Afghanistan: Face à l'interdiction faite aux femmes d'accéder à l'université, le peuple gronde

Les talibans n'ayant pas tenu leurs promesses concernant l'accès des filles et des femmes à l'éducation, des manifestations ont eu lieu (Photo, AFP).
Les talibans n'ayant pas tenu leurs promesses concernant l'accès des filles et des femmes à l'éducation, des manifestations ont eu lieu (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 29 décembre 2022

Afghanistan: Face à l'interdiction faite aux femmes d'accéder à l'université, le peuple gronde

  • Les dernières restrictions des libertés civiles imposées par le régime insulaire ont suscité une condamnation internationale
  • Des étudiants et des professeurs afghans ont organisé des grèves et présenté des démissions à la suite de la décision des talibans

DUBAÏ: Zaram a reçu très peu d'éducation formelle pendant son enfance dans la province rurale de Kandahar, dans le sud de l'Afghanistan, mais il a toujours espéré que ses enfants bénéficieraient un jour des libertés et des possibilités qui lui ont longtemps été refusées.

Alors, quand il a appris à la mi-décembre que les dirigeants talibans du pays avaient interdit l'enseignement supérieur aux femmes, privant ainsi sa fille du droit d'étudier, il a été anéanti.

«Je voulais pouvoir subvenir aux besoins de ma fille pour qu'elle ait une meilleure vie que celle que nous vivons», a déclaré à Arab News, Zaram, qui n'a pas donné son vrai nom par crainte de représailles. «La vie sera impossible sans qu'elle ait une éducation. Je ne peux pas lui enseigner moi-même car je suis à peine allé à l'école.»

Les talibans ont annoncé qu'ils interdisaient aux femmes et aux jeunes filles l'accès aux collèges et aux universités avec effet immédiat le 20 décembre.

«Vous êtes tous informés de mettre immédiatement en œuvre l'ordre mentionné de suspendre l'éducation des femmes jusqu'à nouvel ordre», a déclaré Neda Mohammad Nadeem, ministre de l'Enseignement supérieur, dans un communiqué.

Le lendemain, une foule de femmes afghanes a manifesté dans les rues de Kaboul, protestant contre le nouveau décret en scandant: «Soit pour tous, soit pour personne. Un pour tous, tous pour un.» Des femmes ont été filmées en train de pleurer et de se consoler à l'extérieur d'un campus.

Les talibans ont annoncé qu'ils interdisaient aux femmes et aux filles l'accès aux collèges et aux universités avec effet immédiat le 20 décembre (Photo, AFP).

Après le retrait chaotique de l'armée américaine du pays et la prise de Kaboul par les talibans en août 2021, de nombreux Afghans avaient espéré que le groupe ultraconservateur serait plus indulgent qu'il ne l'avait été lors de son précédent passage au pouvoir entre 1996 et 2001.

Ces espoirs ont toutefois été rapidement anéantis, car les libertés dont jouissaient les Afghans pendant les vingt années précédentes sous le gouvernement afghan soutenu par les États-Unis ont été progressivement réduites sous le commandement du chef du groupe, Hibatullah Akhundzadan, basé à Kandahar.

Un mois à peine après son retour au pouvoir, le régime a imposé la ségrégation des sexes à l'entrée des universités et dans les salles de classe, ainsi que le port du hijab dans le cadre d'un code vestimentaire obligatoire.

Puis, le 23 mars de cette année, alors que les écoles secondaires pour filles devaient rouvrir, les talibans ont brusquement annulé la directive, privant ainsi des dizaines de milliers d'adolescentes d'éducation. Les filles en âge de fréquenter l'école primaire, du moins pour l'instant, sont toujours autorisées à recevoir un enseignement jusqu'à la sixième.

En mai, les talibans ont ordonné aux femmes de se couvrir entièrement, même le visage, en public, de rester chez elles et de ne se déplacer entre les villes qu'accompagnées d'un homme. En novembre, une nouvelle directive a interdit aux femmes d'entrer dans les parcs, les fêtes foraines, les salles de sport et les bains publics.

Ce samedi, les talibans ont interdit aux femmes de travailler dans les organisations non gouvernementales, ce qui a conduit de nombreuses agences d'aide humanitaire étrangères à annoncer qu'elles se retiraient du pays en crise.

Actuellement, presque toutes les femmes et les filles de plus de 12 ans sont exclues des établissements d'enseignement en Afghanistan. Selon l'Unicef, environ 850 000 filles afghanes ont cessé d'aller à l'école.

Presque toutes les femmes et les filles de plus de 12 ans sont exclues des établissements d'enseignement en Afghanistan (Photo, AFP).

L'Afghanistan est désormais le seul pays au monde à interdire les écoles et les universités aux femmes et aux filles.

Les règles ne semblent toutefois pas s'appliquer à l'élite talibane. Selon l'Afghanistan Analysts Network (AAN), un groupe de recherche politique indépendant et à but non lucratif basé à Kaboul, de hauts responsables talibans inscrivent leurs filles dans des écoles au Qatar et au Pakistan.

Les deux filles de Souhail Chaheen, porte-parole du gouvernement taliban, seraient scolarisées à Doha, tandis que le ministre de la Santé du régime, Qalandar Ibad, aurait une fille diplômée de l'école de médecine. 

Un responsable taliban installé au Qatar a déclaré à l'AAN que «puisque tout le monde dans le quartier allait à l'école, nos enfants ont exigé qu'ils y aillent aussi. J'ai inscrit mes trois fils et mes deux filles».

«Cela est absolument hypocrite», a déclaré à Arab News un travailleur humanitaire étranger basé en Afghanistan, sous couvert d'anonymat.

«Mais les dirigeants talibans ne suivent pas une logique globale de ce qui est bien ou mal, ils suivent leur propre logique interne. C'est la force motrice de leur prise de décision. Ils ne ressentent pas le besoin de justifier quoi que ce soit à qui que ce soit.»

Les DROITS DES FEMMES AFGHANES en chute libre

•  MARS 2022 – Les élèves du sexe féminin du secondaire sont exclues des écoles et doivent rester chez elles.

•  MAI - Les femmes doivent se couvrir entièrement et rester à la maison.

•  AOÛT - Des combattants talibans battent des manifestantes.

•  NOVEMBRE - Les femmes sont interdites dans les parcs, les fêtes foraines, les salles de sport et les bains publics.

•  DÉCEMBRE - Les femmes ne sont plus autorisées à travailler dans les ONG nationales et internationales et sont interdites d’aller aux universités.

«Cette interdiction de l'enseignement est la façon adoptée par les talibans pour annoncer au monde qu’ils sont là pour gouverner, pour rester, et qu’ils se moquent de ce que les autres ont à dire et que personne ne peut intervenir. Nulle part ailleurs dans le monde musulman, ne débat-on de la question portant sur l’éducation des femmes dans la Charia. Le fait que des universitaires afghans en discutent maintenant est stupéfiant.»

Le décret du régime a suscité de vives réactions. Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre des étudiantes de la province de Nangarhar, dans l'est du pays, en train de perturber les examens de fin d'année de leurs camarades masculins qui refusent d'être solidaires avec elles.

Dans un autre département universitaire de la même province, des étudiants masculins en médecine ont volontairement abandonné leurs examens en guise de protestation contre la décision du régime d'interdire les femmes. Des vidéos sont apparues montrant des soldats talibans en train de battre les étudiants masculins qui protestaient.

Plusieurs membres masculins du personnel universitaire ont également démissionné en signe de solidarité avec les étudiantes. Un professeur basé à Kaboul a déchiré ses diplômes lors d'une interview télévisée en direct diffusée par TOLOnews.

«À partir d'aujourd'hui, je n'ai pas besoin de ces diplômes car ce pays n'est plus un lieu d'éducation. Si ma sœur et ma mère ne peuvent pas étudier, alors je n'accepte pas cette éducation», a-t-il déclaré à la chaîne d'information.

L'Afghanistan est désormais le seul pays au monde à interdire les écoles et les universités aux femmes et aux filles (Photo, AFP).

La répression des talibans à l'encontre des droits des femmes a suscité une vive condamnation de la part de la communauté internationale, notamment du gouvernement d'Arabie saoudite. Les talibans ont toutefois riposté en déclarant que les gouvernements étrangers ne devaient «pas s'ingérer dans les affaires intérieures de l'Afghanistan».

Ce mardi, le Conseil de sécurité des Nations unies a appelé les talibans à annuler leurs politiques visant les femmes et les jeunes filles, s'alarmant de «la détérioration croissante» des droits de l'homme dans le pays.

Le Conseil de sécurité des Nations unies, composé de 15 membres, s'est déclaré «profondément alarmé» par les restrictions croissantes imposées à l'éducation des femmes, appelant à «la participation complète, égale et significative des femmes et des filles en Afghanistan».

Il a exhorté les talibans «à rouvrir les écoles et à annuler rapidement ces politiques et pratiques, qui représentent une dégradation croissante pour le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales».

Dans sa déclaration, le Conseil a également condamné l'interdiction faite aux femmes de travailler pour des ONG, intensifiant les avertissements concernant l'impact négatif sur les opérations d'aide dans un pays où des millions de personnes en dépendent.

«Ces restrictions sont en contradiction avec les engagements pris par les talibans envers le peuple afghan ainsi qu'avec les attentes de la communauté internationale», a ajouté le Conseil de sécurité des Nations unies.

À moins que les talibans ne montrent qu'ils sont disposés à assouplir leurs positions fermes, notamment sur les questions relatives aux droits des femmes, il est peu probable que le régime ait accès aux milliards de dollars d'aide, de prêts et d'actifs gelés dont les États-Unis, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, et auxquels les afghans ont terriblement besoin.

Les talibans ont pris le pouvoir l'année dernière après le départ des troupes américaines d'Afghanistan (Photo, AFP).

Au-delà des sanctions et des condamnations, il semble toutefois que la communauté internationale ne veuille ou ne puisse pas faire grand-chose pour obliger les talibans à changer de cap idéologique. Le peuple afghan, semble-t-il, est livré à lui-même.

«Les Afghans ont perdu toute confiance dans le régime et dans sa capacité ou sa volonté à revenir sur ses décisions», a indiqué le travailleur humanitaire étranger à Arab News.

«Si de nouveaux changements sont apportés, je crois que ce sera comme une page du manuel des années 1990 où les femmes ne sont autorisées à poursuivre leurs études que dans le secteur médical pour des professions telles que les infirmières, les médecins et les sage-femmes.

«Il y a un grand manque de confiance entre le peuple et le gouvernement. Même les ministres qui ne sont pas d'accord avec le décret sur l'éducation n'ont pas exprimé leur opinion sur la question; on ne s'oppose tout simplement pas au chef suprême.

«Mais nous sommes à un moment crucial, il sera intéressant de voir comment cela va se passer car il y a de plus en plus de courage parmi les citoyens pour défendre leurs droits.

«Le monde entier assiste, abasourdi, à ce qui se passe, mais la seule chose que fait la communauté internationale est de publier sur Twitter des condamnations, les mêmes vieux mots régurgités. Pendant ce temps, les droits des femmes se réduisent de jour en jour.»

Pour Zaram, le père basé à Kandahar, il y a peu d'espoir que sa fille obtienne une éducation décente, poursuive la carrière de son choix ou ait une vie épanouie au-delà des limites du foyer.

«J'ai honte à bien des égards. J'ai le sentiment de l'avoir laissée tomber», a révélé Zaram à Arab News. «Qu'est-ce qu'elle va devenir en grandissant? Quelles options aura-t-elle? Elle n'aura rien. Je ne veux pas que son avenir soit d'être mariée. Elle mérite mieux.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Des milliers de morts cet été en Europe à cause du changement climatique, avancent des chercheurs

Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
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  • Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées
  • Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni

PARIS: Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques.

"Centrée sur 854 villes européennes, cette étude conclut que le changement climatique est à l'origine de 68% des 24.400 morts qui seraient liées à la chaleur cet été", souligne mercredi le communiqué des deux instituts britanniques auxquels appartiennent les auteurs, l'Imperial College London et la London School of Hygiene & Tropical Medicine.

Ils concluent donc qu'entre 15.013 et 17.864 décès liés cet été à la chaleur n'auraient pas eu lieu sans le réchauffement climatique, dans ces villes qui ne représentent par ailleurs qu'un petit tiers de la population européenne.

Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées. Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni.

Or, les effets sur la santé des chaleurs sont bien connus: aggravation des troubles cardiovasculaires, déshydratation, troubles du sommeil... Et les plus âgés sont, de loin, les plus à risque d'en mourir.

"Il suffit que les canicules soient plus chaudes de 2 à 4°C pour que des milliers de personnes passent de vie à trépas", a souligné Garyfallos Konstantinoudis, co-auteur de l'étude, lors d'une conférence de presse, qualifiant les pics de chaleur de "tueurs silencieux".


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.