Police des moeurs: Washington et Berlin doutent d'un tournant en Iran

 L'Iran a annoncé l'abolition de la police des moeurs à l'origine de l'arrestation de la jeune Mahsa Amini, dont la mort en détention a provoqué une vague de contestation en Iran qui perdure depuis près de trois mois. (AFP)
 L'Iran a annoncé l'abolition de la police des moeurs à l'origine de l'arrestation de la jeune Mahsa Amini, dont la mort en détention a provoqué une vague de contestation en Iran qui perdure depuis près de trois mois. (AFP)
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Publié le Lundi 05 décembre 2022

Police des moeurs: Washington et Berlin doutent d'un tournant en Iran

  • Cette annonce, considérée comme un geste envers les manifestants, est intervenue après la décision samedi des autorités de réviser une loi de 1983 sur le port du voile obligatoire en Iran
  • Malgré la répression qui a fait des centaines de morts, le mouvement de contestation se poursuit

TEHERAN : Des puissances occidentales ont mis en doute lundi la portée de l'annonce surprise d'une abolition de la police des moeurs en Iran après bientôt trois mois de manifestations, "rien n'indiquant" selon Washington que la situation des femmes dans le pays allait s'améliorer.

Des militants soutenant le mouvement de contestation déclenché par la mort de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini, le 16 septembre, après son arrestation par la police des moeurs, ne voyaient eux non plus aucun changement se profiler dans le code vestimentaire imposé aux femmes.

L'annonce de la dissolution de ce corps de police très redouté, chargé notamment de faire respecter le port du voile dans la République islamique, "ne changera rien" à la mobilisation des Iraniens, a estimé une porte-parole du gouvernement allemand.

"Malheureusement, rien n'indique que les dirigeants iraniens améliorent la façon dont ils traitent les femmes et jeunes filles ou cessent la violence qu'ils infligent aux manifestants pacifiques", a déclaré un porte-parole du département d'Etat américain.

Des appels ont été lancés sur les réseaux sociaux pour une grève de trois jours en Iran à partir de lundi.

A Téhéran, les boutiques du grand bazar étaient ouvertes, mais ses allées presque désertes. "Nous sommes ouverts mais nous sommes fermés car il n'y a pas de clients", témoignait un boutiquier qui vend des produits de beauté.

Des images mises en ligne montraient des magasins aux rideaux baissés à Sanandaj, au Kurdistan iranien, tout comme à Ispahan, la troisième ville d'Iran.

Mahsa Amini, âgée de 22 ans, avait été arrêtée le 13 septembre à Téhéran par la police des moeurs qui lui reprochait de ne pas avoir respecté le code vestimentaire imposant aux femmes de porter le voile en public. Sa mort a déclenché un mouvement de protestation sans précédent depuis la Révolution islamique de 1979.

Ce weekend, le procureur général d'Iran, Mohammad Jafar Montazeri, a annoncé l'abolition de la police des moeurs, créé en 2006 sous le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013) pour "répandre la culture de la décence et du port du voile".

Cette annonce a été perçue comme un geste envers les manifestants. Mais des militants des droits humains l'interprétaient plutôt comme une réponse improvisée à une question posée lors d'une conférence.

Ils estimaient aussi qu'une abolition de la police des moeurs, même si elle devenait réalité, ne changerait en rien l'obligation du port du voile, imposée par une loi datant de 1983.

«Désobéissance civile»

Une suppression de ces unités serait "probablement trop limitée et arriverait trop tard" pour les manifestants, qui réclament à présent un changement de régime, explique à l'AFP Roya Boroumand, co-fondatrice du groupe de défense des droits humains Abdorrahman Boroumand Center, basé aux Etats-Unis.

"Il s'agit juste d'un déplacement de la police des moeurs", estime-t-elle, ajoutant que "rien n'empêche d'autres institutions" de faire appliquer "des lois discriminatoires".

Formée d'hommes en uniforme vert et de femmes portant le tchador noir, la police des moeurs avait commencé ses patrouilles en 2006 avec l'objectif de faire respecter le code vestimentaire qui interdit aussi aux femmes de porter des pantalons serrés ou des shorts.

Le rejet du port obligatoire du voile a été à l'origine des premières manifestations en septembre. Mais le mouvement, alimenté par la colère contre les conditions économiques et la répression politique, est à présent ouvertement dirigé contre le régime.

Selon des informations en provenance de Téhéran, les camionnettes de la police des moeurs seraient moins nombreuses dans les rues depuis le début des manifestations.

Depuis la mort de Mahsa Amini, un nombre grandissant de femmes se découvrent la tête, notamment dans le nord huppé de Téhéran. Des images montrent des femmes faisant tomber des tabous en participant à des manifestations ou allant faire leurs courses tête nue.

«La fin des patrouilles?»

"La suppression supposée de la police des moeurs ne veut rien dire car elle était déjà sans objet, en raison du niveau massif de désobéissance civile chez les femmes", souligne Omid Memarian, analyste pour Democracy for the Arab World Now.

Selon lui, le port du voile est "un des piliers de la République islamique. Abolir ces lois et ces structures signifierait un changement fondamental dans l'identité et l'existence de la République islamique".

La déclaration du procureur général et la confusion qu'elle a provoquée ont été interprétées comme un signe d'inquiétude du régime, face à une contestation qui ne faiblit pas.

La répression a déjà fait 448 morts, selon l'ONG Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo.

Lundi, seuls les quotidiens réformateurs ont publié l'information en première page. "Est-ce la fin des patrouilles?", demande le journal Shargh, soulignant que l'annonce n'a pas été confirmée officiellement par la police.

Le voile "est toujours obligatoire", remarquait Shadi Sadr, co-fondateur du groupe Justice for Iran, basé à Londres. Alors que la mort de Mahsa Amini a été à l'origine des manifestations, "les Iraniens n'abandonneront pas tant que le régime ne sera pas tombé".


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.