Entre France et Maroc, un lien affectif et culturel fort mais de plus en plus menacé

Le président français Emmanuel Macron arrive avec le roi marocain Mohammed VI à la gare de Rabat Agdal pour l'inauguration d'une ligne ferroviaire à grande vitesse, le 15 novembre 2018 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron arrive avec le roi marocain Mohammed VI à la gare de Rabat Agdal pour l'inauguration d'une ligne ferroviaire à grande vitesse, le 15 novembre 2018 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 14 décembre 2022

Entre France et Maroc, un lien affectif et culturel fort mais de plus en plus menacé

  • Malgré notamment la concurrence espagnole, la France est le premier partenaire économique du Maroc et, de loin, le principal investisseur étranger
  • La culture française y reste par ailleurs très prisée des élites marocaines, formées pour beaucoup dans des établissements français

PARIS: Un lien affectif fort, conjugué à des relations économiques et culturelles denses: les sociétés française et marocaine ont su nouer depuis la fin de l'ère coloniale une relation singulière et globalement apaisée, que fragilisent toutefois de récents différends politiques.

"La relation entre le Maroc et la France n'est pas une réplique de la relation de la France avec l'Algérie. La relation est plus apaisée" malgré d'inévitables zones d'ombres et tensions ponctuelles, explique l'intellectuel marocain Hassan Aourid, à la veille d'une rencontre historique des deux pays en demi-finale de Coupe du monde de football.

Selon M. Aourid, "il y a incontestablement des segments de la société marocaine qui ont un rapport très affectif à la France, c'est le cas de la bourgeoisie, de la technostructure, du cénacle des décideurs, etc."

Proclamée en 1956, l'indépendance marocaine a mis fin à quarante-quatre ans de protectorat français et espagnol.

Depuis, malgré notamment la concurrence espagnole, la France est le premier partenaire économique du Maroc et, de loin, le principal investisseur étranger.

La culture française y reste par ailleurs très prisée des élites marocaines, formées pour beaucoup dans des établissements français.

Au total, près de 54 000 Français sont établis dans le royaume marocain et en retour, les statistiques disponibles font état de plus d'un million de Marocains installés en France, favorisant des mariages nombreux et des liens familiaux très intimes.

Nouveaux compétiteurs

Mais au Maroc, comme partout d'ailleurs sur le continent africain, la France voit ces dernières années son influence bousculée par de nouveaux compétiteurs, comme en témoigne l'essor ces dernières années d'écoles américaines, canadiennes ou même belges.

Les jeunes générations notamment "se sont saisies de l'anglais d'abord parce que c'est la langue des nouvelles technologies et des réseaux sociaux mais aussi parce que le français est vu comme la langue de l'élite", explique l'écrivaine franco-marocaine Hajar Azell, qui vit entre Paris et Rabat.

Les Instituts Confucius, pendant chinois des Alliances françaises, connaissent également une vigoureuse progression, tandis que les contenus des chaînes de télé du Golfe s'enracinent de plus en plus au sein de la société marocaine, notamment dans les classes les plus populaires.

"Il y a des segments travaillés par le panarabisme, l'islamisme, pour qui la France n'est pas qu'un pays occidental, mais l'ennemi qui a dominé et colonisé le Maroc. Il y a une mutation", poursuit M. Aourid.

"La montée en puissance d'autres relations que la relation avec la France est inéluctable et constitue un rééquilibrage, du fait aussi de la perte d'influence notamment économique et diplomatique de la France", souligne auprès de l'AFP Béatrice Hibou, directrice de recherche au CNRS français.

Cette perte d'influence s'explique en premier lieu par une politique culturelle et éducative française en retrait au Maroc ces dernières décennies, pointent des observateurs, même si le réseau culturel des Instituts français y est le plus grand dans le monde (avec 13 antennes).

"Les écoles et lycées français où on accueillait les Français gratuitement et les Marocains en les faisant payer un peu, sont désormais payants et de façon absolument délirante pour les non-Français. Les gens se disent +quitte à payer, n'ai-je pas intérêt à envoyer mon enfant dans une école anglophone où, dans le monde tel qu'il est, il aura plus de chances ?+", insiste Béatrice Hibou.

Un désintérêt français?

Surtout, "il ne faut pas sous-estimer la question des visas qui est cruciale", insiste la chercheuse, expliquant que cette politique française est vue côté marocain "vraiment comme une gifle, avec un vrai sentiment anti-français et de grand gâchis" qui grandit.

En cause? La décision de Paris fin 2021 de réduire de moitié les permis d'entrée accordés aux Marocains, arguant de la réticence du royaume à réadmettre ses ressortissants en situation irrégulière dans l'Hexagone.

Une mesure qualifiée d'"injustifiée" par Rabat, d'"humiliante" par les ONG humanitaires et, au mieux, de "grande maladresse" dans les milieux francophones marocains.

Ces restrictions de visas "ont fâcheusement embarqué malgré elle la société civile dans une affaire qui la dépasse, alimentant au passage un sentiment d'hostilité à la France", affirme le chercheur marocain Ali Bouabid, qui craint que cette affaire ne laisse une trace durable dans l'opinion.

Le signe d'un possible désintérêt français pour le Maroc, s'inquiétait dans une récente interview l'ancien directeur de la Bibliothèque nationale du Maroc, Driss Khrouz: "Le centre d'intérêt des élites françaises s'est déplacé vers d'autres zones, d'autres sujets, comme l'Asie, la Russie, la Méditerranée, l'Atlantique. Il y a une espèce de relâchement intellectuel, alors que les intérêts économiques entre le Maroc et la France sont devenus plus stratégiques".


Washington annonce avoir arrimé la jetée à Gaza, prête à recevoir de l'aide

Cette photo prise le 16 mai 2024 montre une vue du navire de l'armée américaine General Frank S. Besson Jr. Logistic Support Vessel (LSV-1) en Méditerranée, au large de la bande de Gaza. (AFP).
Cette photo prise le 16 mai 2024 montre une vue du navire de l'armée américaine General Frank S. Besson Jr. Logistic Support Vessel (LSV-1) en Méditerranée, au large de la bande de Gaza. (AFP).
Short Url
  • Ce projet de jetée d'un coût annoncé de 320 millions de dollars selon le Pentagone, avait été annoncé en mars par le président Joe Biden, pour pallier aux restrictions imposées par Israël
  • Londres a annoncé mercredi qu'un navire chargé d'aide avait quitté Chypre à destination de cette installation

JERUSALEM: Les Etats-Unis ont annoncé avoir achevé jeudi une jetée provisoire sur la côte de Gaza, devant permettre d'acheminer plus d'aide dans le territoire ravagé par sept mois de guerre et dont les principaux points d'entrée sont bloqués depuis plus d'une semaine.

Des militaires américains "soutenant la mission humanitaire de livraison d'aide supplémentaire aux civils palestiniens dans le besoin, ont arrimé la jetée temporaire à la plage de Gaza", indique sur X le commandement militaire des Etats-Unis pour le Moyen-Orient (Centcom).

"Il est prévu que des camions chargés d'aide humanitaire commencent à accoster dans les prochains jours", poursuit le Commandement, précisant que l'aide sera remise à l'ONU qui "coordonnera sa distribution dans Gaza".

Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, a toutefois indiqué que les négociations se poursuivaient concernant la distribution de l'aide.

"Nous finalisons nos plans opérationnels pour assurer que nous sommes prêts à gérer (l'aide) quand la jetée flottante sera totalement opérationnelle, tout en assurant la sécurité de notre personnel", a-t-il déclaré.

Répétant la préférence de l'ONU pour la voie terrestre, il a estimé que l'aide humanitaire "ne peut pas et ne devrait pas dépendre d'une jetée flottante loin de là où les besoins sont les plus aigus".

Que l'aide arrive "par la mer ou par la route, sans carburant elle n'arrivera pas aux gens qui en ont besoin", a-t-il insisté.

Interrogé sur ces inquiétudes, un porte-parole du Département d'Etat américain, Vedant Patel, a indiqué que les Etats-Unis travaillaient avec l'ONU sur les modalités. Mais "de notre point de vue, nous pensons que c'est prêt à fonctionner et que l'aide va commencer à arriver dès que possible".

Le vice-amiral Brad Cooper du Centcom, a annoncé l'arrivée "d'environ 500 tonnes (d'aide) dans les prochains jours (...) réparties entre plusieurs bateaux".

"Des milliers de tonnes d'aide sont dans les tuyaux", a-t-il ajouté, précisant que l'aide sera contrôlée en amont à Chypre. "Il n'y aura pas de soldat américain au sol à Gaza."

A terme, Washington espère l'arrivée de l'équivalent de "150 camions par jour", a précisé une porte-parole du Pentagone.

Ce projet de jetée d'un coût annoncé de 320 millions de dollars selon le Pentagone, avait été annoncé en mars par le président Joe Biden, pour pallier aux restrictions imposées par Israël, allié historique des Etats-Unis, à l'acheminement terrestre de l'aide vers la bande de Gaza.

Londres a annoncé mercredi qu'un navire chargé d'aide avait quitté Chypre à destination de cette installation.

Il doit y débarquer environ 100 tonnes d'abris temporaires pour les habitants de Gaza, quelque 2,4 millions de personnes dont environ 70% ont été déplacées par la guerre, dans un territoire déjà surpeuplé et assiégé depuis sept mois.

La marine et des troupes d'infanterie encadrent cette "opération humanitaire", a indiqué un porte-parole de l'armée israélienne, Nadav Shoshani.

Mercredi, plus de 200 camions sont entrés à Gaza, via le passage d'Erez-Ouest et celui de Kerem Shalom, chargés notamment de farine et de carburant (76.000 litres) et "nous allons les transférer au Programme alimentaire mondial pour approvisionner les organisations et les boulangeries à travers Gaza", a-t-il déclaré.

Israël a lancé une offensive sur la bande de Gaza en riposte à une attaque sanglante sur son sol de commandos du Hamas et ses alliés, le 7 octobre.

L'aide internationale, strictement contrôlée par les autorités israéliennes, arrivait déjà au compte-gouttes, mais son entrée à Gaza est désormais largement entravée aux deux principaux points de passage -Kerem Shalom depuis Israël et Rafah depuis l'Egypte.

L'armée israélienne s'est emparée le 7 mai du côté palestinien du passage de Rafah, par lequel transitait la totalité du carburant indispensable au fonctionnement des infrastructures et hôpitaux de Gaza et à la logistique humanitaire.

Depuis, l'Egypte refuse de coordonner l'acheminement de l'aide avec Israël par Rafah, les deux pays se renvoyant la responsabilité du blocage.

Fermé plusieurs jours début mai après avoir essuyé des tirs de roquettes du Hamas, Kerem Shalom est officiellement ouvert, mais des organisations humanitaires affirment ne pas pouvoir y collecter l'aide acheminée, faute de carburant et en raison de combats alentour.


Un pèlerin français traverse treize pays pour accomplir l’Omra

Dans une interview accordée à SPA peu après son arrivée à Médine mercredi, M. Boulabiar affirme qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres. (SPA)
Dans une interview accordée à SPA peu après son arrivée à Médine mercredi, M. Boulabiar affirme qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres. (SPA)
Short Url
  • M. Boulabiar explique qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres
  • «C’est un rêve d’enfant. Je rêvais de me rendre à La Mecque à pied, comme le Prophète», confie M. Boulabiar

MÉDINE: Le pèlerin français Mohammed Boulabiar a passé huit mois à parcourir treize pays pour accomplir l’Omra, a rapporté mercredi l’agence de presse saoudienne (SPA).

Dans une interview accordée à SPA peu après son arrivée à Médine mercredi, M. Boulabiar explique qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres.

Il est parti de Paris le 27 août 2023 et a traversé la Suisse, l’Italie, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie, le Monténégro, l’Albanie, la Macédoine, la Grèce, la Turquie et la Jordanie avant d’arriver en Arabie saoudite.

Muni uniquement d’une carte et d’un sac contenant des provisions de première nécessité et une tente ne pesant que 25 kilos, M. Boulabiar raconte avoir passé la plupart de ses nuits dans des mosquées situées le long de la route ou chez des étrangers généreux qui l’ont accueilli dans leur maison.

Pour M. Boulabiar, l’aspect le plus difficile du voyage était la météo.

«Je suis parti en été et je suis arrivé au printemps, traversant l’automne et l’hiver, affrontant les tempêtes et le tonnerre. À un moment donné, une tempête de neige à la frontière grecque a retardé mon voyage d’une semaine», se souvient-il.

«C’est un rêve d’enfant. Je rêvais de me rendre à La Mecque à pied, comme le Prophète», confie M. Boulabiar.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier saoudien s’entretient avec des dirigeants arabes en marge du sommet de Manama

Le prince héritier d’Arabie saoudite s’entretient avec le Premier ministre koweïtien, cheikh Ahmed Abdallah al-Ahmed al-Sabah, à Manama, Bahreïn. (SPA)
Le prince héritier d’Arabie saoudite s’entretient avec le Premier ministre koweïtien, cheikh Ahmed Abdallah al-Ahmed al-Sabah, à Manama, Bahreïn. (SPA)
Short Url
  • Le prince héritier a exhorté la communauté internationale à assumer ses responsabilités en exigeant la cessation immédiate de l’agression israélienne
  • Il a souligné «l’importance de trouver une solution juste et globale à la question palestinienne»

RIYAD: Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a rencontré plusieurs dirigeants arabes en marge du Sommet de la Ligue arabe, qui se tient aujourd’hui à Manama.

Le prince héritier s’est entretenu avec le Premier ministre koweïtien, cheikh Ahmed Abdallah al-Ahmed al-Sabah, le roi Abdallah de Jordanie, le président syrien, Bachar al-Assad, et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Le sommet portait essentiellement sur la guerre entre Israël et le Hamas. Le prince héritier a déclaré dans son discours que le Royaume «insistait sur la nécessité d’une collaboration continue pour faire face à l’agression brutale contre la Palestine».

Il a exhorté la communauté internationale à assumer ses responsabilités en exigeant la cessation immédiate de l’agression israélienne et en garantissant l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza.

Le prince héritier a également souligné «l’importance de trouver une solution juste et globale à la question palestinienne sur la base des résolutions légitimes de l’ONU et de l’Initiative de paix arabe, garantissant ainsi le droit du peuple palestinien à établir un État indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com