Iran: Macron favorable à «une réaction diplomatique forte»

Le président français Emmanuel Macron arrive pour assister au sommet du G20, à l'aéroport international Ngurah Rai de Denpasar, sur l'île balnéaire indonésienne de Bali, le 14 novembre 2022. (AFP).
Le président français Emmanuel Macron arrive pour assister au sommet du G20, à l'aéroport international Ngurah Rai de Denpasar, sur l'île balnéaire indonésienne de Bali, le 14 novembre 2022. (AFP).
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Publié le Lundi 14 novembre 2022

Iran: Macron favorable à «une réaction diplomatique forte»

  • «Je suis favorable à ce que nous ayons une réaction diplomatique forte et des sanctions sur les personnalités du régime qui ont une responsabilité dans la répression de cette révolution», a déclaré le président Macron
  • Les ministres des Affaires étrangères de l'UE devaient discuter lundi à Bruxelles de nouvelles sanctions, avec l'ajout probable d'une trentaine de noms aux personnes ou entités déjà ciblées par l'UE

PARIS : Le président français Emmanuel Macron s'est déclaré lundi "favorable" à "une réaction diplomatique forte" face à l'Iran, qu'il a accusé de mener une "répression inédite" depuis le début de "la révolution" enclenchée il y a deux mois.

"Je suis favorable à ce que nous ayons une réaction diplomatique forte et des sanctions sur les personnalités du régime qui ont une responsabilité dans la répression de cette révolution", a déclaré le président dans un entretien réalisé vendredi à l'Elysée après sa rencontre avec quatre militantes iraniennes et diffusé sur la radio publique France Inter.

"Nous n'écartons aucune option", a-t-il ajouté, en rappelant que le régime iranien était déjà soumis à de nombreuses sanctions.

Les ministres des Affaires étrangères de l'UE devaient discuter lundi à Bruxelles de nouvelles sanctions, avec l'ajout probable d'une trentaine de noms aux personnes ou entités déjà ciblées par l'UE.

L'UE va approuver de nouvelles sanctions contre l'Iran

L'Union européenne va approuver lundi de nouvelles sanctions visant une trentaine de responsables iraniens, en réponse à la répression des manifestations engendrées par la mort de Mahsa Amini.

"Aujourd'hui, nous allons approuver un nouveau train de sanctions à l'encontre des personnes responsables de la répression des manifestants" en Iran, a annoncé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, après s'être entretenu la veille avec le ministre iranien des Affaires étrangères.

"Nous allons approuver les sanctions préparées par nos services. Elles visent une trentaine de personnes", a confirmé le ministre luxembourgeois Jean Asselborn.

Téhéran a annoncé une réponse "proportionnée et ferme". "Nous sommes prêts à cette éventualité, mais ce sera une erreur", a averti Josep Borrell.

L'UE a gelé le mois dernier les avoirs et interdit de visas les responsables de la police de la "moralité", des gardiens de la révolution et le ministre iranien des Technologies de l'information.

Les ministres des Affaires étrangères de l'UE réunis à Bruxelles vont également discuter de l'implication de l'Iran dans le conflit en Ukraine, avec la livraison à la Russie de drones kamikazes utilisés pour frapper des infrastructures énergétiques civiles en Ukraine.

Le mois dernier, l'Union européenne a également imposé un gel des avoirs et une interdiction de visa au fabricant iranien de drones et à trois hauts responsables militaires pour ces livraisons.

Certains États membres font pression pour que l'UE élargisse les mesures punitives concernant les livraisons d'armes à la Russie.

Un haut responsable de l'UE a déclaré que l'Union examinait les informations faisant état d'une éventuelle livraison de missiles balistiques par l'Iran à la Russie et qu'elle sanctionnerait davantage Téhéran en cas d'envoi d'armes.

M. Borrell a déclaré ne disposer à ce jour d'"aucune preuve" concernant la livraison de missiles balistiques.

L'UE se livre à un exercice délicat avec Téhéran, car Josep Borrell joue un rôle de médiateur pour relancer l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien.

Les efforts pour ramener l'Iran et les États-Unis à bord de l'accord sont largement au point mort. "L'accord n'est pas en bonne voie, vous savez, il est dans l'impasse, mais le travail se poursuit", a déclaré M. Borrell.

Bruxelles a imposé des sanctions mi-octobre contre la "police des moeurs" iranienne et 11 hauts fonctionnaires.

Emmanuel Macron entend parler "dans les semaines à venir" avec le président Ebrahim Raïssi, après une première rencontre fin septembre en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York.

"La diplomatie, c'est de parler avec des gens avec lesquels on n'est pas d'accord et d'essayer de faire oeuvre utile", a plaidé le président français, qui avait été critiqué par des opposants iraniens pour avoir rencontré Ebrahim Raïssi à New York.

Il a en outre jugé que la perspective de relancer l'accord sur le nucléaire iranien était "très fragilisée par la situation intérieure en Iran". Faute de "nouvelles progressions" attendues, "il nous faut construire un nouveau cadre", selon lui.

Pour discuter des enjeux régionaux, Emmanuel Macron a dit espérer "réussir à tenir, en fin d'année, une conférence de Bagdad avec tous les pays voisins et une représentation de l'Iran", après la première rencontre qui s'était tenue en Irak en août 2021.

Face aux quatre militantes iraniennes reçues vendredi à l'Elysée, le président leur a dit "notre admiration, notre respect et notre soutien, car leur combat est celui d’un universalisme de liberté auquel nous croyons".

L'Iran a fustigé dimanche cette rencontre et dénoncé "une violation flagrante des responsabilités internationales de la France".

Une militante présente à l'Elysée, Roya Piraei, dont la mère a été tuée lors des manifestations, a dit son souhait de se rendre au Royaume-Uni, où vit sa soeur, même si Emmanuel Macron a indiqué que la France était prête à l'accueillir.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.