Selon Ankara, la branche syrienne du PKK serait à l’origine de l’attaque sanglante à Istanbul

Les gens pleurent les victimes de l’explosion du 13 novembre dans la rue commerçante animée d’Istiklal, à Istanbul, le 14 novembre 2022. (AFP)
Les gens pleurent les victimes de l’explosion du 13 novembre dans la rue commerçante animée d’Istiklal, à Istanbul, le 14 novembre 2022. (AFP)
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Publié le Mardi 15 novembre 2022

Selon Ankara, la branche syrienne du PKK serait à l’origine de l’attaque sanglante à Istanbul

  • La Turquie devrait renforcer la sécurité de ses frontières et prendre des précautions supplémentaires contre les cellules potentielles à l’intérieur du pays
  • La Turquie a lancé plusieurs opérations militaires transfrontalières en Syrie et dans le nord de l’Irak contre les cachettes du PKK

ANKARA: Lors d’un raid nocturne, la police d’Istanbul a arrêté une Syrienne de 23 ans, Ahlam al-Bachir, principale suspecte dans l’attentat à la bombe qui a tué six personnes et blessé quatre-vingt-un individus dans la ville dimanche.

Le ministre turc de l’Intérieur, Süleyman Soylu, annonce que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et sa branche syrienne, le Parti de l’union démocratique (PYD), sont à l’origine de l’explosion sur l’avenue Istiklal, qui, dimanche dernier, a pris des civils pour cible.

Dans un communiqué publié par l’agence de presse Firat, le PKK a nié toute implication dans l’attaque, mais les sources du renseignement turc insistent sur le fait qu’il y a joué un rôle important.

istanbul
Une photo non datée, publiée par la police turque, montre une accusée non identifiée arrêtée à Istanbul, en Turquie. (Reuters)

La suspecte principale avoue qu’elle a été entraînée par des militants kurdes en Syrie et qu’elle est entrée illégalement en Turquie par la région d’Afrin, située au nord-ouest de la Syrie et actuellement contrôlée par les troupes turques.

Dans les images de vidéosurveillance, on la voit qui porte un hijab et des vêtements de camouflage au moment où elle quitte la zone avec un sac chargé de bombes télécommandées.

On compte parmi les victimes de l’attaque une petite fille de 3 ans et son père, un employé du ministère de la Famille et des Services sociaux dans la province méridionale d’Adana. Ils étaient en vacances à Istanbul.

La Maison Blanche a publié un communiqué de presse dans lequel elle déclare que les États-Unis «condamnent fermement l’acte de violence et se tiennent aux côtés de leur allié de l’Otan, la Turquie, dans la lutte contre le terrorisme».

M. Soylu a cependant ouvertement critiqué les États-Unis pour leur soutien aux militants kurdes en Syrie, affirmant que «le manque de sincérité de nos alliés qui envoient officiellement de l’argent est évident» et comparant la présentation des condoléances à l’arrivée du meurtrier sur les lieux du crime.

Les analystes de la sécurité insistent sur le lien entre le PKK et l’attaque, se fondant sur des observations des précédentes attaques.

«Cette fois, le PKK semble viser des civils dans un endroit bondé d’une métropole afin d’avoir une plus grande incidence sur l’opinion publique et d’attirer davantage l’attention avant les élections prévues l’année prochaine», a déclaré à Arab News Erol Bural, colonel à la retraite et chef du Centre de recherche pour la lutte contre le terrorisme et la radicalisation d’Ankara.

«Les opérations antiterroristes qui ont lieu actuellement en Turquie ont sérieusement affaibli le poids militaire du PKK au sein du pays et dans sa région, ce qui a également sapé les capacités organisationnelles du groupe ainsi que son soutien populaire. Le seul moyen de le regagner était le terrorisme, par un attentat à la bombe destiné à punir la Turquie», a-t-il poursuivi.

Selon M. Bural, le PKK utilise ce procédé contre les civils pour instiller la peur; son but est de rappeler qu’il représente toujours une menace et qu’il est capable de répéter de tels actes.

La Turquie tient les Unités de protection du peuple (YPG) et le PYD pour des affiliés au PKK, un groupe armé classé comme organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et la Turquie.

La Turquie a mené trois opérations dans le nord de la Syrie contre les YPG, tandis qu’une quatrième était attendue cette année, mais elle n’a jamais été exécutée.

Le PKK a mené une insurrection armée de près de quatre décennies contre l’État turc, ce qui a coûté la vie à plus de quarante mille personnes. Le groupe compte plusieurs membres exilés en Suède.

Dans le cadre du consensus nouvellement établi entre la Turquie et la Suède pour donner le feu vert à la candidature d’adhésion du pays scandinave à l’Otan, le ministre suédois des Affaires étrangères du nouveau gouvernement a récemment déclaré que Stockholm devait se «distancier» des YPG et du PYD, qui contrôlent une grande partie du nord de la Syrie.

«Il existe un lien trop étroit entre ces organisations et le PKK», a déclaré le ministre des Affaires étrangères Tobias Billström à Sveriges Radio.

Le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, s’est récemment rendu à Ankara pour discuter des détails de l’adhésion du pays à l’Otan.

M. Bural pense que la dernière attaque d’Istanbul peut également véhiculer un message menaçant envers les pays européens, impliquant que des actes similaires pourraient également se produire dans leurs pays s’ils en arrivaient à restreindre un jour la présence du PKK et ses activités de propagande.

«Désormais, le PKK peut mener ses actes terroristes dans les grandes villes en utilisant ses réseaux et ses mandataires à l’intérieur de la Turquie ou en déployant des combattants en provenance de l’étranger.»

«Dans les deux cas, la Turquie devrait renforcer la sécurité de ses frontières et prendre des précautions supplémentaires contre les cellules potentielles à l’intérieur du pays.»

«Chaque année, environ deux cents actes terroristes amorcés par divers groupes sont déjoués en Turquie, mais l’un d’eux a échappé au radar de sécurité et a fait tant de victimes innocentes», déplore M. Bural.

Le PKK est considéré comme l’un des principaux suspects dans l’explosion, mais les experts attirent également l’attention sur le facteur iranien dans de tels actes de terrorisme en Turquie compte tenu des récents désaccords entre les deux pays.

Le 22 juillet, Kataib Seyid el-Suheda, une milice soutenue par l’Iran en Irak, a partagé une photo de la place Taksim, à Istanbul, avec le slogan suivant: «Nous serons partout où nous voulons être.»

Le même compte a publié une autre vidéo le 24 juillet.

«Nos yeux sont rivés sur Istanbul. Les partisans d’Abou Alaa el-Vali sont au cœur de la Turquie, tout comme ils l’étaient jadis», indique le message, faisant allusion au chef de la milice soutenue par l’Iran.

Quelques heures à peine avant l’attaque d’Istanbul, un article iranien controversé accusait également le chef du renseignement turc, Hakan Fidan, de promouvoir le séparatisme azerbaïdjanais et d’avoir joué un rôle dans l’attaque terroriste contre un sanctuaire religieux chiite qui a tué quinze personnes dans la ville iranienne de Chiraz le 22 octobre dernier.

Daech a revendiqué cet attentat.

Des milices chiites pro-iraniennes ont déjà été accusées d’être à l’origine d’attaques à la roquette contre une base turque du nord de Mossoul, en Irak après des frappes aériennes turques qui visaient le PKK là-bas.

La Turquie a lancé plusieurs opérations militaires transfrontalières en Syrie et dans le nord de l’Irak contre les cachettes du PKK après l’intensification des attaques terroristes sanglantes entre 2015 et 2017, qui ont tué des centaines de civils ainsi que des membres du personnel de sécurité.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.


L'envoyé de Trump rencontre Netanyahu, Israël face à des critiques accrues

L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël
  • Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël

Jérusalem, Non défini: L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël.

Après 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, la bande de Gaza est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire distribuée par camions ou larguée depuis les airs.

Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël, selon la Défense civile locale qui a fait état de 38 Palestiniens tués jeudi.

Plusieurs dizaines de corps gisaient empilés à la morgue de l'hôpital al-Chifa dans le nord de Gaza, dans l'attente d'être collectés par leurs proches, a constaté un correspondant de l'AFP.

"Le moyen le plus rapide de mettre fin à la crise humanitaire à Gaza est que le Hamas CAPITULE ET LIBÈRE LES OTAGES !!!", a déclaré le président américain Donald Trump sur X.

Rien n'a filtré de la rencontre entre MM. Witkoff et Netanyahu mais en début de semaine, M. Trump a semblé se distancer de son allié israélien en évoquant une "vraie famine" à Gaza.

Avant l'arrivée jeudi de l'émissaire de M. Trump, des dizaines de mères et proches d'otages encore aux mains du Hamas ont manifesté devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, exigeant un "accord global" qui garantirait la libération des 49 otages encore détenus à Gaza, dont 27 ont été déclarés morts par l'armée.

- "Position minoritaire" -

L'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive dévastatrice à Gaza qui a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza jugées fiables par l'ONU. La campagne aérienne et terrestre a dévasté le territoire et provoqué un désastre humanitaire.

Le chef de la diplomatie allemande Johann Wadephul a lui rencontré à Jérusalem son homologue israélien Gideon Saar, avant de rencontrer M. Netanyahu.

Avant de décoller pour Israël, M. Wadephul a estimé qu'Israël était "de plus en plus en position minoritaire", alors qu'un "nombre croissant de pays, y compris européens, sont prêts à reconnaître un Etat palestinien sans processus de négociation préalable".

Ces visites interviennent après la multiplication des alertes d'organisations internationales sur une famine à Gaza et l'échec de négociations indirectes, sous médiation américaine, qatarie et égyptienne, entre Israël et le Hamas en vue d'un cessez-le-feu.

Le gouvernement israélien a annoncé dimanche une pause limitée dans l'offensive afin de permettre l'acheminement de l'aide dans le petit territoire pauvre où s'entassent plus de deux millions de Palestiniens.

Mais ces aides sont jugées insuffisantes par les organisations internationales face aux besoins immenses de la population.

- "Pression déformée"

Le Portugal a indiqué jeudi envisager de reconnaître l'Etat de Palestine, après que plusieurs pays dont le Canada, la France et le Royaume-Uni ont annoncé leur intention de faire de même en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre.

Une telle reconnaissance reste néanmoins largement symbolique en raison du refus d'Israël de la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Dans ce contexte, Israël a dénoncé une "campagne de pression internationale déformée" venant "récompenser le Hamas et nuire aux efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza".

Les Etats-Unis, qui ont dénoncé les annonces sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, ont imposé des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), accusant les deux organismes d'avoir pris des mesures pour "internationaliser leur conflit avec Israël" et de "continuer à soutenir le terrorisme".

Le gouvernement Netanyahu, qui veut chasser le Hamas de Gaza et a annoncé son intention de contrôler le territoire, semble peiner à trancher sur une solution politique d'après-guerre.

Dans ce contexte, la frange la plus radicale de sa coalition gouvernementale plaide pour un retour des colonies à Gaza, évacuées en 2005 avec le retrait unilatéral israélien du territoire après 38 ans d'occupation.

L'armée israélienne a par ailleurs annoncé le retrait du nord de Gaza de sa 98e Division, composée d'unités parachutistes et de commandos d'élite, qui a "se prépare désormais à de nouvelles missions".


Une experte de l’ONU : « La famine imposée à Gaza est une atteinte grave à la dignité humaine »

Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
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  • Alice Jill Edwards dénonce une privation prolongée de nourriture entraînant malnutrition, défaillances d’organes et décès, notamment chez les nourrissons et femmes enceintes
  • « Des règles changeantes, une distribution militarisée et l’incertitude permanente sur l’accès aux besoins de base provoquent désespoir, stress et traumatismes », alerte-t-elle

NEW YORK: La rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture, Alice Jill Edwards, a exprimé mercredi sa vive inquiétude face à l’augmentation du nombre de décès liés à la famine parmi les Palestiniens de Gaza.

Elle a qualifié la famine infligée aux civils de « meurtrière, inhumaine et dégradante », appelant à une aide humanitaire rapide et sans entrave vers l’enclave dévastée.

« Priver des gens de nourriture, d’eau et de dignité constitue une violation grave et répétée dans ce conflit. Cela doit cesser », a-t-elle déclaré, citant des rapports « choquants » de civils tués en faisant la queue pour se nourrir, et des cas généralisés de faim et de malnutrition.

Elle a alerté sur un risque croissant de famine généralisée à Gaza, soulignant que toutes les parties au conflit ont des obligations juridiques, au regard du droit international, d’assurer un accès à l’eau et à la nourriture pour les civils sous leur contrôle, et de faciliter l’aide humanitaire.

« Ils ne doivent ni voler, ni détourner, ni bloquer délibérément l’acheminement de l’aide », a-t-elle averti.

Elle a décrit les « conséquences physiologiques catastrophiques » de la privation prolongée de calories : malnutrition, défaillance d’organes et décès, touchant particulièrement les groupes vulnérables comme les nourrissons et les femmes enceintes.

« L’impact psychologique d’un tel déni est d’une cruauté intrinsèque », a-t-elle poursuivi.

« Des règles constamment changeantes, des distributions militarisées, et une incertitude quotidienne sur l’accès aux besoins fondamentaux plongent les gens dans un désespoir et une détresse extrêmes. »

Elle a salué l’annonce par Israël de pauses humanitaires permettant au Programme alimentaire mondial d’opérer pendant trois mois, tout en soulignant que « davantage doit être fait » pour mettre fin aux hostilités et établir une paix durable fondée sur la solution à deux États.

« Personne ne devrait subir l’humiliation de devoir mendier pour se nourrir, surtout quand des stocks suffisants sont disponibles », a-t-elle déclaré.

Edwards a également renouvelé son appel à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, à la libération des Palestiniens détenus arbitrairement, et à la mise en place d’enquêtes indépendantes sur les allégations de torture, de mauvais traitements et d’éventuels crimes de guerre, de la part de toutes les parties.

Elle a indiqué avoir exprimé ses préoccupations à plusieurs reprises aux autorités concernées et continuer de réclamer une pleine reddition de comptes.

Les rapporteurs spéciaux font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Ils sont indépendants, ne sont pas membres du personnel des Nations unies et travaillent bénévolement.