Royaume-Uni: Rishi Sunak se rend au G20 et durcit le ton face à la Chine

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak (Photo, AFP).
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 14 novembre 2022

Royaume-Uni: Rishi Sunak se rend au G20 et durcit le ton face à la Chine

  • Rishi Sunak comptait bien «dénoncer le régime» russe à l'occasion d'un discours à l'assemblée plénière du sommet
  • Downing Street a répété que le soutien du Royaume-Uni à l'Ukraine «ne s'estompera pas et ne changera pas»

LONDRES: Le Premier ministre britannique Rishi Sunak s'est rendu dimanche en Indonésie pour son premier sommet du G20 et va exhorter les autres puissances à s'unir contre les "acteurs malveillants" de l'économie mondiale, dans une attaque à peine voilée contre la Chine.

Chef du gouvernement depuis trois semaines, Rishi Sunak devrait s'entretenir pour la première fois en tête-à-tête avec le président américain Joe Biden lors de cette réunion des grandes puissances à Bali.

S'il va souligner l'importance de l'unité de l'Occident contre la Russie en pleine guerre en Ukraine, M. Sunak souhaite aussi que ses alliés renforcent le système financier international, notamment l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a indiqué Downing Street dimanche soir.

Les pays en développement doivent avoir accès aux crédits pour assurer leur croissance économique sans devenir dépendants de prêteurs "exploitants", devraient déclarer M. Sunak lors du sommet, faisant écho aux critiques formulées par le G7 à l'égard de la Chine.

L'OMC doit également être réformée pour freiner la "manipulation des marchés mondiaux par des acteurs malveillants", doit ajouter le Premier ministre dans une autre attaque à peine voilée contre la Chine, membre du G20.

Concernant l'invasion russe de l'Ukraine, le Premier ministre a répété que le Royaume-Uni "dénoncera le régime de Poutine et mettra à nu son mépris total pour la coopération internationale et le respect de la souveraineté que représentent les sommets comme le G20", a-t-il déclaré dans un communiqué samedi.

Et même si Vladimir Poutine ne participe pas au sommet, Downing Street a confirmé que Rishi Sunak comptait bien "dénoncer le régime" russe à l'occasion d'un discours à l'assemblée plénière du sommet, à laquelle participera le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov.

Certains experts s'étaient demandés si M. Sunak n'allait pas se montrer indulgent envers la Russie au vu de la crise économique qui touche le Royaume-Uni, aggravée par la flambée des prix de l'énergie depuis l'invasion.

Mais Downing Street a répété que le soutien du Royaume-Uni à l'Ukraine "ne s'estompera pas et ne changera pas".

Rishi Sunak doit rentrer à Londres dès jeudi et assister à la présentation du budget par son ministre des Finances, qui devrait présenter des hausses d'impôts et des coupes douloureuses dans les dépenses pour faire face à l'inflation qui dépasse les 10%.

"Mais pour faire face à la plus grande crise économique de la décennie, il faudra un effort concerté des plus grandes économies du monde - ce ne sont pas des problèmes que nous pouvons résoudre seuls", a-t-il déclaré avant de s'envoler pour Bali.


Origines du Covid: les débats s'échauffent à nouveau

Alimentée par une étude récente, l'hypothèse d'une transmission par un animal sauvage domine largement le monde scientifique, mais les partisans d'une fuite de laboratoire ne désarment pas. (Photo, AFP)
Alimentée par une étude récente, l'hypothèse d'une transmission par un animal sauvage domine largement le monde scientifique, mais les partisans d'une fuite de laboratoire ne désarment pas. (Photo, AFP)
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  • Le monde scientifique estime largement que la pandémie a démarré début 2020 parce qu'un animal sauvage avait, quelques mois plus tôt, transmis le virus à l'humain, probablement sur le marché chinois de Huanan
  • Toutefois, quelques chercheurs défendent encore l'hypothèse d'une fuite de laboratoire, a priori l'institut de Wuhan, la ville du marché

PARIS: Trois ans après l'apparition de la Covid-19, les débats sur son origine rebondissent. Alimentée par une étude récente, l'hypothèse d'une transmission par un animal sauvage domine largement le monde scientifique, mais les partisans d'une fuite de laboratoire ne désarment pas.

"Nous ne pouvons pas dire catégoriquement comment la pandémie a commencé", déclarait mi-mars Maria Van Kerkhove, épidémiologiste américaine à l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), au moment où les débats se ravivaient à ce sujet.

Le monde scientifique estime largement que la pandémie a démarré début 2020 parce qu'un animal sauvage avait, quelques mois plus tôt, transmis le virus à l'humain, probablement sur le marché chinois de Huanan.

Toutefois, quelques chercheurs défendent encore l'hypothèse d'une fuite de laboratoire, a priori l'institut de Wuhan, la ville du marché.

La Chine rejette vivement cette théorie, mais a aussi longtemps nié que le marché de Huanan ait pu accueillir des animaux susceptibles de transmettre le virus.

Quoi de neuf ? Les partisans de l'hypothèse du laboratoire ont été encouragés fin février par les propos d'autorités américaines, en particulier le patron du FBI, sur son caractère "très probable".

Mais, par contraste avec leur fort impact médiatique, ces déclarations n'ont guère changé la donne chez les scientifiques.

"Ces propos ne semblent pas se fonder sur de nouveaux éléments et (la fuite de laboratoire, NDLR) reste la moins convaincante des deux hypothèses", juge la scientifique britannique Alice Hughes, spécialiste de la biodiversité, auprès de l'organisme Science Media Center.

Le chien viverrin

Quelques semaines plus tard, les partisans d'une transmission naturelle ont repris l'avantage médiatique, à la faveur d'une étude analysant des prélèvements recueillis début 2020 sur le marché de Huanan.

Plusieurs médias américains, en particulier le New York Times, ont relayé ce travail avant même qu'il soit mis en ligne, le présentant comme une avancée majeure pour appuyer une transmission naturelle.

De quoi s'agit-il ? Début 2020, juste après avoir fermé le marché de Wuhan, les autorités chinoises ont réalisé de nombreux prélèvements sur le site. C'est sur ces données qu'ont travaillé les chercheurs, emmenés par la Française Florence Débarre.

Ils ont repéré l'ADN et l'ARN de plusieurs mammifères sauvages, ce qui permet d'avérer leur présence sur le marché peu avant sa fermeture.

C'est notamment le cas du chien viverrin. Or, on sait que cet animal, qui appartient à la famille canine mais ressemble à un raton-laveur, peut être infecté au coronavirus et, potentiellement, servir d'intermédiaire pour une contamination de la chauve-souris à l'humain.

Ce travail, qui n'a pas été publié dans une revue scientifique, prouve-t-il que le chien viverrin est à l'origine de la pandémie ? Non, et il ne permet même pas d'affirmer catégoriquement que ces animaux étaient infectés, puisque les prélèvements n'ont pas été directement réalisés sur eux.

Données inaccessibles

Toutefois, cette dernière hypothèse apparaît plausible puisqu'à certains endroits du marché l'ADN de ces animaux était très présent à côté de celui du virus, alors qu'on ne retrouvait quasiment pas de génome humain.

Seulement, même à admettre leur infection, il est impossible de dire s'ils ont d'abord contaminé un humain ou si les choses se sont passées dans l'autre sens.

Cette étude constitue "une nouvelle pièce du puzzle qui appuie un lien entre le marché animal de Wuhan et l'origine de la pandémie", mais "pas une preuve irréfutable", tranche, sur le site The Conversation, le virologue Connor Bamford de la Queen's university  de Belfast.

Pour lui, il faudrait disposer de prélèvements plus anciens (fin 2019, quand la Covid émergeait à bas bruit) et directement effectués sur des animaux.

Or, c'est un problème majeur dans les recherches sur l'origine de la Covid: il est quasiment impossible d'accéder aux données brutes. C'est même le cas de celles sur lesquelles a travaillé l'équipe de Mme Débarre.

Elles étaient disponibles sur une plate-forme accessible aux chercheurs (Gisaid) mais, depuis, ont été retirées à la demande des chercheurs chinois qui les avaient mises en ligne.

"On a des données absolument cruciales qui permettent d'éclairer le début de la pandémie (mais) on ne peut pas les partager parce que ce ne sont pas les nôtres", regrette auprès de l'AFP Mme Débarre.

Or, "plus il y a de personnes qui se penchent dessus, plus on parviendra à extraire d'informations", souligne-t-elle.


Netanyahu accueilli à Londres sous les huées des opposants à sa réforme judiciaire

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak salue le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur les marches du 10 Downing Street à Londres, le 24 mars 2023, avant leur rencontre. (Photo, AFP)
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak salue le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur les marches du 10 Downing Street à Londres, le 24 mars 2023, avant leur rencontre. (Photo, AFP)
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  • Après Rome et Berlin, M. Netanyahu poursuit à Londres son offensive diplomatique pour tenter de convaincre les pays occidentaux de s'opposer à un retour à l'accord sur le programme nucléaire de l'Iran
  • Son déplacement au Royaume-Uni intervient dans un contexte très tendu en Israël, où un projet de réforme de la justice qui entend limiter les prérogatives de la Cour suprême est perçu par ses détracteurs comme une dérive antidémocratique

LONDRES: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rencontré vendredi son homologue britannique Rishi Sunak au 10 Downing Street, aux abords duquel des centaines de manifestants se sont rassemblés pour protester contre son projet controversé de réforme judiciaire.

Après Rome et Berlin, M. Netanyahu poursuit à Londres son offensive diplomatique pour tenter de convaincre les pays occidentaux de s'opposer à un retour à l'accord sur le programme nucléaire de l'Iran, ennemi numéro un d'Israël.

Mais son déplacement au Royaume-Uni intervient dans un contexte très tendu en Israël, où un projet de réforme de la justice qui entend limiter les prérogatives de la Cour suprême est perçu par ses détracteurs comme une dérive antidémocratique.

M. Sunak a souligné lors de la rencontre "l'importance de respecter les valeurs démocratiques qui fondent la relation (entre les deux pays), y compris dans le projet de réforme judiciaire en Israël", selon un porte-parole à Downing Street.

Depuis l'annonce de ce projet début janvier, par l'un des gouvernements les plus à droite de l'histoire d'Israël, des manifestations massives ont lieu toutes les semaines dans le pays.

Devant Downing Street vendredi matin, des centaines de personnes arborant des drapeaux israéliens ont manifesté, criant notamment "honte, honte, honte" en hébreux et en anglais.

"Je pense que Netanyahu est en train de prendre le contrôle de la Cour suprême pour faire d'Israël une dictature et nous devons nous y opposer aussi fortement que possible", affirme à l'AFP Alon, un Israélien d'une cinquantaine d'années vivant à Londres.

"C'est de la colère, de la tristesse, c'est juste difficile de croire (qu'Israël) est en train de devenir une dictature. C'est important d'être ici, parce que peut être qu'à un moment ils n'auront plus le droit de manifester en Israël", témoigne encore Dana Drori, 30 ans, venue avec ses deux filles.

Des dizaines de manifestants brandissant des drapeaux palestiniens ont également manifesté pour protester contre "l'occupation" israélienne dans les territoires palestiniens.

Partenariat stratégique

Lors de leur rencontre, les deux dirigeants "ont discuté de la grande inquiétude du Royaume-Uni et d'Israël face à l'activité déstabilisatrice de l'Iran" et sont d'accord pour travailler ensemble face au "risque de prolifération nucléaire", selon Downing Street.

Ils se sont aussi félicités de la signature mardi d'une "feuille de route" destinée à renforcer à long terme le partenariat stratégique entre les deux pays, notamment dans les domaines de la tech et de la sécurité.

Selon le gouvernement britannique, la coopération commerciale entre les deux pays représente environ 7 milliards de livres. Plus de 400 entreprises de la tech israéliennes sont implantées au Royaume-Uni.

Concernant le conflit palestinien, M. Sunak "a souligné l'inquiétude à l'international concernant les tensions en Cisjordanie".

Il a "encouragé tous les efforts pour une désescalade, particulièrement à l'approche des célébrations religieuses", alors que le conflit israélo-palestinien est aspiré dans une nouvelle spirale de violence ayant fait déjà plus de cent morts depuis le début de l'année.

Benjamin Netanyahu doit aussi s'entretenir à Londres avec la très conservatrice ministre de l'Intérieur Suella Braverman, pour discuter de la lutte antiterroriste.


Espagne: le premier grand incendie de l'année toujours hors de contrôle

Au total, en 2022, près de 500 feux ont calciné plus de 300 000 hectares dans le pays, selon le Système européen d'information sur les feux de forêt (EFFIS). (Photo d'illustration, AFP)
Au total, en 2022, près de 500 feux ont calciné plus de 300 000 hectares dans le pays, selon le Système européen d'information sur les feux de forêt (EFFIS). (Photo d'illustration, AFP)
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  • Selon le gouvernement de la région de Valence, où se trouve la province de Castellón, 450 pompiers, soutenus par 22 moyens aériens, luttaient contre les flammes qui ont déjà dévasté 3 000 hectares de végétation
  • Cet incendie s'est déclaré jeudi après-midi dans la localité de Villanueva de Viver et a entraîné l'évacuation d'environ 1 500 personnes dans la région de Valence et dans celle voisine d'Aragon

MADRID: Le premier grand incendie de l'année en Espagne, qui a entraîné l'évacuation d'environ 1.500 personnes, restait hors de contrôle vendredi dans l'est du pays en raison de conditions propices à l'avancée des flammes.

"Nous sommes face à un incendie plutôt typique de l'été", s'est inquiété, sur la radio publique RNE, Manolo Nicolás, porte-parole des pompiers de la province de Castellón où s'est déclaré cet incendie.

Intervenant depuis Bruxelles, où il a participé à un sommet européen, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a jugé qu'un tel "incendie si tôt (dans l'année) est une preuve de plus de l'urgence climatique que vit l'humanité et qui affecte tout particulièrement des pays comme le nôtre".

"La seule chose que je peux demander" à la population "est de faire preuve de la plus grande prudence" face à "ce terrible incendie", a-t-il insisté, en promettant de "mettre toutes les ressources" possibles pour l'éteindre.

Selon le gouvernement de la région de Valence, où se trouve la province de Castellón, 450 pompiers, soutenus par 22 moyens aériens, luttaient contre les flammes qui ont déjà dévasté 3 000 hectares de végétation.

Cet incendie s'est déclaré jeudi après-midi dans la localité de Villanueva de Viver et a entraîné l'évacuation d'environ 1 500 personnes dans la région de Valence et dans celle voisine d'Aragon, a expliqué la numéro deux du gouvernement régional valencien, Aitana Mas.

"Les ingrédients parfaits d'un incendie de ces caractéristiques" sont réunis, a souligné Manolo Nicolás, en citant la sécheresse des derniers mois et une "grande quantité de combustible", c'est-à-dire notamment de broussailles, dans les forêts.

Il a par ailleurs souligné l'impact du vent venant de l'est, qui va se renforcer durant les heures à venir, compliquant la tâche des pompiers.

La zone qui suscite le plus de craintes se trouve à proximité de la localité touristique de Montanejos, qui a dû être évacuée alors que ses hôtels étaient pleins, a indiqué sur RNE son maire, Miguel Sandalinas.

"Aujourd'hui, il va faire 30 degrés" alors que nous sommes "en plein mois de mars", s'est-il désolé, en dénonçant les conséquences du "changement climatiques.

L'été dernier, l'Espagne a été frappée par des incendies particulièrement dévastateurs et a été le pays le plus touché d'Europe.

Au total, en 2022, près de 500 feux ont calciné plus de 300 000 hectares dans le pays, selon le Système européen d'information sur les feux de forêt (EFFIS).