Elon Musk défend au tribunal les milliards qu'il a gagnés chez Tesla

En costume noir et cravaté, il a répondu aux questions pendant environ deux heures et demi (Photo, AFP).
En costume noir et cravaté, il a répondu aux questions pendant environ deux heures et demi (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 17 novembre 2022

Elon Musk défend au tribunal les milliards qu'il a gagnés chez Tesla

  • Un actionnaire reproche à Elon Musk, Tesla et certains membres du conseil d'administration, d'avoir indûment autorisé en 2018 «le plus gros plan de rémunération jamais attribué à un dirigeant»
  • Le plan de rémunération en question mercredi prévoit de verser à Elon Musk des actions Tesla en fonction de l'atteinte de plusieurs objectifs sur dix ans

WILMINGTON: Elon Musk s'est extirpé pendant quelques heures mercredi des turbulences chez Twitter pour défendre devant un tribunal l'énorme plan de rémunération que Tesla lui a accordé en 2018, affirmant que le succès du fabricant de véhicules électriques était à l'époque loin d'être garanti.

Alors que la production dans les usines peinait à monter en puissance, "mon temps était presque entièrement dédié à Tesla", a-t-il affirmé lors de son audition devant une cour du Delaware.

"La probabilité de survie (du groupe) était extrêmement basse", a rappelé le multi-entrepreneur qui raconte régulièrement que le constructeur était en 2018 tout près de la faillite.

Elon Musk est poursuivi, aux côtés de Tesla et de certains membres du conseil d'administration, par un actionnaire qui leur reproche d'avoir indûment autorisé en 2018 "le plus gros plan de rémunération jamais attribué à un dirigeant".

Son entrée s'est faite en toute discrétion: une Tesla noire s'est garée à l'arrière de l'enceinte, directement dans une tente installée pour l'occasion.

En costume noir et cravaté, il a répondu aux questions pendant environ deux heures et demi.

Il était censé prendre la parole dans cette même salle lors d'un procès l'opposant à Twitter, avant qu'il ne se décide à honorer son engagement et à débourser 44 milliards de dollars pour racheter le réseau social fin octobre.

Il est depuis sous forte pression, entre le licenciement de plus de la moitié des employés, la fuite des annonceurs, les avertissements de diverses autorités et le lancement confus de nouveaux produits.

Une fois la frénésie des débuts passée, "je pense que je réduirai le temps que je passe à Twitter et trouverai quelqu'un d'autres pour diriger" l'entreprise, a souligné Elon Musk. Une "restructuration fondamentale de l'organisation" sera "probablement" terminée cette semaine, a-t-il ajouté.

56 milliards

Le plan de rémunération en question mercredi prévoit de verser à Elon Musk des actions Tesla en fonction de l'atteinte de plusieurs objectifs sur dix ans. Il était estimé lors de son adoption à 56 milliards de dollars. De quoi alimenter sa fortune et l'aider à se hisser au rang d'homme le plus riche au monde.

Selon le plaignant, Richard Tornetta, Elon Musk a dicté ses termes aux administrateurs qui, au vu de leurs relations avec l'emblématique entrepreneur ou de leurs intérêts personnels, n'étaient pas suffisamment indépendants pour s'y opposer. Et ce alors qu'il ne travaillait même pas à temps plein pour Tesla dans la mesure où il est aussi à la tête de la société spatiale SpaceX et des start-up Neuralink et The Boring Company.

Richard Tornetta, qui estime également que les actionnaires de Tesla n'avaient pas toutes les informations pertinentes quand ils ont approuvé le plan, demande son annulation.

Le procès, sans jury, a débuté lundi et se poursuivra jusque vendredi. Plusieurs membres du conseil d'administration, anciens et actuels, y témoignent, dont Ira Ehrenpreis lundi, Robyn Denholm mardi, ainsi qu'Antonio Gracias et James Murdoch, le fils du magnat des médias Rupert Murdoch, mercredi.

L'objectif du plan était d'inciter Elon Musk à "se concentrer sur les objectifs de Tesla", a souligné Antonio Gracias. Rien ne l'y oblige à consacrer un temps minimum à l'entreprise mais l'homme d'affaires "ne facture pas à l'heure", a-t-il relevé en soulignant qu'au vu de l'explosion de la valeur de Tesla en Bourse depuis 2018, le plan a fonctionné et les actionnaires ont été largement récompensés.

Quant aux objectifs à atteindre, James Murdoch s'est rappelé avoir été "frappé par leur ambition".

Elon Musk a assuré ne pas avoir participé à l'élaboration du plan, même si des documents montrés à l'audience suggèrent qu'il en a parlé avec des membres du conseil d'administration et des cadres.

L'avocat du plaignant l'a interrogé sur la gouvernance à Tesla et ses relations amicales avec les membres du conseil d'administration. Il a aussi évoqué le temps consacré à Tesla en mentionnant ses multiples autres centres d'intérêt, des lance-flammes commercialisé par Boring au parfum qu'il a récemment lancé en passant par sa proposition de paix pour l'Ukraine et ses débuts à la tête de Twitter.

La décision de la juge chargée de l'affaire, qui s'occupait aussi du dossier opposant Elon Musk au réseau social, est attendue dans quelques semaines ou quelques mois.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.