Libye: en extradant un suspect de Lockerbie, Tripoli escompte un soutien de Washington

Les vestiges de l'avion de ligne 747 Pan Am qui a explosé et s'est écrasé au-dessus de Lockerbie, en Écosse, le 22 décembre 1988 (Photo, AFP)
Les vestiges de l'avion de ligne 747 Pan Am qui a explosé et s'est écrasé au-dessus de Lockerbie, en Écosse, le 22 décembre 1988 (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 30 décembre 2022

Libye: en extradant un suspect de Lockerbie, Tripoli escompte un soutien de Washington

  • Abou Agila Mohammad Massoud Kheir al-Marimi, un Libyen accusé d'avoir préparé la bombe de l'attentat survenu en 1988 au-dessus de Lockerbie en Ecosse (270 morts) a été livré, en toute discrétion aux autorités américaines mi-décembre
  • Après cette extradition, le gouvernement dirigé par Abdelhamid Dbeibah a essuyé des critiques virulentes de la part de rivaux politiques, de défenseurs des droits et de proches de détenus libyens

TRIPOLI: Le gouvernement de Tripoli s'est attiré une vague de critiques en remettant à Washington un suspect de l'attentat de Lockerbie, mais il espère, par ce risque calculé, un soutien américain accru face à ses rivaux dans ce pays profondément divisé, selon des analystes.

Abou Agila Mohammad Massoud Kheir al-Marimi, un Libyen accusé d'avoir préparé la bombe de l'attentat survenu en 1988 au-dessus de Lockerbie en Ecosse (270 morts) a été livré, en toute discrétion aux autorités américaines mi-décembre.

Après cette extradition, le gouvernement dirigé par Abdelhamid Dbeibah a essuyé des critiques virulentes de la part de rivaux politiques, de défenseurs des droits et de proches de détenus libyens susceptibles d'être à leur tour livrés à un pays tiers.

"Le dossier de l'affaire de Lockerbie est officiellement rouvert", a indiqué à l'AFP Khaled al-Montasser, professeur en relations internationales à l'Université de Tripoli.

Pourtant, pour l'Etat libyen, l'affaire était close depuis 2003 lorsque le régime de Mouammar Kadhafi avait reconnu sa responsabilité dans l'attentat, versé 2,7 milliards de dollars de dédommagements aux familles des victimes et extradé deux Libyens dont un seul a été condamné en 2001 par une cour écossaise siégeant aux Pays-Bas.

Selon M. Montasser, Dbeibah "ne se contentera probablement pas de l'extradition d'un seul suspect. D'autres suivront inévitablement".

Sous la pression de l'opinion publique, M. Dbeibah a reconnu avoir livré Abou Agila, tout en assurant avoir "agi dans le respect de la souveraineté de la Libye" et niant vouloir extrader Abdallah Senoussi, ex-chef des renseignements libyens, beau-frère par alliance de Kadhafi.

"Senoussi ne sera pas remis aux Etats-Unis, et il est dans sa prison à Tripoli", a-t-il dit vendredi à la chaîne Al-Arabiya.

«Deal» politique

"Washington ne clôt jamais des affaires pénales" qui concerne ses ressortissants, a rappelé M. Montasser. Il est de son habitude de "revenir sur de vieux dossiers (...), cette fois pour faire pression sur les dirigeants politiques libyens".

Pour l'universitaire, l'extradition d'Abou Aguila était donc "inévitable" (...), "aucune autorité libyenne n'aurait pu s'y opposer".

L'analyste Abdallah al-Rayes y voit surtout un "deal politique" entre Tripoli et Washington dans l'espoir de "faire bouger la position des Etats-Unis sur la Libye".

"Des dirigeants libyens espèrent ainsi redorer leur image" aux yeux de Washington et renforcer leur position dans la perspective de la tenue, "de plus en plus probable", d'élections en 2023, selon lui.

"Les justifications" de M. Dbeibah, "ne sont pas convaincantes" et ont mis l'exécutif de Tripoli dans l'embarras, "accusé de s'être soumis à la volonté d'un pays étranger", ajoute-t-il.

L'exécutif de Tripoli, dont la légitimité est contestée par le Parlement basé dans l'Est et un exécutif parallèle, doit arracher un soutien international à coup de faveurs.

"Il ne s'agit pas de transactions claires, mais la campagne de séduction de Dbeibah est une réalité indubitable", explique à l'AFP le chercheur Jalel Harchaoui.

"Dbeibah, dont la popularité en Libye diminue, a remarqué que certains Etats étrangers s'accommodent de son maintien de mois en mois", note ce spécialiste de la Libye.

Assurances américaines

Près de onze ans après la chute de Mouammar Kadhafi, la Libye reste déchirée entre factions rivales de l'est et l'ouest. Depuis mars, deux gouvernements se disputent le pouvoir: l'un basé à Tripoli et reconnu par l'ONU, l'autre soutenu par le camp du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est.

Faisant écho aux propos de M. Dbeibah, Washington a tenu à rassurer les Libyens: le transfert d'Abou Agila aux autorités des Etats-Unis "pour qu'il y soit jugé pour des accusations liées à l'attentat contre la Pan Am 103 était légal et mené en coopération avec les autorités libyennes", a dit l'ambassade américaine à Tripoli dans un tweet.

Washington "ne revient pas sur l'accord conclu en 2008 avec le gouvernement libyen de l'époque" qui a "satisfait les demandes des Etats-Unis et de ressortissants américains découlant d'actes terroristes", dont celui de Lockerbie.

Cet accord mettait "fin aux poursuites pour obtenir des dédommagements devant les tribunaux américains découlant de ces actes", selon l'ambassade américaine.

Toutefois, a ajouté l'ambassade, ce pacte "ne limite en rien notre coopération en matière d'application de la loi et n'a aucune incidence sur les accusations criminelles portées contre les responsables de l'attentat".


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.