Plafonnement du prix du pétrole russe: insuffisant pour Kiev, rejeté par Moscou

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, est assis devant un écran affichant le président russe Vladimir Poutine s'adressant à sa conférence de presse annuelle à Moscou, le 17 décembre 2020. (Photo, AFP)
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, est assis devant un écran affichant le président russe Vladimir Poutine s'adressant à sa conférence de presse annuelle à Moscou, le 17 décembre 2020. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 03 décembre 2022

Plafonnement du prix du pétrole russe: insuffisant pour Kiev, rejeté par Moscou

  • La Russie a affirmé qu'elle «n'accepterait pas» ce plafonnement qui doit être mis en place dans les prochains jours pour limiter les moyens financiers de Moscou dans son invasion de l'Ukraine
  • Le président Zelensky a adopté un position nettement plus critique envers les Occidentaux

KIEV: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a jugé insuffisant samedi le plafonnement du prix de baril de pétrole russe à 60 dollars, décidé la veille par les pays de l'UE, du G7 et de l'Australie, estimant qu'il ne s'agissait pas d'une "décision sérieuse", Kiev suggérant un prix deux fois plus bas. 

La Russie a de son côté affirmé qu'elle "n'accepterait pas" ce plafonnement qui doit être mis en place dans les prochains jours pour limiter les moyens financiers de Moscou dans son invasion de l'Ukraine. 

Le cours du baril de pétrole russe (brut de l'Oural) évolue actuellement autour de 65 dollars, soit à peine plus que le plafond européen, impliquant donc un impact limité à court terme. 

Dans la matinée, Kiev s'était pourtant satisfait d'un tel mécanisme contraignant, voulant croire tôt ou tard à la "destruction" de l'économie russe sous le poids des sanctions internationales. "Il aurait fallu abaisser (le prix plafond) à 30 dollars pour détruire (l'économie russe) encore plus rapidement", avait toutefois précisé le chef de cabinet de la présidence ukrainienne, Andriï Iermak. 

Mais en soirée, le président Zelensky a adopté un position nettement plus critique envers les Occidentaux. 

« Position faible » 

"Ce n’est pas une décision sérieuse de fixer une telle limite pour les prix russes, ce qui est tout à fait confortable pour le budget de l’État terroriste", a-t-il affirmé, selon les services de la présidence. 

"La Russie a déjà causé des pertes colossales à tous les pays du monde en déstabilisant délibérément le marché de l’énergie. Et le monde ne peut pas oser" faire un "véritable désarmement énergétique" de Moscou, a-t-il regretté. "C’est une position faible", a-t-il martelé. 

Un plafonnement critiqué à Kiev et rejeté par Moscou. "Nous n'accepterons pas ce plafond", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par les agences russes, alors que Moscou avait déjà prévenu qu'il ne livrerait plus de pétrole aux pays qui adopteraient cette mesure. 

Dans cette première réaction de Moscou, M. Peskov a toutefois affirmé que la Russie s'était "préparée" en amont "pour un tel plafond", sans donner plus de détails. 

Vendredi, les 27 pays de l'Union européenne, le G7 et l'Australie s'étaient mis d'accord sur "un prix maximum de 60 dollars américains pour le pétrole brut d'origine russe transporté par voie maritime", selon les termes d'un communiqué commun. 

Le mécanisme entrera en vigueur lundi "ou très peu de temps après", ont précisé le G7 et l'Australie. C'est aussi ce jour-là que débute l'embargo de l'UE sur le pétrole russe acheminé par voie maritime qui va déjà supprimer les deux tiers de ses achats de brut à la Russie. 

Ainsi, seul le pétrole vendu par Moscou à un prix égal ou inférieur à 60 dollars pourra continuer à être livré. Au-delà de ce plafond, il sera interdit pour les entreprises de fournir les services permettant le transport maritime (fret, assurance, etc...). 

L'Allemagne et la Pologne ayant par ailleurs décidé d'arrêter leurs livraisons via un oléoduc d'ici à la fin de l'année, en plus de l'embargo européen, les importations russes totales seront touchées à plus de 90%, selon les Européens. 

« En temps voulu » 

Le Kremlin a également déclaré samedi que Vladimir Poutine irait  "en temps voulu" dans le Donbass, cette zone dans l'est de l'Ukraine qu'il a annexée fin septembre, sans toutefois que son armée ne la contrôle entièrement. 

Les autorités ukrainiennes ont quant elles de nouveau exhorté les civils à tenir bon malgré des conditions de vie qui se détériorent. 

Plusieurs fois par jour, les coupures de courant plongent des millions d'Ukrainiens dans le noir, sans compter le froid qui s'installe dans les foyers. 

Les températures dans certaines régions avoisinent ces derniers jours les -5°C, et la température ressentie peut être encore plus basse. 

"Il faut tenir", a lancé à la télévision ukrainienne le gouverneur de la région de Mykolaïv, dans le sud, Vitaliï Kim. 

Par contre à Kherson, aussi dans le sud, "les réseaux électriques, qui étaient hors d’usage à cause des bombardements ennemis, sont de nouveau reliés" et "75% de Kherson a de nouveau de l'électricité", s'est félicité le chef de l'administration régionale Yaroslav Yanushevych. 

Sur le terrain, les combats sont "durs" dans l'est du pays car "les Russes ont eu le temps de se préparer" aux attaques des troupes de Kiev, a affirmé le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï. 

Bataille autour de Bakhmout 

Selon un bulletin de la présidence ukrainienne, la situation est aussi "difficile" près de Bakhmout, une ville de la région de Donetsk que les Russes tentent en vain de conquérir depuis l'été. 

La bataille autour de Bakhmout a pris ces derniers jours une importance d'autant plus symbolique pour Moscou que sa conquête viendrait après une série d'humiliantes défaites, avec les retraites de Kharkiv (nord-est) en septembre et Kherson (sud) en novembre. 

Le président français Emmanuel Macron a de son côté annoncé qu'il parlerait "prochainement" avec Vladimir Poutine, sur les questions de sécurité autour du "nucléaire civil" en Ukraine, après un entretien prévu dimanche avec le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). 


La présidente d'Harvard s'excuse après son une audition sur l'antisémitisme

Le Dr Claudine Gay, présidente de l'Université Harvard sous le feu des critiques pour ses réponses lors d'une audition tendue mardi au Congrès (Photo, AFP).
Le Dr Claudine Gay, présidente de l'Université Harvard sous le feu des critiques pour ses réponses lors d'une audition tendue mardi au Congrès (Photo, AFP).
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  • «Je suis désolée (...) les mots comptent», a déclaré jeudi Claudine Gay au site internet du journal étudiant de l'université, The Harvard Crimson
  • Dès mercredi, la présidente de Harvard avait précisé que l'université ne cautionnait pas «les appels à la violence»

NEW YORK: La présidente de l'université d'Harvard, Claudine Gay, sous le feu des critiques pour ses réponses lors d'une audition tendue mardi au Congrès américain sur l'antisémitisme dans les campus, s'est dite "désolée" et a jugé que ses mots avaient "amplifié la détresse et la douleur".

"Je suis désolée (...) les mots comptent", a déclaré jeudi Claudine Gay au site internet du journal étudiant de l'université, The Harvard Crimson.

"Lorsque les mots amplifient la détresse et la douleur, je ne sais pas comment on peut ressentir autre chose que du regret", a-t-elle ajouté dans cet article mis en ligne vendredi.

La présidente de l'université a été très critiquée pour ses réponses aux questions de l'élue républicaine Elise Stefanik, qui a assimilé les appels de certains étudiants à l'"intifada" à une exhortation à "un génocide contre les juifs en Israël et dans le monde".

Lorsque l'élue lui a demandé si "appeler au génocide des juifs violait le règlement sur le harcèlement à Harvard, oui ou non ?", Claudine Gay a répondu "cela peut, en fonction du contexte", avant d'ajouter "si c'est dirigé contre une personne". Elle a précisé que "toute rhétorique antisémite, quand elle se transforme en un comportement relevant de l'intimidation et du harcèlement (...) nous prenons des mesures".

"Cela ne dépend pas du contexte, la réponse est oui et c'est pourquoi vous devriez démissionner", lui a lancé à la fin de l'échange l'élue républicaine.

Dès mercredi, la présidente de Harvard avait précisé que l'université ne cautionnait pas "les appels à la violence" et que "ceux qui menacent nos étudiants juifs devront rendre des comptes".

Mais cela n'a pas éteint la polémique. Le Congrès américain a ouvert une enquête jeudi sur ce qu'il a qualifié d'"antisémitisme endémique" sur les campus et un membre d'un conseil consultatif d'Harvard sur l'antisémitisme, le rabbin David Wolpe, a annoncé sa démission.

Depuis les attaques sanglantes du Hamas en Israël le 7 octobre, suivies de représailles meurtrières d'Israël, le conflit déchaîne les passions dans des universités renommées aux Etats-Unis, comme Harvard (près de Boston), UPenn (Philadelphie) ou Columbia (New York).

De riches donateurs ont notamment fait pression sur leurs dirigeants pour qu'ils condamnent clairement les attaques du Hamas et soutiennent Israël. A Columbia, deux groupes d'étudiants pro-palestiniens ont également été suspendus d'activités.


Droits humains: Londres annonce des sanctions coordonnées avec Washington et Ottawa

Le Royaume-Uni a annoncé vendredi des sanctions coordonnées avec les États-Unis et le Canada contre les auteurs de violations des droits de l'homme, à l'occasion du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme (Photo, AFP).
Le Royaume-Uni a annoncé vendredi des sanctions coordonnées avec les États-Unis et le Canada contre les auteurs de violations des droits de l'homme, à l'occasion du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme (Photo, AFP).
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  • Le ministère britannique des Affaires étrangères a ainsi dévoilé 46 sanctions, comprenant des gels d'avoirs et interdictions d'entrée et de séjour
  • Le deuxième volet de sanctions vise des individus liés aux gouvernements, systèmes judiciaires et autorités au Bélarus, Haïti, Iran et Syrie

LONDRES: Le Royaume-Uni a annoncé vendredi des sanctions coordonnées avec les Etats-Unis et le Canada visant des auteurs d'atteintes aux droits humains, avant le 75e anniversaire de la Déclaration des droits de l'Homme le 10 décembre.

Le ministère britannique des Affaires étrangères a ainsi dévoilé 46 sanctions, comprenant des gels d'avoirs et interdictions d'entrée et de séjour sur le sol britannique, en deux volets.

Le premier vise neuf personnes et cinq entités pour leur implication dans du trafic d'êtres humains au Cambodge, au Laos et en Birmanie. Leurs victimes sont retenues et obligées de travailler dans des centres d'escroqueries en ligne, pour soutirer de l'argent à leurs compatriotes.

"Les victimes se voyaient promettre des emplois bien payés mais sont sujets à la torture et à d'autres traitements cruels, inhumains et dégradants", d'après un communiqué de la diplomatie britannique. Selon l'ONU, 120.000 personnes sont ainsi contraintes à travailler en Birmanie.

Le deuxième volet de sanctions vise des individus liés aux gouvernements, systèmes judiciaires et autorités au Bélarus, Haïti, Iran et Syrie "pour leur implication dans la répression de ressortissants qui ont simplement exercé leurs libertés fondamentales dans ces pays".

"Nous ne tolèrerons pas que des régimes criminels et oppresseurs piétinent les droits fondamentaux et libertés de gens ordinaires à travers le monde", a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron, cité dans le communiqué.

"Soixante-quinze ans après la Déclaration universelle des droits de l'Homme, le Royaume-Uni et (ses) alliés continueront à poursuivre sans relâche ceux qui privent les gens de leur liberté", a-t-il ajouté.


Les Etats-Unis bloquent à l'ONU l'appel à un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza

L'ambassadeur adjoint des États-Unis auprès de l'ONU, Robert Wood, lève la main lors d'un Conseil de sécurité des Nations Unies après le vote sur un cessez-le-feu à Gaza au siège de l'ONU à New York (Photo, AFP).
L'ambassadeur adjoint des États-Unis auprès de l'ONU, Robert Wood, lève la main lors d'un Conseil de sécurité des Nations Unies après le vote sur un cessez-le-feu à Gaza au siège de l'ONU à New York (Photo, AFP).
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  • Le projet de résolution qui a recueilli 13 voix en faveur, une contre (Etats-Unis) et une abstention (Royaume-Uni) avait été préparé par les Emirats arabes
  • Les Américains, alliés d'Israël qui ont vendredi mis leur véto pour la 35e fois depuis 1970 à une résolution sur le dossier israélo-palestinien

NATIONS UNIES: Les Etats-Unis ont mis leur véto vendredi à une résolution du Conseil de sécurité appelant à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" à Gaza, malgré la pression du secrétaire général qui a dénoncé la "punition collective" infligée aux Palestiniens.

Le projet de résolution qui a recueilli 13 voix en faveur, une contre (Etats-Unis) et une abstention (Royaume-Uni) avait été préparé par les Emirats arabes unis après l'invocation sans précédent par Antonio Guterres mercredi de l'article 99 de la Charte des Nations unies permettant au secrétaire général d'attirer l'attention du Conseil sur un dossier qui "pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales".

Mais les Américains, alliés d'Israël qui ont vendredi mis leur véto pour la 35e fois depuis 1970 à une résolution sur le dossier israélo-palestinien (sur 39 au total), ont répété vendredi leur hostilité à un cessez-le-feu.

"Nous ne soutenons pas une résolution qui appelle à un cessez-le-feu non durable qui va simplement planter les graines de la prochaine guerre", a justifié l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, dénonçant également l'"échec moral" de l'absence dans le texte de condamnation des attaques du Hamas du 7 octobre.

L'ambassadeur israélien à l'ONU Gilad Erdan a lui estimé que "le vrai chemin vers la paix est seulement de soutenir la mission d'Israël, absolument pas un appel à un cessez-le-feu".

Le projet de résolution, soutenu par près de 100 pays exigeait "un cessez-le-feu humanitaire immédiat", la libération des otages et l'accès humanitaire.

"Alors que la crise à Gaza s'aggrave et qu'elle menace de s'étendre, il (le Conseil)  ne se montre pas à la hauteur de la mission fondamentale que lui confie la Charte", a déploré l'ambassadeur français Nicolas de Rivière. Une déception partagée par de nombreux membres du Conseil.

"Nos collègues américains ont devant nos yeux condamné à mort des milliers voire des dizaines de milliers de civils palestiniens et israéliens, y compris des femmes et des enfants", a fustigé l'ambassadeur russe adjoint à l'ONU Dmitry Polyanskiy.