ALGER, ALGERIE : Sur certaines plages d'Algérie, l'algue brunâtre a recouvert le sable doré et donné à l'eau de mer un aspect boueux. Face à cette espèce invasive, les autorités ont lancé une campagne de nettoyage, avec l'aide de bénévoles et de tractopelles.
À Sidi Fredj, célèbre station balnéaire située à une vingtaine de kilomètres à l'ouest d'Alger, des dizaines de volontaires et de membres d'associations ratissent le rivage et ramassent la « Rugulopteryx okamurae », son nom scientifique, par pelletées.
Selon le Dr Lamia Bahbah, enseignante-chercheuse affiliée à l'École nationale supérieure des sciences de la mer et de l'aménagement du littoral (Enssmal), la présence de cette algue originaire de l'océan Pacifique a été détectée fin 2023 sur la côte centre.
L'espèce a rapidement proliféré, menaçant l'écosystème local. Elle est particulièrement reconnaissable à son odeur nauséabonde.
« Quand elle échoue sur le rivage, on ne peut pas se baigner », regrette Salim Hemmedi, un vacancier de 43 ans. Mais grâce à cette campagne, qui se poursuit jusqu'au 16 août, « nous espérons que la situation s'améliorera pour que nous puissions profiter » et que « les enfants puissent nager en toute tranquillité ».
En visite sur une plage, la ministre de l'Environnement, Nadjiba Djilali, a voulu rassurer.
« Les eaux sont-elles adaptées à la baignade ? Oui », a-t-elle affirmé à la presse.
« Ces algues vont-elles provoquer des allergies chez les baigneurs ? À l'heure actuelle, non », a-t-elle insisté.
- Invasion -
Mais ces algues ont fortement proliféré par rapport aux années précédentes, a averti Youcef Segni, ingénieur maritime et biologiste en laboratoire.
« Elles envahissent les lieux de vie d'autres algues dans les fonds marins, ce qui conduit à la disparition de ces algues indigènes, puis à celle d'animaux comme les poissons », explique-t-il.
À Marseille, en France, ainsi qu'en Espagne, la présence de cette algue a également été signalée ces dernières années.
En février, le club de football espagnol Betis Séville a lancé un nouveau maillot fabriqué à partir de la « Rugulopteryx okamurae » afin de sensibiliser le public à la crise écologique provoquée par cette algue sur la côte andalouse.
Selon le ministère algérien de l'Environnement, la présence d'algues a été observée dans trois des quatorze wilayas (préfectures) côtières du pays, dont la capitale, avec seize plages concernées.
Selon le Dr Bahbah, stopper la prolifération de cette algue est « malheureusement impossible à ce stade ». Cela est notamment dû à son mode de reproduction « sexué et asexué » : « un petit fragment détaché peut vivre longtemps et donner naissance à un nouvel individu ».
La température de la mer Méditerranée et les moyens de transport maritime (elle peut s'accrocher aux coques des bateaux) favorisent également sa propagation.
En Algérie, pour éviter que les amas d'algues récupérés ne se décomposent sur les plages, des camions et des tractopelles sont venus les transporter.
« Cette algue brune, Rugulopteryx okamurae, qui vient du Japon, on va la combattre. Le réseau de surveillance des macro-algues toxiques et invasives suit régulièrement son expansion, son développement et son évolution », affirme Fella Zaboudj, ingénieure d'État en sciences marines.
Des études sont en cours pour voir si elle peut être valorisée, notamment comme engrais.