De Marioupol à Francfort, le deuxième exil d'un survivant de la Shoah

Le survivant ukrainien de l'Holocauste Borys Shyfrin est assis sur un banc dans le jardin de sa maison de soins à Francfort-sur-le-Main, dans l'ouest de l'Allemagne, le 2 novembre 2022. (AFP).
Le survivant ukrainien de l'Holocauste Borys Shyfrin est assis sur un banc dans le jardin de sa maison de soins à Francfort-sur-le-Main, dans l'ouest de l'Allemagne, le 2 novembre 2022. (AFP).
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Publié le Samedi 26 novembre 2022

De Marioupol à Francfort, le deuxième exil d'un survivant de la Shoah

  • Borys Shyfrin compte parmi ces Juifs ukrainiens, survivants de la Shoah, qui ont trouvé refuge dans le pays dont le régime hitlérien a persécuté la famille pendant la Seconde Guerre mondiale
  • S'il n'avait «aucune envie» de quitter Marioupol où il avait une «belle vie» avant l'invasion russe, le retraité a dû s'y résoudre durant le siège de la cité portuaire par l'armée russe, qui a fini en mai par prendre son contrôle

BERLIN : Borys Shyfrin a dû fuir son pays lorsqu'il était enfant pour échapper aux nazis. Huit décennies plus tard, c'est en Allemagne que cet Ukrainien a trouvé refuge, au seuil de son existence.

"Il ne me reste plus que ces affaires", soupire le vieil homme de 81 ans en désignant, dans l'armoire de sa chambre, quelques chemises offertes par des bénévoles.

Cette pièce ne se trouve plus à Marioupol, sa ville d'origine dans le sud de l'Ukraine, mais à Francfort, dans l'ouest de l'Allemagne, où il est hébergé dans une maison de retraite depuis le mois de juillet.

Borys Shyfrin compte parmi ces Juifs ukrainiens, survivants de la Shoah, qui ont trouvé refuge dans le pays dont le régime hitlérien a persécuté la famille pendant la Seconde Guerre mondiale.

S'il n'avait "aucune envie" de quitter Marioupol où il avait une "belle vie" avant l'invasion russe, le retraité a dû s'y résoudre durant le siège de la cité portuaire par l'armée russe, qui a fini en mai par prendre son contrôle.

"Il n'y avait plus de gaz, plus d'électricité, pas d'eau non plus", raconte-t-il à l'AFP, serrant le pommeau de sa canne entre ses mains.

Odyssée

Dans la ville pilonnée durant des mois, les cadavres jonchaient les rues, se souvient-il. "Il y en avait tellement... personne ne les ramassait. Les gens s'y sont habitués - personne n'y prêtait plus attention."

Veuf, cet ancien ingénieur en radio militaire a perdu le contact avec son fils unique depuis plusieurs années. Lorsque son immeuble a été touché par les tirs, il s'est réfugié avec ses voisins dans la cave.

Un rabbin et des volontaires ont finalement permis sa fuite, une odyssée terrestre l'a conduit à travers le sud de l'Ukraine, la Russie et le Bélarus, en train et en voiture, jusqu'à Varsovie, en Pologne.

Son voyage vers l'Allemagne voisine a été organisé par la Claims Conference, une organisation qui représente les victimes juives du nazisme dans les procédures d'indemnisation et les aide via des programmes sociaux.

L'invasion russe a été "une grande surprise" pour Borys Shyfrin, qui ne réussit toujours pas à digérer le tourbillon d'événements qui l'a conduit de façon inattendue en Allemagne.

"Avant, j'aimais beaucoup (le président russe Vladimir) Poutine", avoue le vieil homme, dont la langue maternelle est le russe et qui a fait son service militaire en Union soviétique.

"Maintenant, je ne sais pas si Poutine a raison d'être en guerre avec l'Ukraine ou non - mais je sais qu'à cause de cette guerre, je suis devenu sans-abri", ajoute-t-il.

Double déracinement

Né en 1941 dans la ville de Gomel, au Bélarus, il a dû fuir à l'âge de trois mois avec sa famille au Tadjikistan pour échapper aux forces de l'Allemagne nazie qui occupaient la région.

Plusieurs milliers de Juifs de la ville sont morts après avoir été rassemblés dans des ghettos. Au total, environ 800 000 Juifs ont été tués au Bélarus pendant la Shoah.

Dans l'Ukraine voisine, la communauté juive, autrefois importante, a été presque entièrement anéantie.

Après la guerre, la famille de Borys Shyfrin est rentrée au Bélarus où ce dernier a fait ses études avant de s'installer en Ukraine, qui faisait alors partie de l'URSS, au milieu des années 1970.

Le retraité, toujours souriant, se veut philosophe: "c'est la vie", commente-t-il à propos de ce nouvel exil.

Mais il admet se sentir très seul en Allemagne: "je ne parle pas la langue, je ne comprends rien, il n'y a que mon aide-soignante pour s'occuper de moi et je ne peux même pas accéder à mon compte bancaire au pays", raconte-t-il.

Son aide-soignante, une jeune femme bélarusse, lui apporte des livres en russe. "Ce sont les contes de Pouchkine qu'il préfère", raconte-t-elle avec bienveillance.

La Claims Conference fournit au vieil homme une assistance financière.

Au total, l'organisation a fait évacuer plus de 90 survivants ukrainiens de l'Holocauste vers l'Allemagne depuis le début du conflit.

Ils fuient vers un pays qui "les a persécutés par le passé, et qui a tout fait pour les tuer", observe Rüdiger Mahlo, le représentant de l'organisation en Allemagne, reconnaissant que vivre à nouveau un déracinement dans les dernières années de leur vie peut être "traumatisant".


Trump reçoit Netanyahu en Floride et veut avancer sur la trêve à Gaza

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu rencontre une nouvelle fois son allié Donald Trump, lundi en Floride, le président américain étant déterminé à avancer vers la deuxième phase de son plan de cessez-le-feu à Gaza. (AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu rencontre une nouvelle fois son allié Donald Trump, lundi en Floride, le président américain étant déterminé à avancer vers la deuxième phase de son plan de cessez-le-feu à Gaza. (AFP)
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  • Benjamin Netanyahu devrait chercher à concentrer les regards sur l'Iran et pourrait plaider pour de nouvelles frappes américaines contre le programme nucléaire de Téhéran, selon des informations de presse
  • Cette rencontre est la cinquième aux Etats-Unis entre les deux hommes depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump il y a près d'un an

PALM BEACH: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu rencontre une nouvelle fois son allié Donald Trump, lundi en Floride, le président américain étant déterminé à avancer vers la deuxième phase de son plan de cessez-le-feu à Gaza.

Benjamin Netanyahu devrait lui chercher à concentrer les regards sur l'Iran et pourrait plaider pour de nouvelles frappes américaines contre le programme nucléaire de Téhéran, selon des informations de presse.

Cette rencontre est la cinquième aux Etats-Unis entre les deux hommes depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump il y a près d'un an.

Elle intervient au moment où Washington et des médiateurs régionaux souhaitent accélérer la cadence pour lancer la deuxième phase du fragile cessez-le-feu en vigueur depuis octobre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

Cette deuxième étape prévoit le désarmement du Hamas, un retrait progressif de l'armée israélienne de Gaza, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale de stabilisation dans le territoire palestinien.

Donald Trump doit recevoir le dirigeant israélien à 13H00 (18H00 GMT) dans sa résidence Mar-a-Lago, à Palm Beach, où il passe les fêtes et a déjà accueilli la veille le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Plus tôt dans la journée, Benjamin Netanyahu s'est entretenu avec le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio et le ministre américain de la Défense Pete Hegseth, ont indiqué des responsables des deux pays.

Dernier otage 

Succès majeur de la première année du mandat du président américain, la fragile trêve à Gaza, prévue par un plan supervisé par Donald Trump, a mis fin en octobre à deux années de guerre dévastatrice, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023. Israël et le Hamas s'accusent néanmoins mutuellement de violations.

Le passage à la deuxième phase piétine, malgré la volonté américaine d'obtenir de nouvelles avancées.

Le média américain Axios rapporte, en citant des responsables de la Maison Blanche, que Washington veut annoncer le plus rapidement possible un gouvernement palestinien de technocrates comme autorité de transition pour Gaza et que Donald Trump souhaite réunir un nouveau "comité de la paix" chargé de superviser ce gouvernement transitoire en janvier lors du forum de Davos en Suisse.

Mais avant d'entamer les tractations sur la deuxième phase, Israël veut insister sur l'importance de la restitution du corps du dernier otage retenu à Gaza, selon une porte-parole du bureau du Premier ministre, Shosh Bedrosian. Le Hamas assure ne pas avoir réussi à le localiser jusqu'à présent.

Benjamin Netanyahu veut s'assurer que "le Hamas est désarmé, que Gaza est démilitarisé" dans cette phase suivante, a-t-elle ajouté.

Or la branche armée du mouvement islamiste palestinien a réaffirmé lundi qu'il "ne renoncera pas à ses armes tant que l'occupation perdurera".

 


Au Vatican, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël

Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À la basilique Saint-Pierre, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël en tant que pape, plaçant son pontificat sous le signe de la charité, de l’espérance et de la dignité humaine
  • Fidèle à son appel à une paix « désarmée et désarmante », il s’apprête à renouveler ses appels à la trêve et à la paix mondiale

CITÉ DU VATICAN, SAINT-SIÈGE: Léon XIV a célébré mercredi soir la première messe de Noël de son pontificat dans la basilique Saint-Pierre au Vatican, délivrant un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Peu avant la messe, le pape américain est sorti sur le parvis de la place Saint-Pierre pour saluer les quelque 5.000 fidèles massés sous la pluie pour suivre la cérémonie sur écrans géants, faute de place à l'intérieur de la basilique.

"La basilique Saint-Pierre est très grande, mais malheureusement pas assez pour tous vous accueillir. J'admire et respecte et vous remercie pour votre courage et votre envie d'être ici ce soir", a-t-il lancé en anglais.

Devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, Léon XIV, qui affiche un style plus discret que son prédécesseur François, a ensuite prononcé une homélie très religieuse sans évoquer directement de sujet d'actualité.

"Alors qu’une économie faussée conduit à traiter les hommes comme de la marchandise, Dieu se fait semblable à nous, révélant la dignité infinie de toute personne", a déclaré le pape.

"Proclamons la joie de Noël, qui est la fête de la foi, de la charité et de l’espérance", a-t-il ajouté.

Cette cérémonie commémorant la naissance du Christ, l'une des plus solennelles de l'année, a mêlé chants traditionnels et gestes symboliques. Le pape de 70 ans a décidé de la célébrer à un horaire plus tardif que sous le pontificat de François (19H30).

Autre changement majeur : Léon XIV présidera jeudi matin la messe du jour de Noël, renouant ainsi avec une tradition qui remontait au pontificat de Jean-Paul II (1978-2005).

Il prononcera ensuite à 12H00 (11H00 GMT) sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) en mondovision depuis le balcon de la basilique, lors de laquelle le pape se livre traditionnellement à un tour d’horizon des conflits dans le monde.

Fervent défenseur d’une paix "désarmée et désarmante", le chef de l'Eglise catholique devrait y renouveler ses appels à la paix. Mardi soir, Léon XIV a déjà demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

Aucun texte du Nouveau testament ne précise le jour et l'heure de naissance de Jésus de Nazareth. Sa célébration le 25 décembre dans la tradition chrétienne a été choisie au IVe siècle en Occident.

Ce Noël 2025 coïncide avec la clôture du Jubilé, "Année sainte" de l'Eglise qui a attiré des millions de pèlerins à Rome.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".