Energies renouvelables: Les macronistes se tournent vers la gauche de l'Assemblée

Au coup d'envoi des débats, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher (à gauche), a appelé à éviter les «postures dogmatiques» et à ne «pas opposer les technologies entre elles» (Photo, AFP).
Au coup d'envoi des débats, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher (à gauche), a appelé à éviter les «postures dogmatiques» et à ne «pas opposer les technologies entre elles» (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 06 décembre 2022

Energies renouvelables: Les macronistes se tournent vers la gauche de l'Assemblée

  • La première soirée de débat a vite tourné au pour ou contre l'implantation d'éoliennes
  • Des députés d'extrême droite et de droite ont défendu en vain un «moratoire» contre de nouvelles installations

PARIS: Cap à gauche: l'examen du projet de loi pour accélérer l'installation d'éoliennes et de panneaux solaires en France a démarré lundi dans l'hémicycle de l'Assemblée, où les macronistes tablent sur des alliances avec les socialistes et les écologistes face aux réticences des LR.

Au coup d'envoi des débats, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a appelé à éviter les "postures dogmatiques" et à ne "pas opposer les technologies entre elles", alors qu'un autre texte en faveur du nucléaire est attendu dans les mois qui viennent.

Elle a souligné le "retard de la France" en matière d'énergies renouvelables (EnR), le "seul pays de l'Union européenne à ne pas avoir atteint ses objectifs".

Car les EnR ne représentent pour l'heure que 19,3% de la consommation finale brute d'énergie, déjà en deçà de l'objectif fixé en 2020 de 23%. La France reste encore trop dépendante des énergies fossiles importées, un sujet rendu brûlant par les craintes de coupures de courant en janvier.

«Cauchemar»

La première soirée de débat a vite tourné au pour ou contre l'implantation d'éoliennes. Des députés d'extrême droite et de droite ont défendu en vain un "moratoire" contre de nouvelles installations.

Le RN Pierre Meurin a haussé le ton contre le "cauchemar éolien", "faut arrêter!".

Un moratoire "irait complètement contre la souveraineté énergétique de la France et la sécurisation des approvisionnements", a rétorqué le rapporteur macroniste Pierre Cazeneuve. "Les éoliennes, c'est 37 TWH l'année dernière, c'est par exemple ce qui nous manquerait aujourd'hui pour être certain de passer l'hiver sereinement".

Bertrand Pancher, le chef du groupe indépendant Liot, a déploré les propos "complètement fous" du côté droit de l'hémicycle. "J'ai l'impression de revivre (le film) 'Good Bye Lénine' en revenant trente ans en arrière sur un débat passé de mode" pour ou contre les renouvelables.

Après s'être appuyée sur la droite pour ses précédents textes, la majorité change cette fois de pied pour ce projet de loi, au programme pendant deux semaines avec plus de 2 500 amendements.

Le gouvernement assure reprendre des revendications socialistes, écologistes et du groupe indépendant Liot. "Toutes les conditions sont réunies pour qu'ils votent ce texte", lance Mme Pannier-Runacher.

L'exécutif, sans majorité absolue à l'Assemblée, invoque le "compromis" trouvé au Sénat, où le projet de loi a été largement adopté avec l'appui de la droite.

A l'horizon 2050, Emmanuel Macron vise la multiplication par dix de la capacité de production d'énergie solaire afin de dépasser les 100 gigawatts (GW) et le déploiement de 50 parcs éoliens en mer pour atteindre 40 GW, une marche très haute.

Les députés LR ont pour leur part des "lignes rouges". Ils voudraient réintroduire des mesures auxquelles le Sénat a en partie renoncé: un droit de veto des maires, et l'interdiction des éoliennes en mer à moins de 40 kilomètres des côtes.

Au RN Jean-Philippe Tanguy fustige "une loi suicidaire" de "soumission" à l'Union européenne: des éoliennes qui vont "défigurer nos côtes" et des panneaux solaires "dont les Français découvriront vite qu'ils produiront bien peu d'énergie et qu'ils auront massivement enrichi la Chine".

Bienveillance à gauche?

A gauche, les socialistes ont déjà fait part de leur regard "plutôt bienveillant" malgré des réserves. Et les écologistes "pourraient venir en soutien" si le texte est "cohérent", selon le député EELV Charles Fournier.

Mme Pannier-Runacher assure les rejoindre dans leur volonté d'utiliser "au maximum les zones déjà artificialisées pour installer des EnR: toitures, parkings, le long des voies ferroviaires et fluviales...".

Et le gouvernement a déposé deux amendements pour mettre en place un "médiateur" et un "observatoire des énergies renouvelables", suivant des propositions des Verts.

Plus critiques, les Insoumis déplorent un projet de loi loin de "l'écologie populaire dont le pays a besoin".

Et les communistes sont les plus hostiles à gauche. Favorables au nucléaire et au "monopole d'EDF", ils dénoncent le "marché libéral" des renouvelables.

L'exécutif compte réintroduire en séance un article clé supprimé en commission et visant à limiter certains recours juridiques contre les projets d'EnR.

Les oppositions y voient une menace pour la "biodiversité", ce que conteste le camp présidentiel.

Côté ONG, WWF appelle à "dépasser les postures partisanes" pour "trouver un accord".


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Short Url
  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Short Url
  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.