Décaler le «Black Friday»? Des commerçants préfèreraient rouvrir

« Si on fait un “Black Friday” promotionnel à quinze jours de Noël, ça n'a aucun sens économique, sanitaire ou social » (Photo, AFP)
« Si on fait un “Black Friday” promotionnel à quinze jours de Noël, ça n'a aucun sens économique, sanitaire ou social » (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 19 novembre 2020

Décaler le «Black Friday»? Des commerçants préfèreraient rouvrir

  • Jean Castex n'a pas exclu, lors d'un petit-déjeuner de la majorité, une réouverture des commerces dès le 27 novembre si la situation sanitaire le permet
  • « D'accord, si ça ne remet pas en question la date de réouverture du 27 novembre pour les commerces physiques »

PARIS : Reporter le « Black Friday »? « Si ça ne remet pas en cause une date de réouverture des magasins le 27 novembre », répondent des professionnels au ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, qui a proposé mercredi de « décaler » l'opération promotionnelle.

« À chaque fois qu'un ministre parle, ça va dans un sens différent », soupire Yohann Petiot. Le directeur général de l'Alliance du commerce, une association de fédérations professionnelles notamment de l'habillement, regrette ces signaux contraires, qui « pèsent sur l'état d'esprit des chefs d'entreprise et des commerçants, alors que ceux-ci ont besoin de clarté et de visibilité ».

Mardi, Jean Castex n'a pas exclu, lors d'un petit-déjeuner de la majorité, une réouverture des commerces dès le 27 novembre si la situation sanitaire le permet, comme le réclament de très nombreuses fédérations professionnelles.

Décaler à quand?

Mais mercredi, Bruno Le Maire, partisan d'une réouverture rapide des commerces, a jeté un froid en demandant aux acteurs de la distribution de « décaler » l'opération promotionnelle « Black Friday », prévue le 27 novembre. Lors de la séance de questions au gouvernement au Sénat, il a demandé aux acteurs de la grande distribution et du commerce en ligne d'« examiner toutes les possibilités de décaler cette opération » de prix cassés, venue des États-Unis, et qui connaît chaque année un engouement croissant.

« D'accord, si ça ne remet pas en question la date de réouverture du 27 novembre pour les commerces physiques » dits non essentiels, réagit Yohann Petiot. Ce dernier alerte quand même sur le fait que « si on fait un “Black Friday” promotionnel à quinze jours de Noël, ça n'a aucun sens économique, sanitaire ou social ».

Francis Palombi, président de la Confédération des commerçants de France (CCF), se dit « content sur le moment que ce soit reporté, mais si c'est pour nous annoncer qu'on n'ouvrira pas le 27, c'est une nouvelle toute relative ».

« Est-ce que ça a du sens de demander maintenant ce report ? » interroge aussi Laurent Munerot, président de l'U2P (Union des entreprises de proximité). « Je suis presque plus inquiet parce que ça accréditerait l'idée qu'on ne rouvrirait pas les commerces le 27 novembre. »

Selon Bercy, « cette demande ne préjuge en rien de la décision sur la date de réouverture des commerces ». Le ministère explique que « quelle que soit la décision, la date du 27 novembre pour le “Black Friday” est une mauvaise date ».

« Si les commerces rouvrent, ce n'est pas une bonne chose de rouvrir sur une promotion, et s'ils sont fermés, ce ne serait pas une bonne idée pour les commerçants de maintenir une promotion dont les gens ne pourraient pas profiter quand on sait que le “Black Friday”, c'est 5 milliards de ventes en physique et 1 milliard en ligne », poursuit la même source.

Bien à l'avance

Mais contrairement aux dates des soldes, le gouvernement n'a pas la main sur la tenue de telles opérations promotionnelles d'initiative privée.

Le directeur général d'Amazon France, Frédéric Duval, a souhaité mercredi sur France Inter « que les petits commerces ouvrent le plus vite possible. S'ils ouvrent pour le 27 novembre, ce serait parfait. » 

Mais il ne s'est pas prononcé sur une annulation ou un décalage de l'opération promotionnelle de la part de son entreprise.

« C'est une grosse opération pour les e-commerçants », relève aussi la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), qui ne « ferme pas la porte », mais doit consulter ses adhérents. « Que le commerce physique puisse rouvrir le 27, cela aurait été l'idéal pour tout le monde », dit la même source en suggérant qu'il « aurait fallu anticiper, peut-être ».

« Une opération comme celle-ci se prépare bien à l'avance, les produits sont déjà stockés, les prospectus déjà imprimés, ce n'est pas si simple que ça », abonde Thierry Desouches, porte-parole de Système U, qui « va étudier comment on gère cette demande ». 

En tout état de cause, la décision concernant la réouverture des commerces sera « prise courant de la semaine prochaine » a dit le gouvernement. « La seule chose sur laquelle on veut une réponse , conclut Yohann Petiot, c'est à savoir quand nous pourrons ouvrir nos magasins. »


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.