À Londres, un temple de la littérature arabe vieux de près de 45 ans va fermer

En arabe, Al Saqi désigne la personne qui transporte de l'eau dans le désert, «un nom parfait», assure la libraire de 74 ans (Photo, AFP).
En arabe, Al Saqi désigne la personne qui transporte de l'eau dans le désert, «un nom parfait», assure la libraire de 74 ans (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 20 décembre 2022

À Londres, un temple de la littérature arabe vieux de près de 45 ans va fermer

  • La librairie Al Saqi n'a pas survécu à la pandémie, au Brexit et au chaos politique et économique au Liban
  • L'annonce de la fermeture de la librairie à la fin du mois a suscité une avalanche de messages de tristesse

LONDRES: Salwa Gaspard regarde avec tendresse les étagères en bois sombre sur lesquelles reposent des centaines de livres en arabe, en remet certains en place en échangeant quelques mots avec des clients. Dans quelques jours, sa librairie londonienne, connue des amateurs de lettres dans tout le Moyen-Orient, sera fermée.

La librairie Al Saqi n'a pas survécu à la pandémie, au Brexit et au chaos politique et économique au Liban, d'où la maison d'édition créée par le couple imprime et expédie la plupart de ses livres.

Pourtant, depuis son ouverture en 1978 par Salwa, son mari André et une amie du couple, la librairie, nichée dans un immeuble blanc à colonnades non loin de la gare de Paddington, était devenue un lieu incontournable.

Pour les visiteurs du Moyen-Orient, il n'y avait "rien de culturel", se souvient Salwa, alors le succès est vite arrivé: "Ils allaient sur Oxford Street (la grande rue commerçante), à Knightsbridge (le quartier du célèbre magasin Harrod's) et à la librairie Al Saqi".

En arabe, Al Saqi désigne la personne qui transporte de l'eau dans le désert, "un nom parfait", assure la libraire de 74 ans.

La librairie vend aussi des essais en anglais sur le monde arabe pour favoriser "une idée du Moyen-Orient différente des images violentes véhiculées par les télévisions ou dans les journaux", détaille-t-elle.

Un «refuge»

Avec le succès, le couple crée une société d'édition, d'abord de traduction en anglais d'auteurs arabes, comme "Les croisades vues par les Arabes" du Franco-Libanais Amin Maalouf, et quelques années plus tard, une autre au Liban de livres en arabe.

Pendant plus de 40 ans, nombreux sont les écrivains venus y présenter leurs ouvrages, à l'image du célèbre poète syrien Adonis. Lieu de rencontre, "refuge" même parfois pour des immigrés déracinés par la guerre ou les crises économiques au Proche et au Moyen-Orient, la librairie Al Saqi a toujours défendu farouchement son indépendance et son esprit d'ouverture.

"Les gens sentaient qu'ils avaient ici des amis qui les comprendraient", parce que les évènements qui les touchaient "se sont passés dans tellement de pays du Moyen-Orient", raconte Salwa.

Et même si les propriétaires ont toujours veillé à se tenir à l'écart de la politique, la librairie n'a pas échappé aux soubresauts de la géopolitique. A ses risques et périls parfois, comme lors de la sortie des "Versets sataniques" de Salman Rushdie en 1988, où sa vitrine est brisée.

"Nous n'avons jamais cru à la censure. (...) nous ne voulions rien interdire", se souvient Salwa.

Le couple a aussi été pris à partie lorsqu'il a publié une traduction par l'Israélien Abba Eban d'une oeuvre de l'auteur égyptien Tawfiq al-Hakim. "Les gens étaient scandalisés (...) C'était avant le processus de paix, mais c'était juste l'union intellectuelle entre un Egyptien et un Israélien".

Diffuser la culture arabe

L'annonce de la fermeture de la librairie à la fin du mois a suscité une avalanche de messages de tristesse.

Ouissal Harize, dont le profil affiche le drapeau de l'Algérie, "remercie" sur Twitter la librairie "d'avoir été une maison, loin de chez nous". Ou Nasri Atallah qui évoque "un pilier de toute ma vie à Londres, et de mon père avant moi".

"C'était comme un sanctuaire à Londres, donc c'est une très mauvaise nouvelle, vraiment", s'émeut Farah Otozbeer, étudiante égyptienne de 24 ans, tout juste diplômée de la London School of Economics et qui, de passage à Londres pour recevoir son diplôme, a tenu à venir une dernière fois.

La librairie "a toujours été un endroit où les personnes arabophones venaient de tout le Moyen-Orient pour acheter des livres qu'ils ne pouvaient pas acheter dans leurs pays", à cause de la censure notamment. Mais elle a eu aussi un grand rôle pour "traduire la littérature et les essais en anglais et les diffuser à un public anglophone", regrette Joseph Devine, employé anglais de la librairie et ancien étudiant en arabe.

Après la Covid-19, la librairie espérait rebondir, mais la crise économie actuelle au Royaume-Uni, avec des coûts qui explosent, et la situation chaotique du Liban ont douché les espoirs de Salwa: "Quand nous avons fui le Liban, nous n'avions pas de famille à Londres. C'était notre famille, les employés et même certains clients sont devenus comme notre famille, et nous perdons tout cela aujourd'hui".


Le Forum d’Asilah distingué par le Prix du Sultan Qaboos pour la culture

Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
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  • Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a été récompensé à Mascate par le Prix du Sultan Qaboos 2025 dans la catégorie des institutions culturelles privées
  • Cette distinction prestigieuse célèbre l’excellence culturelle arabe et souligne le rôle d’Oman dans la promotion de la pensée, des arts et des lettres

MASCATE: Lors d’une cérémonie organisée dans la capitale omanaise, Mascate, Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a reçu le Prix du Sultan Qaboos pour les institutions culturelles privées.

Hatim Betioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Asilah, a été distingué mercredi soir à Mascate par le Prix des institutions culturelles privées (catégorie Culture), à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix du Sultan Qaboos pour la culture, les arts et les lettres, dans sa douzième édition (2025). La cérémonie s’est tenue sous le patronage du Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, agissant par délégation de Sa Majesté le Sultan Haitham bin Tariq.

Lors de cette édition, le prix a également été attribué, aux côtés de la Fondation du Forum d’Asilah, à l’artiste égyptien Essam Mohammed Sayed Darwish dans le domaine de la sculpture (catégorie Arts), ainsi qu’à Hikmat Al-Sabbagh, connue sous le nom de Yumna Al-Eid, dans le domaine de l’autobiographie (catégorie Lettres).

Au cours de la cérémonie, Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences, a prononcé un discours dans lequel il a souligné le rôle et l’importance de ce prix, affirmant que cette célébration constitue une reconnaissance du mérite des lauréats, appelés à devenir des modèles d’engagement et de générosité intellectuelle.

Al-Riyami a également indiqué que l’extension géographique atteinte par le prix, ainsi que l’élargissement constant de la participation des créateurs arabes à chaque édition, résultent de la réputation dont il jouit et de la vision ambitieuse qui sous-tend son avenir. Il a mis en avant le soin apporté à la sélection des commissions de présélection et des jurys finaux, composés de personnalités académiques, artistiques et littéraires de haut niveau, spécialisées dans les domaines concernés, selon des critères rigoureux garantissant le choix de lauréats et d’œuvres prestigieux.

La cérémonie a également été marquée par la projection d’un film retraçant le parcours du prix lors de sa douzième édition, ainsi que par une prestation artistique du Centre omanais de musique.

En clôture de la cérémonie, le ministre des Awqaf et des Affaires religieuses a annoncé les domaines retenus pour la treizième édition du prix, qui sera exclusivement réservée aux candidats omanais. Elle portera sur : la culture (études sur la famille et l’enfance au Sultanat d’Oman), les arts (calligraphie arabe) et les lettres (nouvelle).

Il convient de rappeler que ce prix vise à rendre hommage aux intellectuels, artistes et écrivains pour leurs contributions au renouvellement de la pensée et à l’élévation de la sensibilité humaine, tout en mettant en valeur la contribution omanaise — passée, présente et future — à l’enrichissement de la civilisation humaine.

Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. Chaque lauréat de l’édition arabe reçoit la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres, assortie d’une dotation de 100 000 rials omanais. Pour l’édition omanaise, chaque lauréat reçoit la Médaille du mérite, accompagnée d’une dotation de 50 000 rials omanais.

Le prix a été institué par le décret royal n° 18/2011 du 27 février 2011, afin de reconnaître la production intellectuelle et cognitive et d’affirmer le rôle historique du Sultanat d’Oman dans l’ancrage de la conscience culturelle, considérée comme un pilier fondamental du progrès civilisationnel.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une nouvelle initiative cinématographique à AlUla vise à stimuler le talent créatif saoudien

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
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  • Les efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume
  • Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives

ALULA : Villa Hegra, en collaboration avec Film AlUla, a lancé un programme spécialisé dans la réalisation de films pour développer les compétences cinématographiques et soutenir les talents créatifs, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Cette initiative reflète l'engagement de Villa Hegra à renforcer l'activité culturelle et cinématographique tout en favorisant un environnement inspirant pour les créateurs de contenu et les cinéphiles.

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production.

Ces efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume, a ajouté la SPA.

Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives.

Ces programmes comprennent des ateliers qui simplifient les concepts scientifiques et les intègrent aux pratiques artistiques modernes, créant ainsi un environnement d'apprentissage qui encourage la découverte et l'innovation.

Ils ont suscité une forte participation des élèves dans tout le gouvernorat en raison de leur approche pratique et interactive, qui renforce la réflexion et la créativité des enfants.

Les initiatives sont mises en œuvre en collaboration avec des institutions françaises et saoudiennes, reflétant ainsi la diversité culturelle et les partenariats internationaux tout en améliorant la qualité du contenu éducatif pour les jeunes générations.

Villa Hegra est la première fondation culturelle franco-saoudienne basée à AlUla. Lancée en octobre, elle soutient la scène culturelle de la région en proposant des plateformes éducatives qui développent les compétences des enfants et des jeunes saoudiens, tout en renforçant la présence d'AlUla sur la scène culturelle internationale.