrannique, superstitieux et égoïste. Pour elle, cette relation fut "un prélude à (sa) vie. Pas la vie".

"Intellectuellement, dit-elle, nous nous entendions bien, humainement, c'était un enfer. Il n'était pas méchant mais cruel, c'était un sadisme masochiste. (...) A la fin, ma jeunesse lui devenait insupportable, et moi, je changeais aussi".

L'entourage du peintre parle alors d'opportunisme et les amis de Picasso s'éloignent d'elle. Ce dernier tente de faire interdire l'ouvrage mais la justice refuse la saisie. Furieux, il cesse alors de voir ses enfants.

Françoise Gilot a aussi écrit un ouvrage sur les relations, pas simples, entre Matisse et Picasso (1991). Matisse qui, contrairement à Picasso, rendait heureux son entourage, l'appelait "Sainte Françoise"...

Elle a ensuite épousé le peintre Luc Simon, dont elle a eu une fille, Aurélia. En 1970, elle s'est mariée avec l'éminent docteur Jonas Salk, pionnier de la vaccination de la poliomyélite, avec qui elle vivra jusqu'à sa mort en 1995, en Californie.

Par delà les vicissitudes de la vie, Françoise Gilot n'a jamais sacrifié son travail artistique qu'elle a poursuivi avec passion jusqu'au très grand âge.

Elle a passé les dernières années de sa vie à New York.