Mondial: les Bleus attendus en fin de journée à Paris et à la Concorde, la liesse en Argentine

L'attaquant argentin # 10 Lionel Messi (C) célèbre avec ses coéquipiers la victoire du match de football final de la Coupe du monde Qatar 2022 entre l'Argentine et la France au stade Lusail à Lusail, au nord de Doha, le 18 décembre 2022. ( Photo de Kirill KUDRYAVTSEV / AFP)
L'attaquant argentin # 10 Lionel Messi (C) célèbre avec ses coéquipiers la victoire du match de football final de la Coupe du monde Qatar 2022 entre l'Argentine et la France au stade Lusail à Lusail, au nord de Doha, le 18 décembre 2022. ( Photo de Kirill KUDRYAVTSEV / AFP)
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Publié le Lundi 19 décembre 2022

Mondial: les Bleus attendus en fin de journée à Paris et à la Concorde, la liesse en Argentine

  • «Nous reviendrons», a promis lundi Kylian Mbappé sur son compte Twitter, ses premiers mots depuis la désillusion de la veille
  • Quant à Messi, 35 ans, avec ce premier titre mondial -comme Maradona en 1986-, il va encore être un peu plus adulé en Argentine

DOHA:Héros malheureux de la finale du Mondial-2022, les joueurs de l'équipe de France sont attendus lundi en fin de journée à Paris et iront bien saluer leurs supporters Place de la Concorde alors que l'Argentine piaffe d'impatience avant de fêter les nouveaux champions du monde.

Ivres de bonheurs, les Argentins sont descendus par millions dans les rues pour célébrer cette troisième Coupe du monde, le dernier sacre remontant à 1986 et Diego Maradona. Les Bleus, eux, ne conservent pas le trophée remporté en 2018 mais ils peuvent être fiers de leur tournoi.

Cette finale de légende s'est jouée aux tirs au but (4-2) à l'issue d'un scénario fou: un doublé de Lionel Messi, meilleur joueur du tournoi, un triplé de Mbappé, meilleur buteur de la compétition, et des prolongations irrespirables (3-3).

Au point de rassembler 24 millions de téléspectateurs sur TF1, un "record historique d'audience" pour la télévision française.

Conscients de l’engouement suscité par leur parcours, les Bleus, malgré le dénouement cruel, ont ainsi décidé de communier avec leurs fans dès leur retour à Paris.

Contrairement aux affirmations du président de la Fédération française de football, Noël le Graët, qui avait exclu dans la matinée l'organisation d'un tel évènement, la FFF a confirmé la tenue d'un rassemblement Place de la Concorde après l’atterrissage de l'avion des Tricolores, prévu aux alentours de 20h10 à l'aéroport de Roissy.

Les Argentins devraient eux arriver vers 19H00 locales (22H00 GMT) a l'aéroport d'Ezeiza de Buenos Aires, où une réception en petit comité était prévue, selon une source aéroportuaire, mais sans certitude encore sur des retrouvailles le soir même avec les plus d'un million de Porteños qui, jusque tard dans la nuit, ont fêté dimanche le 3e titre mondial.

Finale de légende, Messi- Mbappé, Maroc et portiers... Les tops du Qatar

Le Mondial-2022 s'est achevé dimanche en apothéose avec une finale de légende remportée par l'Argentine de Lionel Messi sur la France de Kylian Mbappé, dénouement d'un mois de football riche en surprises, telle l'épopée du Maroc, et ponctué des parades spectaculaires de plusieurs grands gardiens.

Argentine-France dans la légende, le sacre de Messi

Argentine-France: les qualificatifs manquent pour évoquer le victoire de l'Albiceleste (3-3 a.p., 4 t.a.b à 2), au terme de l'un des plus grands matches de l'histoire du football.

Deux buts de Lionel Messi. Un triplé de Kylian Mbappé. Les stars ont été au rendez-vous d'un match fou.

Alors que les Argentins menaient 2 à 0 grâce à son penalty (23e) et un but de son lieutenant préféré Angel Di Maria (36e), l'autre star de ce Mondial, Kylian Mbappé a ramené son équipe à hauteur en quelques secondes (80e, 81e). Puis Messi a vu le Français réussir son deuxième penalty de la soirée (118e) alors que l'Argentin venait de redonner l'avantage aux siens et haranguait son public (109e).

Mais après quatre échecs depuis 2006, cette fois, c'était le soir de celui qui ravit les amoureux du ballon rond depuis si longtemps. Pour un triomphe au bout du suspense qui offre une troisième étoile à l'Albiceleste après les titres de 1978 et 1986.

Et qui vient couronner l'immense carrière de Messi, immédiatement désigné meilleur joueur du tournoi, pour le plus grand bonheur de ses millions de supporteurs dans le monde entier

Avant ce sacre, l'enfant de Rosario, 35 ans, avait tout gagné en clubs, avec le FC Barcelone surtout. Mais avec sa sélection, il se contentait d'une Copa America (2021). Ce titre mondial le fait rejoindre dans la légende Maradona, "el pibe de Oro". Il surpasse aussi Pelé, avec treize buts en cinq éditions de la compétition reine du football.

Mbappé, meilleur buteur

La bataille pour le trophée de meilleur buteur du Mondial s'est aussi jouée dimanche: avant la rencontre, Messi et Mbappé, les deux superstars du Paris SG, étaient en tête (5 buts chacun).

Mbappé a fini par émerger avec huit buts au total en inscrivant un triplé, tandis que l'Argentin s'est "contenté" d'inscrire deux buts.

Mbappé est devenu dimanche le deuxième joueur à réussir un triplé en finale de Coupe du monde, après l'Anglais Geoff Hurst face à l'Allemagne en 1966.

Avec douze buts en deux participations (ainsi que deux passes décisives lors de l'édition 2022), le joueur de 23 ans égale la légende Pelé pour devenir le sixième meilleur buteur de l'histoire du Mondial.

L'épopée du Maroc, première pour l'Afrique

Porté par une ferveur populaire impressionnante, le Maroc a brisé un plafond de verre en atteignant le dernier carré d'une Coupe du monde, pour la première fois pour une équipe africaine.

"On a eu cette énergie des Africains, du monde arabe, qui nous font passer ces ondes positives qui font qu'à un moment, tout le monde a envie que cette équipe gagne", a savouré le sélectionneur marocain Walid Regragui.

Les Lions de l'Atlas ont impressionné tout au long du tournoi qu'ils ont bouclé en prenant la 4e place: premiers du groupe F avec aucune défaite, puis victoires successives contre l'Espagne (0-0 a.p., 3 t.a.b. à 0) en huitièmes et le Portugal (1-0) en quarts, contre deux favoris.

La défaite en demi-finale contre la France (2-0) n'enlève rien au mérite des Marocains, solides défensivement et généreux devant, comme face à la Croatie samedi lors de la petite finale perdue (2-1).

Surprenants Saoudiens, Japonais, Sud-Coréens

Atypique dans son calendrier avec son rythme effréné et sa programmation en fin d'année civile, le Mondial-2022 a brouillé les repères des grandes nations et favorisé les surprises, outre le Maroc.

L'Arabie saoudite du sélectionneur Hervé Renard a ainsi fait déjouer l'Argentine (2-1) en ouverture, même si les "Faucons verts" n'ont ensuite pas réussi à franchir le premier tour.

Le Japon, lui, a battu tour à tour l'Allemagne (2-1) et l'Espagne (2-1) pour finir en tête du très relevé groupe E, avant de chuter en huitièmes devant la Croatie (1-1 a.p., 3 t.a.b. à 1).

Enfin, mention pour la Corée du Sud qui a dompté 2-1 le Portugal de Cristiano Ronaldo, ainsi que pour la Tunisie tombeuse de la France (1-0), même si les Bleus étaient déjà qualifiés et ont joué avec l'équipe des remplaçants.

Les gardiens en état de grâce

Et si les meilleurs joueurs du Mondial-2022 étaient dans la cage ? Les gardiens se sont signalés au Qatar, en particulier à partir de la phase à élimination directe.

Une statistique résume leur importance: un quart des pénalties (hors tirs au but et hors frappes hors cadre) ont été arrêtés dans ce Mondial, 5 sur 23 contre 4 sur 29 quatre ans plus tôt en Russie.

Et Yassine Bounou (Maroc), Dominik Livakovic (Croatie), Emiliano "Dibu" Martinez (Argentine), Andries Noppert (Pays-Bas) ou encore l'expérimenté capitaine français Hugo Lloris ont tous été décisifs dans le jeu.

"C'est une Coupe du monde extraordinaire pour les gardiens", a analysé l'ancien portier international colombien Faryd Mondragon, membre du groupe d'étude technique (TSG) de la Fifa. "Les quatre gardiens qui ont conduit leurs équipes en demi-finales ont tous été décisifs, déterminants, par leurs arrêts mais aussi leur apport à la construction."

Messi l'égal de Maradona 

Au lendemain du sacre de l'Argentine, la presse internationale célébrait d'une même voix l'"époustouflant" génie de Messi et sa performance toute "maradonienne" jusqu'au terme d'un match "d'anthologie". Sans oublier de consoler l'autre star de cette finale "épique": le "phénomène" Mbappé.

Passé tout près de rejoindre Pelé, comme double champion du monde à moins de 24 ans, le jeune attaquant doit se contenter de ses exploits individuels: un triplé historique dans une finale, le titre de meilleur buteur du Mondial (8 buts), la 6e place au classement des meilleurs buteurs de l'histoire des Coupes du monde, à égalité avec Pelé (12 buts).

"Nous reviendrons", a promis lundi Kylian Mbappé sur son compte Twitter, ses premiers mots depuis la désillusion de la veille.

Quant à Messi, 35 ans, avec ce premier titre mondial -comme Maradona en 1986-, il va encore être un peu plus adulé en Argentine.

"Comme Diego Maradona à son époque, l'idole des stades a été dimanche à la hauteur de sa réputation, plus que jamais la fierté de tout un peuple", saluait lundi le quotidien français le Figaro, dans une louange à l'"époustouflant Messi".

Le coéquipier de Mbappé au Paris SG a d'ailleurs confié qu'il comptait "vivre quelques matches de plus en étant champion du monde".

Côté français, Didier Deschamps, dont le contrat de sélectionneur se termine fin décembre, a donné rendez-vous en début d'année pour évoquer son avenir.

"J'aurai rendez-vous en début d'année avec mon président (de Fédération, Noël Le Graët, NDLR), et puis, vous saurez", a-t-il annoncé dimanche soir .

L'attaquant français Karim Benzema, le Ballon d'Or 2022, qui, blessé, n'avait pu participer à la Coupe du monde, a annoncé lundi la "fin" de sa carrière en équipe de France.

Mais ce match de légende, disputé devant 89 000 personnes exaltées par le scénario, ne doit pas faire oublier le reste.


Paris incite le Liban à adopter des mesures pour éviter l’explosion

Un convoi transportant une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies lors d'une visite de la frontière avec Israël près de la région de Naqura, dans le sud du Liban, le 6 décembre 2025. (AFP)
Un convoi transportant une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies lors d'une visite de la frontière avec Israël près de la région de Naqura, dans le sud du Liban, le 6 décembre 2025. (AFP)
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  • La France intensifie ses efforts diplomatiques pour prévenir une escalade israélienne au Liban en renforçant un mécanisme vérifiable de désarmement au Sud-Litani, avec l’appui de la FINUL et l’implication des partenaires internationaux
  • Paris presse également les autorités libanaises de lever le blocage politique afin de débloquer l’aide internationale, soutenir les Forces armées libanaises et relancer la reconstruction du Sud

PARIS: À peine deux semaines après la visite au Liban d’Anne-Claire Legendre, conseillère Afrique–Moyen-Orient à l’Élysée, l’envoyé spécial du président français, Jean-Yves Le Drian, s’est à son tour rendu à Beyrouth pour mener une série d’entretiens avec les responsables libanais.

La proximité de ces deux déplacements ne relève pas du hasard, mais traduit une inquiétude française croissante face au risque d’une nouvelle escalade israélienne sur le territoire libanais.

Paris observe attentivement la dynamique régionale actuelle et, selon son analyse, si Israël se heurte en Syrie à une vigilance américaine accrue, qui a conduit Washington à intervenir verbalement lorsque certaines frappes menaçaient la stabilité du pays, il n’en va pas de même pour le Liban.

C’est précisément là que réside, aux yeux de la France, le principal danger, dans un contexte régional marqué par le cessez-le-feu à Gaza et les tensions préélectorales en Israël.

Les déclarations israéliennes se sont récemment durcies, tout comme les frappes dans le Sud-Liban, et cette montée de la tension est, selon Paris, directement liée au cessez-le-feu du 9 octobre à Gaza.

Elle s’inscrit aussi dans un contexte politique intérieur israélien où le Premier ministre Benjamin Netanyahou aurait davantage à gagner, en termes de popularité, en poursuivant les hostilités régionales qu’en y mettant un terme.

L’absence de contraintes américaines fortes au Liban ouvre ainsi à Israël une marge de manœuvre plus large et alimente le risque d’un dérapage.

Face à ce risque, la diplomatie française tente d’agir sur un levier central, celui de la mise en œuvre et de la vérification du plan de désarmement élaboré par les Forces armées libanaises (FAL), connu sous le nom de Nation Shield.

Cette initiative prévoit, dans une première phase, un désarmement effectif au sud du Litani avant le 31 décembre, une échéance qui coïncide avec la montée de la pression israélienne.

Jusqu’à présent, le mécanisme franco-américain reposait essentiellement sur des déclarations des FAL, dont aucune n’était rendue publique ni documentée de manière indépendante, mais pour Paris, il devient indispensable de passer d’un système déclaratif à un système vérifiable.

Ce système est capable de convaincre autant Israël que les partenaires internationaux, en particulier les États-Unis et l’Arabie saoudite, acteurs clés du dossier libanais, du bien-fondé des agissements du Liban.

La FINUL dispose, selon Paris, de la capacité d’accompagner systématiquement les opérations des Forces armées libanaises (FAL) sur le terrain. Pour cela, les propositions françaises visent à établir un tableau de bord précis, zone par zone, démontrant que le travail est effectivement accompli au Sud.

Un tel dispositif doit permettre, du point de vue français, d’opposer des faits aux narratifs israéliens affirmant l’absence de progrès.

Le Drian a ainsi finalisé à Beyrouth le cadre d’un mécanisme renforcé. Désormais, les opérations des FAL devront être accompagnées, vérifiées et cartographiées afin de produire une évaluation destinée aux partenaires internationaux.

L’une des priorités de Paris est de convaincre l’Arabie saoudite, qui suit de très près le dossier du désarmement du Hezbollah et souhaite pouvoir constater sur pièces les avancées réelles sur le terrain avant de s’engager davantage, notamment dans la conférence de soutien aux FAL.

Paris estime que cette prudence est légitime et entend démontrer que les progrès réalisés méritent un soutien financier accru. 

Dans ce contexte, les contacts s’intensifient et des échanges étroits ont lieu avec l’émissaire américaine Morgan Ortagus et avec le conseiller du ministre saoudien des Affaires étrangères Yazid Ben Farhane.

Le chef des Forces armées libanaises, Rodolphe Haykal, est attendu à Paris dans les prochains jours. 

Même si aucune réunion trilatérale France–Arabie saoudite–États-Unis n’est officiellement confirmée pour le 18 décembre à Paris, des consultations régulières témoignent d’une coordination active.

Au-delà des questions sécuritaires, la France s’inquiète également du blocage politique interne au Liban, qui paralyse la reconstruction du Sud et la mise en œuvre de plusieurs programmes internationaux.

Le Parlement étant suspendu dans le cadre de la bataille politique autour des échéances électorales, les lois déjà votées ne sont pas adoptées, ce qui empêche l’exécution du programme de la Banque mondiale, essentiel à la reconstruction des zones affectées.

Il en va de même pour le document « GALPO », crucial pour relancer la coopération avec le FMI et convoquer une conférence internationale de reconstruction.

Ce document est en voie de finalisation du côté du gouvernement, mais son adoption dépend du Parlement.

Le Drian a insisté auprès du président et des responsables politiques libanais sur l’urgence de lever ce blocage, estimant qu’il s’agit d’un impératif vital pour l’ensemble des Libanais, et surtout pour ceux du Sud, les premiers touchés par les tensions actuelles.

Reste la question la plus délicate, celle du Hezbollah, d’autant plus que Paris constate que le mouvement chiite n’a pas renoncé à sa posture militaire et continue certains transferts d’armes.

Le Sud-Litani constitue un point de friction, mais le Nord-Litani pourrait, à terme, devenir un enjeu encore plus complexe, et la France considère néanmoins que le premier objectif doit être de prouver les progrès au Sud, base indispensable pour toute discussion ultérieure.

Le renforcement du mécanisme de vérification vise précisément, pour Paris, à établir un tiers de confiance permettant de distinguer déclarations politiques et réalité opérationnelle.

La France se trouve donc engagée dans une course diplomatique et technique pour éviter une explosion au Liban, mais elle estime qu’en renforçant la transparence des actions des forces libanaises, en mobilisant les partenaires régionaux et internationaux, et en poussant Beyrouth à débloquer ses institutions, il est possible de créer les conditions d’un apaisement durable sur la Ligne bleue.


Deuxième journée du sommet France- Pays Arabes, centrée sur l’eau, l’environnement et la reconstruction

Des experts français, des responsables arabes et des acteurs du secteur privé ont approfondi trois grandes thématiques : l’eau au cœur des besoins, les investissements et infrastructures, et enfin un focus stratégique sur le corridor économique Inde–Moyen-Orient–Europe (IMEC), présenté comme l’un des projets géoéconomiques les plus ambitieux de la décennie. (Photo Arlette Khouri)
Des experts français, des responsables arabes et des acteurs du secteur privé ont approfondi trois grandes thématiques : l’eau au cœur des besoins, les investissements et infrastructures, et enfin un focus stratégique sur le corridor économique Inde–Moyen-Orient–Europe (IMEC), présenté comme l’un des projets géoéconomiques les plus ambitieux de la décennie. (Photo Arlette Khouri)
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  • Dans son intervention durant le sommet, Jean-Baptiste Fauvet, chef du service économique régional pour la péninsule Arabique, a rappelé un chiffre choc en affirmant que, dans plusieurs pays arabes, la pénurie d’eau pèse déjà 1,8 % du PIB
  • Un coût qui pourrait, selon lui, atteindre 14 % d’ici à 2050 si rien n’est fait, soulignant que l’eau n’est plus un sujet sectoriel, mais un défi économique, sécuritaire et social de premier plan

PARIS: Pour la deuxième journée consécutive, le sixième Sommet économique France–pays arabes, organisé à Paris par la Chambre de commerce franco-arabe, a tenu ses promesses.
Après une première journée consacrée aux échanges économiques et aux perspectives d’investissement, ce second temps fort s’est concentré sur un enjeu devenu stratégique pour l’ensemble du monde arabe : l’eau et l’environnement, entre crises, besoins structurels et nouvelles opportunités technologiques.

Des experts français, des responsables arabes et des acteurs du secteur privé ont approfondi trois grandes thématiques : l’eau au cœur des besoins, les investissements et infrastructures, et enfin un focus stratégique sur le corridor économique Inde–Moyen-Orient–Europe (IMEC), présenté comme l’un des projets géoéconomiques les plus ambitieux de la décennie.

Dans son intervention durant le sommet, Jean-Baptiste Fauvet, chef du service économique régional pour la péninsule Arabique, a rappelé un chiffre choc en affirmant que, dans plusieurs pays arabes, la pénurie d’eau pèse déjà 1,8 % du PIB.
Un coût qui pourrait, selon lui, atteindre 14 % d’ici à 2050 si rien n’est fait, soulignant que l’eau n’est plus un sujet sectoriel, mais un défi économique, sécuritaire et social de premier plan.

L’eau, un défi stratégique au cœur du Sommet France–pays arabes

Il a ensuite dressé une cartographie précise des acteurs internationaux aujourd’hui mobilisés, comme la Banque mondiale, premier bailleur, dont plus de 2,5 milliards de dollars sont engagés dans la région.
Il a également cité les grandes institutions multilatérales comme la Banque africaine de développement ou le Fonds arabe pour le développement économique et social, ainsi que les fonds climatiques mondiaux, comme le GEF, qui soutiennent des projets structurants en Jordanie et ailleurs, et la Banque européenne d’investissement et la BERD, très présentes sur les projets de dessalement et de transport d’eau.

Au-delà des financements, ces acteurs agissent de plus en plus en coalition, permettant de mutualiser les risques et d’augmenter l’impact. Dans ce paysage, la France occupe une place singulière grâce à la stratégie internationale pour l’eau lancée en 2020 et portée activement dans les enceintes multilatérales.
Fauvet a surtout souligné le rôle central de l’Agence française de développement, qui joue un rôle pivot, notamment en Irak où l’eau constitue la première destination de ses financements, indiquant que deux nouveaux prêts de 110 et 100 millions d’euros viennent d’y être signés.

Il a également évoqué le rôle, souvent mal compris, des fonds souverains du Golfe — puissants (plus de 5 000 milliards d’actifs cumulés) — qui sont des acteurs stratégiques capables d’impulser le secteur privé en garantissant certains revenus ou en soutenant des projets d’infrastructure.

Après l’analyse macroéconomique est venu le témoignage saisissant d’Ali Hamie, ancien ministre et conseiller du président libanais pour la reconstruction, qui a dressé un constat alarmant des destructions provoquées par l’agression israélienne de 2024, laquelle se poursuit encore aujourd’hui.
Au 27 novembre 2024, date du cessez-le-feu, 15 000 bâtiments avaient déjà été totalement détruits. Un an plus tard, en novembre 2025, ce chiffre avait presque doublé, sans compter les zones non encore recensées, notamment dans la banlieue sud de Beyrouth.
Les chiffres qu’il a présentés donnent la mesure de la catastrophe : certains villages du Sud ont été détruits à 88 %, au point de disparaître, et plus de 35 000 bâtiments sont aujourd’hui détruits ou lourdement touchés.

Partenariats régionaux et reconstructions : enjeux du Golfe au Liban

Mohamed Ben Laden, président du Conseil d’affaires franco-saoudien, est intervenu longuement sur l’état du partenariat franco-saoudien, notamment à l’issue du dernier forum économique de Riyad, marqué par l’effervescence d’un pays projeté à la fois vers l’Expo 2030 et la Coupe du monde 2034.
Président depuis quelques années du Conseil d’affaires franco-saoudien, Ben Laden assure que cela illustre combien « nos deux nations partagent non seulement une vision stratégique, politique et économique, mais aussi une longue histoire commune, faite de crises traversées et de transformations profondes dans un monde en perpétuel changement ».

Réagissant aux propos de l’envoyé spécial du président de la République française, Gérard Mestrallet, qui a évoqué le corridor économique Inde–Moyen-Orient–Europe, l’IMEC, au centre d’un premier accord énergétique signé en 2020, Ben Laden a déclaré que la France et l’Arabie saoudite ont souhaité aller plus loin.
C’est ainsi que leur partenariat s’est élevé à un niveau réellement stratégique, avec l’accord majeur signé par le président Macron et le prince héritier d’Arabie saoudite lors de la visite de décembre 2024, « qui fut un très grand succès pour nos relations bilatérales ».

Depuis le lancement de Vision 2030, en 2016, a-t-il ajouté, l’Arabie saoudite a mis en œuvre d’immenses réformes économiques dont les résultats sont aujourd’hui visibles.
« Nous avons franchi la moitié du chemin vers 2030, et tous les indicateurs sont au vert ; pour la première fois, 56 % du PIB provient désormais de secteurs non pétroliers, ce qui constitue un tournant historique pour notre pays.
Nous avons éradiqué la corruption, instauré une gouvernance claire et crédible, et cela a immédiatement attiré les investisseurs », a-t-il poursuivi, invitant le Liban, « que nous aimons, à suivre le même chemin pour regagner la confiance internationale ».

Il a ensuite décrit la dynamique d’intégration régionale en cours au sein du Golfe : « Le 3 décembre, nous avons créé une autorité commune de l’aviation civile, et la semaine dernière, nous avons annoncé une ligne ferroviaire à grande vitesse entre Doha et Riyad, connectant la région orientale du Royaume.
Le Golfe bouge, s’unit, crée une dynamique logistique jamais vue », a assuré Ben Laden, « et nous avons tout intérêt à ce qu’elle s’étende à la Syrie et au Liban ».

S’attardant sur les perceptions européennes des mégaprojets saoudiens, il indique : « Certes, l’Arabie saoudite est aujourd’hui le plus grand chantier à ciel ouvert au monde, mais nous accordons autant d’importance à l’édification de l’homme, à la formation de notre jeunesse.
Nous réformons entièrement notre système éducatif, et les écoles françaises sont les bienvenues pour développer des partenariats, de même que les grandes écoles, qui arrivent encore timidement, doivent comprendre que le français demeure aussi une langue des affaires. »

Abordant le rôle des petites et moyennes entreprises françaises (PME), il a soutenu qu’elles ont leur place en Arabie, tout comme les grands groupes français, puisque le cadre législatif favorise désormais les entreprises implantées dans le pays.
« La législation évolue. Vous pouvez désormais être propriétaire de votre résidence en Arabie saoudite, et le régime de Premium Residency vous permet d’investir seul, sans partenaire local, d’acquérir un bien et de vivre dans le Royaume. »


Brandt: le gouvernement «ne laisse pas tomber» et veut «un nouveau projet»

Le ministre délégué à l'Industrie, Sébastien Martin, affirme vendredi qu'il "ne laisse pas tomber" Brandt et estime qu'il est possible "d'imaginer un nouveau projet", au lendemain d'une décision de justice ordonnant la liquidation judiciaire du groupe d'électroménager. (AFP)
Le ministre délégué à l'Industrie, Sébastien Martin, affirme vendredi qu'il "ne laisse pas tomber" Brandt et estime qu'il est possible "d'imaginer un nouveau projet", au lendemain d'une décision de justice ordonnant la liquidation judiciaire du groupe d'électroménager. (AFP)
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  • "Je ne laisse pas tomber le sujet Brandt", a déclaré le ministre, soulignant qu'"il y a un site industriel qui est présent, il y a des savoirs-faire qui sont présents et donc la capacité d'imaginer un nouveau projet industriel sur ce site"
  • Le tribunal des activités économiques de Nanterre a prononcé jeudi la liquidation judiciaire du groupe centenaire d'électroménager Brandt, qui employait quelque 700 personnes, notamment près d'Orléans

PARIS: Le ministre délégué à l'Industrie, Sébastien Martin, affirme vendredi qu'il "ne laisse pas tomber" Brandt et estime qu'il est possible "d'imaginer un nouveau projet", au lendemain d'une décision de justice ordonnant la liquidation judiciaire du groupe d'électroménager.

"Je ne laisse pas tomber le sujet Brandt", a déclaré le ministre, soulignant qu'"il y a un site industriel qui est présent, il y a des savoirs-faire qui sont présents et donc la capacité d'imaginer un nouveau projet industriel sur ce site", vendredi sur TF1.

Le tribunal des activités économiques de Nanterre a prononcé jeudi la liquidation judiciaire du groupe centenaire d'électroménager Brandt, qui employait quelque 700 personnes, notamment près d'Orléans, où se trouve le principal site industriel du groupe, avec 350 salariés.

La justice a ainsi rejeté un projet de Scop (société coopérative et participative), soutenu par le groupe Revive, qui devait permettre de sauver au moins 370 emplois.

"D'ici la fin de l'année, on va se revoir avec les acteurs locaux pour essayer de rebâtir un projet. Un autre projet peut-être, un projet sérieux, tout aussi sérieux que celui-ci, avec plus d'investisseurs privés sans doute aussi", a ajouté M. Martin.

Il n'a cependant pas écarté, dans un premier temps, l'échéance du plan social: "on accompagnera les salariés pour faire en sorte que ce plan social soit bien construit", a-t-il assuré, ajoutant compter sur les entreprises "dynamiques" du bassin d'emploi d'Orléans, pour permettre à des salariés de Brandt de retrouver un emploi.

A l'annonce de la décision du tribunal, jeudi, le ministre de l'Economie et des Finances, Roland Lescure, et Sébastien Martin, ont rappelé que l'Etat et les collectivités avaient mobilisé une vingtaine de millions d'euros, et déploré que "les autres acteurs indispensables" n'aient "pas souhaité se positionner pour sauver Brandt", désignant, sans les nommer, les banques.

"Il y a eu peu de partenaires bancaires, c'est vrai", a déclaré vendredi Sébastien Martin, qui aurait souhaité que, "face à l'urgence de la situation, on se dise que les procédures habituelles, on pouvait faire un peu mieux, un peu plus vite".

"Je suis prudent, mais il reste encore une possibilité après la liquidation judiciaire", a renchéri Serge Papin, ministre des Petites et Moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir d’achat, dans le même temps vendredi, sur Europe 1.

"Les banques qui font défaut actuellement, (...) en voyant le sérieux et la robustesse d'un projet alternatif pourraient peut-être s'engager", a-t-il ajouté.