À la découverte des man’ouchés de Paris: Faurn (3/3)

Après avoir obtenu sa première étoile Michelin en 2018, le seul chef étoilé d’origine libanaise a voulu offrir «l’excellence de la street food libanaise». Photo Anne ilcinkas
Après avoir obtenu sa première étoile Michelin en 2018, le seul chef étoilé d’origine libanaise a voulu offrir «l’excellence de la street food libanaise». Photo Anne ilcinkas
Short Url
Publié le Samedi 17 décembre 2022

À la découverte des man’ouchés de Paris: Faurn (3/3)

  • C’est une «boulangerie à la libanaise, ou plutôt une pizzeria à la libanaise», selon les mots de son fondateur
  • Les chansons de Fayruz, la diva libanaise, constituent la bande-son du Faurn

PARIS: Au Liban, pas de quartier ni de village sans son faurn, le four à man’ouché – cette galette aux garnitures diverses et variées qui constitue le petit déjeuner d’excellence des Libanais.

Désormais, on trouve facilement des man'ouchés à Paris, que ce soit sur les étals des marchés ou dans certains restaurants qui en ont fait leur spécialité. Arab News en français vous invite à la découverte de cet incontournable de la cuisine libanaise dans la capitale française.

A relire :

L'histoire de la man'ouché et la première étape, Les Délices d'Auber

La deuxième étape, Chez le Libanais

Troisième étape: Faurn
Faurn est tout nouveau dans le paysage de la man’ouché parisienne. C’est une «boulangerie à la libanaise, ou plutôt une pizzeria à la libanaise», selon les mots de son fondateur. Ouvert il y a un peu plus d'un mois par le chef étoilé Alan Geaam dans un local situé entre son bistrot, le Qasti, et son épicerie, le Doukane, il propose des galettes au four et au saj. C’est la traditionnelle, au zaatar, qui a le plus de succès, comme l’explique le chef bangladais Naren – puis vient la halloumi-zaatar.

manouche
C’est la traditionnelle, au zaatar, qui a le plus de succès, comme l’explique le chef bangladais Naren – puis vient la halloumi-zaatar. Photo Anne Ilcinkas.

Ce mercredi, Hachem Nour, responsable du Faurn et du Qasti et neveu d’Alan Geaam, déguste une kaaké, une sorte de pain au fromage qu’il envisage d’ajouter à la carte, avant d’accueillir Bilal Bayassi, un chef tout juste arrivé de Tripoli, au Liban. Après plus de seize ans, ce dernier vient de fermer le «faurn» qu’il possédait dans le quartier d’Abou Samra, pour commencer une nouvelle vie en France. «Je vais commencer à travailler la carte, en proposant les mêmes man’ouchés qu’au Liban», explique-t-il.

manouché
La man'ouché zaatar de Faurn. Photo Anne Ilcinkas.

Pour Alan Geaam, il est important d’avoir des «maîtres» pour chacune des spécialités qu’il propose: un maître chawarma derrière la broche, un boulanger aux fourneaux, un chef en cuisine.

«La cuisine libanaise est dans la capitale depuis longtemps», explique-t-il. «Depuis que j’ai commencé avec le projet Qasti, en 2020, j’essaie de casser les codes et de montrer que la cuisine libanaise peut être faite minute, maison, avec des produits de saison et un savoir-faire à la française.»

Après avoir obtenu sa première étoile Michelin en 2018, le seul chef étoilé d’origine libanaise a voulu offrir «l’excellence de la street food libanaise». «Mon projet, c’est d’animer ce quartier du IIIe arrondissement de Paris, de créer un mini souk el Attarine de Tripoli, avec toutes ses petites boutiques collées les unes aux autres qui dégagent des parfums extraordinaires et qui ont beaucoup marqué mon enfance. Que les gens puissent découvrir le houmous, les chawarmas, les falafels, le taboulé, toutes ces saveurs de mon enfance, du Liban, de Tripoli», confie le chef, débarqué du Liban à Orly en 1999 sans visa et alors qu’il ne connaissait pas un mot de français.

 

Alan Geaam se raconte dans son livre Mon Liban

Quand il débarque à Paris, le 2 mars 1999, il n’a en poche qu'un visa de sept jours et 200 francs, mais un rêve: celui du petit garçon de Tripoli qui, devant les émissions culinaires de la télévision, voulait devenir chef dans la capitale de la gastronomie.

alan geaam
Alan Geaam raconte son «rêve français» dans un livre paru récemment aux éditions Hachette, fruit de quinze mois de travail. Photo Anne Ilcinkas.

C’est aujourd’hui le seul chef étoilé d’origine libanaise du guide Michelin, avec une première étoile décrochée en 2018 pour son restaurant Alan Geaam, situé dans le XVIe arrondissement de Paris, et une autre, obtenue en mars 2022, pour son auberge Nicolas Flamel.

Le Libanais, né en 1975 à Monrovia, la capitale du Liberia, dans une famille d’épiciers libanais, a aussi ouvert en 2020 le Qasti, son bistrot libanais, qui propose des chawarmas et des grillades, le Doukane, une épicerie libanaise, et, il y a un peu plus d’un mois, Faurn, sa boulangerie libanaise.

Alan Geaam raconte son «rêve français» dans un livre paru récemment aux éditions Hachette, fruit de quinze mois de travail.

Des photos des souks de Tripoli ou d’Alan Geaam en train de boxer – le chef s’est mis à pratiquer ce sport en 2002 – prises par Emanuela Cino alternent avec des recettes stylisées par Valéry Drouet et des bribes de vie du chef racontées par Leslie Gogois.

«Pourquoi Mon Liban? Parce que j'ai envie de raconter le Liban, le Liban où j'ai grandi, le Liban qui me suit ici, depuis vingt-cinq ans que je vis à Paris», explique le chef à Arab News en français.

 

«Le secret d’une bonne man’ouché, c’est sa recette», explique Camille Wehbé, venu directement de Beyrouth, où il était en charge de la cuisine centrale de l’aéroport pour travailler comme chef au Qasti, il y a un an. «Il faut faire reposer la pâte – farine, huile, sucre, sel et eau – et utiliser des farines spéciales. La man’ouché cuit en deux minutes dans un four à 375-400 °C.»
«Notre mélange zaatar, composé de tiges de zaatar, de sumac, de sel, de graines de sésame, est importé directement du Liban et spécialement pour nous. Il est associé à une huile d’olive de qualité supérieure, 30 grammes d’huile pour 15 à 17 grammes de zaatar», précise encore le chef libanais, qui lance: «La man’ouché au Liban, c’est comme le croissant à Paris!»

manouch
«Le secret d’une bonne man’ouché, c’est sa recette». Photo Anne Ilcinkas.

Pour retrouver les saveurs de leur enfance, Raphaël et Norma Rizk ont fait trente-cinq minutes de voiture ce samedi matin pour relier Orly à la rue Saint-Martin. «J’ai pris la traditionnelle zaatar; j’ai un petit faible pour le fatayer aux épinards, et puis le fameux labné, avec du thé. C’est vraiment le trio du petit déjeuner typique de mon enfance au Liban», explique Raphaël Rizk. «Ce n’est pas qu’une histoire de souvenirs. J’ai l’impression d’être là-bas.»

«Ça nous rappelle le Liban, un peu de nostalgie», renchérit sa femme, Norma. D’ailleurs, les chansons de Fayruz, la diva libanaise, constituent la bande-son du Faurn.

faurn
Faurn est tout nouveau dans le paysage de la man’ouché parisienne. Photo Anne Ilcinkas.


«Aujourd'hui, c'est vrai, quand je fais de la cuisine libanaise, je ne la fais pas pour les touristes ou pour les Parisiens; je la fais pour les Libanais, car ils ont un palais. Ils ont l’habitude de manger de la bonne cuisine faite maison», révèle Alan Geaam. «D’ailleurs, on en voit énormément qui sont arrivés là, dans la capitale, à cause de la situation catastrophique du Liban. Quand je les vois rassemblés ici le week-end, ça me fait chaud au cœur.»

Alan Geaam a apporté sa touche personnelle en revisitant la man’ouché de son enfance: «Aujourd’hui, la man’ouché, c’est la pâte qu’on garnit avec le zaatar, le fromage halloumi. Mais on peut aussi mélanger le halloumi avec le gorgonzola italien, pourquoi pas? On peut aussi faire de la truffe avec du halloumi. L’idée, c’est de marier un peu les deux cultures, Occident et Orient, dans une même man’ouché; mais aussi de se faire plaisir, de partager, et de montrer qu’aujourd'hui la cuisine libanaise peut se marier aussi avec d'autres saveurs d'Italie et de France.»

 


La réalisatrice marocaine Asmae El-Moudir rejoint le jury Un Certain Regard à Cannes

Asmae El-Moudir est la réalisatrice du film « La Mère de tous les mensonges » (AFP)
Asmae El-Moudir est la réalisatrice du film « La Mère de tous les mensonges » (AFP)
Short Url
  • Le Festival de Cannes a annoncé jeudi que Asmae El-Moudir fera partie du jury Un Certain Regard lors de la 77e édition de l'événement
  • Un Certain Regard met en valeur les films d'art et de découverte d'auteurs émergents

DUBAÏ: Le Festival de Cannes a annoncé jeudi que la réalisatrice, scénariste et productrice marocaine Asmae El-Moudir fera partie du jury Un Certain Regard lors de la 77e édition de l'événement, qui se tiendra du 14 au 25 mai.

Elle sera accompagnée de la scénariste et réalisatrice sénégalaise Maïmouna Doucouré, de l'actrice luxembourgeoise Vicky Krieps et du critique de cinéma, réalisateur et écrivain américain Todd McCarthy.

Xavier Dolan sera le président du jury Un Certain Regard.

L'équipe supervisera l'attribution des prix de la section Un Certain Regard, qui met en valeur les films d'art et de découverte d'auteurs émergents, à partir d'une sélection de 18 œuvres, dont huit premiers films.

Asmae El-Moudir est la réalisatrice du film « La Mère de tous les mensonges », acclamé par la critique.

Le film a remporté les honneurs de la section Un Certain Regard, ainsi que le prestigieux prix L'œil d'Or du meilleur documentaire au festival de 2023. Le film explore le parcours personnel de la réalisatrice, élucidant les mystères de l'histoire de sa famille avec pour toile de fond les émeutes du pain de 1981 à Casablanca.

Asmae El-Moudir n'est pas la seule Arabe à rejoindre l'équipe de Cannes. 

L'actrice maroco-belge Lubna Azabal a été nommée cette semaine présidente du jury des courts-métrages et de La Cinef lors du festival. Les prix La Cinef sont la sélection du festival dédiée aux écoles de cinéma.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Le plus grand projet de restauration corallienne au monde dévoilé en mer Rouge

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
Short Url
  • «KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale»
  • «Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens»

RIYAD: Des scientifiques de l’université des sciences et technologies du roi Abdallah (Kaust), en collaboration avec Neom, ont inauguré la première pépinière de l’Initiative de restauration corallienne de la Kaust (KCRI).

«KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale. Une première pépinière est officiellement opérationnelle et une seconde est en cours de construction. Elles sont toutes deux situées en mer Rouge», indique un communiqué publié jeudi.

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an.

Les chercheurs se serviront de cette installation pilote pour lancer des initiatives de restauration corallienne à grande échelle, avec notamment la pépinière de coraux terrestre la plus grande et la plus avancée au monde.

Située sur le même site, cette dernière aura une capacité décuplée et pourra produire 400 000 coraux par an. Le projet devrait être achevé en décembre 2025.

Abritant 25% des espèces marines connues, bien qu’ils couvrent moins d’1% des fonds marins, les récifs coralliens sont le fondement de nombreux écosystèmes marins. Les experts estiment que jusqu’à 90% des récifs coralliens de la planète subiront un stress thermique grave d’ici à 2050.

«Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens. Nous avons donc pour ambition de trouver un moyen de faire passer les efforts de restauration actuels, à forte intensité de main-d’œuvre, à des processus industriels afin d’inverser le rythme actuel de dégradation des récifs coralliens», a expliqué le professeur Tony Chan, président de la Kaust.

Cette initiative s’aligne sur la Vision 2030 de l’Arabie saoudite et sur ses efforts pour renforcer la conservation marine en tirant parti des recherches réalisées par la Kaust sur les écosystèmes marins et en servant de plate-forme pour tester des méthodes de restauration innovantes.

«Grâce à notre partenariat de longue date avec la Kaust, nous mettrons également en lumière le rôle des récifs coralliens, qui comptent parmi les systèmes environnementaux marins les plus importants, ainsi que l’importance de leur préservation pour les générations futures», a confié le PDG de Neom, Nadhmi al-Nasr.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Istituto Marangoni de Milan va ouvrir un campus à Riyad

Au centre, Stefania Valenti, directrice générale mondiale de l’Istituto Marangoni, et Burak Cakmak, directeur général de la Commission saoudienne de la mode. (Photo fournie)
Au centre, Stefania Valenti, directrice générale mondiale de l’Istituto Marangoni, et Burak Cakmak, directeur général de la Commission saoudienne de la mode. (Photo fournie)
Short Url
  • La mission de l’institut en Arabie saoudite sera d’explorer de nouvelles voies pour l’accompagnement des talents locaux et de générer des possibilités d’emploi
  • L’institut possède des campus à Milan, à Florence, à Dubaï, à Paris, à Londres et à Miami

RIYAD: L’Istituto Marangoni, basé à Milan, en collaboration avec la Commission saoudienne de la mode, ouvrira à Riyad un institut de formation supérieure proposant des cours spécialisés dans la mode et le luxe, avec l’intention de l’inaugurer en 2025. 

Selon un communiqué, la mission de l’institut en Arabie saoudite sera d’explorer de nouvelles voies pour l’accompagnement des talents locaux et de générer des possibilités d’emploi dans les secteurs concernés. 

photo
Le nouvel institut de Riyad proposera des diplômes de niveau avancé d’une durée de trois ans, dans des domaines spécifiques, comme la création de mode, la gestion de la mode, les produits de mode, le stylisme de mode et la direction créative, ainsi que la gestion des parfums et cosmétiques et le design d’intérieur. (Photo fournie) 

«Nous sommes très heureux d’établir un partenariat avec l’Istituto Marangoni. Il s’agit de l’un des principaux établissements d’enseignement mondiaux axés sur la mode et le design. Il possède de nombreux campus à travers le monde, mais c’est la première fois qu’il en ouvre un en Arabie saoudite. Il s’agit également du premier établissement d’enseignement au Royaume en tant que destination d’investissement direct étranger, ce qui montre son engagement vis-à-vis du potentiel du marché saoudien, en particulier pour les créateurs et les entreprises. Grâce à ce partenariat, nous serons en mesure de former tous les créateurs locaux en Arabie saoudite et de leur proposer des emplois», déclare à Arab News Burak Cakmak, directeur général de la Commission de la mode du ministère de la Culture d’Arabie saoudite. 

Le nouvel institut de Riyad proposera des diplômes de niveau avancé d’une durée de trois ans, dans des domaines spécifiques, comme la création de mode, la gestion de la mode, les produits de mode, le stylisme de mode et la direction créative, ainsi que la gestion des parfums et cosmétiques et le design d’intérieur. Les étudiants pourront choisir de suivre leurs études à Riyad, avec la possibilité d’intégrer le marché de la mode grâce à un stage de six mois au cours de la dernière année d’études, ou de poursuivre leurs études de licence dans n’importe quel campus international de l’Istituto Marangoni. 

photo
La mission de l’institut en Arabie saoudite sera d’explorer de nouvelles voies pour l’accompagnement des talents locaux et de générer des possibilités d’emploi dans les secteurs concernés. (Photo fournie) 

L’institut possède des campus à Milan, à Florence, à Dubaï, à Paris, à Londres et à Miami. 

Dans un communiqué, Stefania Valenti, directrice générale mondiale de l’Istituto Marangoni, déclare: «Nous avons établi cet important partenariat avec la Commission saoudienne de la mode parce que nous sommes convaincus qu’elle élaborera un programme solide en vue de créer un système de luxe et de mode en Arabie saoudite.» 

«Nous voulons mettre nos connaissances et nos compétences à la disposition de la nouvelle génération. Les jeunes générations – notamment les femmes – veulent pouvoir suivre des études en Arabie saoudite et non pas seulement à l’étranger», ajoute-t-elle. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com