Netanyahou stupéfait par l'annulation de sa visite aux EAU à la suite de la polémique autour d’Al-Aqsa

La visite de Netanyahou aux EAU, prévue pour le 8 janvier, a été annulée, le pays s'étant joint à la Chine pour demander la convocation d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU pour discuter des mesures prises par Israël concernant Al-Aqsa. (AFP)
La visite de Netanyahou aux EAU, prévue pour le 8 janvier, a été annulée, le pays s'étant joint à la Chine pour demander la convocation d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU pour discuter des mesures prises par Israël concernant Al-Aqsa. (AFP)
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Publié le Jeudi 05 janvier 2023

Netanyahou stupéfait par l'annulation de sa visite aux EAU à la suite de la polémique autour d’Al-Aqsa

  • L'Arabie saoudite était au cœur de la réprobation après la visite du 3 janvier
  • Netanyahou attend que les Émiratis annoncent une nouvelle date de visite

RAMALLAH: Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, aurait été stupéfait par la ferme réaction arabe à la visite de l’esplanade de la mosquée Al-Aqsa faite par son ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir.

L'Arabie saoudite était au cœur de la réprobation après la visite du 3 janvier, soulignant la nécessité de préserver le statu quo du troisième lieu saint de l'islam.

La visite de Netanyahou aux Émirats arabes unis (EAU), prévue pour le 8 janvier, a été annulée, le pays s'étant joint à la Chine pour demander la convocation d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU pour discuter des mesures prises par Israël concernant Al-Aqsa.

Netanyahou attend que les Émiratis annoncent une nouvelle date de visite.

Le Premier ministre a publié une déclaration dans laquelle il a tenté de s’excuser, ajoutant qu'il respectait le statu quo du site de la mosquée et n'avait pas l'intention de le modifier.

Cependant, Ben-Gvir, qui reste hostile envers les Arabes, avait été condamné dans le passé pour terrorisme contre les Palestiniens par un tribunal israélien.

Israël a poursuivi ses efforts pour empêcher une réunion du Conseil de sécurité – initialement prévue pour jeudi – ainsi que la publication d'une déclaration ferme condamnant la politique israélienne envers Al-Aqsa et Jérusalem.

Ronni Shaked, chercheur à l’Institut de recherche Harry S. Truman pour l'avancement de la paix à l'Université hébraïque de Jérusalem, a affirmé à Arab News que Netanyahou n'était pas conscient de la sensibilité d'Al-Aqsa auprès des Arabes et des musulmans.

Il a ajouté que le Premier ministre était stupéfait par la réaction du monde arabe et musulman, de l'Union européenne et des États-Unis, affirmant que toute violation du site pourrait entraîner une profonde colère et une grande instabilité.

«Le problème n'est pas avec Ben-Gvir, qui est connu pour son idéologie extrémiste, mais plutôt avec celui qui lui a accordé la permission de visiter Al-Aqsa, en l’occurrence Netanyahou», a précisé Shaked à Arab News.

«Ben-Gvir travaillera pour raccourcir la durée de vie du gouvernement de Netanyahou.

«Dans deux semaines, il exigera la légalisation de 49 avant-postes illégaux de colonies établis sur des terres palestiniennes en Cisjordanie. Que fera alors Netanyahou?»

Les experts israéliens disent que Netanyahou se concentre actuellement sur le traitement des affaires de corruption à son encontre, ce qui affaiblit sa position.

Cependant, Dana Ben-Shimon, correspondante d'Israel Today, a indiqué à Arab News que Netanyahou et ses ministres avaient été surpris par la condamnation de la visite de Ben-Gvir, ajoutant que le gouvernement devait organiser une réunion pour discuter de l'opportunité d'autoriser le ministre à entrer de nouveau à Al-Aqsa.

«Netanyahou a été Premier ministre pendant dix ans et ne s'est pas rendu à Al-Aqsa parce qu'il s'était rendu compte que sa visite engendrerait une énorme colère», a affirmé Ben-Shimon.

Le Premier ministre sera également attentif à la réaction de la Jordanie à la visite de la mosquée, alors que Netanyahou tente d'améliorer les relations difficiles avec Amman.

Par ailleurs, les autorités ont libéré le prisonnier palestinien Karim Younis, âgé de 66 ans, après quarante ans de détention dans une prison en Israël.

À la demande de Ben-Gvir, les autorités ont mis Younis à la rue pour empêcher toute réception officielle devant l'entrée de sa prison, juste au nord de Tel-Aviv.

Le ministre israélien de l'Intérieur, Aryeh Deri, a déclaré qu'il avait l'intention de retirer la citoyenneté israélienne à Younis. Dans un tel cas, il serait envoyé vivre en Cisjordanie.

Younis s'est rendu sur la tombe de ses parents, décédés alors qu'il était en prison, et a déclaré qu'il était prêt à sacrifier quarante autres années pour la liberté du peuple palestinien.

Entre-temps, l'armée israélienne a informé les responsables palestiniens de leurs projets imminents de déplacer de force plus de 1 000 habitants, dont 500 enfants, dans la région de Masafer Yatta, au sud d'Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, selon des organisations de défense des droits humains.

Les forces israéliennes ont tué jeudi un Palestinien de 16 ans, Amer Abou Zeitoun, lors d'un raid sur Naplouse. Cette tuerie porte à quatre, dont trois enfants, le nombre de Palestiniens tués par les forces israéliennes au cours de la première semaine de janvier.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.