La Turquie et la Russie examinent la possibilité d'utiliser l'espace aérien syrien dans le cadre d'une opération militaire

Des soldats américains passent devant un véhicule militaire turc lors d'une patrouille conjointe avec les troupes turques dans le village d'al-Hashisha en Syrie, à la périphérie de la ville de Tal Abyad, à la frontière avec les troupes turques. (Photo d'archive AFP).
Des soldats américains passent devant un véhicule militaire turc lors d'une patrouille conjointe avec les troupes turques dans le village d'al-Hashisha en Syrie, à la périphérie de la ville de Tal Abyad, à la frontière avec les troupes turques. (Photo d'archive AFP).
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Publié le Lundi 26 décembre 2022

La Turquie et la Russie examinent la possibilité d'utiliser l'espace aérien syrien dans le cadre d'une opération militaire

  • Ankara envisage de recourir à une offensive militaire contre la milice des YPG à la suite de l'échec des efforts diplomatiques entrepris par Moscou
  • Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, vient de confier à la presse que la Turquie allait «remettre sur les rails ses relations avec la Syrie»

ANKARA: Ankara discute avec Moscou la possibilité d'utiliser l'espace aérien situé dans la zone contestée pour mener une offensive transfrontalière dans le nord de la Syrie.

Les experts estiment en effet que la Turquie sollicite l'autorisation de la Russie pour mener à bien cette opération, sans toutefois compromettre les relations bilatérales entre les deux pays; ces relations ont longtemps été tributaires des crises régionales.

Le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, a annoncé samedi que la milice kurde de Syrie, connue sous le nom de YPG (Unités de protection du peuple), serait la cible de cette opération aérienne et terrestre. Il affirme par ailleurs qu'Ankara s'est entretenu avec Moscou sur les modalités de l'opération, notamment celles liées à l'ouverture de l'espace aérien.

Pour la Turquie, les YPG sont une branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan, qui sont perçus comme un groupe terroriste par la Turquie, les États-Unis et l'Union européenne.

Ankara accuse le PKK et les YPG d'être responsables de l'attentat à la bombe ayant fait six morts et plus de 80 blessés le 13 novembre à Istanbul. De leur côté, le PKK et les Forces démocratiques syriennes alliées aux États-Unis, avec à leur tête les YPG, ont nié toute implication dans cet attentat.

Dans ce contexte, la ville frontalière turque de Karkamis a été frappée par des roquettes tirées depuis le nord de la Syrie à la fin du mois de novembre. Cette offensive a provoqué la mort de trois civils et a amené Ankara à accélérer sa riposte.

Aydin Sezer, expert des relations turco-russes, estime que la Russie devra obtenir le consentement du régime de Bachar al-Assad avant d'ouvrir l'espace aérien syrien.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, vient de confier à la presse que la Turquie allait «remettre sur les rails  ses relations avec la Syrie». Ces propos laissent penser qu'Ankara souhaite resserrer les liens avec le gouvernement syrien.

M. Sezer a néanmoins fait savoir que les avions à réaction F-16 turcs sont capables de frapper les unités des YPG à grande distance.

«Ankara a négocié le retrait des forces kurdes de Syrie à 30 km à l'intérieur du pays. Le Kremlin souligne dans ses déclarations officielles qu'il a convaincu la Turquie de renoncer à une opération terrestre», explique-t-il à Arab News.

En effet, Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu avec le président russe, Vladimir Poutine, la semaine dernière lors d'un appel téléphonique. Il a suggéré la mise en place d'un mécanisme tripartite réunissant les présidents turc, russe et syrien en vue de définir une stratégie antiterroriste commune.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré à la fin du mois de novembre que la Russie comprenait les préoccupations de la Turquie en termes de sécurité. Il a néanmoins rappelé que son pays s'opposait à une nouvelle escalade. Il a ainsi a laissé entendre que Moscou s'opposait à une éventuelle opération terrestre que mènerait la Turquie.

Il convient de rappeler que la Turquie a effectué à ce jour trois opérations militaires vastes en Syrie: l’opération Bouclier de l'Euphrate en 2016-2017, l’opération Rameau d'olivier en 2018 et l’opération Source de paix en 2019.

Ankara cible, depuis fin novembre, la milice kurde syrienne avec des frappes à longue portée et des drones dans le cadre de l'opération Griffe-épée. Les États-Unis one dénoncé cette opération car les drones se sont écrasés à proximité des bases de la coalition abritant des soldats américains.

Levent Kemal, expert des politiques de défense au Moyen-Orient, indique que la Turquie n'a pas besoin d'ouvrir l'espace aérien syrien pour mener à bien une opération militaire.

«Nos avions sont capables de frapper les objectifs prédéfinis depuis l'espace aérien turc sans passer par le territoire syrien», a-t-il déclaré à Arab News.

«Cependant, le Kremlin peut imposer à la Turquie certaines conditions avant de l’autoriser à lancer cette opération; il pourrait lui demander d'ouvrir son espace aérien pour une opération dans l'est de l'Euphrate ou encore convaincre Erdogan de faire une apparition en public avec Assad», explique M. Kemal.

Il a précisé que la Turquie privilégie la mise en place d'un corridor de sécurité le long de sa frontière sud avec la Syrie et qu'elle cible les villes de Tal Rifaat et Manbij. Ainsi, la médiation menée par la Russie (entre Ankara et Damas) mettra probablement les villes de la province d'Alep sous le feu de la prochaine offensive.

M. Erdogan a souligné lors d'une réunion qu'il a tenue le 3 décembre près de la frontière syrienne que «les attaques ne vont pas affaiblir notre détermination» et que le corridor de sécurité sera « certainement » mis en place.

M. Erdogan vient de s'entretenir par téléphone avec M. Poutine le 11 décembre. Il a réitéré l'importance du corridor de sécurité prévu par l'accord que les deux pays ont conclu en 2019.

Oytun Orhan occupe le poste de coordinateur des études sur la Syrie au sein du groupe de réflexion Orsam à Ankara. Pour lui, la Turquie a reporté de plusieurs mois son opération en Syrie pour laisser à la Russie le temps de se positionner.

«Cela fait environ un mois que la Russie négocie avec les Kurdes syriens pour parvenir à un compromis et les convaincre de se retirer de la frontière turque», explique-t-il à Arab News.

Les efforts de la Russie se sont toutefois heurtés à la résistance des responsables kurdes syriens qui insistent pour que les forces locales se maintiennent près de la frontière.

Cette situation conduit Ankara à privilégier l'option militaire, selon M. Orhan.

Il précise par ailleurs qu'Ankara sera probablement contrainte de pénétrer dans l'espace aérien syrien pour cibler certains sites.

«Pour cibler Tal Rifaat, par exemple, l'armée turque aurait besoin de lancer ses offensives d'une certaine profondeur aérienne», explique-t-il. «Ankara doit ainsi trouver un terrain d'entente avec la Russie pour que cette opération soit menée dans le cadre d'un accord bilatéral.»

«Autrement, les liens entre la Turquie et la Russie pourraient être compromis sur plusieurs fronts et d'autres accords seraient menacés, notamment sur le plan militaire.»

«Pour que Moscou autorise l'utilisation de l'espace aérien, elle impose une seule condition: la Turquie devra s'engager à normaliser ses relations avec le régime d'Assad et proposer un plan de sortie au terme de l'opération», ajoute-t-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.