L’Asie forme le plus grand bloc commercial du monde

Le Premier ministre vietnamien, Nguyen Xuan Phuc, et le ministre de l'Industrie et du Commerce, Tran Tuan Anh (à droite), assistent à la cérémonie de signature du pacte commercial régional de partenariat économique global lors du sommet de l'Asean, qui s’est tenu à Hanoï dimanche dernier. (AFP)
Le Premier ministre vietnamien, Nguyen Xuan Phuc, et le ministre de l'Industrie et du Commerce, Tran Tuan Anh (à droite), assistent à la cérémonie de signature du pacte commercial régional de partenariat économique global lors du sommet de l'Asean, qui s’est tenu à Hanoï dimanche dernier. (AFP)
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Publié le Lundi 16 novembre 2020

L’Asie forme le plus grand bloc commercial du monde

  • La Chine et quatorze autres pays sont convenus de créer le plus grand bloc commercial du monde, lors de la dernière journée du sommet virtuel de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean)
  • «Sans aucun doute, cela représente une étape importante et impérative dans l’intégration et la revitalisation des économies des quinze parties», déclare le ministre malaisien du Commerce et de l’Industrie, Azmin Ali

KUALA LUMPUR: Après huit ans d'intenses négociations, la Chine et quatorze autres pays sont convenus de créer le plus grand bloc commercial du monde, lors de la dernière journée du sommet virtuel de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean) à Hanoï, au Vietnam.

Surnommé «le plus grand accord de libre-échange au monde», le Partenariat économique global régional (RCEP) représentera 24,8 milliards de dollars, soit près d'un tiers du produit intérieur brut mondial, selon les données fournies en 2018 par la Banque mondiale. 

«C’est dans aucun doute une étape importante et impérative dans l’intégration et la revitalisation des économies des quinze parties», déclare le ministre malaisien du Commerce et de l’Industrie, Azmin Ali, dans un communiqué.

Ce RCEP permettra aux quinze membres de «renforcer leurs chaînes de valeur régionales, de stimuler les échanges et les investissements 

régionaux et de fournir une voie pour le partage d'informations», ajoute-t-il.

Les analystes espèrent que l'accord accélérera la reprise après les secousses que la pandémie a provoquées en Asie.

«La conclusion de la négociation du RCEP, le plus grand accord de libre-échange au monde, enverra un message fort affirmant le rôle important de l’Asean dans le soutien du système commercial multilatéral, créant une nouvelle structure commerciale dans la région, permettant une facilitation durable des échanges, revitalisant les chaînes d'approvisionnement perturbées par la Covid-19 et aidant à la reprise post-pandémique», explique le Premier ministre vietnamien, Nguyen Xuan Phuc.

L'accord entraînera au fil du temps des droits de douane encore plus bas sur les échanges entre les pays membres, droits qui sont déjà très bas actuellement. Ce traité est certes moins complet que l’accord commercial transpacifique conclu entre onze pays, et dont le président Donald Trump s'est retiré peu de temps après son entrée en vigueur.

L'élimination des tarifs représente une augmentation par rapport aux 8% actuels entre le Japon et la Chine sans accord de libre-échange bilatéral.

Le Premier ministre malaisien, Muhyiddin Yassin, affirme que l'accord de libre-échange «agira comme le principal moyen pour renforcer l'intégration économique régionale» au sein de l'Asean et de ses partenaires.

«[En raison] des défis posés par la pandémie de coronavirus, associés aux systèmes commerciaux mondiaux liés aux tensions régionales, il était impératif pour l'Asean de continuer à soutenir sa compétitivité dans la région», fait-il savoir dimanche dans un communiqué, après la signature de l'accord.

«Je crois que c'est la pierre de touche pour la croissance future et le dynamisme de notre collaboration économique régionale», ajoute-t-il.

Outre les dix membres de l'Asean, cet accord inclut la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, mais exclut les États-Unis. Les responsables ont déclaré que l'accord laissait la porte ouverte à l'Inde – qui s’est retirée à cause d'une opposition intérieure farouche à ses exigences d'ouverture du marché –, pour rejoindre le bloc.

Il faudra du temps pour évaluer avec précision les détails de l'accord regroupant les barèmes et les règles tarifaires pour les quinze pays concernés – pour le seul Japon, le barème des tarifs compte 1 334 pages.

Cet accord n’ira sans doute pas aussi loin que l'Union européenne dans l'intégration des économies membres, mais il s'appuie sur des dispositifs de libre-échange existants.

«Des tarifs plus bas, associés à une part de marché massive, donneront l’énorme avantage aux membres du RCEP de faire partie d'une chaîne d'approvisionnement cruciale, en particulier après la pandémie», note Azmi Hassan, professeur de géostratégie à l'université technologique de Malaisie.

Ce dernier confie à Arab News que le RCEP offrira également à la Chine une «immense avenue» pour façonner la région Asie-Pacifique «selon son point de vue».

«La région est considérée comme un catalyseur de la géopolitique mondiale. Ayant la Chine aux commandes à travers le RCEP, les questions économiques entrent en jeu, ainsi que la géopolitique, et cela place la Chine en tête par rapport aux États-Unis», fait remarquer Azmi Hassan. 

Il affirme également que les opportunités de la Chine sont «vastes», car elle sera en mesure de «façonner les futures structures économiques mondiales» en promouvant le multilatéralisme et l'antiprotectionnisme.

D'autres pensent que le RCEP est plus «inclusif» et ne «suscite pas de tendances protectionnistes» de la part des pays non membres, en particulier des États-Unis.

«L'accord dit l'importance d'abaisser les barrières commerciales. Cela signifie prospérer mutuellement grâce à un échange mutuellement avantageux de biens et de services», confie à Arab News le professeur Yeah Kim Leng, directeur de recherche à l'université de Sunway et directeur du programme d'études économiques.

Yeah Kim Leng précise que le pacte régional stimulera la croissance et l'efficacité économique grâce à une augmentation des flux commerciaux et d'investissement.

«Bien que les bénéfices ne soient pas également répartis entre les pays membres, la production économique globale nette et les bénéfices d'efficacité résultant d'une coopération régionale plus étroite seront positifs à long terme», conclut-il.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


L’Arabie saoudite enregistre une hausse de 26% de l’IDE net, selon Gastat

L'Arabie saoudite vise à attirer 100 milliards de dollars d'IDE par an d'ici à 2030. (Images Getty)
L'Arabie saoudite vise à attirer 100 milliards de dollars d'IDE par an d'ici à 2030. (Images Getty)
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  •  Ces derniers chiffres interviennent après que l'Arabie saoudite s’est hissée à la 13e place de l'indice de confiance 2025 de Kearney pour l'investissement direct étranger, publié en avril
  • Le Royaume a ainsi gagné une place par rapport à l'année dernière et a conservé sa position de troisième marché émergent le plus attractif

RIYAD: Les investissements directs étrangers nets en Arabie saoudite ont atteint 22,1 milliards de riyals saoudiens (5,89 milliards de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) au quatrième trimestre 2024, soit une hausse de 26% par rapport aux trois mois précédents, selon des données officielles récemment publiées.

Selon l'Autorité générale des statistiques, ce chiffre est le plus élevé de l'année, dépassant les 15,5 milliards de riyals saoudiens observés au cours des trois premiers mois de 2024, les 19 milliards de riyals saoudiens enregistrés au cours du deuxième trimestre et les 17,5 milliards de riyals saoudiens observés au cours du troisième trimestre.

L'Arabie saoudite vise à attirer 100 milliards de dollars d'IDE par an d'ici la fin de la décennie, car elle cherche à faire des progrès significatifs dans la diversification de son économie et à réduire sa dépendance aux revenus du pétrole brut, qui dure depuis des décennies.

En ce qui concerne les entrées, Gastat a révélé que 23,8 milliards de riyals saoudiens ont été reçus au cours des trois derniers mois de 2024, marquant une augmentation de 17 pour cent par rapport au troisième trimestre.

La valeur des sorties d'IDE s'est élevée à 1,8 milliard de riyals saoudie,s au cours du quatrième trimestre, soit une baisse de 39% par rapport aux trois mois précédents.

Comparaison avec 2023

La valeur nette totale de l'IDE au quatrième trimestre a diminué de 13 pour cent par rapport à la même période de 2023, où le chiffre s'élevait à 25,5 milliards de riyals saoudiens.

Par rapport au dernier trimestre de 2023, la valeur des entrées a diminué de 11% au cours des trois derniers mois de 2024.

Gastat a ajouté que la valeur des flux sortants a enregistré un taux de croissance de 20 pour cent par rapport à la même période de 2023.

Les ambitions de l'Arabie saoudite en matière d'IDE prennent de l'ampleur

Ces derniers chiffres interviennent après que l'Arabie saoudite s'est hissée à la 13e place de l'indice de confiance 2025 de Kearney pour l'investissement direct étranger, publié en avril.

Le Royaume a ainsi gagné une place par rapport à l'année dernière et a conservé sa position de troisième marché émergent le plus attractif, ce qui témoigne d'une confiance mondiale continue dans sa stratégie de transformation.

Kearney a déclaré que la progression de l'Arabie saoudite dans le classement reflète l'approche audacieuse et réformatrice du pays pour construire une économie compétitive à l'échelle internationale et prête pour l'avenir.

En octobre, le Royaume a également approuvé une loi sur l'investissement actualisée afin d'accroître les flux d'IDE, le ministère de l'Investissement déclarant que cette loi renforcerait la transparence et simplifierait le processus d'investissement.

La règle promet également des protections accrues pour les investisseurs, y compris l'adhésion à l'État de droit, le traitement équitable et les droits de propriété, ainsi que des garanties solides pour la propriété intellectuelle et les transferts de fonds en continu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Oman: pose de la première pierre d'une usine de GNL de TotalEnergies

"Marsa est un projet véritablement innovant. Petit projet, un million de tonnes d'énergie, mais entièrement électrifié. On parle de décarbonation, on parle d'électrification. Ici, c'est une réalité", s'est félicité le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, lors de la cérémonie d'inauguration. (AFP)
"Marsa est un projet véritablement innovant. Petit projet, un million de tonnes d'énergie, mais entièrement électrifié. On parle de décarbonation, on parle d'électrification. Ici, c'est une réalité", s'est félicité le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, lors de la cérémonie d'inauguration. (AFP)
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  • "La production de GNL devrait démarrer au premier trimestre 2028 et sera en priorité destinée à répondre au marché des carburants marins (soutage de GNL) dans le Golfe", précisent dans un communiqué les groupes français et omanais
  • Cette annonce intervient un an après la décision finale d'investissement pour cette usine de liquéfaction, d'une capacité d'un million de tonnes de GNL par an, située dans le nord du sultanat

PARIS: La première pierre de l'usine de gaz naturel liquéfié (GNL) Marsa LNG a été posée jeudi à Oman, un site qui doit notamment servir à alimenter le transport maritime, ont annoncé TotalEnergies et son partenaire local, la compagnie OQEP.

"La production de GNL devrait démarrer au premier trimestre 2028 et sera en priorité destinée à répondre au marché des carburants marins (soutage de GNL) dans le Golfe", précisent dans un communiqué les groupes français et omanais.

"Marsa est un projet véritablement innovant. Petit projet, un million de tonnes d'énergie, mais entièrement électrifié. On parle de décarbonation, on parle d'électrification. Ici, c'est une réalité", s'est félicité le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, lors de la cérémonie d'inauguration.

Cette annonce intervient un an après la décision finale d'investissement pour cette usine de liquéfaction, d'une capacité d'un million de tonnes de GNL par an, située dans le nord du sultanat.

L'installation est construite par une coentreprise de TotalEnergies (80%), qui revendique la place de troisième acteur mondial du GNL, et OQEP (20%).

"Bénéficiant d’un emplacement idéal à l’entrée du Golfe, le site de Marsa LNG a été choisi pour établir le premier hub de soutage de GNL marin du Moyen-Orient", soulignent les deux partenaires.

Selon eux, l'utilisation du GNL pour le transport maritime permet de réduire d'environ 20% les émissions de gaz à effet de serre par rapport au fioul.

L'utilisation de ce gaz est toutefois contestée par certains experts et défenseurs de l'environnement. L'ONG européenne Transport et environnement estime ainsi que les entreprises ont "mis sous le tapis un énorme problème, à savoir les fuites de méthane", puissant gaz à effet de serre, qui "concernent les navires utilisant le GNL et les infrastructures terrestres associées à la production, au transport et au stockage".

TotalEnergies et OQEP affirment par ailleurs que Marsa LNG, fonctionnant à l'électricité et associée à un parc solaire, sera "l’une des usines de GNL ayant la plus faible intensité carbone au monde".


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.