Liban: Le Parlement décide que le gouvernement intérimaire peut diriger le pays

Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, s'adresse aux journalistes lors de la cérémonie de clôture du 31e sommet de la Ligue arabe à Alger, le 2 novembre 2022 (Photo, AFP).
Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, s'adresse aux journalistes lors de la cérémonie de clôture du 31e sommet de la Ligue arabe à Alger, le 2 novembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 04 novembre 2022

Liban: Le Parlement décide que le gouvernement intérimaire peut diriger le pays

  • L'ancien président Michel Aoun a envoyé une lettre au Parlement dimanche, 24 heures avant la fin de son mandat, demandant aux députés de retirer la confiance au gouvernement de Mikati
  • Mikati a déclaré que si son gouvernement ne s'acquittait pas de ses responsabilités, il serait soumis à la responsabilité constitutionnelle

BEYROUTH: Le Parlement libanais a décidé que le gouvernement intérimaire dirigé par Najib Mikati pourrait obtenir les pouvoirs de la présidence dans un contexte de vacance du pouvoir, conformément aux principes constitutionnels.

L'ancien président Michel Aoun a envoyé une lettre au Parlement dimanche, 24 heures avant la fin de son mandat, demandant aux députés de revenir sur le vote de confiance au gouvernement de Mikati. Il a fait valoir que celui-ci n'avait aucune légitimité et ne devrait pas assumer les fonctions présidentielles.

Le Parlement a tenu jeudi une session sur le sujet. Certains députés ont estimé que la correspondance était inutile étant donné que la Constitution libanaise donne au gouvernement, même intérimaire, le droit de diriger le pays en cas de vide présidentiel. Ils ont souligné que la priorité est d'élire un président, et non de discuter des gouvernements.

D'autres députés, dont le bloc d'Aoun, le Courant patriotique libre, ont déclaré que la lettre transférerait le différend entre Aoun et Mikati au Parlement.

De nombreux représentants ont mis en garde contre le risque qu'un tel conflit ne provoque des conflits sectaires entre les sectes maronite et sunnite.

Après la lecture de la lettre d'Aoun, les députés réformateurs, le parti Kataeb et le député Michel Mouawad ont quitté la salle de l'assemblée au motif que «selon l'article 75, le Parlement n'est plus qu'un organe électoral et n'a pas le droit d'exercer une autre fonction».

Mikati a signalé au cours de la session que si son gouvernement ne s'acquittait pas de ses responsabilités, notamment dans la période intérimaire, il serait soumis à la responsabilité constitutionnelle pour violation de ses devoirs, comme le stipule explicitement l'article 70.

Mouawad a prévenu qu’«il s'agit d'une tentative de créer des tensions sectaires afin de justifier la vacance du pouvoir. Ceux qui veulent défendre les pouvoirs du président doivent se conformer à la Constitution et élire un président.»

Pour Sami Gemayel, chef du parti Kataeb, «la lettre d'Aoun vise à créer des tensions et à attiser les conflits sectaires entre les Libanais.

«Si le but est d'entraîner le Parlement dans des dissensions, il n'est pas nécessaire de tenir cette session car notre mission est d'élire un président.»

Les députés réformateurs ont déclaré que l'élection d'un chef d'État devait être prioritaire par rapport à d'autres questions et que la tenue d'une session pour lire et discuter d'une lettre était une erreur en ce moment.

Selon le député Bilal al-Hachimi, «nous ne voulons pas discuter de questions qui appartiennent désormais au passé. Nous devons élire un président parce que le peuple ne peut plus supporter la situation économique et sociale misérable.»

Le député Ghassan Hasbani, des Forces libanaises, a affirmé que la priorité est d'élire un président sans se laisser distraire par des questions secondaires.

La session, qui s'est déroulée sans la présence des médias, s'est terminée par la recommandation du président du Parlement libanais, Nabih Berri, selon laquelle tout changement du statu quo nécessite un amendement constitutionnel, et que ce n'est pas le moment.

Un débat animé a eu lieu entre Sethrida Tawk Geagea, des Forces libanaises, et le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, au sujet de la représentation populaire du prochain président. Sethrida Geagea a révélé que son mari, Samir Geagea, avait la plus forte base chrétienne en termes de popularité.

Bassil a défendu la lettre d'Aoun après la séance, accusant Mikati de ne pas avoir voulu former un gouvernement avant la fin du mandat d'Aoun et d'avoir délibérément conduit le pays vers une vacance du pouvoir.

Berri a retiré l'appel au dialogue qu'il avait lancé pour se mettre d'accord sur un candidat à la présidence, citant les objections des Forces libanaises et du Courant patriotique libre à une telles discussions entre blocs.

Le délai constitutionnel pour l'élection d'un nouveau président a pris fin avec le mandat d'Aoun, et le Parlement n'a jusqu'à présent pas réussi, après quatre sessions de vote, à présenter un candidat.

Le Hezbollah et ses alliés perturbent délibérément le quorum, émettent des votes blancs, s’abstiennent de nommer un candidat et accusent les autres candidats d’être provocateurs.

Berri, qui a fixé le 10 novembre comme nouvelle date pour le vote, a déclaré: «À partir de la semaine prochaine, nous organiserons une séance de vote hebdomadaire jusqu'à ce qu'un président soit finalement élu.»

Mikati a déclaré dans son discours au sommet arabe de mercredi: «Le phare s'est éteint; le port qui était considéré comme la porte de l'Orient a subi une explosion; et les lumières de l'aéroport, qui devrait être une plate-forme de connexion, sont éteintes en raison du manque de carburant.»

«Les Libanais sont confrontés à la pire crise économique de l'histoire du Liban. Nous plaçons nos espoirs dans nos frères arabes pour qu'ils aident notre pays, alors ne nous laissez pas seuls», a-t-il soutenu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.


Un sénateur américain réclame une action militaire contre le Hamas et le Hezbollah s'ils ne désarment pas

Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
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  • Le sénateur américain Lindsey Graham appelle au désarmement du Hamas et du Hezbollah, menaçant d’une action militaire s’ils refusent, et conditionne toute paix durable à cette étape
  • Malgré des cessez-le-feu fragiles à Gaza (octobre) et avec le Hezbollah (novembre 2024), les tensions persistent, Israël poursuivant des frappes et les médiateurs poussant vers une phase 2 du plan de paix

Jérusalem: L'influent sénateur américain Lindsey Graham a réclamé dimanche une action militaire contre le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais si ces deux mouvements ne démantelaient pas leur arsenal.

Après deux années d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est observé depuis octobre dans le territoire palestinien, bien que les deux parties s'accusent mutuellement de le violer.

Une trêve avec le Hezbollah est également entrée en vigueur en novembre 2024, après deux mois d'une guerre ouverte. Mais Israël continue de mener des frappes en territoire libanais, disant cibler le mouvement islamiste.

Concernant ses deux ennemis, alliés de l'Iran, Israël fait du démantèlement de leur arsenal militaire l'une des principales conditions à toute paix durable.

"Il est impératif d'élaborer rapidement un plan, d'impartir un délai au Hamas pour atteindre l'objectif du désarmement", a affirmé le sénateur républicain lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv.

Dans le cas contraire, "j'encouragerais le président (Donald) Trump à laisser Israël achever le Hamas", a-t-il dit.

"C'est une guerre longue et brutale, mais il n'y aura pas de succès où que ce soit dans la région, tant que le Hamas n'aura pas été écarté du futur de Gaza et tant qu'il n'aura pas été désarmé", a estimé M. Graham.

Depuis le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre à Gaza, les médiateurs appellent à accentuer les efforts pour passer à la prochaine phase d'un plan de paix américain.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

"La phase deux ne pourra pas réussir tant que le Hamas n'aura pas été désarmé", a martelé M. Graham.

- "Grand ami d'Israël" -

Tout en se disant "optimiste" sur la situation au Liban où le gouvernement s'est engagé à désarmer le Hezbollah, M. Graham a brandi la menace d'une "campagne militaire" contre le mouvement.

"Si le Hezbollah refuse d'abandonner son artillerie lourde, à terme nous devrions engager des opérations militaires", a-t-il estimé, allant jusqu'à évoquer, en coopération avec le Liban, une participation des Etats-Unis aux côtés d'Israël.

Plus tôt dimanche, le sénateur a été reçu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a salué en lui "un grand ami d'Israël, un grand ami personnel".

Samedi, les Etats-Unis et les garants du cessez-le-feu --Egypte, Qatar et Turquie-- ont appelé Israël et le Hamas à "respecter leurs obligations" et à "faire preuve de retenue" à Gaza.

Le Hamas appelle de son côté à stopper les "violations" israéliennes du cessez-le-feu.

Vendredi, six personnes, dont deux enfants, ont péri dans un bombardement israélien sur une école servant d'abri à des déplacés, d'après la Défense civile à Gaza, un organisme de secours dépendant du Hamas.