Macron promet des réponses concrètes face à la crise du système de santé

Emmanuel Macron dévoilera des "mesures très concrètes, avec des clauses de revoyure précises et rapprochées pour s'assurer de leur exécution", a ajouté la présidence, sans en détailler la teneur. (AFP)
Emmanuel Macron dévoilera des "mesures très concrètes, avec des clauses de revoyure précises et rapprochées pour s'assurer de leur exécution", a ajouté la présidence, sans en détailler la teneur. (AFP)
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Publié le Vendredi 06 janvier 2023

Macron promet des réponses concrètes face à la crise du système de santé

  • Durant la campagne pour sa réélection au printemps, Emmanuel Macron avait d'ailleurs fait de la santé l'un des deux «chantiers majeurs» de son second quinquennat, avec l'école
  • Les médecins libéraux ont manifesté par milliers jeudi à Paris, point d'orgue d'une grève qui a débuté au lendemain de Noël pour réclamer le doublement de la consultation, de 25 à 50 euros

PARIS: Emmanuel Macron a concédé vendredi qu'une partie des revendications des soignants étaient "légitimes" et promis de formuler des réponses à la crise du système de santé avec "respect et intelligence", face à des personnels hospitaliers qui lui ont crié leur mal-être et leur épuisement.

"Il y a des demandes qui existent et qui ont leur part de légitimité et qu’il faut entendre", a-t-il déclaré à son arrivée au Centre hospitalier Sud Francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes (Essonne).

"Il y a aussi une situation à laquelle on doit tous faire face et une responsabilité collective pour que nos compatriotes aient aussi des soignants et puissent trouver pour eux-mêmes, leurs enfants, leurs parents une réponse", a-t-il ajouté.

"On va essayer de faire tout cela avec engagement, respect, intelligence", a assuré le chef de l'Etat, venu adresser ses voeux aux soignants et qui doit faire à cette occasion des annonces "concrètes" à la mi-journée face à un système de santé "à bout de souffle".

Emmanuel Macron, qui était accompagné du ministre de la Santé François Braun, a pu prendre en direct le pouls de l'état du système de soins lors d'un échange avec les équipes du service d'urgences pédiatriques du CHSF.

"C'est très dur", "on veut vous témoigner de notre fatigue", "la rémunération n’est certainement pas à la hauteur des efforts accomplis”, ont enchaîné infirmières, sage-femmes, puéricultrices.

Déserts et pénuries: les plaies ouvertes du système de santé

Ses "vœux aux acteurs de la santé" ont été annoncés tardivement, mais Emmanuel Macron est attendu vendredi au chevet d'un secteur profondément malade et dont les symptômes connus de longue date ne montrent aucun signe d'amélioration.

Déserts médicaux partout

Le diagnostic est vraisemblablement bien pire que ce qu'en disent les statistiques. Selon le ministère de la Santé, 5,7% des Français vivaient dans une "zone sous-dense" en médecins généralistes en 2018. Des chiffres officiels sans doute largement sous-estimés.

L'UFC-Que Choisir dénonce pour sa part un accès aux soins (tant géographique que financier) "particulièrement difficile" pour plus de 20% de la population. La ministre déléguée aux Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, va encore plus loin, répétant ces derniers mois que "87% du territoire est considéré comme un désert médical".

La situation n'est pas prêt de s'améliorer: alors que les besoins augmentent sous l'effet du vieillissement, la profession traverse un "creux" démographique qui ne sera pas rattrapé avant 2035, le temps que la suppression du "numerus clausus" à l'entrée des études de médecine produise ses effets.

Les politiques d'incitations ayant montré leurs limites, la pression monte de toutes parts et les propositions de loi se multiplient pour restreindre la liberté d'installation des médecins et mieux répartir la pénurie. Le gouvernement s'y oppose et défend un partage des tâches avec les autres soignants, notamment les infirmiers.

Sauf que les praticiens refusent cette perspective et attendent plutôt des hausses de tarifs. En pleine négociation avec l'Assurance maladie, un collectif soutenu par plusieurs syndicats a organisé une grève depuis Noël et une manifestation à Paris pour revendiquer un doublement de la consultation de base, de 25 à 50 euros.

Hôpitaux sans bras

La "triple épidémie" hivernale de bronchiolite, Covid-19 et grippe s'est abattue à la fin de l'automne sur un système hospitalier déjà exsangue en raison d'une pénurie structurelle de soignants. Il manque jusqu'à 40% d'effectifs paramédicaux (infirmiers et aides-soignants) dans certains services.

Aux urgences, la plupart des mesures de la "mission flash" (accès filtré, majoration des heures de nuit, recours aux infirmiers libéraux) mises en œuvre durant l'été ont été pérennisées, sans faire de miracle.

En décembre, un collectif de plus de 5.000 médecins, soignants et agents hospitaliers a imploré l'exécutif d'agir urgemment pour soulager un hôpital public "en train de se fissurer et bientôt de s'écrouler", incapable "d'amortir la moindre crise sanitaire". Il exige notamment un horaire défini et un ratio maximal de patients par infirmière, ce qui nécessiterait d'embaucher "environ 100.000 infirmières" sur trois ans.

Au-delà des recrutements, l'enjeu pour l'hôpital est déjà de garder ses soignants, alors qu'aux Hôpitaux de Paris, par exemple, les effectifs infirmiers ont fondu de 10% en quatre ans, aggravant à 16% le taux de lits fermés. Les revalorisations financières issues du Ségur de la santé en 2020 n'ont pas suffi. Tous les professionnels insistent sur la nécessité d'améliorer les conditions d'exercice et de vie au travail.

Spécialités en crise

L'épidémie précoce et particulièrement virulente de bronchiolite a jeté une lumière crue sur le manque de pédiatres à l'hôpital comme en ville.

"Au printemps, restera-t-il quelqu'un pour soigner les enfants?", se sont interrogés en décembre quelque 10.000 soignants réunis au sein du Collectif de pédiatrie.

Pour répondre à cette crise "historique", l'exécutif a promis des "assises de la pédiatrie et de la santé de l'enfant" pour le printemps, en constituant un comité de pilotage mais sans préciser la date de ce rendez-vous à des professionnels qui s'impatientent.

Des assises, la psychiatrie en a déjà connues en septembre 2021, avec à la clé la création de 800 postes d'infirmiers dans les centres médico-psychologiques (CMP).

Une annonce jugée largement insuffisante, alors que la pénurie de médecins et d'infirmiers touche aujourd'hui cinq établissements hospitaliers sur six, selon les syndicats d'un secteur de la santé mentale "délabré".

Le gouvernement assure avoir "pleinement conscience" des difficultés de la psychiatrie. Des discussions devraient avoir lieu en ce début 2023 en vue de la présentation d'un nouveau "plan d'ampleur".

«Plusieurs vitesses»

Signe du caractère prioritaire accordé à la crise qui frappe l'hôpital mais aussi la médecine de ville, c'est la première fois depuis qu'il est arrivé à l'Elysée en 2017 qu'Emmanuel Macron dédie une cérémonie de vœux spécifiquement aux "acteurs de la santé, hospitaliers et libéraux".

Ses annonces sont très attendues par des personnels qui ne cessent de dénoncer la "déliquescence" de l'offre de soins, avec des urgences débordées et un manque criant de soignants, sur fond de triple épidémie hivernale de Covid-19, grippe et bronchiolite.

Dans un rare communiqué commun, l'ordre et les syndicats de médecins ont esquissé jeudi, à la veille des "décisions politiques", leur ligne rouge en affirmant "s'opposer à une médecine à plusieurs vitesses" qui ne respecterait pas leur rôle de "chef d'orchestre" du système.

Le premier mandat d'Emmanuel Macron a été marqué, après l'irruption de la pandémie en 2020, par le "Ségur de la santé", avec 12 milliards d'euros annuels pour mieux rémunérer les soignants et 19 milliards d'investissements dans les hôpitaux.

Mais dès 2018, son plan "Ma Santé 2022" avait installé sa philosophie, avec la suppression du "numerus clausus" qui plafonnait le nombre d'étudiants en médecine.

Le défi reste néanmoins majeur alors qu'il faut dix ans pour former un médecin. “On n’a pas assez de soignants et on va mettre des années à en faire" mais "on peut mettre plus de paramédicaux", a lancé le président.

Il avait reconnu qu'il faudrait "aller beaucoup plus loin, plus vite et plus fort", notamment en renforçant la prévention, "la simplification de l'hôpital", "l'accès aux soins en urgence" et la lutte contre les déserts médicaux.

Retraites: cinq ans d'atermoiements et revirements de Macron

Du grand système universel concocté en 2017 mais balayé par le Covid en 2020, à un simple report de l'âge de départ que le gouvernement doit présenter mardi, le dossier des retraites a été marqué par de nombreux atermoiements et revirements, sur le fond comme la méthode.

Les ambitions «universelles»

"Le bon débat n'est pas tant entre ceux qui voudraient passer la retraite à 65 ans ou la laisser à 62 ans, avoir tant ou tant de trimestres, mêmes si ces questions ne doivent pas être éludées", écrivait fin 2016 Emmanuel Macron dans son livre "Révolutions". Face au candidat de la droite, François Fillon, le futur président s'oppose à un décalage de l'âge de départ qui "n'est pas juste". Il entend "construire progressivement un régime universel" en fusionnant les dizaines de régimes existants.

Les «phrases» de Delevoye

En septembre 2017, l'ancien ministre RPR Jean-Paul Delevoye est nommé Haut-Commissaire aux retraites.

Le chantier est lancé avec force concertations mais ne débouche sur un projet que fin 2019, la crise des "gilets jaunes" ayant bouleversé l'agenda. Une réforme "très ambitieuse" mais "illisible" portée par un ministre qui "faisait des phrases mais ne maîtrisait pas son dossier", selon un acteur-clé. M. Delevoye finira par démissionner, fragilisé par des révélations sur des mandats non déclarés.

Le pivot de «l'âge pivot»

En avril 2019, Emmanuel Macron refuse toujours le report de l'âge légal: "quand aujourd’hui on est peu qualifié, quand on vit dans une région en difficulté industrielle, quand on est soi-même en difficulté, qu’on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver à 62 ans".

Mais le débat s'est installé au sein de sa majorité: faut-il accompagner la refonte du système de mesures financières ? Ce dilemme débouche sur un concept nouveau: "l'âge d'équilibre" ou "âge pivot". La réforme perd le soutien de la CFDT qui juge "totalement stupide de fixer un âge de liquidation de la retraite complète à 64 ans".

La réforme confinée

SNCF, RATP, enseignants, avocats... Un an après les "gilets jaunes", le projet suscite un mouvement social de grande ampleur. Des concessions sont accordées à une dizaine de professions. Édouard Philippe finit par se dire "disposé à retirer", sous conditions, l'âge pivot de 64 ans.

Alors qu'il bénéficie d'une confortable majorité à l'Assemblée, le Premier ministre engage le 49.3 pour couper court aux 41.000 amendements des oppositions. Le texte est adopté mais deux semaines plus tard, la France est confinée et la réforme abandonnée.

Virage à l’Élysée

La laborieuse sortie du Covid s'accompagne de quelques galops d'essais dans l'opinion sur l'éventualité d'une réforme avant la présidentielle de 2022. Sans suite.

En mars 2022, Les Échos dévoilent l'axe majeur de la campagne de réélection du président: la retraite à 65 ans. "Nous sommes dans une société qui vieillit, c’est une chance" et "il est donc normal, surtout compte-tenu aujourd’hui de la nature des comptes publics, de la réalité, que nous travaillions plus", explique M. Macron pour justifier cette mesure également défendue par la candidate des Républicains (LR), Valérie Pécresse.

Mais dès l'entre-deux tours, Emmanuel Macron lâche du lest. "Je ne veux pas diviser le pays", explique-t-il, se disant "prêt à discuter du rythme et des bornes" de la réforme. Le président est réélu mais, un mois plus tard, perd la majorité absolue.

Feuilleton de fin d'année

En septembre, Emmanuel Macron évoque une réforme-éclair via un amendement au Budget de la sécu. Son allié François Bayrou s'oppose à ce "passage en force". L'option est abandonnée, Élisabeth Borne entame de nouvelles concertations avec les syndicats et les partis politiques.

En octobre, M. Macron se redit "ouvert" à une solution à 64 ans avec accélération de la réforme dite Touraine sur le nombre de trimestres à cotiser. "Tout le monde a compris qu'on ne fera pas 65 ans", estime un ministre. Mais en décembre, surprise: la présentation de la réforme est repoussée au 10 janvier, après d'ultimes concertations menées cette semaine par Matignon.

"Il n'y a plus beaucoup de suspense: oui, ce sera 64 avec accélération de la loi Touraine", affirme le président de la CFTC, Cyril Chabanier. Soit la réforme votée chaque année par la droite au Sénat. "Comme m'a dit un des leaders parmi les plus importants des partenaires sociaux: +au moins avec vous, on a la stabilité du point de vue+", glisse le président de la Haute Assemblée, Gérard Larcher.

Foyers de mécontentement 

Durant la campagne pour sa réélection au printemps, Emmanuel Macron avait d'ailleurs fait de la santé l'un des deux "chantiers majeurs" de son second quinquennat, avec l'école.

Il avait reconnu qu'il faudrait "aller beaucoup plus loin, plus vite et plus fort", notamment en renforçant la prévention, "la simplification de l'hôpital", "l'accès aux soins en urgence" et la lutte contre les déserts médicaux.

François Braun, lors de sa nomination en juillet, évoquait même un "système de santé à bout de souffle". Mais, malgré quelques mesures et rallonges budgétaires décidées en urgence ces derniers mois, la crise ne cesse de s'intensifier.

Et les foyers de mécontentement se multiplient.

Les médecins libéraux ont manifesté par milliers jeudi à Paris, point d'orgue d'une grève qui a débuté au lendemain de Noël pour réclamer le doublement de la consultation, de 25 à 50 euros.

Le ministre de la Santé s'est dit jeudi "prêt à augmenter cette consultation", mais en échange d'efforts pour permettre aux Français d'accéder plus aisément à un médecin, et certainement pas à hauteur des 50 euros demandés.

FO-Santé, deuxième syndicat de la fonction publique hospitalière, a appelé à son tour à une grève illimitée à partir du 10 janvier pour protester contre "l'inaction" du gouvernement. Tandis que les biologistes libéraux menacent de fermer leurs laboratoires à partir de lundi.


Le Sénat récupère le budget de l'Etat, le compromis reste hors de vue

Les sénateurs français votent le budget de la sécurité sociale au Sénat, à Paris, le 26 novembre 2025. (AFP)
Les sénateurs français votent le budget de la sécurité sociale au Sénat, à Paris, le 26 novembre 2025. (AFP)
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  • Le Sénat, dominé par la droite et les centristes, aborde le budget 2026 avec une ligne stricte : réduire les dépenses, rejeter de nouvelles taxes et viser un déficit de 4,7 % du PIB
  • Les divergences restent fortes avec l’Assemblée nationale et la gauche, rendant le compromis budgétaire très incertain

PARIS: Le Sénat, intransigeant sur sa ligne anti-taxes prônée par la droite, s'attaque jeudi au projet de budget de l'Etat pour 2026. Une étape cruciale sur la route d'un compromis budgétaire encore hors de vue, même si certains envisagent toujours une étroite voie de passage.

D'un budget à l'autre... Après avoir acté mercredi d'irréconciliables divergences avec l'Assemblée nationale sur le budget de la Sécurité sociale, la chambre haute se penche sur le deuxième volet de son marathon budgétaire à partir de 14H30.

Le projet de loi de finances (PLF) pour 2026 occupera les sénateurs jusqu'à un vote solennel le 15 décembre. Et contrairement aux députés, qui ont massivement rejeté la partie "recettes" du texte le week-end dernier, les élus de la Haute assemblée auront l'opportunité de parcourir l'ensemble du budget, recettes comme dépenses.

Cela arrange bien la majorité sénatoriale, une solide alliance entre la droite et les centristes. Car sa ligne directrice est simple: "Plus d'économies et moins de taxes injustes", a résumé mercredi le chef des sénateurs Les Républicains, Mathieu Darnaud.

Redevenu sénateur, Bruno Retailleau est plus offensif encore ces derniers jours vis-à-vis du gouvernement.

Le "compromis" budgétaire ? "Moi, je parle de tambouille", a-t-il encore égratigné mercredi sur franceinfo. Le scénario d'une loi spéciale en cas d'échec du processus budgétaire ? Il serait meilleur, selon lui, qu'un budget qui "appauvrit les Français"...

Les débats sur le budget de la Sécu, ces derniers jours, ont dressé le tableau d'une droite sénatoriale inflexible, refusant la suspension de la réforme des retraites et la quasi-totalité des compromis trouvés à l'Assemblée nationale.

Ce texte va désormais revenir sur le bureau des députés, samedi en commission et mardi dans l'hémicycle, pour une nouvelle lecture.

- "Un rouleau-compresseur" -

Bis repetita sur le budget de l'Etat ? "Notre majorité, c'est un rouleau-compresseur, elle vote en bloc, contrairement à l'Assemblée", assure à l'AFP le chef des centristes, Hervé Marseille. "On essaie d'avoir une ligne qui soit claire et audible: limiter les impôts, trouver des économies".

Ainsi, les sénateurs entendent bien respecter l'objectif d'un déficit ramené à 4,7% du PIB en 2026, contre 5,4% en 2025. Avec deux ambitions: limiter les nouveaux prélèvements - environ 14 milliards dans la copie du gouvernement - et aller plus loin que les 17 milliards d'économies de dépenses proposées par Sébastien Lecornu.

Transformation de l'aide médicale d'Etat pour les sans-papiers en aide médicale d'urgence, non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, suppression de 4.000 postes d'enseignants supplémentaires, refus de la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises, restriction de la taxe sur les "holdings patrimoniales" proposée par le gouvernement...

Voici, pèle-mêle, les propositions que la Haute assemblée promet de voter.

"C'est la droite la plus dure qu'on ait connu", s'inquiète le patron du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner. "Nous faisons face à une droite revancharde. Clairement, ce n'est pas avec elle que nous pourrons avancer" vers un compromis, renchérit son collègue Thierry Cozic.

- Compromis impossible ? -

Si la gauche est minoritaire au Sénat, le gouvernement peut difficilement faire sans elle à l'Assemblée nationale. L'abstention des socialistes y sera nécessaire - voire même insuffisante - pour envisager l'adoption définitive d'un budget, si Sébastien Lecornu continue de renoncer à l'article 49.3.

Après l'échec de la taxe "Zucman", les socialistes cherchent toujours à faire contribuer les plus hauts patrimoines. Une nouvelle proposition a fleuri mercredi, celle d'un emprunt "forcé" visant les foyers les plus aisés.

Si le gouvernement a accueilli avec "bienveillance" cet amendement, il semble n'avoir aucune chance de passer le filtre du Sénat.

Malgré ces divergences majeures, le Premier ministre Sébastien Lecornu continue de croire à un compromis possible avant la fin décembre.

Plusieurs sources parlementaires et gouvernementales espèrent notamment qu'un accord potentiel sur le budget de la Sécu, la semaine prochaine à l'Assemblée, ferait souffler un vent positif sur le budget de l'Etat.

"Chacun affiche ses positions mais je pense qu'il y a la volonté non feinte de trouver une voie de passage", a reconnu le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson (LR). "Il faudra à un moment qu'on enlève les costumes."


A Paris, une réunion des droites sous l'égide des médias Bolloré

Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027. (AFP)
Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027. (AFP)
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  • Mardi 20H00, les 4.000 places du Dôme de Paris, plongées dans le noir, sont remplies. Musique épique, jeu de projecteurs bleus, blancs, rouges, le ton est donné
  • Pour chauffer la salle, le directeur du JDD, Geoffroy Lejeune commence par quelques railleries sur Libération, Mediapart et Télérama

PARIS: Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027.

Mardi 20H00, les 4.000 places du Dôme de Paris, plongées dans le noir, sont remplies. Musique épique, jeu de projecteurs bleus, blancs, rouges, le ton est donné.

Pour chauffer la salle, le directeur du JDD, Geoffroy Lejeune commence par quelques railleries sur Libération, Mediapart et Télérama. Huées puis rires quand il lance: "On sait quel article ils vont écrire, on l'a rédigé comme ça ils pourront aller au bistrot".

Apparaît Philippe de Villiers, largement promu par le groupe du milliardaire breton - il est chroniqueur chez Cnews et son dernier livre est publié chez Fayard, également dans la galaxie Bolloré.

Le souverainiste commence par "remercier Jean-Luc Mélenchon" - qui lui aurait inspiré son ouvrage - déclenchant une nouvelle bronca.

Puis, il sert son discours habituel sur une France "au bord de l'abîme", menacée par "un changement de peuplement" encouragé par "un parti sarrasin", et abandonnée par des "élites écartelées entre le wokistan et l'islamistan".

Pour le fondateur du Puy du Fou, la solution est simple: "la remigration ou la françisation". Nouvelle salve d'applaudissements, on entend quelques "Philippe président". L'hypothèse d'une candidature pour 2027 a encore été entretenue en une de Valeurs actuelles la semaine dernière, où l'intéressé affirme être "redescendu dans l'arène".

Il n'est pas le seul. Surgit l'animatrice Christine Kelly de Cnews, pour lancer une discussion sur "notre civilisation judéo-chrétienne" entre Michel Onfray et Eric Zemmour.

Au terme d'un échange théologique parfois confus, le président du parti Reconquête conclut que "la croisade a sauvé l'Occident" et qu'"à partir du moment où nous retrouverons notre identité, tout ira beaucoup mieux". L'ancien polémiste de Cnews, propulsé par l'empire Bolloré dans la course à l'Elysée en 2022, espère déjà rendosser son costume de candidat en 2027. En attendant, il reste lui aussi en tête de gondole chez Fayard.

"Le côté sans filtre" 

D'autres ne bénéficient pas de la même bienveillance. Comme Aurore Bergé, lors d'une tumultueuse séquence "insécurité" face à Claire Géronimi, devenue vice-présidente de l'UDR d'Eric Ciotti après avoir été victime d'un viol par un étranger sous OQTF.

La ministre déléguée à l'Egalité Femmes-Hommes, conspuée, reste combative: "Je suis venue pour accepter l'idée du débat (...) Ma ligne ne changera pas, quel que soit le public".

Plus en phase avec l'assistance, l'avocat Gilles-William Goldnadel fustige "le racisme anti-blanc" et le "féminisme d'extrême gauche".

Un discours familier aux oreilles de Philippe, 55 ans et sans emploi, qui a déboursé 25 euros pour "voir le côté sans filtre" de ces personnalités médiatiques dont il "partage les idées, sans ambiguïté". Plus intéressé par l'aspect politique, Foucauld, 24 ans, étudiant en école de commerce, reconnaît que l'événement "participe à faire avancer les pions vers l'union des droites".

Pourquoi pas avec David Lisnard? Invité à ouvrir le chapitre du "grand enjeu" des municipales de mars 2026, le maire de Cannes fait florès avec ses leitmotiv: "Vive la liberté" et "Afuera!" la "bureaucratie" et la "technocratie".

Lui succèdent une brochette de candidats plus ou moins déclarés, dont la députée RN Laure Lavalette déplorant qu'il y ait "autant de barbiers et de kebabs" dans sa ville de Toulon.

Signe d'un rapprochement entre le parti à la flamme et la galaxie Bolloré? Après tout, Jordan Bardella en est à son deuxième livre publié chez Fayard.

Mais c'est une autre étoile montante qui est mise à l'honneur mardi soir. Clou du spectacle, l'eurodéputée Reconquête Sarah Knafo vient délivrer un "message d'espérance" face à l'essayiste Eric Neaulleau, dans le rôle du décliniste persuadé que "tout est foutu" car "les lieux de pouvoir sont tous tenus par des gens animés d'une idéologie immigrationniste".

Au contraire, les idées infusent dans la société et "le combat de la lucidité est gagné", réplique la nouvelle coqueluche de la "bollosphère", qui assure "qu'on peut changer les choses, avec méthode, détermination et travail". Et quelques solides appuis.


Pour la présidente de l'Assemblée Braun-Pivet, une majorité absolue n'est plus «souhaitable»

Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi. (AFP)
Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi. (AFP)
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  • "J'ai toujours privilégié le travail en collégialité, (...) et je m'étais toujours dit, au fond de moi, une Assemblée où il y a une majorité absolue, c'est une Assemblée qui finalement ne représente pas bien les Français"
  • Sans majorité, pour décider par exemple de la création d'une commission d'enquête ou encore de la tenue d'un débat, "vous présentez nécessairement des décisions qui sont les plus justes pour l'institution et les plus équilibrées"

PARIS: Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi.

"J'ai une conviction personnelle forte qui est que nous n'aurons pas demain à nouveau une majorité absolue mais je pense surtout, et c'est ça ma conviction forte, c'est que ce n'est pas souhaitable pour notre pays", a-t-elle déclaré dans le podcast "Dans l'Hémicycle".

"Je suis convaincue que la délibération collective avec des groupes politiques qui ne partagent pas les mêmes orientations mais qui essayent de trouver des solutions, elle est bénéfique", a-t-elle poursuivi.

Depuis 2022, le camp présidentiel auquel appartient Mme Braun-Pivet ne dispose pas d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale. Face à une fragmentation de l'hémicycle encore accentuée depuis la dissolution de juin 2024, de nombreux députés disent espérer le retour d'une majorité absolue après l'élection présidentielle de 2027. Mais pas la présidente de l'Assemblée.

"J'ai toujours privilégié le travail en collégialité, (...) et je m'étais toujours dit, au fond de moi, une Assemblée où il y a une majorité absolue, c'est une Assemblée qui finalement ne représente pas bien les Français", a-t-elle déclaré dans cette interview.

Sans majorité, pour décider par exemple de la création d'une commission d'enquête ou encore de la tenue d'un débat, "vous présentez nécessairement des décisions qui sont les plus justes pour l'institution et les plus équilibrées, parce qu'autrement, ça ne passe pas", a-t-elle dit.

Cette situation force aussi à "inventer des nouvelles façons de faire", a-t-elle ajouté en donnant l'exemple des semaines dédiées aux textes proposés par les députés, auparavant dévolues à ceux de la majorité. Depuis 2022, ces semaines sont devenues "transpartisanes", avec des propositions soutenues par différents groupes.

Au moment où les débats budgétaires peinent à aboutir, Mme Braun-Pivet a toutefois estimé qu'il fallait encore "adapter" les règles de l'Assemblée à cette nouvelle configuration. Elle a rappelé avoir lancé une réflexion autour d'une modification du règlement de l'institution.