Mondial: Les Bleus acclamés par la foule à la Concorde, les Argentins ont atterri à Buenos Aires

Les joueurs et l'entraîneur sont apparus au balcon de l'hôtel Crillon vers 20h40 GMT pour saluer la foule. (Photo, AFP)
Les joueurs et l'entraîneur sont apparus au balcon de l'hôtel Crillon vers 20h40 GMT pour saluer la foule. (Photo, AFP)
L'attaquant français Ousmane Dembele et l'attaquant Kylian Mbappé sortent d'un avion d'AirFrance alors que l'équipe nationale française arrive à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle près de Paris, après avoir perdu le match de final de la Coupe du monde 2022 contre l'Argentine, le 19 décembre 2022. (Photo, AFP)
L'attaquant français Ousmane Dembele et l'attaquant Kylian Mbappé sortent d'un avion d'AirFrance alors que l'équipe nationale française arrive à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle près de Paris, après avoir perdu le match de final de la Coupe du monde 2022 contre l'Argentine, le 19 décembre 2022. (Photo, AFP)
Le capitaine et attaquant de l'Argentine Lionel Messi (G) tient le trophée de la Coupe du Monde de la FIFA aux côtés de l'entraîneur de l'Argentine Lionel Scaloni alors qu'ils descendent de l'avion à leur arrivée à l'aéroport international d'Ezeiza après avoir remporté la Coupe du Monde 2022 à Ezeiza, province de Buenos Aires, Argentine, le 20 décembre 2022. (AFP).
Le capitaine et attaquant de l'Argentine Lionel Messi (G) tient le trophée de la Coupe du Monde de la FIFA aux côtés de l'entraîneur de l'Argentine Lionel Scaloni alors qu'ils descendent de l'avion à leur arrivée à l'aéroport international d'Ezeiza après avoir remporté la Coupe du Monde 2022 à Ezeiza, province de Buenos Aires, Argentine, le 20 décembre 2022. (AFP).
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Publié le Mardi 20 décembre 2022

Mondial: Les Bleus acclamés par la foule à la Concorde, les Argentins ont atterri à Buenos Aires

Les joueurs et l'entraîneur sont apparus au balcon de l'hôtel Crillon vers 20h40 GMT pour saluer la foule. (Photo, AFP)
L'attaquant français Ousmane Dembele et l'attaquant Kylian Mbappé sortent d'un avion d'AirFrance alors que l'équipe nationale française arrive à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle près de Paris, après avoir perdu le match de final de la Coupe du monde 2022 contre l'Argentine, le 19 décembre 2022. (Photo, AFP)
  • Les joueurs et l'entraîneur sont apparus au balcon de l'hôtel Crillon vers 20h40 GMT pour saluer la foule nombreuse qui agitait des drapeaux tricolores et scandait «merci les Bleus»
  • Aucun des joueurs de l'équipe de France n'a souhaité s'exprimer devant le parterre de journalistes présents sur le tarmac

PARIS: Héros malheureux de la finale du Mondial, les joueurs de l'équipe de France ont été acclamés par 50 000 supporteurs lundi soir place de la Concorde à Paris à leur retour du Qatar, dans une ambiance de ferveur, alors que l'Argentine s'apprêtait à fêter les nouveaux champions du monde.

Arrivés une heure et demie plus tôt à l'aéroport de Paris, les joueurs sont apparus vers 20h30 GMT au balcon de l'hôtel Crillon sous les vivats des fans, très jeunes en majorité, qui agitaient des drapeaux tricolores en scandant des "Merci les Bleus !" et en chantant la Marseillaise ou la chanson de Gala "Freed from desire", devenue l'hymne des Bleus pendant le Mondial.

L'événement s'est déroulé dans une ambiance bon enfant. La police, qui a donné le nombre de 50 000 participants, n'avait pas signalé d'incident lundi soir.

Certains s’étaient juchés sur des lampadaires ou des feux tricolores, pour tenter d’apercevoir les Bleus ne serait-ce que d’un cheveu. Les enfants, les plus chanceux, avait trouvé une parfaite place sur les épaules de leurs parents. D'autres avaient choisi l'hôtel de la Marine, de l'autre côté de la rue.

Les Bleus sont restés un bon moment face à leurs supporteurs qui criaient leurs noms, celui de Kylian Mbappé étant sans surprise le plus entendu, mais ceux qui espéraient une prise de parole ont été déçus.

Avant d'entrer dans le palace, certains d'entre eux avaient toutefois réagi pour la télévision.

«Pouvoir communier»

"Pouvoir communier même si il n'y a pas la victoire finale. Vibrer ensemble c'est quelque chose d'unique", a dit Rabiot au micro de TF1, avant d'entrer dans le palace.

Le capitaine Hugo Lloris a lui souligné son "plaisir de voir autant de monde". "Je crois que le plus important c'est la reconnaissance même si, en tant qu’athlète, on aurait aimé ramener une médaille d'or, surtout ramener cette coupe une nouvelle fois en France", a dit le gardien, visage fermé, visiblement marqué par la défaite.

Les fans, eux, étaient aux anges d'avoir vu leurs idoles. "Je me devais d’être là, de remercier nos Bleus pour tout ce qu’ils ont fait jusqu’à maintenant", disait Sandrine Djellas, 53 ans, maquillée de rouge et de bleu, au son des cornes de brume qui donnaient une ambiance de stade de football à la place.

"Se rassembler ici avec tout le monde, c’est ma manière à moi de leur donner de la force", sourit Cheick Touré, lycéen de 16 ans, piqué de football, comme ses amis venus ce soir avec lui sur la place de la Concorde, qui a commencé à se vider vers 21h20 GMT.

Des fumigènes et quelques feux d'artifice ont été tirés au milieu de la foule, mais l'ambiance est restée bon enfant.

À la descente de l'avion, le sélectionneur des Bleus Didier Deschamps avait esquissé un sourire, tout comme Olivier Giroud, qui arborait un collier de fleurs bleu blanc rouge autour du cou.

Mais Kylian Mbappé, le visage fermé, s'était engouffré dans l'un des bus stationnés sur le tarmac avant de rejoindre la célèbre place parisienne.

De l'autre côté de l'Atlantique, les Argentins devront eux attendre l'arrivée de Lionel Messi et de ses coéquipiers jusqu'au milieu de la nuit, heure locale, mais, ivres de bonheur, ils sont déjà descendus par millions dans les rues pour célébrer cette troisième Coupe du monde, le dernier sacre remontant à 1986, à l'époque de Diego Maradona.

Les champions du mondes sont de retour en Argentine

L'avion transportant les champions du monde argentins, qui ont conquis dimanche au Qatar une 3e étoile, a atterri mardi à 02H40 locales (05H40 GMT) à l'aéroport international de Buenos Aires, a constaté l'AFP.

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Les joueurs de l'Argentine célèbrent à bord d'un bus après avoir remporté la Coupe du monde 2022 au Qatar, alors qu'ils quittent l'aéroport international d'Ezeiza en direction du centre d'entraînement de la Fédération argentine de football (AFA) à Ezeiza, dans la province de Buenos Aires, en Argentine, le 20 décembre 2022. (AFP). 

L'Albiceleste passera la nuit dans son centre d'entraînement, proche de l'aéroport, où espèrent les apercevoir des milliers de supporters venus les attendre. Ils effectueront ensuite vers la mi-journée une grande boucle au centre-ville, célébrés par une foule immense en haut d'un bus à Impériale, mardi ayant été décrété jour férié par le gouvernement.

Leo Messi, le capitaine et emblème du succès argentin au Qatar a été le premier a apparaître en haut de l'escalier d'embarquement, brandissant le trophée dorée de la Coupe du monde, pour gagner le tapis rouge déployé sur le tarmac de l'aéroport d'affaire d'Ezeiza.

L'Airbus A330 de la compagnie Aerolinas Argentinas portait l'inscription "une équipe, un pays, un rêve" et sur son aile arrière figurent les dessins de Messi ou Angel di Maria, l'autre héros de la finale, auteur du 2e but contre la France.

Les joueurs sont immédiatement montés dans le bus à Impériale blanc, floqué de 3 étoiles et du "campeon del mundo", dans lequel ils seront acclamés dans l'après-midi lors de leur tour d'honneur.

Résonnait en boucle "Muchachos", sorte d'hymne non-officiel de la sélection chanté à tue-tête par les supporters, qui convoque, outre Messi, les souvenirs de Maradona et de ses parents Don Diego et Dona Tota, mais aussi la guerre des Malouines de 1982 entre l'Argentine et le Royaume-Uni.


Macron donne le coup d'envoi du futur porte-avions lors du Noël avec les troupes

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
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  • Plus grand et plus puissant, ce bâtiment symbolise l’ambition stratégique et industrielle de la France, malgré les contraintes budgétaires et les débats sur l’évolution des menaces

ABOU DHABI: Emmanuel Macron a donné dimanche le coup d'envoi de la construction du futur porte-avions français destiné à remplacer le Charles De Gaulle et qui doit entrer en service en 2038.

"Ce nouveau porte-avions sera l'illustration de la puissance de notre nation, puissance de l'industrie, de la technique, puissance au service de la liberté sur les mers et dans les remous du temps", a-t-il assuré.

L'annonce du lancement officiel de la construction était très attendue malgré l'impasse budgétaire dans laquelle se trouve le gouvernement, alors que le mur d'investissements nécessaires et l'évolution des menaces mettent le projet sous pression.

"Conformément aux deux dernières lois de programmation militaire, et après un examen complet et minutieux, j'ai décidé de doter la France d'un nouveau porte-avions", a annoncé le chef de l'Etat français lors du Noël avec les troupes à Abou Dhabi.

"La décision de lancer en réalisation ce très grand programme a été prise cette semaine", a-t-il ajouté.

Lui aussi à propulsion nucléaire, le nouveau porte-avions sera beaucoup plus massif que l'actuel. Il fera près de 80.000 tonnes pour environ 310 mètres de long, contre 42.000 tonnes pour 261 mètres pour le Charles De Gaulle. Avec un équipage de 2.000 marins, il pourra embarquer 30 avions de combat.

Le risque d'un "choc dans trois, quatre ans" face à la Russie évoqué par les armées fait craindre que les budgets ne filent vers des priorités plus pressantes.

De récents propos du chef d'état-major des armées, le général Fabien Mandon, jugeant qu'on "ne peut pas se contenter de reproduire un outil qui a été conçu à la moitié du siècle dernier", semblent mettre aussi en question le concept du porte-avions.

Le général a notamment souligné le "besoin de permanence à la mer" du bâtiment et sa capacité d'emport de "drones de tous types".

Un seul bâtiment, en l'occurence le Charles De Gaulle, est disponible 65% du temps, selon la Marine. Un décalage de la construction et donc de l'entrée en service de son successeur laisserait la Marine sans porte-avions.

Une étude menée à l'occasion du prochain arrêt technique majeur du Charles De Gaulle permettra de dire en 2029 si le bâtiment peut être prolongé de quelques années au-delà de 2038, en fonction de l'état de ses chaufferies nucléaires et de sa structure.

Le président français Emmanuel Macron a fait cette annonce lors d'une visite aux Emirats arabes unis, allié militaire avec lequel Paris souhaite renforcer son "partenariat stratégique" et dont il espère plus de coopération dans sa lutte contre le narcotrafic.


Macron aux Emirats pour fêter Noël avec les forces françaises

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) serre la main du président des Émirats arabes unis, Sheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyan, lors d'une rencontre au musée national Zayed à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) serre la main du président des Émirats arabes unis, Sheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyan, lors d'une rencontre au musée national Zayed à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 21 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron est en visite aux Émirats arabes unis pour célébrer Noël avec les 900 soldats français déployés et renforcer le partenariat stratégique, notamment en matière de défense et de sécurité

ABOU DHABI: Emmanuel Macron a entamé dimanche matin une visite aux Emirats arabes unis pour célébrer Noël avec les forces françaises qui y sont déployées et vanter son partenariat avec ce pays du Golfe, dont Paris espère plus de coopération dans sa lutte contre le narcotrafic.

Le président français, accompagné notamment de sa ministre des Armées Catherine Vautrin, est arrivé en fin de matinée (en heure locale) à Abou Dhabi, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Il doit tout d'abord visiter le musée national Zayed. Puis il aura un entretien avec le président émirati, Sheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyane, afin d'évoquer "le renforcement du partenariat stratégique" entre leurs pays, selon la présidence française, qui souligne leur coopération "en matière de sécurité et de défense".

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Le président français Emmanuel Macron (à gauche) marche aux côtés du président des Émirats arabes unis, Sheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyan, lors d'une visite au musée national Zayed à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 21 décembre 2025. (AFP)

La France travaille avec les Emirats sur le plan militaire, plus de 900 soldats français y étant déployés sur trois bases.

C'est devant eux qu'Emmanuel Macron doit s'exprimer dimanche après-midi, avant de partager un dîner de Noël préparé par les chefs cuisiniers de l'Elysée.

Selon la tradition, le président français célèbre les fêtes de fin d'année auprès des troupes déployées à l'étranger. Les Emirats ont été choisis cette fois car "la région cristallise un ensemble de crises", a précisé la présidence française cette semaine.

- "Guerre" du narco -

La France coopère avec les Emirats sur un éventail de domaines allant de l'intelligence artificielle à la culture, en passant bien sûr par le commerce. Le pays pétrolier est son premier client en termes d'exportations au Proche et Moyen Orient, selon l'Elysée.

Paris veut désormais s'assurer de l'appui des Emirats dans la "guerre" déclarée par le gouvernement français au narcotrafic.

D'importants narcotrafiquants originaires de France s'y seraient installés, notamment à Dubaï, et se sont parfois constitué des patrimoines immobiliers imposants.

Le sujet est omniprésent en France depuis l'assassinat en novembre de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu en plein jour à Marseille.

Mardi, à Marseille, Emmanuel Macron a dit vouloir rechercher la coopération des pays où se trouvent certaines "têtes de réseau", afin de "pouvoir saisir leurs biens" et obtenir leur arrestation.

Son ministre de la Justice Gérald Darmanin a déjà réclamé en novembre aux Emirats arabes unis l'extradition d'une quinzaine de narcotrafiquants présumés recherchés par la France.

- Houthis -

Certains des soldats français déployés aux Emirats contribuent à la lutte contre le narcotrafic.

Sur l'imposante frégate "La Provence", des militaires de la marine tentent de repérer et d'intercepter des bateaux transportant de la drogue.

Ils se trouvent à proximité de l'océan Indien, une route importante. Les trafiquants passent souvent par le golfe d'Aden, vers la Somalie ou le Yémen, ou alors vers l'Afrique de l'Ouest.

En 2025, "plus d'une vingtaine de tonnes de drogue" ont déjà été saisies par la marine française dans la zone de l'Océan Indien, soit une valeur marchande pouvant atteindre plusieurs centaines de millions d'euros, selon le commandant de frégate Pascal Forissier.

Autant de stupéfiants sortis du marché. Mais, reconnaît le militaire, les saisies ne représentent "qu'une petite partie" de toute la drogue en circulation.

Le narcotrafic ne constitue qu'une facette de leurs responsabilités. La France participe à l'opération Aspides, qui protège les bateaux contre les frappes des Houthis en mer rouge.

En plus de cela, les soldats français aux Emirats sont engagés dans l'opération Chammal, au sein de la coalition contre le groupe Etat islamique.

D'après la présidence française, la présence des troupes aux Emirats illustre la volonté de la France de conserver une capacité "d'action autonome dans un contexte international tendu".

Lundi, Emmanuel Macron devrait être aux premières loges pour observer les moyens militaires français dans la zone au cours d'une démonstration organisée pour conclure sa visite.


Lancés vers 2027, Bardella et Mélenchon préparent leur lutte finale

Jordan Bardella (à gauche), président du parti d'extrême droite français Rassemblement National (RN), posant lors d'une séance photo à Paris le 31 janvier 2024, et Jean-Luc Mélenchon, alors candidat du parti de gauche « La France insoumise » aux élections présidentielles françaises de 2017, posant lors d'une séance photo à Paris le 24 janvier 2017. (AFP)
Jordan Bardella (à gauche), président du parti d'extrême droite français Rassemblement National (RN), posant lors d'une séance photo à Paris le 31 janvier 2024, et Jean-Luc Mélenchon, alors candidat du parti de gauche « La France insoumise » aux élections présidentielles françaises de 2017, posant lors d'une séance photo à Paris le 24 janvier 2017. (AFP)
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  • À un an et demi de la présidentielle, Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon installent déjà le récit d’un duel annoncé entre l’extrême droite et la gauche radicale
  • Tandis que le RN estime qu’un face-à-face avec Mélenchon faciliterait la victoire de Bardella, les Insoumis jugent au contraire le président du RN plus fragile que Marine Le Pen

PARIS: Quatre décennies les séparent. Vingt points dans les sondages, aussi. Favoris de leurs camps respectifs à un an et demi de la présidentielle, Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon installent déjà à distance le récit de leur affrontement final.

Pour provoquer un duel, il faut désigner l'adversaire. Jordan Bardella a choisi le sien et ne manque pas une occasion ces derniers mois de cibler un Jean-Luc Mélenchon qui "met de l'huile sur le feu" et "veut l'implosion du pays", incarnation d'une "menace qui pèse sur nos valeurs".

Du haut de ses 30 ans, le jeune président du Rassemblement national cherche aussi à discréditer son aîné, âgé de 74 ans, en l'accusant systématiquement de "s'être allié" à Emmanuel Macron aux dernières législatives. L'épouvantail insoumis, "main dans la main" avec le président repoussoir "pour m'empêcher de devenir Premier ministre", se lamente presque le remplaçant désigné de Marine Le Pen - en cas d'inéligibilité confirmée en appel.

Un acharnement justifié par ce constat: "Il est à gauche celui qui a la possibilité d'emmener son camp au second tour de l'élection présidentielle". Le parti à la flamme étant, dans tous les pronostics, déjà qualifié pour la finale, inutile donc de s'épuiser contre des outsiders.

"À part Marine et Jordan, y a rien d'autre", résume un eurodéputé RN, qui reconnait quelques qualités au tribun de la gauche radicale: "Il sait s'exprimer, il a du talent", et surtout "il a un socle d'adhésion en dessous duquel il ne peut pas descendre".

La question n'est donc "pas de savoir s'il est le meilleur", de toute façon "c'est lui qui sera au second tour", ajoute ce cadre du mouvement d'extrême droite, pour qui ce scénario "rend plus simple l'élection". Chacun ayant en tête le récent sondage prédisant une victoire écrasante (74% contre 26%) de M. Bardella dans un second tour face à M. Mélenchon.

Un proche de Mme Le Pen faisait la même analyse au début de l'automne: "Pour gagner, il vaut mieux être contre un Mélenchon" jugé "très clivant", même si "une partie des gens votera moins pour nous que contre lui".

- "Bardella, c'est plus simple" -

Du côté des Insoumis, cela fait plus de 10 ans, avant même la création de LFI, que Jean-Luc Mélenchon prophétise: "à la fin ça se terminera entre eux et nous". Comprendre l'extrême droite et la gauche radicale.

Et ils sont persuadés que cette fois, leur fondateur pourrait accéder au second tour après trois échecs - à chaque fois derrière Marine Le Pen. Et que Jordan Bardella, en raison de son manque d'expérience et son profil plus libéral que la patronne du RN, ferait un meilleur adversaire que cette dernière.

"Bardella, c'est plus simple que Marine Le Pen au second tour. Il apprend par coeur mais il ne réfléchit pas par lui-même. Il peut s'effondrer pendant la campagne, comme lors des législatives l'année dernière", assure le coordinateur de LFI Manuel Bompard, alors que le mouvement mélenchoniste a acté que l'option Bardella était "la plus probable" pour le parti d'extrême droite en 2027.

Et suit de près son activité à Bruxelles.

"Sur cette dernière année, Bardella a déposé beaucoup plus d'amendements que lors tout son mandat précédent. Et il donne beaucoup plus de conférences de presse. Il fait ça pour la présidentielle, c'est évident", assure la cadre insoumise Manon Aubry, élue au Parlement européen depuis 2019 comme le président du RN.

"À LFI, je suis un peu l'anti-Bardella, je surveille de près ce qu'il fait au Parlement européen où il profite de la moindre médiatisation pour voter contre les droits des femmes ou les droits des LGBT", ajoute-t-elle, en précisant: "Il y aura de quoi avoir beaucoup de munitions pour Jean-Luc Mélenchon pour un éventuel débat d'entre-deux tours, s'ils sont tous les deux candidats".

Les Insoumis restent persuadés que la "magie du second tour" pourrait opérer, malgré les sondages très défavorables et à la faveur de la dynamique de campagne, pour qu'un "front républicain anti-RN" puisse se mettre en place.

Et tant pis si des responsables macronistes, comme Elisabeth Borne, refusent publiquement de choisir entre les deux. "Je suis incapable de voter pour Jean-Luc Mélenchon", a déclaré l'ancienne Première ministre, pourtant connue pour son engagement contre l'extrême droite.