Pourquoi la mort du pétrole est une exagération

(Iakovos HATZISTAVROU/AFP)
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Publié le Jeudi 15 octobre 2020

Pourquoi la mort du pétrole est une exagération

Pourquoi la mort du pétrole est une exagération
  • « Le virus a conduit à une remise en question de quasiment tout, et notamment de la manière dont nous consommons l’énergie »
  • « Avec ou sans la COVID-19, le monde a toujours besoin de pétrole et continuera à en avoir besoin pour de nombreuses années encore »

Il était certain et quasiment inévitable que la pandémie du coronavirus et les mesures de confinements qui y sont liés allaient raviver les affirmations selon lesquelles l’ère du pétrole est tout sauf terminée.

Il ne fait aucun doute que le coronavirus était et demeure effectivement un important bouleversement pour l’économie mondiale. Le virus a conduit à une remise en question de quasiment tout, et notamment de la manière dont nous consommons l’énergie. Cela ne signifie pas toutefois que les besoins en pétrole vont disparaître du jour au lendemain.

Cette question a été soulevée il y a quelques semaines par The Economist. Il s’agit, en fait, d’un terrain familier pour ce journal qui avait déjà sonné le glas, en octobre 2003, de « L’Age du Pétrole ». Dix-sept ans plus tard, son hypothèse est toujours aussi fragile.

Cet article a été amorcé par une citation – devenue très célèbre par la suite –  d’un ancien ministre de l’Energie saoudien, Cheikh Zaki Yamani. Selon ses propos, « l’Age de Pierre ne s’est pas terminé à cause d’un manque de pierres, et l’Age du Pétrole se terminera longtemps avant que le monde ne soit à court de pétrole. »

Il n’est pas encore sûr si le pic de demande du pétrole va bientôt être atteint, et rien ne prouve que nous ayons déjà dépassé ce point. La faible demande de pétrole qui a accompagné cette énorme interruption se rétablira tôt ou tard.  

N’oublions pas que les prix du pétrole se sont stabilisés pendant plus de deux mois, le prix du Brent orbitant autour du prix de référence de $40. Avec une telle volatilité partout ailleurs, tant au niveau des actifs que des économies, cela semble exceptionnellement stable. 

Cela peut être en partie expliqué par la profonde vérité, qu’avec ou sans la COVID-19, le monde a toujours besoin de pétrole – et continuera à en avoir besoin pour de nombreuses années encore.

Le coronavirus a indubitablement représenté un choc violent pour l’économie mondiale, et il altère profondément la façon dont le monde fonctionne. Mais il ne serait pas sage d’extrapoler à partir de là, sans preuves, la conclusion que l’ère du pétrole est vraiment terminée, comme certains voudraient à présent nous le faire croire.

Faisal Faeq est conseiller en marketing énergétique et pétrolier. Il travaillait auparavant avec l'OPEP et Saudi Aramco.

Twitter: @faisalfaeq

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com