Préserver la langue arabe et renforcer son enseignement : la mission du centre Zaï d’Abu Dhabi

Le centre Zaï a été inauguré le 18 décembre à l'occasion de la Journée mondiale de la langue arabe (Photo, Shutterstock).
Le centre Zaï a été inauguré le 18 décembre à l'occasion de la Journée mondiale de la langue arabe (Photo, Shutterstock).
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Publié le Mardi 27 décembre 2022

Préserver la langue arabe et renforcer son enseignement : la mission du centre Zaï d’Abu Dhabi

  • Alors que le monde arabe s'efforce de produire des anglophones, certains éducateurs craignent que l'arabe ne soit laissé pour compte
  • Le centre Zaï entend devenir le premier organisme d'accréditation de l'enseignement de la langue arabe au monde d'ici 2026

DUBAÏ: En ce XXIe siècle, l'anglais s'est imposé comme la lingua franca de la quasi-totalité du monde. Dans le Golfe, les enfants sont souvent poussés à apprendre l'anglais dès leur plus jeune âge, et ils sont nombreux à parler un anglais presque parfait et sans accent. Il suffit de rechercher sur Google «écoles d'anglais en Arabie saoudite» pour être inondé de résultats.

Cependant, dans cette course à la production d'anglophones dans le monde arabe, certains éducateurs s'inquiètent de voir diminuer l'importance de la maîtrise de l'arabe standard. Bien que la plupart des pays du Golfe puissent se targuer de taux d'alphabétisation des adultes supérieurs à 94 %, seuls environ 73 % des Égyptiens et 68 % des Marocains savent lire et écrire, selon le CIA World Factbook.

Alors que certains pensent que l'arabe n'est plus un prérequis pour trouver du travail, pour le Dr Hanada Taha Thomure, cette affirmation est illusoire. «Vous aurez besoin de l'arabe. Une situation se présentera à un moment donné, et vous devrez être capable d'utiliser la langue au travail», a-t-elle déclaré à Arab News.

Le centre prévoit d'analyser la manière dont la langue est enseignée dans le monde (Photo, Shutterstock).

Mme Thomure, forte de longues années d'expérience dans l'enseignement de la langue arabe, est convaincue que celle-ci est loin d'être obsolète. «Promenez-vous dans les rues du Caire ou de Beyrouth, ou de n'importe quel pays arabe, et vous entendrez cette langue. Nos problèmes, j'en suis certaine, sont liés aux politiques.»

En plus d'être professeure et membre du conseil d'administration de l'université Zayed d'Abu Dhabi, Mme Thomure est également directrice d'un nouveau centre de recherche novateur au sein de l'université: le centre Zaï.

Le centre Zaï a été inauguré le 18 décembre à l'occasion de la Journée mondiale de la langue arabe célébrée par les Nations unies. Le centre prévoit d'analyser la manière dont la langue est enseignée dans le monde, d'identifier les meilleures pratiques d'enseignement et de fournir des outils pour renforcer la capacité d'action des enseignants. Première institution à étudier la manière dont l'arabe est enseigné dans le monde, le centre a pour ambition de devenir le premier organisme d'accréditation de l'enseignement de la langue arabe d'ici à 2026.

L'institut poursuit plusieurs objectifs: il supervisera la création de nouveaux programmes en langue arabe pour les enfants et fournira la traduction de ressources et de revues universitaires disponibles uniquement en anglais. Le bureau des médias d'Abu Dhabi a publié une déclaration qualifiant le centre Zaï de «vision d'Abu Dhabi pour préserver et développer la langue arabe».

«Notre objectif est de prodiguer des conseils sur la meilleure manière d'enseigner la langue arabe» (Photo, Shutterstock).

Selon Mme Thomure, le centre est un mouvement communautaire, dont les méthodes d'enseignement modernes sont uniques. Son programme vise à stimuler les élèves à travers des méthodes amusantes, et à offrir des conseils aux parents pour aider leurs enfants à pratiquer l'arabe à la maison dès leur plus jeune âge. Sa plateforme numérique, dont le lancement est prévu prochainement, constituera une ressource importante pour les enseignants.

Le centre Zaï est le premier changement stratégique manifeste de l'université Zayed, qui se concentre désormais sur la recherche appliquée.

«Notre objectif est de prodiguer des conseils sur la meilleure manière d'enseigner la langue arabe. Le programme vise également à aider les décideurs à élaborer les bonnes politiques et les bonnes lois qui influent sur la perception de la langue arabe», a expliqué Mme Thomure. «Nous collaborerons avec d'autres chercheurs dans divers domaines pour comprendre comment soutenir l'enseignement et l'apprentissage de la langue arabe et s'assurer que les parents, les enseignants et les décideurs disposent des outils nécessaires et adéquats pour bien aborder la langue.»

«Nous avons découvert que, dans certains endroits, l'arabe n'est pas enseigné de manière optimale. La détection précoce des difficultés scolaires chez les enfants est importante. L'intervention l'est tout autant. Nous pourrons détecter, corriger et tester les capacités cognitives et de mémoire afin d'aider les élèves à exceller dès leur plus jeune âge. C'est une approche très avant-gardiste; rien de tel n'a été fait auparavant.»

Alors que certains pensent que l'arabe n'est plus un prérequis pour trouver du travail, pour le Dr Hanada Taha Thomure, cette affirmation est illusoire (Photo, fournie).

«Vous voulez que les gens se rendent compte de la pertinence de la langue, de sa beauté, et même de sa valeur économique en termes de possibilités et d'opportunités d'emploi. Même si vous êtes bilingue, votre langue maternelle est celle que vous parlez à la maison. Vous passez à côté des nuances de la langue maternelle des autres», affirme-t-elle. «Vous risquez de ne pas saisir certaines phrases de chansons ou de dialectes. Chaque langue est différente. Nous intégrons des versets coraniques, des expressions et des accents; nous nous faufilons entre les deux, et vous passez à côté de tout cela si vous n'apprenez pas votre langue maternelle.»

Le centre Zaï collaborera avec des chercheurs dans différents domaines afin de créer des outils pour soutenir et inspirer les nouvelles générations d'arabophones. Le centre prévoit également de créer le premier corpus arabe pour enfants en partenariat avec le centre de langue arabe d'Abu Dhabi, ce qui permettra d'identifier les mots arabes les plus fréquemment utilisés et de standardiser le vocabulaire.

Le centre a déjà signé des partenariats avec plusieurs organismes et institutions, dont le Centre de langue arabe d'Abu Dhabi, Queen Rania Foundation, Sheikh Mohammad Bin Rashed Global Initiatives et Arab Thought Foundation.

Promouvoir et soutenir la langue arabe est une priorité pour de nombreux gouvernements. En 2020, le ministère saoudien de la Culture a créé l'Académie mondiale du roi Salmane pour la langue arabe afin de promouvoir la langue arabe, de renforcer son rôle au niveau régional et mondial et de renforcer son rôle d'expression de la profondeur linguistique de la culture arabe et islamique.

L'académie veillera à renforcer l'identité culturelle arabe. Elle s'emploiera notamment à soutenir les applications, les produits et la recherche en langue arabe dans le Royaume et dans le monde arabe et islamique. 

«L'Académie mondiale du roi Salmane pour la langue arabe porte un nom qui nous est cher à tous, en reconnaissance du Gardien des Deux Saintes Mosquées – que Dieu le protège – et pour ses efforts sincères au service de la culture arabe, son engouement pour la langue arabe et son soutien à tous les efforts déployés pour la préserver.» Le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, ministre saoudien de la Culture, a expliqué qu'il s'agira d'une académie mondiale au service de la langue arabe et du soutien de ses applications modernes, ce qui confirme le leadership de l'Arabie saoudite au service de la langue du Coran.

La volonté de diffuser l'amour de l'apprentissage de l'arabe dépasse largement la création du centre Zaï (Photo, AFP).

Noura al-Kaabi, ministre de la Culture et de la Jeunesse des Émirats arabes unis et présidente du conseil d'administration de l'université Zayed, a déclaré en décembre que la langue arabe était liée à «notre patrimoine, notre culture et notre patrie», ajoutant que la création de programmes visant à l'améliorer et à la préserver était un devoir national.

Le rapport sur le statut et l'avenir de la langue arabe du ministère de la Culture et de la Jeunesse des Émirats arabes unis, publié en septembre de cette année, a noté une absence manifeste de vision pour l'enseignement de l'arabe. «Notre ambition est de faire du centre Zaï un leader dans ce domaine et de devenir le premier organisme d'accréditation pour l'enseignement de la langue arabe dans le monde d'ici 2026», a déclaré Mme Al-Kaabi.

La volonté de diffuser l'amour de l'apprentissage de l'arabe dépasse largement la création du centre Zaï. En septembre dernier, Madrasa Arabic Lessons, une plateforme d'apprentissage en ligne lancée dans le cadre des Mohammed Bin Rashid Global Initiatives en 2018, a reçu le prix d'alphabétisation Unesco-Roi Sejong. Le programme compte plus de trois millions d'utilisateurs de 50 pays. Ses dizaines de millions de leçons et ses centaines de vidéos ont permis d'offrir un enseignement essentiel pendant la pandémie de Covid-19 qui a fait fermer les écoles pendant des années.

En juin, le souverain de Sharjah, le cheikh Dr Sultan ben Mohammed al-Qasimi, s'est adressé aux institutions universitaires, soulignant l'importance de développer de nouvelles méthodes d'enseignement pour encourager les jeunes hommes et femmes à apprendre l'arabe.

«La langue arabe est notre appartenance au Coran. Elle est la réserve de notre histoire, de notre savoir et de notre culture. La langue arabe est ce qui maintient fermement notre croyance en notre religion. La langue arabe est ce qui nous unit des coins les plus reculés de la Terre, de l'extrême Orient à l'extrême Occident, nous sommes unis sous une même langue», a affirmé M. Al-Qasimi.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Nouveaux bombardements israéliens au Liban malgré des discussions «positives»

Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
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  • Le président libanais Joseph Aoun, saluant les réactions "positives" à la réunion de mercredi, a annoncé que les discussions reprendraient le 19 décembre afin d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban
  • "Il n'y a pas d'autre option que la négociation", a-t-il ajouté

JBAA: Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays.

L'armée israélienne, qui a multiplié ses frappes ces dernières semaines, a encore frappé jeudi le sud du Liban après avoir appelé des habitants de plusieurs villages à évacuer.

Les bombardements ont touché quatre localités, où des photographes de l'AFP ont vu de la fumée et des maisons en ruines.

Dans le village de Jbaa, Yassir Madir, responsable local, a assuré qu'il n'y avait "que des civils" dans la zone. "Quant aux dégâts, il n'y a plus une fenêtre à 300 mètres à la ronde. Tout le monde est sous le choc", a-t-il ajouté. 


« La Syrie n’est pas condamnée » : les leçons d’un an de transition, selon Hakim Khaldi

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  • Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
  • Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide

PARIS: La Syrie post-Assad, carnets de bord, de Hakim Khaldi, humanitaire chez Médecins sans frontières, publié chez L’Harmattan, n’est pas seulement un récit de témoins, mais une immersion dans la réalité d’un pays brisé mais pas vaincu, où la chute d’un pouvoir omnipotent n’a pas suffi à étouffer l’exigence de dignité.
Ce qu’il raconte, c’est l’envers des discours diplomatiques, la géographie vécue d’une société projetée brutalement hors d’un demi-siècle d’autoritarisme dans un vide politique, économique et moral.

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel.

Dans ses carnets, comme dans ses réponses à Arab News en français, revient une même conviction : la chute d’un régime ne signifie pas la naissance immédiate d’un pays. La Syrie, aujourd’hui, est entre les deux, « en état de transformation ».

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel : « On ne savait pas si c’était la fin d’une époque ou le début d’une autre tragédie », confie-t-il.
Dans les villes « libérées », les scènes oscillent entre euphorie et sidération ; la population découvre, sans y croire encore, la possibilité de parler librement, de respirer autrement.

Il raconte ces familles qui, pendant quarante ans, n’avaient jamais osé prononcer le mot « moukhabarat » (services secrets en arabe), ne serait-ce qu’à voix basse chez elles.
Et brusquement, les voilà qui se mettent à raconter : les disparitions, les tortures, les humiliations, et la peur devenue routine.
Des parents ressortent des photos d’adolescents morts sous la torture, des certificats de décès maquillés, des lettres écrites depuis la prison mais jamais envoyées.

Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
Ce qui l’a le plus frappé, c’est « ce sentiment presque physique d’un poids qui tombe. C’est ce que j’ai le plus entendu », affirme-t-il.

Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide. En quelques jours, l’État s’est évaporé : plus de police, plus d’électricité, plus d’école, plus de justice.
Les anciens bourreaux disparaissent dans la nature, mais les réseaux de corruption se reconstituent, et les premières milices locales émergent, prêtes à occuper le terrain déserté par les institutions.

Pourtant, au fil de ses déplacements, Khaldi est frappé par la force de résilience et d’auto-organisation de la population : « Les Syriens n’ont jamais cessé d’exister comme société, même quand l’État les avait réduits au silence », assure-t-il.
Dans les villages, des comités improvisés se forment et organisent la distribution alimentaire, la remise en marche d’une station d’eau, la sécurité ou la scolarisation d’urgence.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides.

Cette responsabilité populaire est, pour Khaldi, l’un des rares points lumineux du paysage syrien, la preuve qu’une société peut exister en dehors de l’appareil répressif qui prétendait être l’État.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides, de milices rivales, de zones d’influence et d’ingérences étrangères. « Une mosaïque qui ne ressemble plus au pays d’avant », estime Khaldi.
Le territoire est éclaté entre forces locales, groupes armés (notamment les milices druzes à Soueida, au nord-est du pays), gouvernances provisoires ou structures étrangères. Les routes sont coupées, les administrations doublées ou contradictoires.

Avec des infrastructures détruites, une monnaie en chute libre et un secteur productif quasi paralysé, la survie quotidienne est devenue un exercice d’équilibriste.
Les Syriens ne nourrissent plus d’illusions sur l’arrivée immédiate d’un modèle démocratique idéal : il s’agit d’abord de survivre, de reconstruire, de retrouver un minimum de continuité.

Le traumatisme est profond, à cause des disparitions massives, de l’exil et des destructions psychologiques. Pourtant, affirme Khaldi, « jamais je n’ai entendu un Syrien regretter que la dictature soit tombée ».

De ses observations et des témoignages qu’il a collectés en arpentant le pays, Khaldi tire les priorités pour éviter que la Syrie ne devienne ni un conflit gelé ni un espace livré aux milices.
De son point de vue, la reconstruction politique ne peut se réduire à remplacer un gouvernement par un autre : il faut rebâtir les fondations, à savoir une justice indépendante, une police professionnelle et des administrations locales.

Des dizaines de groupes armés contrôlent aujourd’hui une partie du territoire, et une transition politique sérieuse est impensable sans un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, soutenu par une autorité légitime et par un cadre international solide.
Au-delà des aides internationales, la Syrie a besoin d’un cadre empêchant la capture des fonds par les anciens réseaux de corruption ou les factions armées.
Elle doit donner la priorité à la relance de l’agriculture, au rétablissement de l’électricité, des réseaux routiers et des petites industries, les seules capables à court terme de soutenir la vie quotidienne.

Le pays porte une blessure immense : celle des prisons secrètes, des fosses communes, des disparitions et des exactions documentées. « Sans justice, il n’y aura pas de paix durable », affirme Khaldi.
Il ne s’agit ni de vengeance ni de tribunaux-spectacle, mais de vérité et de reconnaissance, conditions indispensables à une réconciliation nationale.

De cet entretien se dégage une idée forte : malgré la faim, la peur, les ruines, malgré la fragmentation politique et l’ingérence étrangère, les Syriens n’ont pas renoncé à eux-mêmes.
Ils ouvrent des écoles improvisées, réparent des routes avec des moyens dérisoires, organisent l’entraide, résistent au chaos. « La Syrie n’est plus la Syrie d’avant, mais elle n’est pas condamnée pour autant », affirme Khaldi.
Son témoignage rappelle qu’un pays ne meurt pas quand un régime tombe ; il meurt lorsque plus personne ne croit possible de le reconstruire. Et les Syriens, eux, y croient encore.


Liban: Israël annonce des frappes dans le sud, appelle à des évacuations

L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
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  • Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région"
  • Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région.

Cette annonce survient au lendemain d'une rencontre entre responsables civils libanais et israélien, lors d'une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, présentée comme de premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays toujours techniquement en état de guerre.

Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région", a annoncé le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne pour le public arabophone.

Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter.

Accusant le Hezbollah de se réarmer dans le sud du pays et de violer ainsi les termes de la trêve entrée en vigueur fin novembre 2024, l'armée israélienne a multiplié depuis plusieurs semaines les frappes aériennes dans le sud du Liban mais a marqué une pause dans ses attaques pendant la visite du pape Léon XIV cette semaine.

Israël a même frappé jusque dans la banlieue de Beyrouth le 23 novembre pour y éliminer le chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.

Le Liban dénonce ces attaques comme des violations patentes du cessez-le-feu.

Mais Israël, qui peut compter sur l'aval tacite des Etats-Unis pour ces frappes, affirme qu'il ne fait qu'appliquer la trêve en empêchant le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran, ennemie d'Israël, "de se reconstruire et de se réarmer".

Tout en déclarant que les discussions directes de mercredi avec le Liban s'étaient déroulées dans "une atmosphère positive", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rappelé mercredi soir que le désarmement du Hezbollah restait une exigence "incontournable" pour son pays.