L'accès des pays pauvres au vaccin, l'autre défi du Covid-19

Le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a souhaité vendredi que toute « avancée scientifique » bénéficie à tous les pays (Photo, AFP)
Le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a souhaité vendredi que toute « avancée scientifique » bénéficie à tous les pays (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 15 novembre 2020

L'accès des pays pauvres au vaccin, l'autre défi du Covid-19

  • Au prix de 40 dollars par traitement, soit deux injections distinctes, les nations les plus riches se sont précipitées pour précommander des millions de doses
  • « Nous devons vraiment éviter que les pays riches engloutissent tous les vaccins et qu'il n'y ait pas assez de doses pour les pays les plus pauvres »

PARIS : Les pays pauvres auront-ils accès à un vaccin contre le Covid-19? La question se pose après l'annonce de Pfizer et BioNTech cette semaine sur un vaccin qu'ils développent, « efficace à 90% ».

Le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a souhaité vendredi que toute « avancée scientifique » bénéficie à tous les pays: « Il ne fait aucun doute qu'un vaccin sera un outil essentiel pour contrôler la pandémie ».

Mais alors que les pays plus riches planifient leurs programmes de vaccination jusqu'à la fin de 2021, les experts mettent en garde contre les obstacles qui attendent les pays pauvres.

Les développeurs du vaccin, l'américain Pfizer et l'allemand BioNTech, espèrent déployer les premières doses d'ici quelques semaines, une fois reçues les autorisations d'utilisation d'urgence des agences sanitaires. Ces deux entreprises pharmaceutiques s'attendent à fournir jusqu'à 1,3 milliard de doses l'an prochain.

Au prix de 40 dollars par traitement, soit deux injections distinctes, les nations les plus riches se sont précipitées pour précommander des millions de doses, avant même qu'on sache si ce vaccin aboutira. Mais quid des pays pauvres?

« Si nous n'avons que le vaccin Pfizer et que tout le monde a besoin de deux doses, c'est clairement un dilemme éthique », dit Trudie Lang, directrice du Global Health Network à l'Université d'Oxford.

Il existe actuellement plus de trois douzaines d'autres vaccins Covid-19 en développement, dont 11 ont fait l'objet d'essais de phase 3, le dernier avant l'homologation.

Anticipant la demande démesurée de tout vaccin approuvé, l'OMS a créé l'initiative Covax en avril pour assurer une distribution équitable. 

Covax réunit des gouvernements, des scientifiques, la société civile et le secteur privé. Pfizer n'en fait pas partie, mais a cependant « exprimé son intérêt pour un éventuel approvisionnement » de Covax, a indiqué un porte-parole du laboratoire.

Partage équitable

Pour Rachel Silverman, chargée de mission au Center for Global Development, il est peu probable qu'une partie conséquente du premier lot de vaccins aboutisse dans les pays les plus pauvres.

Sur la base des accords d'achats anticipés signés avec Pfizer, elle a calculé qu'1,1 milliard de doses avaient été achetées par les pays riches. « Il ne reste plus grand-chose pour tous les autres », dit-elle.

Certains pays qui ont précommandé, comme le Japon et la Grande-Bretagne, font partie de Covax, et il est donc probable qu'au moins certaines doses atteindront des pays moins développés grâce à leurs accords d'achat.

À l'inverse, les États-Unis, qui ont 600 millions de doses en commande, ne sont pas membres de Covax. Cela pourrait changer avec le président élu Joe Biden.

« Nous devons vraiment éviter que les pays riches engloutissent tous les vaccins et qu'il n'y ait pas assez de doses pour les pays les plus pauvres », plaide Benjamin Schreiber, coordinateur du vaccin Covid-19 au fonds des Nations Unies pour l'enfance Unicef.

Outre l'éthique, les données épidémiologiques soulignent la nécessité d'une distribution équitable.

Des chercheurs de l'université Northeastern (États-Unis) ont récemment publié une étude examinant le lien entre l'accès au vaccin et la mortalité du Covid-19.

Ils ont modélisé deux scénarios. Le premier porte sur ce qui se passerait si 50 pays riches monopolisaient les deux premiers milliards de doses d'un vaccin. Dans le second, le vaccin est distribué en fonction de la population d'un pays plutôt que de sa capacité à le payer.

Dans la première hypothèse, les décès du Covid-19 seraient réduits d'un tiers (33%) dans le monde. Avec un partage équitable, la baisse atteint 61%.

Méfiance

Mais même si le financement pour les pays pauvres se concrétise, se posera la question de la logistique.

Basé sur une nouvelle technologie, dite de l'ARN messager, le vaccin de Pfizer/BioNTech est fragile: il doit être stocké à -70°C, alors que « la plupart des congélateurs dans la plupart des hôpitaux du monde sont à -20°C », relève Trudie Lang.

Pfizer et certains gouvernements préparent un protocole de livraison depuis des mois, mais « rien de tout cela n'a eu lieu dans les pays à revenu faible ou intermédiaire », note Rachel Silverman.

« Nous avons de l'expérience dans le déploiement du vaccin contre Ebola », rappelle pour sa part Benjamin Schreiber, un vaccin qui a un profil similaire à celui de Pfizer en terme de température de conservation. 

Il est « plus difficile, mais pas impossible, » de stocker et d'administrer en toute sécurité le vaccin anti-Covid-19 dans le sud du globe, mais cela exigerait des investissements et une formation importants, poursuit-il. 

Enfin, même si plusieurs vaccins sont déployés dans les mois à venir, il faudra franchir un dernier obstacle: la méfiance envers la vaccination, l'une des 10 principales menaces pour la santé mondiale selon l'OMS.

La vaccination contre Ebola ces dernières années a pratiquement éradiqué le virus, mais plusieurs études ont montré que les progrès étaient ralentis par la méfiance et la désinformation à la fois en ligne et au sein des communautés.


Monnaie numérique, IA et santé mentale au programme de l’Open Forum Riyadh

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
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  • Cet événement se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale
  • «Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions»

LONDRES: L'Open Forum Riyadh, une série de tables rondes publiques qui se tiendront dans la capitale saoudienne dimanche et lundi, «mettra l’accent sur les défis et les opportunités au niveau mondial», selon les organisateurs.

Cet événement, fruit d’une collaboration entre le Forum économique mondial (WEF) et le ministère saoudien de l’Économie et de la Planification, se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale, la croissance et l’énergie pour le développement, qui aura lieu à Riyad les 28 et 29 avril.

«Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions, favorisant l’échange de connaissances et d’idées innovantes», affirme dans un communiqué de presse Faisal F. Alibrahim, ministre saoudien de l’Économie et de la Planification. Ce dernier précise que l’organisation de l’Open Forum de cette année à Riyad «témoigne de l’influence et du rôle croissants de la ville sur la scène internationale».

Le forum est ouvert au public et «vise à faciliter le dialogue entre les leaders éclairés et le grand public sur une série de sujets, notamment les défis environnementaux, la santé mentale, les monnaies numériques, l’intelligence artificielle [IA], le rôle des arts dans la société, l’entrepreneuriat moderne et les villes intelligentes», indique un communiqué.

Au programme, des tables rondes qui portent sur l’impact des monnaies numériques au Moyen-Orient, sur le rôle de la culture dans la diplomatie publique, sur le développement urbain pour les villes intelligentes ainsi que sur les actions qui ont pour objectif d’améliorer le bien-être mental dans le monde.

L’Open Forum, qui a lieu chaque année, a été créé en 2003 dans le but de permettre à un public plus large de participer aux activités du WEF. Il a été organisé dans plusieurs pays, dont le Cambodge, l’Inde, la Jordanie et le Vietnam.

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes.

Parmi les intervenants de cette année figurent Yazid A. al-Humied, gouverneur adjoint et responsable des investissements dans la région Mena au Fonds public d’investissement saoudien (PIF), la princesse Rima bent Bandar al-Saoud, ambassadrice d’Arabie saoudite aux États-Unis, et la princesse Beatrice, fondatrice du Big Change Charitable Trust et membre de la famille royale britannique.

Michèle Mischler, responsable des affaires publiques suisses et de la durabilité au WEF, a fait savoir dans un communiqué de presse que la participation du public aux tables rondes de l’Open Forum «favorise la diversité des points de vue, enrichit le dialogue mondial et renforce les solutions collectives pour un avenir plus inclusif et durable».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le FMI ouvre son premier bureau dans la région Mena à Riyad

Le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales. (Shutterstock)
Le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales. (Shutterstock)
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  • Ce nouveau bureau a pour but de renforcer le développement des capacités, la surveillance régionale et la communication
  • Il permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales, les gouvernements et les autres parties prenantes

RIYAD: Le Fonds monétaire international (FMI) a ouvert son premier bureau dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena) à Riyad.

Le bureau a été inauguré lors de la Conférence régionale conjointe sur les politiques industrielles de diversification, organisée conjointement par le FMI et le ministère des Finances le 24 avril.

Selon l’agence de presse saoudienne (SPA), ce nouveau bureau a pour but de renforcer le développement des capacités, la surveillance régionale et la communication afin de favoriser la stabilité, la croissance et l’intégration régionale, promouvant ainsi les partenariats au Moyen-Orient et au-delà.

En outre, le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales, les gouvernements et les autres parties prenantes, indique la SPA. Cette dernière indique que le FMI a remercié l’Arabie saoudite de sa contribution financière visant à renforcer le développement des capacités dans ses États membres, y compris les pays fragiles.

Abdoul Aziz Wane, chef de mission chevronné du FMI qui a une connaissance approfondie de l’institution et dispose d’un vaste réseau de décideurs et d’universitaires dans le monde entier, sera le premier directeur du bureau de Riyad.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'UE impose des règles renforcées au champion chinois du prêt à porter Shein

Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. (Photo, AFP)
Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. (Photo, AFP)
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  • L'application fondée en Chine en 2012, emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix, devient la 23ème plateforme, aux côtés de X, TikTok, Google ou Facebook, à se voir imposer les règles de l'UE les plus strictes
  • Shein revendique chaque mois 108 millions d'utilisateurs de son site dans l'Union européenne, soit nettement plus que le seuil de 45 millions à partir duquel les acteurs peuvent être soumis à la régulation renforcée

BRUXELLES: Bruxelles a ajouté vendredi le champion du prêt-à-porter bon marché Shein à la liste des très grandes plateformes en ligne soumises à des contrôles renforcés dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA).

L'application fondée en Chine en 2012, emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix, devient la 23ème plateforme, aux côtés de X, TikTok, Google ou Facebook, à se voir imposer les règles de l'UE les plus strictes pour "protéger les consommateurs contre les contenus illégaux", a annoncé la Commission européenne dans un communiqué.

Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. Elle revendique chaque mois 108 millions d'utilisateurs de son site dans l'Union européenne, soit nettement plus que le seuil de 45 millions à partir duquel les acteurs peuvent être soumis à la régulation renforcée.

Ces entreprises doivent notamment analyser les risques liés à leurs services en matière de diffusion de contenus ou produits illégaux et mettre en place les moyens pour les atténuer. Cette analyse doit faire l'objet d'un rapport annuel remis à la Commission européenne qui assume désormais un rôle de gendarme du numérique dans l'UE.

"Des mesures devront être mises en œuvre pour protéger les consommateurs contre l'achat de produits dangereux ou illégaux, en mettant particulièrement l'accent sur la prévention de la vente et de la distribution de produits qui pourraient être nocifs pour les mineurs", a expliqué la Commission.

Les très grandes plateformes doivent aussi fournir au régulateur un accès à leurs algorithmes pour que le respect du règlement puisse être contrôlé. Elles doivent se soumettre une fois par an à un audit externe indépendant, à leurs propres frais.

Ces obligations s'appliqueront à Shein à partir de fin août.

Les contrevenants aux règles peuvent se voir infliger des amendes jusqu'à 6% de leur chiffre d'affaires annuel mondial, voire une interdiction d'opérer en Europe en cas de violations graves et répétées.

Réagissant à sa désignation comme très grande plateforme vendredi, Shein a affirmé sa volonté de se conformer aux règles européennes. "Nous partageons l'ambition de la Commission de faire en sorte que les consommateurs de l'UE puissent faire leurs achats en ligne en toute sérénité et nous nous engageons à jouer notre rôle", a déclaré Leonard Lin, responsable mondial des affaires publiques du groupe.

Les très grandes plateformes concernées par les contrôles européens renforcés incluent aussi le géant du commerce en ligne Amazon et son concurrent AliExpress, filiale du géant chinois Alibaba.

Une autre application chinoise de e-commerce, Temu, devrait s'ajouter prochainement à cette liste après avoir annoncé en avril qu'elle comptait environ 75 millions d'utilisateurs mensuels dans l'Union européenne.

Le DSA a montré son efficacité cette semaine en imposant à TikTok de suspendre dans l'UE la fonctionnalité de sa nouvelle application TikTok Lite qui récompense les utilisateurs pour le temps passé devant les écrans.

La Commission craignait des risques d'addiction, notamment pour les adolescents, et a ouvert une enquête. Elle soupçonne le réseau social, propriété du groupe chinois ByteDance, de ne pas avoir conduit l'analyse obligatoire des risques, en particulier pour la santé mentale des utilisateurs.

Toujours dans le cadre du DSA, Bruxelles a aussi ouvert en décembre une enquête visant le réseau social X pour des manquements présumés aux obligations de modération des contenus.