Geaam, chef étoilé et ex sans-papiers: «Parmi les clandestins, il y a des talents»

«Parmi les jeunes clandestins» qui vivent aujourd'hui en France, «il y a des talents. Il faut leur apprendre le français et les former pour qu'ils aient un métier», affirme dans un entretien le chef étoilé d'origine libanaise Alan Geaam, lui-même ex sans-papiers. (AFP)
«Parmi les jeunes clandestins» qui vivent aujourd'hui en France, «il y a des talents. Il faut leur apprendre le français et les former pour qu'ils aient un métier», affirme dans un entretien le chef étoilé d'origine libanaise Alan Geaam, lui-même ex sans-papiers. (AFP)
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Publié le Vendredi 23 décembre 2022

Geaam, chef étoilé et ex sans-papiers: «Parmi les clandestins, il y a des talents»

  • Né au Libéria, Alan Geaam a grandi à Tripoli dans un Liban en guerre, souffert «des bombardements, perdu des camarades d'école, des voisins»
  • Arrivé en France à 25 ans, le 12 mars 1999, il dort sur des bancs et devient travailleur clandestin sur des chantiers pour «un sous-traitant du groupe Bouygues qui prend 80% de (son) salaire», dit-il

PARIS: "Parmi les jeunes clandestins" qui vivent aujourd'hui en France, "il y a des talents. Il faut leur apprendre le français et les former pour qu'ils aient un métier", affirme dans un entretien le chef étoilé d'origine libanaise Alan Geaam, lui-même ex sans-papiers.

"Je suis venu à Paris il y a 23 ans, en payant des passeurs. Je suis resté 14 mois sans papiers", se remémore le chef âgé de 48 ans à la carrure de boxeur, qui arbore au col de sa veste deux petits drapeaux brodés: l'un de la France, l'autre du Liban.

"Ici, on peut réaliser ses rêves", poursuit-il. "Si aujourd'hui j'ai deux restaurants étoilés, Alan Geaam et L'Auberge Nicolas Flamel (une étoile chacun au guide Michelin, NDLR), plusieurs bistrots, une boulangerie... et si j'emploie 80 personnes, c'est parce qu'il y a plus de 20 ans, quelqu'un m'a tendu la main et m'a fait mon premier contrat, ce qui m'a permis d'avoir une carte de séjour".

Favorable à la création d'un titre de séjour "métiers en tensions" annoncée par le gouvernement pour répondre aux secteurs en pénurie de main d'oeuvre, il estime que "parmi les jeunes clandestins qui vivent ici, il y a des talents. Il faut leur apprendre le français et les former pour qu'ils aient un métier... pas que dans les métiers difficiles. Ca va aider notre économie".

Alan Geaam se désole de voir l'"un de ses plongeurs, employé depuis dix ans dans un restaurant qu'il a racheté en 2014, "ne pas arriver à obtenir une carte de séjour, alors qu'il est "déclaré et a des fiches de paie": "C'est bloqué, on ne sait pas pourquoi", dit-il.

Dans l'ambiance feutrée du restaurant qui porte son nom, dont la carte marie la "bisque de homard" au "black falafel à l'anguille fumée", il avoue avoir mis deux décennies à "assumer" son histoire et à dire: "Oui, je suis autodidacte, oui je suis arrivé en France avec un passeur, mais j'ai le droit d'être un chef étoilé".

Né au Libéria, Alan Geaam a grandi à Tripoli dans un Liban en guerre, souffert "des bombardements, perdu des camarades d'école, des voisins". "Quand on mangeait des oeufs et du pain de la veille, c'était la fête", dit-il.

«Savoir aimer»

Arrivé en France à 25 ans, le 12 mars 1999, il dort sur des bancs et devient travailleur clandestin sur des chantiers pour "un sous-traitant du groupe Bouygues qui prend 80% de (son) salaire", dit-il, et mettra des années à rembourser la dette contractée auprès de ses passeurs.

Embauché à la plonge d'un snack, il est régularisé et gravit tous les échelons, "commis, chef de partie, demi-chef, sous-chef, chef de cuisine", s'exerçant dans sa chambre de bonne à faire "une mayonnaise ou un pesto" dont il a recopié la recette dans un livre de bibliothèque, inventant sur son CV une formation prestigieuse, pour forcer les portes des restaurants où il fait ensuite ses preuves.

Il change son nom: Azzam Abdallah Al Geaam, "trop oriental, qui malheureusement faisait peur" dit-il, en Alan Geaam, "plus international", obtient la nationalité française et achète la plus vieille auberge de Paris, L'Auberge Nicolas Flamel en 2007.

Il ouvrira ensuite les bistrots Qasti et Qasti Shawarma, la pizzeria Faurn, l'épicerie Le Doukane... Depuis une semaine, il officie comme chef consultant du restaurant de l'hôtel de luxe Le K2 Altitude à Courchevel, une "grande fierté".

Sa vie est aujourd'hui en France auprès de son épouse Chloé, qui le "fait avancer" et ses trois enfants, Enzo, 14 ans, Léa, 7 ans et Margaux, 3 ans. Mais il puise toujours son énergie dans les ruelles de Tripoli - célébrée dans son récent livre "Mon Liban" (Hachette), mi-autobiographie, mi-livre de cuisine - où il retourne régulièrement.

On y découvre sa mère Ilham, qui lui a appris "à aimer les gens: parce que pour cuisiner, il faut savoir aimer".


A Béziers, Robert Ménard instaure un couvre-feu pour les moins de 13 ans

Maire français de Béziers, Robert Ménard (Photo, AFP).
Maire français de Béziers, Robert Ménard (Photo, AFP).
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  • «Les parents des enfants concernés pourront faire l'objet de poursuites pénales»
  • En France, la responsabilité pénale d'un mineur peut être engagée, même si son âge et sa capacité de discernement sont pris en compte par les juges

MONTPELLIER: Le maire de Béziers (Hérault), Robert Ménard, a instauré un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans dans plusieurs quartiers, a-t-il indiqué mardi, jour où syndicats et associations de gauche vont manifester "contre les idées d'extrême droite" dans cette ville.

Ex-proche de Marine Le Pen aujourd'hui fâché avec le Rassemblement national, M. Ménard a signé lundi un arrêté municipal stipulant que "tout mineur âgé de moins de 13 ans ne pourra, sans être accompagné d'une personne majeure, circuler de 23H00 à 06H00 sur la voie publique" dans trois "quartiers prioritaires".

L'interdiction s'applique "toutes les nuits" du 22 avril au 30 septembre. "En cas d'urgence ou de danger immédiat pour lui ou pour autrui", ces mineurs pourront être "reconduits à (leur) domicile ou au commissariat", prévoit l'arrêté.

"Les parents des enfants concernés pourront faire l'objet de poursuites pénales", prévient le texte.

Dans son arrêté, le maire de Béziers justifie sa décision par le "nombre croissant de jeunes mineurs livrés à eux-mêmes en pleine nuit", ainsi que par une "aggravation du nombre de faits", notamment de "violences urbaines", citant l'incendie d'une école il y a quatre ans, en 2019, et les "émeutes de juillet 2023".

Interrogé par l'AFP, M. Ménard n'a pas cité de chiffres précis mais affirme que la délinquance des moins de 13 ans constitue un "angle mort" des statistiques parce qu'on ne les amène pas devant le juge et qu'on ne les condamne pas".

Responsabilité pénale  

En France, la responsabilité pénale d'un mineur peut être engagée, même si son âge et sa capacité de discernement sont pris en compte par les juges des enfants qui les suivent.

Selon la "première photographie de la délinquance et insécurité en 2023", publiée début 2024 par le ministère de l'Intérieur, les moins de 13 ans ont représenté 2% des mis en cause dans les atteintes aux personnes (contre 36% pour les 30 à 44 ans) et 1% des mis en cause pour vols violents (contre 44% pour les 18 à 29 ans).

En 2018, le Conseil d'Etat avait annulé un arrêté similaire pris en 2014 par Robert Ménard pointant l'absence "d'éléments précis de nature à étayer l'existence de risques particuliers relatifs aux mineurs de moins de 13 ans".

M. Ménard a assuré que sa décision n'avait aucun lien avec la "Marche pour les libertés, contre les idées d'extrême droite" organisée à Béziers mardi à l'initiative de plusieurs syndicats et à laquelle doivent participer la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, et celui de la FSU, Benoit Teste.

Mardi, le maire Horizons de Nice, Christian Estrosi, a estimé sur BFMTV que "le maire de Béziers a raison" et qu'il souhaitait "renouveler" un arrêté sur les mineurs de moins de 13 ans, qui avait été en vigueur entre 2009 et 2020.

Un tel couvre-feu "relève davantage de la politique de façade", a regretté l'élue d'opposition (Ecologiste), Juliette Chesnel-Le Roux, reprochant à M. Estrosi "le rabotage des budgets école et logement".

En 2009, le couvre-feu à Nice avait aussi suscité la perplexité de syndicats de policiers nationaux, se disant peu enclins "à faire la nounou".

Depuis lundi, un couvre-feu pour les mineurs est en vigueur à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, pour une durée d'un mois "renouvelable".

D'autres villes en France ont pris des arrêtés similaires pour les mineurs sur des durées limitées, comme Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) qui le fait depuis 2004 pour les moins de 13 ans.


L'intelligence artificielle va «simplifier» les démarches administratives, promet Attal

Le Premier ministre français Gabriel Attal visite les locaux de « France Services » à Sceaux, près de Paris, le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Le Premier ministre français Gabriel Attal visite les locaux de « France Services » à Sceaux, près de Paris, le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Devant la multiplication des acronymes de l'administration, il a aussi annoncé le lancement d'un audit
  • Attal a enfin confirmé que la procuration de vote en ligne, possible aux prochaines élections européennes, serait étendue aux autres scrutins

SCEAUX: Gabriel Attal a souhaité mardi mettre l'intelligence artificielle (IA) développée en France "au service" des usagers et des fonctionnaires et annoncé la création de 300 maisons France Services supplémentaires d'ici 2026 pour "simplifier" le quotidien des Français dans leurs démarches administratives.

"Osons mettre l'IA au service des Français. Débureaucratisons l'administration et simplifions les quotidiens", a affirmé le Premier ministre après avoir visité la maison France Services de Sceaux, dans les Hauts-de-Seine, qui utilise déjà une IA générative 100% française.

Gabriel Attal a effectué ce déplacement après avoir réuni une quinzaine de ministres à Matignon pour un 8e comité interministériel de la Fonction publique (CITP).

L'administration fiscale va déployer une IA 100% française nommée Albert, conçue par la direction interministérielle du numérique (Dinum), "pour rédiger les réponses aux 16 millions de demandes annuelles en ligne", a-t-il précisé.

Chaque réponse sera néanmoins validée ou modifiée le cas échéant par un agent. "Mais l'analyse de la réglementation sera automatisée, les réponses drastiquement accélérées et le travail des agents rendu moins pénible et plus intéressant", a-t-il fait valoir.

De même 4.000 projets environnementaux déposés chaque année dans les directions régionales de l'environnement seront désormais "pré-instruits par une IA", comme des projets de parcs éoliens ou d'aménagement urbain.

Toutes options 

Cette IA servira aussi "dès la fin de l'année" à automatiser la retranscription d'audiences judiciaires, le dépôt de plaintes ou les compte-rendus médicaux. Elle sera également mise au service de la détection des feux de forêts ou de la gestion RH des fonctionnaires.

"A l’IA les tâches rébarbatives, et aux agents publics, le lien avec nos concitoyens", a promis Gabriel Attal.

Devant la multiplication des acronymes de l'administration, il a aussi annoncé le lancement d'un audit, "ministère par ministère, pour passer en revue l’intégralité des contenus en ligne et des formulaires" et rendre le langage administratif "intelligible, accessible".

Le chef du gouvernement a enfin confirmé que la procuration de vote en ligne, possible aux prochaines élections européennes, serait étendue aux autres scrutins.

Depuis mi-avril, il est possible, pour peu que l'on dispose d'une carte d'identité nouvelle version, de donner sa procuration pour les élections européennes du 9 juin en ligne, sans avoir à se déplacer en commissariat ou en brigade de gendarmerie.

Gabriel Attal a également annoncé l'extension des espaces France Services, qui permettent aux usagers de se faire aider dans la plupart de leurs démarches administratives, à 300 villes moyennes d'ici 2026, ce qui portera ces "maisons" à 3.000.


À Paris, un Français crache sur une femme musulmane qui porte un hijab

Un homme marche dans une rue de la ville de Châteauroux, dans le centre de la France, près de Deols où se déroulera l'épreuve de tir des Jeux Olympiques de Paris 2024 au Centre National de Tir (CNTS), le 7 avril 2024. (Photo de Martin BUREAU / AFP)
Un homme marche dans une rue de la ville de Châteauroux, dans le centre de la France, près de Deols où se déroulera l'épreuve de tir des Jeux Olympiques de Paris 2024 au Centre National de Tir (CNTS), le 7 avril 2024. (Photo de Martin BUREAU / AFP)
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  • Fatima Saidi, une influenceuse marocaine qui a récemment visité la capitale française, a révélé sur son compte TikTok le racisme dont elle avait été victime
  • L’influenceuse a qualifié le comportement de cet homme de «raciste» et «machiste»

PARIS: Un incident a récemment suscité l'indignation: à Paris, un Français a craché sur une femme musulmane qui portait un hijab.  

Fatima Saidi, une influenceuse marocaine qui a récemment visité la capitale française, a révélé sur son compte TikTok le racisme dont elle avait été victime. 

 

Cette jeune femme de 22 ans a affirmé qu'un homme d'âge moyen qui faisait son jogging alors qu'elle se trouvait sur un trottoir a craché sur son hijab. 

Saidi a filmé son agresseur, qui a craché à nouveau, sur la caméra cette fois. 

Fatima Saidi a décidé de porter plainte contre cet individu auprès du commissariat de police de Paris Centre.  

L’influenceuse a qualifié le comportement de cet homme de «raciste» et «machiste».