COP27: L'aide climatique aux pays en développement à l'honneur

Photo de groupe lors de la COP27 à Charm el-Cheikh, mardi (Photo, AFP).
Photo de groupe lors de la COP27 à Charm el-Cheikh, mardi (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 09 novembre 2022

COP27: L'aide climatique aux pays en développement à l'honneur

  • Les pays riches devraient payer des compensations aux pays plus pauvres qui produisent des émissions négligeables, selon le sommet sur le climat
  • L'envoyé saoudien pour les affaires climatiques, Adel al-Jubeir, a souligné que les solutions doivent être fondées sur la logique et la science, et non sur les émotions

CHARM EL-CHEIKH: Les dirigeants d'Afrique et des Caraïbes ont réclamé davantage de financement et de soutien technique de la part des pays les plus riches dans la lutte contre le réchauffement climatique, dans une série de discours prononcés lors de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique en Égypte, la COP27.
S'exprimant lors de la COP27 dans la ville de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a déclaré que l'ensemble du continent africain subit désormais les effets du changement climatique.
Ramaphosa a signalé que l'Afrique devait renforcer sa capacité d'adaptation, mais a également appelé à une coopération multilatérale afin d’atteindre les objectifs de durabilité.
« Le soutien multilatéral est hors de portée pour une majorité de la population mondiale à cause des politiques de prêt et de la conditionnalité. Nous avons besoin d'une feuille de route claire afin de respecter la décision de Glasgow de doubler le financement de l'adaptation d'ici 2025 », a déclaré Ramaphosa, faisant référence au sommet de la COP26 de l'année dernière en Écosse.
À l'ouverture de la conférence de cette année, les pays participants sont convenus d'inclure la question des « pertes et dommages » dans l'ordre du jour principal pour la toute première fois.
La reconnaissance des pertes et des dommages entraînerait le versement, par les pollueurs riches, de réparations aux États plus pauvres qui ne contribuent que de manière négligeable aux émissions, mais qui sont néanmoins confrontés à des dommages inévitables du changement climatique en raison de l'aggravation des inondations, des sécheresses et de l'élévation du niveau des mers.
S'adressant à Arab News en marge du sommet, Adel al-Jubeir, l'envoyé saoudien pour les affaires climatiques, a souligné que la réponse au changement climatique doit être basée sur la science et non sur les émotions.

La Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, a demandé une taxe de 10% imposée aux compagnies pétrolières afin de financer les pertes et les dommages (Photo, AFP).

« L'Arabie saoudite a toujours maintenu que les discussions relatives au changement climatique doivent être fondées sur la logique et la science plutôt que sur les émotions, parce que nous croyons qu'il existe des solutions à ces défis. Si nous joignons nos esprits et nos ressources et les mettons en œuvre, je dirais que les initiatives de l'Arabie saoudite parlent d'elles-mêmes. »
Abordant la question des énergies renouvelables, Al-Jubeir a affirmé que la détermination du Royaume à devenir le premier exportateur mondial d'hydrogène vert démontre son engagement en faveur du bien-être environnemental.
« Nous avons l'intention d'être le plus grand exportateur d'hydrogène vert au monde. Nous voulons nous assurer que non seulement nous prenons part, mais que nous contribuons efficacement à relever les défis du changement planétaire », a-t-il assuré.
Il a ajouté que le lancement des deux initiatives, l’initiative verte saoudienne et l’initiative verte du Moyen-Orient, sont des mesures nécessaires prises pour soutenir les démarches contre le changement climatique.
« L'Arabie saoudite a pris la tête de la mobilisation de la région grâce à son initiative verte du Moyen-Orient, le projet le plus ambitieux au monde en matière de lutte contre la désertification et de plantation d'arbres et d'arbustes afin de réduire le carbone et d'augmenter la production d'oxygène. »
Al-Jubeir a également indiqué que le Royaume avait lancé plus de 60 initiatives dans le but de relever les défis environnementaux, comme la transformation des déchets en énergie, l'écologisation des villes et la protection et la préservation de 30% des terres du pays en tant qu'habitat naturel.
S'exprimant lors de l'inauguration de l'initiative sur le changement climatique en Méditerranée orientale et au Moyen-Orient, le président égyptien, Abdel Fattah el-Sissi, a signalé que les politiques de lutte contre le réchauffement climatique devaient être coordonnées avec les organisations non gouvernementales.
Il a insisté sur le fait que la communauté scientifique jouait un rôle clé dans cette initiative, ce qui la distingue des autres organisations.
« Malgré la responsabilité première des États et des gouvernements à cet égard, les autres parties non gouvernementales doivent jouer des rôles complémentaires et de soutien en fonction de leur responsabilité et œuvrer en faveur des principes de coopération et de participation », a avisé El-Sissi.
« Ce qui distingue l'initiative pour laquelle nous nous réunissons aujourd'hui des autres initiatives et efforts, c'est la composante scientifique qu'elle englobe, qui est indispensable si nous cherchons à aligner nos efforts de lutte contre le changement climatique sur les meilleures données scientifiques disponibles. »
El-Sissi a mentionné que la région a connu des événements climatiques graves ces dernières années, des incendies de forêt, aux inondations et aux pluies torrentielles, qui ont entraîné de nombreuses pertes humaines et financières.
« Nous avons confiance dans les pays qui peuvent entreprendre cette initiative dans le cadre de la coordination des politiques visant le changement climatique », a-t-il déclaré.
« C'est une région qui, comme vous le savez, est l'une des plus touchées au monde par les conséquences du changement climatique et ses effets dévastateurs à tous les niveaux », a-t-il ajouté.
Les dirigeants africains et caribéens ont néanmoins fait valoir que leurs pays ont besoin d'une aide financière urgente pour faire face aux défis climatiques.
Dans son discours lors de la COP27, Evariste Ndayishimiye, président du Burundi, a déclaré qu'il était essentiel que les pays africains reçoivent des fonds suffisants de manière à contribuer à l’accélération de la transition énergétique.
« Le Burundi lance un appel à l'ONU et aux institutions financières internationales pour créer des mécanismes financiers innovants. Ces mécanismes devraient comporter des obligations écologiques et des garanties financières à grande échelle », a-t-il affirmé.
Le président du Ghana, Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, a appelé à une « restructuration radicale de l'architecture financière mondiale ».
Il a prévenu : « Personne ne gagnera si l'Afrique échoue. »
Pendant ce temps, Gaston Browne, Premier ministre d'Antigua-et-Barbuda, a déclaré aux délégués que les compensations aideraient le monde à atteindre ses objectifs climatiques.
« Les pertes et dommages ne doivent pas être considérés sous l'angle de la controverse ; ils doivent être considérés comme un accélérateur de la décarbonisation », a-t-il jugé.
« Nous devons créer ici un fonds de réponse aux pertes et dommages. L'adoption de ce point de l'ordre du jour n'est qu'une étape. Nous attendons avec impatience la mise en place de fonds d'ici 2024. »
Il a également ajouté que l'humanité a besoin d'une action collective pour réduire les émissions nocives, tout en critiquant les entreprises de combustibles fossiles.
Browne, qui s'exprimait au nom de l'Alliance des petits États insulaires composée de 39 pays, a également demandé l'instauration d'une taxe exceptionnelle sur les compagnies pétrolières afin de dédommager les pays en développement pour les pertes causées par les catastrophes naturelles dues au changement climatique.
« Il est grand temps que ces entreprises soient forcées de payer une taxe carbone COP mondiale sur ces profits comme source de financement des pertes et des dommages », a estimé Browne.
« Alors qu’elles réalisent des profits, la planète brûle. »

Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a déclaré que l'ensemble du continent africain subit désormais les effets du changement climatique (Photo, AFP).


Ce lundi, Mia Mottley, Première ministre de la Barbade, a demandé une taxe de 10% imposée aux compagnies pétrolières pour financer les pertes et les dommages.
Lors de la réunion de mardi de l'Initiative sur le changement climatique en Méditerranée orientale et au Moyen-Orient, Abdel Latif Rachid, président de l'Irak, a déclaré que le moment était venu d'agir en ce qui concerne le climat.
« Je crois que nous avons suffisamment d'informations, de connaissances et de technologies pour nous attaquer à ces problèmes », a-t-il assuré, soulignant la nécessité pour tous les pays de soutenir un plan de mise en œuvre et d'apporter des solutions.
« Il faudra du temps pour mettre en œuvre et obtenir les financements nécessaires. Il y a des facteurs directs et indirects qui affectent le climat, comme l'augmentation de la population, qui affecte directement le changement climatique », a souligné Rachid.
« Nous devons nous doter de nouveaux systèmes avec de nouvelles technologies afin de limiter le gaspillage d'eau à l'avenir », a-t-il ajouté.
Nicos Kouyialis, le ministre chypriote de l'Agriculture, a déclaré que la région du Moyen-Orient a été classée par la communauté scientifique comme un point chaud du changement climatique mondial, affirmant qu'une action coordonnée est nécessaire.
« Une action fondée sur des connaissances scientifiques solides est nécessaire pour faire face aux problèmes de changement climatique dans la région du Moyen-Orient », a-t-il signalé.
Le président chypriote, Nicos Anastasiades, a approuvé cette approche, ajoutant : « Je n'ai aucun doute sur le fait que nous agirons de toute urgence, que nous collaborerons et coordonnerons nos efforts, afin de garantir un meilleur environnement pour le futur. »
Kyriakos Mitsotakis, le Premier ministre grec, a indiqué que la sécurité énergétique restait une préoccupation majeure. « Nous avons évoqué avec Abdel Fattah el-Sissi des projets énergétiques visant à assurer un transfert d'énergie plus efficace, non seulement pour une utilisation régionale, mais aussi pour l'exportation vers le marché européen », a déclaré Mitsotakis.
De son côté, Bicher al-Khasawneh, le Premier ministre jordanien, a souligné les répercussions du changement climatique sur l'environnement, l'alimentation et la population.
« Ces répercussions augmentent chaque jour et laissent présager une catastrophe dans le futur », a-t-il prévenu. « C'est pourquoi nous devons lancer une initiative dans le but de faire face à ces effets néfastes du changement climatique. »
« La Jordanie s'engage à respecter et à prendre toutes les mesures pour des solutions globales et à assurer une croissance verte tout en mettant en œuvre nos ambitions nationales. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".