Le sommet L'Oréal for the Future affiche ses engagements en matière de développement durable

L'Oréal Middle East a organisé son premier L'Oréal for the Future Summit à Dubai. (Photo, Zeina Zbibo)
L'Oréal Middle East a organisé son premier L'Oréal for the Future Summit à Dubai. (Photo, Zeina Zbibo)
Short Url
Publié le Mardi 22 novembre 2022

Le sommet L'Oréal for the Future affiche ses engagements en matière de développement durable

  • Les consommateurs veulent de plus en plus de marques qui ont un but; des marques qui sont là pour redonner à la société et pour aider à relever le défi environnemental
  • Le L'Oréal for the Future Summit est le fruit des efforts continus du groupe en faveur du développement durable

DUBAÏ: Alors que les gouvernements et les militants se réunissaient à la Conférence des nations unies sur le changement climatique (COP27), en Égypte, pour discuter des défis environnementaux, L'Oréal Middle East a organisé son premier L'Oréal for the Future Summit abordant des questions similaires.

Dans une interview accordée à Arab News en français, Laurent Duffier, directeur général de L'Oréal Middle East et Rohini Behl, responsable du développement durable pour la région de l’Asie du Sud, du Pacifique, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (SAPMENA), ont partagé leurs points de vue sur les tendances de l'industrie affectant la région, ainsi que sur les jalons et les engagements du groupe en matière de développement durable.

Le groupe s'est engagé à atteindre 100 % de neutralité carbone sur tous les sites industriels d'ici à 2025, en recyclant et en réutilisant 100 % de l'eau et des déchets industriels générés sur les sites d'ici à 2030 et en menant des initiatives soutenant les efforts et les discussions en matière de développement durable conformément à la COP27.

Tendances majeures qui influencent l'industrie de la beauté

L'industrie de la beauté est en constante évolution avec un changement de comportement et de préférences des consommateurs vers des produits durables. La période postpandémie de Covid-19 a vu une hausse de la demande pour certaines catégories de produits, tels que les soins de la peau et les dermocosmétiques.

La pandémie a également déclenché une accélération de la transition vers une consommation axée sur la santé. «Les gens veulent prendre soin d'eux-mêmes et les soins de la peau font partie des catégories qui permettent de le faire, entre autres», déclare Laurent Duffier.

L'attention portée au bien-être et aux moyens d'y parvenir influence l'offre dans un marché de plus en plus sophistiqué, également porté par l'essor du e-commerce dans la région, permettant aux consommateurs d'accéder à un plus large éventail de marques et de produits.

L'avènement de nouveaux services numériques est un autre élément alimenté par la pandémie. «Désormais, vous pouvez évaluer votre maquillage sur votre Smartphone avant de l'acheter, et recevoir un diagnostic immédiat», ajoute M. Duffier.

La dernière tendance observée sur le marché est «que les consommateurs cherchent de plus en plus des marques qui ont un but, des marques qui redonnent à la société et aident à relever le défi environnemental», affirme Laurent Duffier.

Laurent Duffier, directeur général de L'Oréal Middle East
Laurent Duffier, directeur général de L'Oréal Middle East. (Photo, Zeina Zbibo)

À l’échelle régionale, le e-commerce (représentant près de 30 % de l'activité de L'Oréal dans le monde) et le marché dermocosmétique se développent de façon similaire à la tendance mondiale. «En Arabie saoudite, L'Oréal assiste à une accélération du marché en ligne. Les ventes de parfums et des soins capillaires ont été très dynamiques, notamment ces derniers mois, et en hausse depuis 2021», précise-t-il.

Cette année, L'Oréal a enregistré une hausse de 20,9 % de ses ventes.

Initiatives de développement durable

Le L'Oréal for the Future Summit est le fruit des efforts continus du groupe en faveur du développement durable. Cela a commencé par un programme intitulé «Sharing Beauty with all». En 2020, ce dernier a laissé la place à un autre programme: L’Oréal for the Future.

«Nous devons agir vite et tous ensemble, entreprises, gouvernements, particuliers pour faire de notre mieux afin de réduire le réchauffement climatique», déclare le directeur général.

Alors que le premier programme portait sur la réduction des émissions de carbone tout en développant l'activité du groupe (L'Oréal a augmenté le nombre d'unités produites de quelque 30 %, tout en diminuant les émissions de carbone de 80 %), L’Oréal for the Future est un programme complet qui couvre tout le cycle de vie du produit depuis la formulation et la production jusqu'à la consommation, ainsi que le suivi du recyclage.

En plus d'atteindre la neutralité carbone sur l'ensemble de ses sites d'ici à 2025, le groupe a mis en place une technologie appelée «waterloop factories» permettant aux usines de recycler indéfiniment l'eau pendant le processus de production.

Plusieurs initiatives sont déployées localement. L'une d’entre elles se concentre sur la gestion de l'eau, visant à réduire de 60 % le volume d'eau utilisé dans les salons de coiffure, avec la mise en œuvre de la technologie en Arabie saoudite et dans la région prévue pour janvier 2023.

La deuxième initiative concerne l'autonomisation des femmes: un projet développé en collaboration avec l'industrie de la coiffure en Arabie saoudite. «Historiquement, cette industrie reposait sur les expatriés. Avec la vision 2030 et l'accent mis sur l'augmentation de la participation des femmes et de l'accès à l'emploi dans tous les secteurs, il est nécessaire de former des milliers de coiffeuses saoudiennes au cours des prochaines années», souligne Laurent Duffier.

L'Oréal s'est associé à la Princess Nourah University pour créer un programme de formation de coiffeuses pour les Saoudiennes. «Un programme de six mois qui couvre l'ensemble du métier de coiffeur. Quatre-vingts pour cent des diplômées ont immédiatement trouvé un emploi», indique M. Duffier.

La troisième initiative consiste à recycler quatre-vingt-douze tonnes de plastique pour célébrer le 92e anniversaire de l'Arabie saoudite, un projet mené par Garnier, en partenariat avec une entreprise saoudienne de recyclage du plastique.

Le recyclage du plastique va augmenter pour atteindre l'objectif 2030 du groupe selon lequel 100 % du plastique utilisé devra être recyclé ou biosourcé.

«C'est notre devoir de soulager l'écosystème en recyclant davantage de plastique, car l'un des défis que nous connaissons actuellement est qu'il n'y a pas assez de plastique recyclé sur le marché», déclare Laurent Duffier.

Proposer des produits innovants, sensibiliser et communiquer avec les consommateurs est essentiel dans la transition vers des comportements plus durables.

Approvisionnement solidaire et aide à la régénération de la nature

Un autre programme, baptisé «Solidarity Sourcing», travaille avec les communautés et les producteurs. «Le but est de faire passer nos ingrédients de l'approvisionnement à la régénération, une partie de cet objectif se traduisant par un programme d'inclusion sociale et l'impact qu'il peut avoir sur les communautés», explique Rohini Behl.

Rohini Behl, responsable du développement durable pour la région de l’Asie du Sud, du Pacifique, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (SAPMENA) - (Photo, Zeina Zbibo)
Rohini Behl, responsable du développement durable pour la région de l’Asie du Sud, du Pacifique, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (SAPMENA) - (Photo, Zeina Zbibo)

La région SAPMENA est importante pour le groupe, notamment avec l'évolution des chaînes d'approvisionnement mondiales et la nécessité de trouver des sites d'approvisionnement alternatifs. La zone qui s'étend du «Maroc à Melbourne» est stratégique en termes de croissance et de base de consommation. «Nous devons nous assurer que nous nous développons de manière responsable sur ces marchés qui ont des empreintes variées et multiculturelles», ajoute-t-elle.

L'investissement dans la recherche et le développement est essentiel dans la transition verte. Historiquement, l'offre était à base de produits chimiques, mais dorénavant, les préférences des consommateurs se tournent vers des produits plus naturels, motivant l'engagement du groupe à produire 95 % de ses formules à partir de «abundant minerals» («minéraux abondants») ou d'ingrédients biosourcés d'ici à 2030.

«Comme les consommateurs voudront toujours consommer, nous devons limiter les émissions et investir dans la régénération de la nature», souligne Mme Rohini.

À cette fin, et pour redonner à la communauté, L'Oréal a dédié un fonds de cinquante millions d’euros pour la régénération de la nature, qui vise à préserver un million d'hectares. Ce seront les puits de carbone du futur.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Short Url
  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.


Pourquoi le chocolat reste cher avant Noël malgré la baisse du prix du cacao

Des producteurs récoltent du cacao dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby-Tiassa, le 4 décembre 2025. (AFP)
Des producteurs récoltent du cacao dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby-Tiassa, le 4 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Après des récoltes déficitaires ayant fait exploser les prix du cacao en 2024, la production repart en Côte d’Ivoire et au Ghana grâce à la hausse du prix payé aux producteurs, entraînant une baisse des cours mondiaux
  • Malgré cette accalmie, les consommateurs ne verront pas les prix du chocolat baisser pour Noël, car les coûts élevés ont déjà conduit à des hausses tarifaires, des réductions de portions et une baisse de la teneur en cacao

LONDRES: Après être montés en flèche pendant deux ans, les cours du cacao sont largement retombés cette année, mais sans répercussion sur les prix du chocolat à quelques jours des fêtes de fin d'année. Explications.

- L'Afrique de l'Ouest est le coeur de la production -

La Côte d'Ivoire et le Ghana sont les principaux fournisseurs de cabosses, les fruits du cacaoyer, desquels sont extraits les fèves de cacao utilisées pour le chocolat.

Ces deux pays d'Afrique de l'Ouest concentrent plus de la moitié de la production mondiale, le reste étant principalement réparti entre le Nigeria, le Cameroun, ainsi que l'Equateur, l'Indonésie et le Brésil.

Cette concentration de la production mondiale dans quelques zones géographiques rend le marché très vulnérable aux aléas climatiques de l'Afrique de l'Ouest et aux maladies des cacaoyers.

- Les prix ont battu des records en 2024 -

Les récoltes des "saisons 2021-2022, 2022-2023, et 2023-2024 ont été déficitaires" par rapport à la demande, entraînant une hausse mécanique des prix, explique à l'AFP Oran Van Dort, de Rabobank.

Ce déficit s'explique selon lui par les mauvaises conditions météorologiques, mais aussi des problèmes systémiques dans les plantations ghanéennes et ivoiriennes, comme "le vieillissement des arbres, la propagation du "swollen shoot virus" (oedème des pousses du cacaoyer) ou la faible utilisation d'engrais et de pesticides", faute de revenus suffisants.

Résultat, en décembre 2024, le prix du cacao a atteint le niveau inédit de 12.000 dollars la tonne à la Bourse de New York, lui qui s'échangeait entre 1.000 et 4.000 dollars depuis les années 80.

- La récolte de fèves a redécollé ces derniers mois -

Au Ghana et en Côte d’Ivoire, le prix payé aux producteurs est fixé par l'État, qui l'a largement augmenté pendant l'année 2025, après l'avoir longtemps maintenu inchangé malgré la hausse des cours.

"Pour la première fois depuis des années, j'ai l'impression que nous cultivons avec le soutien du gouvernement", témoigne auprès de l'AFP, Kwame Adu, de la région d'Ahafo au Ghana.

La hausse des revenus a permis aux producteurs d'acheter des engrais et des machines pour améliorer la récolte, ainsi que de planter de nouveaux arbres, favorisant leurs perspectives.

"L'année passée (saison 2024/2025, ndlr), ça s'est bien passé parce qu'au moment où le cacao a donné les fruits, il y avait la pluie", explique aussi à l'AFP Jean Kouassi, agriculteur ivoirien de 50 ans, qui possède 4 hectares de plantation.

- Il y a moins de cacao dans les produits -

"Le coût record des matières premières a contraint les fabricants de chocolat à prendre une série de décisions impopulaires: réduction des quantités, augmentation des prix", mais aussi la "dilution discrète de la teneur en cacao" dans les produits, souligne Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.

La pratique peut même coûter l'appellation "barre au chocolat" à certains produits, comme c'est arrivé aux biscuits Penguin et Club de la marque McVitie's cette année au Royaume-Uni, qui impose un minimum de teneur en cacao.

La demande des géants comme Mondelez, Mars, Ferrero ou Nestlé s'est affaiblie, ce qui, ajouté à la bonne récolte 2024-2025, a entraîné une baisse des cours. La tonne de cacao évolue désormais à New York aux alentours de 6.000 dollars.

- Le chocolat reste cher -

La baisse des prix du cacao ne profitera pas aux amateurs de chocolat durant les fêtes, celle-ci arrivant "bien trop tard pour affecter les assortiments de Noël déjà produits et dont les prix ont été fixés il y a plusieurs mois", tranche Ole Hansen

"Les récentes fluctuations des prix du cacao sont encourageantes, mais le marché reste volatil (...) il est encore trop tôt pour se prononcer sur des changements spécifiques concernant les prix", reconnaît Nestlé, interrogé par l'AFP.

L'espoir demeure pour les oeufs et les lapins de Pâques, selon M. Hansen, à condition que le marché se stabilise autour des niveaux actuels.


EDF inaugure en Guadeloupe son premier compensateur synchrone pour stabiliser le réseau

Le logo du géant français de l'énergie EDF est visible au siège social de l'entreprise à Marseille, dans le sud de la France, le 10 octobre 2025. (AFP)
Le logo du géant français de l'énergie EDF est visible au siège social de l'entreprise à Marseille, dans le sud de la France, le 10 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • EDF a inauguré en Guadeloupe un compensateur synchrone de 180 tonnes, une première mondiale destinée à stabiliser un réseau insulaire en forte transition vers les énergies renouvelables
  • L’équipement, sans émission de CO₂, doit réduire les coûts et renforcer la sécurité électrique

PARIS: EDF a inauguré mercredi en Guadeloupe son premier compensateur synchrone, une machine de 180 tonnes destinée à stabiliser un réseau insulaire non interconnecté, une "première mondiale" pour l'électricien.

Installé sur le site industriel de Jarry, près de Pointe-à-Pitre, l'équipement sera "mis en service très prochainement", a indiqué à la presse Hugo Gevret, qui a piloté ce projet. Il s'agit d'"un gros alternateur qui tourne à vide" et contribue à maintenir la tension et à soutenir la fréquence du réseau, deux paramètres essentiels dans un système isolé.

Dans les systèmes électriques traditionnels, cette stabilité est assurée par les turbines lourdes des centrales thermiques ou nucléaires. Leur masse en rotation fournit une inertie mécanique qui amortit naturellement les variations de fréquence.

Mais la Guadeloupe, engagée vers la décarbonation et l'autonomie énergétique d'ici 2035, doit intégrer davantage d'énergies renouvelables, dont l'intermittence ne fournit pas cette sécurité. "L'éolien et le photovoltaïque (...) n'apportent pas cette inertie qu'on recherche dans un système électrique: c'est le rôle du compensateur", souligne encore Hugo Gevret.

Son rotor en rotation permanente imite l'inertie mécanique d'une centrale classique, sans brûler de combustible. La machine peut absorber ou injecter de l'énergie réactive pour maintenir la tension, et réagir en quelques millisecondes aux fluctuations du réseau, un paramètre crucial dans un territoire non interconnecté.

L'investissement, engagé en 2019, atteint plus de 20 millions d'euros. La machine doit "faire économiser cinq millions d'euros à la collectivité et 30.000 tonnes annuelles de CO2", précise Hugo Gevret car contrairement aux turbines à combustion utilisées jusqu'ici pour stabiliser le système, elle n'émet aucun gaz à effet de serre.

Ce dispositif constitue pour l'électricien une "première mondiale", a rappelé Marie-Line Bassette, directrice régionale d'EDF. Selon elle, d'autres installations sont prévues dans les territoires ultramarins, pour lesquels des appels d'offres ont été lancés.

L'archipel a été frappé ces dernières années par des délestages et coupures à répétition, aggravés par des conflits sociaux dans le secteur de l'énergie. En 2024, une grève avait même provoqué un black-out total de plus de 36 heures.