Bagarre lors d’un talk-show libanais : témoignages, réactions et analyses

La bagarre s’est finalement arrêtée après intervention de l’armée libanaise pour calmer la situation (Fichier Twitter)
La bagarre s’est finalement arrêtée après intervention de l’armée libanaise pour calmer la situation (Fichier Twitter)
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Publié le Samedi 05 novembre 2022

Bagarre lors d’un talk-show libanais : témoignages, réactions et analyses

  • « Tout a commencé lorsqu’un partisan du mouvement Marada s’était mis d’accord avec ce qui a été dit contre le CPL. Il se sont alors mis à l’insulter et à lui donner des coups de poing »
  • Certains partisans du CPL ont été blessés au cours de la bagarre avant que l’armée n’intervienne pour calmer la situation.

BEYROUTH : Jeudi soir, des partisans du Courant patriotique libre se sont battus avec des membres du public lors d’une émission en direct de « Sar El-Waet », (qui signifie « Il est temps » en arabe), un talk-show politique sur la chaine libanaise MTV.  

Les violences se sont poursuivies à l’extérieur du studio et des coups de feu ont été tirés. Certains partisans du CPL ont été blessés au cours de la bagarre avant que l’armée n’intervienne pour calmer la situation.

Durant l’émission hebdomadaire, l’animateur Marcel Ghanem aborde des sujets politiques avec des invités et devant un public de militants et de membres de divers partis qui peuvent poser des questions.

Cette capture vidéo montre un homme qui tire avec son arme en dehors du studio.

« Microphones volés, studio vandalisé »

Bien qu’il y ait souvent eu des débats houleux au cours de l’émission, c’était en effet la première fois qu’ils se transformaient en bagarres et coups de feu, et ce, en présence de députés du CPL et de partis réformistes, dont le député de « Khatt Ahmar », Waddah al-Sadek.

La chaine MTV, dont le nom complet est Mur Television, est connue pour son soutien aux Forces libanaises, l’opposant politique du CPL.

D’ailleurs, la chaine a déclaré plus tard que « les partisans du CPL ne sont plus autorisés parmi le public de l’émission jusqu’à nouvel ordre. Cependant, les invités affiliés au CPL sont invités à exprimer leurs positions. »

L’émission en direct a été coupée durant 15 minutes après le début de la bagarre. Lorsqu’elle a repris, Ghanem a exigé que les impliqués soient retirés du studio et qu’ils rendent les microphones volés. Il a également déclaré que certaines caméras avaient été endommagées et des parties du studio vandalisées.

Il a déclaré : « Ce qui s’est passé dans le studio est inacceptable et n’est pas approprié pour un public censé garder son calme, surtout que chacun a eu la possibilité d’exprimer librement son opinion. Nous présentons nos excuses pour ce qui s’est passé à l’antenne et nous veillerons à ce que tout soit placé sous la garde des Forces de Sécurité »

Accusations de corruption

Sadek a affirmé à Arab News : « Après le mandat infructueux de six ans du président Michel Aoun, le CPL estime avoir perdu le pouvoir. Ses partisans n’avaient plus de moyens de perturber et de provoquer des tensions. Tout le monde les déteste. Lorsque des responsables du CPL ont essayé d’accuser les autres d’être corrompus, prétendant lutter contre la corruption, j’ai déclaré que Aoun devrait réévaluer son expérience en matière de gouvernance et s’excuser auprès du peuple pour son échec. »

« Les partisans du CPL dans le public ont perdu leur sang-froid durant les débats. Tout a commencé lorsqu’un partisan du mouvement Marada s’était mis d’accord avec ce qui a été dit contre le CPL. Il se sont alors mis à l’insulter et à lui donner des coups de poing. Par conséquent, la sécurité de MTV les a forcés à quitter le studio. »

Des partisans attendaient devant le siège de MTV

« Il s’est avéré que des partisans armés du CPL attendaient devant le siège de MTV et des coups de feu ont été tirés. Afin de pouvoir sortir du studio, j’ai dû sortir mon arme, escorté par des membres des Forces de sécurité intérieure et de l’armée. »

Dans des messages publiés sur les réseaux sociaux, les partisans du CPL ont déclaré avoir été pris en embuscade par MTV. La chaine les a accusés d’être venus, prêts à causer des ennuis : une femme a été filmée en train d’appeler quelqu’un, lui demandant de venir rapidement au studio.

Le CPL a ensuite publié un communiqué indiquant que le personnel de sécurité du studio a escorté les membres du parti à l’extérieur, où ils ont été battus et menacés avec des armes à feu.

Milices v/s dialogue

L’ancien premier ministre Fouad Siniora a dénoncé les comportements des partisans du CPL.

Il a ajouté « Certains partis politiques tentent de provoquer des tensions politiques et des conflits après avoir subi des pertes et des déceptions, en particulier après avoir échoué à perturber les institutions politiques et constitutionnelles. »

Cette capture vidéo montre un homme qui tire avec son arme en dehors du studio
Cette capture vidéo montre un homme qui tire avec son arme en dehors du studio

Siniora met également en garde contre la propagation des affrontements dans les rues, ainsi que les conséquences que cela engendrait et que le pays ne peut pas supporter.

Les Forces libanaises ont exigé que des mesures juridiques appropriées soient prises le plus tôt possible afin de tenir les auteurs de ces violences responsables, avertissant que tout retard les encouragerait à commettre d’autres actes de ce genre. Ceci menacerait le peu de stabilité qui reste au Liban.

Durant son sermon du vendredi, un religieux du Hezbollah a accusé MTV et le talk-show d’être « payés pour provoquer le public et créer des conflits. »

Le Syndicat de la presse libanaise a déclaré que l’incident allait à l’encontre du principe de préservation du caractère sacré des institutions médiatiques. Il a également mis en garde contre les répercussions des discours de haine.

L’organisation Media for Freedom a attiré l’attention sur le fait que la prédominance de l’activité des milices sur les valeurs du dialogue est le résultat d’une incitation qui motiverait le public partisan à prendre des mesures inacceptables.

Entre temps, le CPL et ses opposants politiques restent enfermés dans une vive controverse sur le vide présidentiel créé à la fin du mandat de Aoun le 31 octobre, sans qu’un accord ne soit trouvé sur son remplacement. Le CPL a refusé de céder les pouvoirs présidentiels au gouvernement intérimaire du Premier ministre Najib Mikati.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.